HISTOIRE VRAIE – DANS LE PARIS DE 1901
Epilogue
Casque d’Or après Manda et Leca
La fin de l’histoire
On ne parlait que d’elle et son histoire fit l’objet de chansons et de
pièces de théâtre.
Entraînée dans ce glorieux tourbillon, Casque d’or se mit à écrire ses
mémoires.
« Mes jours et mes nuits »
- Mémoires de Casque
d’or racontés par elle-même –
publiés par Henri
Frémont[1].
Pendant cette période, tout lui sourit et elle eut de riches amants.
Puis, peu à peu, Casque d’or tomba dans l’oubli et comme elle devait
subvenir à ses besoins, elle accepta de travailler dans un cirque, comme
dompteuse.
Si, Casque d’or redevenait l’anonyme Amélie Elie pour les médias, un
certain « apache » de la bande à Manda lui avait gardé une farouche
rancœur.
Un soir, après une représentation, un homme guettait. Tapi dans
l’ombre, une casquette rabattue sur les yeux, il attendait la traîtresse
responsable de la condamnation de Manda, serrant dans sa main un couteau.
Lorsqu’il aperçut la jeune femme, il se rua sur elle, la poignardant avec force,
avant de s’enfuir.
Par ce geste, Le Rouget[2],
ancien lieutenant de Manda, venait de venger son chef.
Grièvement blessée, Amélie Elie fut transportée à l’hôpital où elle
fit un séjour prolongé suivi d’une longue convalescence.
Lorsqu’elle fut sortie d’affaire, elle avait sombré dans l’oubli.
D’ailleurs, le monde avait bien d’autres préoccupations. Grondait, au loin, le son
du canon !!
Elle rentra alors dans le rang en épousant, à l’âge de trente-neuf
ans, le 27 janvier 1917, André Alexandre Nardin, cordonnier de son état,
s’occupant de son ménage et vendant des étoffes et de la bonneterie sur les
marchés.
Le couple n’eut pas d’enfants.
Amélie Elie décéda le 16 avril 1933 à Paris, en son domicile au 58 de
la rue de la Réunion. Elle avait cinquante-cinq ans.
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Qui était André Alexandre Nardin ?
Sa fiche militaire nous apprend que :
André Alexandre Nardin était né le 6 mai 1894, à Paris, du mariage de
Jules Albert Nardin et Julie Alexandre Laforce.
D’une taille moyenne d’un mètre soixante-et-un, il possédait des
cheveux châtain-foncé et des yeux marrons.
Il exerçait le métier de chaussonnier et résidait à Bagnolet – 174, avenue
du centenaire.
Il fut exempté, puis réformé du service armé, aussi ne participa-t-il
pas au conflit de la Grande Guerre.
Raisons médicales, suite à maladie ou accident, car mentionné dans le document :
« Cicatrice d’opération sous le menton et le côté gauche de la
figure. Enfoncement de la cage thoracique du côté gauche et perte partielle de
trois côtes. »
En 1939, le sieur Nardin demeurait à Bagnolet au 43 de la rue
Robespierre.
Le 30 avril 1960, il décédait, au Kremlin-Bicêtre.
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André Alexandre Nardin aurait été veuf et aurait eu quatre enfants de
cette première union, enfants que Amélie aurait élevés.
Sur l’acte de mariage Nardin/Elie, en date du 27 février 1917, aucune
mention de « veuvage » concernant le futur époux.
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André Alexandre Nardin ne laissa aucune trace derrière lui, ce qui ne
fut pas le cas de son épouse dont les amours tumultueuses et sanglantes avaient
fait la « une » des journaux pendant de nombreuses années.
Par quel hasard, le passé de Casque d’or ressurgit-il et
intéressa-t-il, au point de réapparaitre sur la toile des cinémas de
quartier ?
Ce fut en 1952 que sortit le film « Casque d’or », réalisé
par Jacques Becker, inspiré de la vie d’Amélie Elie.
L’histoire ne colle pas tout à fait à la réalité, pour des commodités
de tournage sans doute, mais que d’acteurs prodigieux !
Un film qui remporta un vif succès, car tous les ingrédients y étaient
rassemblés pour qu’il soit excellent :
L’amour – les rixes – les mauvais coups ..... Et d’excellents acteurs.
André Alexandre Nardin, toutefois, n’apprécia
pas l’étalage qui était fait de la vie de son épouse, aussi déposa-t-il une
plainte pour « atteinte à la mémoire d’Amélie Elie ». Il perdit le
procès le 5 mai 1952.
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Dans le 20ème arrondissement de Paris,
au sud du cimetière du Père-Lachaise, un petit jardin porte le nom de
« Jardin de Casque-d’or ». Un endroit calme fait de pelouses,
terrasses et placettes créé à la mémoire d’Amélie Elie en 1972.
Que d’hommages pour cette femme modeste que rien
n’attirait vers la lumière.
[1] Henri
Gaston Frémont, Journaliste, romancier,
Fondateur du journal « le Républicain » et du « Bulletin
Meusien ». Né le 29 avril 1869 à Paris 11ème – décédé le 26 juin 1944,
sans doute à Verdun.
[2] Malgré
des recherches actives, je n’ai pu retrouver dans les articles de journaux
cette tentative de meurtre, d’autant plus que j’en ignorais la date.
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