lundi 15 février 2016

1770 – EN DEBUT D’ANNEE





Une disparition inquiétante

19 Janvier 1770

« On est très-inquiet (sic) d’un homme nommé Robin, âgé de 60 ans, taille de 5 pieds un pouce, qui avoit perdu l’esprit & étoit enfermé dans l’Hôpital Général de Rouen, d’où il s’est sauvé le 31 octobre dernier, sans que l’on ait pu sçavoir (sic) où il est allé ; il étoit vêtu d’une veste & culotte blanchette, camisole bleue, une chemise de l’Hôpital, bas blanchets & des souliers, bonnet de laine, cheveux noirs et courts. On prie les personnes qui en auroient quelque connoissance, d’en informer M. Le Febvre, Marchand Passementier, rue Bourge-rue, près l’Hôpital-Général. »

L’hôpital général de Rouen était l’hôpital des pauvres. Il se situait, à présent, où se trouve le CHU.
Il a été fondé en 1602 sur la décision du Parlement de Normandie et était destiné, au départ, à héberger les mendiants de la ville. A partir de 1763, l’hôpital général accueillit les enfants abandonnés et des patients atteints de maladies incurables. Les autres malades étaient dirigés vers l’Hôtel-Dieu pour y recevoir des soins.
Le personnel était composé de religieuses encadrées par un médecin, un chirurgien et un apothicaire.

La « rue  Bourgerue », dont il est question, fut rebaptisée « rue de Germont » en 1867.

Je ne sais pas si Robin a été retrouvé. Rien le concernant dans les jours et mois suivants, dans le Journal de Rouen.


Château à louer

23 février 1770

« A louer pour Pâques prochain pour 6 à 9 années, un beau château, au Village de la Croix-S-Leufroy, à 18 lieues de Paris, & à 2 de la grande route de Rouen à Paris, près Vernon ; il consiste en 20 apartemens (sic) de maitre sans les salles à manger & de compagnie, office, &c. basse-cour, écuries, remises, colombier, granges, &c. Il est entouré de fossés pleins d’eau, parc, belle étendue de pêche & de chasse, chapelle domestique desservie par un Chapelain payé par le propriétaire. Le 5 Mars prochain on vendra les meubles qui sont dans ledit château, & qui pourroient convenir aux personnes qui auroient le dessein de le louer. S’adresser à M. Morice, Avocat, rue Beauvoisine, près le Coq. »


L’abbaye de La-Croix-Saint-Leuffroy fut fondée vers 694, par Saint Leuffroy. Saint Leuffroy mourut en 738.
Albérie, moine de Saint-Ouen, fut le premier abbé de cette abbaye.
Odilon, venu aussi de Saint-ouen à Rouen, fut le second abbé.  Grâce à lui, l’abbaye connut une période très prospère.
Lorsqu’il mourut, en 1079 ou 1080, Garnier, moine de l’abbaye lui succéda.

Ayant subi beaucoup de dommages pendant la Guerre de Cent Ans, elle fut restaurée de 1473 à 1501.
Vers 1630, un grand logis, style Louis XIII, en briques et pierres agrémenté de jardins à la française fut érigé. Les bâtiments de l’abbaye furent démolis en 1751. Ne subsista alors que le grand logis et quelques bâtiments telle la grange, dite grange aux dîmes, donnant sur la basse-cour. Quelques vestiges de l’église abbatiale au sud, ainsi que l’ancien enclos avec son mur en grande partie médiéval et ses deux tours ouest ont été conservés.

Je suppose que la propriété a trouvé preneur, mais qui s’installa dans les lieux…… ça je ne peux vous le dire.
Par contre, je peux vous apprendre qu’à cette époque, le vicaire de la Paroisse se nommait Legrand et le curé JJ Gervais.

Un bateau sur la montagne

23 mars 1770

« Les avis de Bohême portent que la montagne de Ziegenberg s’est abîmée dans la terre du côté de l’Elbe, & il s’est élevé au même instant une autre montagne au milieu de l’Elbe, à la hauteur de 75 pieds. Un bateau, d’une grandeur considérable qui étoit à l’ancre, s’est trouvé par cet accident sur le sommet de la montagne. Quelques tems (sic) après la montagne de Ziegenberg s’est écroulée de nouveau dans l’étendue de 250 pieds. On ne sçait (sic) pas si cet accident a été occasionné par un tremblement de terre ou par quelqu’autre (sic) cause. Quatre maisons d’un autre village de la Principauté de Prisnitz ont été transportées, dit-on, à 20 pieds de distance. »

L’Elbe est un fleuve d’Europe Centrale qui prend sa source en Bohème (république Tchèque). Il prend sa source dans les Monts des Géants. Il mesure 1 091 kms de long. Il se jette dans la Mer du Nord, près de la ville d’Hambourg.
La Thuringe est située au centre de l'Allemagne. Priesnitz est une petite ville de Thuringe dans le baillage de Tautembourg, à quatre lieues Nord-Est d’Iéna.

Malgré mes multiples recherches, aucune information complémentaire sur cette « montagne qui s’abîme dans les terres », ni sur ce bateau perché bien haut.
Je ne peux qu’imaginer la tête du capitaine de ce navire !


Un ver…. Deux vers ……

20 avril 1770

« Un particulier d’Argentan, âgé de 60 ans, sentoit depuis quelques mois un malaise qui le rendoit de très-mauvaise (sic) humeur. Le 23 février dernier, étant tombé par accident dans les latrines qui étoient profondes & remplies, il se trouva dans l’ordure jusques (sic) sous les aisselles : après avoir long-tems (sic) crié au secours, on vint à lui ; mais malgré tous les soins qu’on se donna, il passa trois heures dans cette cruelle situation. Agité de violentes nausées, deux heures après il vomit un gros ver, velu & vivant, de 8 pouces de long, ayant la tête très-grosse & plusieurs pieds, & qui fut suivi d’un autre qui sortit par le nez. Depuis ce moment cet homme a repris sa bonne humeur, & se porte à merveille. C’est bien là le cas de dire qu’à quelque chose malheur est bon. Au reste, nous ne donnons pas cette chûte (sic) dans les latrines comme un remède qui doive entrer dans la pratique de la médecine. »

Quelle aventure ! Se retrouver ainsi dans les latrines, il y a là, en effet de quoi être de mauvaise humeur et …. de mauvaise odeur !

Comme cet homme a survécu, et heureusement,  je ne peux rien vous apprendre sur lui.
Quant à ces vers monstrueux, que pourrait en dire la médecine d’aujourd’hui ?

Mais cela ne m’étonne qu’à moitié, car j’ai découvert dans différents écrits que les « vers monstrueux et poilus » revenaient souvent dans les rapports médicaux, après autopsie.
Une petite différence concernant ceux-là, le malade était et resta vivant !
Une question toutefois : Qu’est-il advenu des vers ? Ont-ils été conservés dans des bocaux emplis de formole ? Et dans ce cas où peut-on les admirer ?


Mariage royal

11 mai 1770

« Extrait d’une lettre de Strasbourg du 30 Avril.
On fait ici de très-beaux (sic) préparatifs pour le passage de Madame la Dauphine, la route est belle & la chaussée bien sablée ; on l’attend le 7 pour dîner & souper, & dîner le lendemain 8 ; elle partira l’après-midi pour se rendre à Saverne, où M. le Cardinal de Rohan, qui doit aller au-devant d’Elle à six lieues loin, la conduira en son palais qui est magnifique. Le 9 Elle se rendra à Nancy, de là à Châlons (sic), &c. Dans une petite Isle que forme le Rhin, entre le Fort de Kel & la Citadelle de Strasbourg, on a construit une Baraque qui coûte 10000 l. ; elle contient cinq grands apartemens (sic), avec des cabinets sur le derrière ; aux extrémités deux portes ; par l’une entreront les Allemands, & par l’autre les François ; dans l’apartement (sic) du centre est un trône en velours cramoisi, crêpine (sic) en or, plumets, &c., où Madame la Dauphine agréera sa nouvelle maison, & congédiera l’autre ; dans le cabinet pratiqué derrière, Elle quittera ses habits pour en prendre à la Françoise ; les tapisseries qui sont dans cette baraque, sont de la plus grande beauté ; on a élevé nombre d’arcs de triomphe ; on tirera des feux d’artifice, on ne néglige rien pour procurer à Madame la Dauphine tout l’agrément possible pendant le court séjour qu’Elle fera ici. »


25 mai 1770


« Madame la Dauphine étant partie de Vienne le 21 Avril , arriva à Strasbourg le 2 Mai ; elle y a reçu tous les honneurs possibles, ainsi que sur la route ; sa beauté égale sa bonté. Le Roi alla au-devant de cette Princesse jusqu’au Pont de Berne, dans la forêt de Compiégne, accompagné de Mgr. le Dauphin. Aussi-tôt (sic) que Madame la Dauphine aperçut le Roi, elle descendit de son carrosse, marcha au devant de S. M. qui étoit aussi descendu du sien, se jetta (sic) à ses pieds. S. M. la releva, l’embrassa tendrement, & lui présenta Mgr. le Dauphin. S. M. remonta ensuite dans son carrosse avec Madame la Dauphine, Mgr. le Dauphin et Madame la Comtesse de Noailles. Le 16 Mai, le mariage a été célébré dans la Chapelle de Versailles, avec toute la joie possible ; les fêtes qui ont suivi, ont été magnifiques ; le détail en seroit trop long pour nos feuilles. »


Vous savez, bien évidemment, de qui il s’agit ?
Le 16 Mai 1770, l’archiduchesse Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse Impératrice d’Allemagne,  qui n’a alors que 14 ans, épousa Louis,  petit-fils du Roi de France Louis XV, âge de 16 ans.
La demande officielle de ses épousailles n’avait été faite que le mois précédent, le 16 avril 1770. Tous les préparatifs furent exécutés à la hâte pour que la future épousée quittât au plus vite son pays natal vers la France. Elle arriva aux frontières de sa nouvelle patrie le 7 mai 1770. Là, comme nous l’avons vu dans le premier article du Journal de Rouen, elle dut laisser tout concernant son ancienne vie, jusqu’aux vêtements qu’elle portait. On l’autorisa, toutefois, à garder son petit chien.
Les deux futurs époux, Louis et Marie-Antoinette, se rencontrèrent pour la première fois à Compiègne et firent ensemble, mais non seuls, le chemin jusqu’à Versailles.
On imagine facilement le comportement embarrassé de ces deux jeunes gens et les regards furtifs qu’ils devaient se donner, très timidement. Dans peu de temps, sans avoir la possibilité de se connaitre, ils seraient mari et femme et leur destinée serait de régner sur la France après le décès de Louis XV. Lourd destin !
La bénédiction nuptiale fut donnée dans la chapelle de Versailles, à laquelle suivirent quelques festivités dont un bal masqué et des représentations théâtrales.
Ce jour-là, le mauvais temps ne permit pas de tirer, dans les jardins de Versailles, le feu d’artifices initialement prévu. Il fallut attendre pour cela le samedi suivant, 19 mai.
Le 30 mai, la ville de Paris fit tirer un feu d’artifices en l’honneur du nouveau couple, sur la place Louis XV, rebaptisée plus tard place de la Concorde. Une bousculade, pour des raisons inexpliquée, fit une centaine de victimes. « Mauvais présage ! » Cette phrase, pessimiste et emplie de superstition, fut véhiculée par la rumeur publique. La suite de l’histoire donnera, malheureusement, raison à cette rumeur.
Malgré ce drame, les fêtes se poursuivirent jusqu’au 14 juillet 1770.Tout ce faste coûta la somme extravagante de deux millions de livres, alors que le peuple manquait que trop souvent de pain.


Pierre Jacques Papavoine bien regretté

Le 18 mai 1770

« Messire Pierre Jacques Papavoine-de-Canappeville, Prêtre, Chanoine, Archidiacre de Véxin-François, & Conseiller en la Grand’ Chambre du Parlement de Normandie, est mort Lundi dernier, 14 de mois, à 4 heures & demie de matin, dans la 72e année de son âge.
L’homme charitable est toujours doué de beaucoup de vertus ; tel étoit l’illustre Sénateur que nous venons de perdre. Il ne laissa jamais échaper (sic) une occasion de faire du bien : né compatissant, il fut toujours l’ami des indigens (sic) ; aussi le regrettent-ils sincérement (sic) : leur éloge est vrai, devroit être mérité et suffire à tous les hommes. »

Je n’ai pu trouver les actes de baptême et d’inhumation de Pierre Jacques Papavoine.
Ce que je peux vous apprendre, c’est que, fils de Jacques Papavoine et Madeleine de Bordel, Dame du Plessis, il a été baptisé le mardi 21 septembre 1700, mais je ne sais pas dans quelle paroisse.
Il a été conseiller-clerc au Parlement de Rouen de 1723 jusqu’à la date de son décès. Il était également sous-diacre du diocèse d’Evreux.



Intempéries, encore et toujours …..

18 mai 1770

« Mercredi dernier, vers les 5 heures & demie du soir, nous essuyâmes ici un orage terrible qui dura plus d’une heure. La violence des coups de tonnerre, dont trois ou quatre grondoient à la fois, fit trembler les maisons & les biens, plus encore les habitans (sic). La foudre tomba en plusieurs endroits de nos environs, & heureusement ne blessa personne, notamment sur une maison au haut de la côte de Beauvoisine ; elle entra dans les apartemens (sic), cassa les vîtres (sic), brisa un lit & endommagea fort la maison ; une femme ancienne sur la tête de qui elle passa, en fut quitte pour la peur. Il n’en a pas été de même aux environs de Forges, où un jeune homme monté sur un cheval en ayant été atteint, a été écrasé ainsi que le cheval ; on nous a encore raporté (sic) plusieurs autres événements arrivés ailleurs à la même heure ; mais comme nous n’avons pas de certitudes suffisantes, nous remettons à les raporter (sic). Nous prions les personnes qui pourroient en être biens instruites, de nous en faire part. »

Quelle frayeur pour les habitants de la maison de la côte de Beauvoisine !
Pour avoir quelques infos sur le cavalier des environs de Forges, il aurait fallu que le lieu de l’évènement soit plus précis afin d’orienter mes recherches.


25 mai 1770

« C’est le Mardi 15 de ce mois et non le mercredi 16, comme nous l’avons dit dans notre précédente feuille, que nous essuyâmes à Rouen & aux environs un orage furieux. Nous avons apris (sic) qu’à la même heure le tonnerre tomba sur la flèche de l’Eglise de la Chapelle S. Ouen, au-dessus de Ry, laquelle est couverte en essente (sic). Le nommé Pigeon, Couvreur de la paroisse de Chalotière, étant à couvrir sur les bâtimens (sic) de M. le Chevalier de la Porte, assez près de l’Eglise, voyant le haut du clocher en feu, & que l’Eglise & le Prébytére (sic) tout voisin, alloient être incendiés, y courut & apella (sic) le domestique du Curé ; ces deux hommes hardis montérent  (sic) au clocher, coupérent  (sic) la fleche (sic) à 13 ou 14 pieds, la jettérent (sic) bas, ainsi que la flamme, & à ce moyen sauvérent (sic) l’église de l’incendie. Leurs habits furent tout couverts de plomb fondu qui tomboit du pivot du coq ; Pigeon en reçut plusieurs gouttes sur les mains sans quitter l’ouvrage ; heureusement il ne sera pas estropié.
Une action aussi belle mérite certainement récompense ; un homme aussi courageux sembloit être fait pour autre chose que pour couvrir des maisons. »


Encore un violent orage !
L’église était couverte en essente. Je ne connaissais pas ce terme. Le connaissez-vous ?
Des essentes sont des planches de bois servant à couvrir les maisons. Je connaissais, par contre, grâce à une petite chanson, le terme « bardeau ». La chanson disait cela :
« Là haut sur la montagne, l’était un vieux chalet
Murs blancs, toit de bardeaux, devant la porte un vieux boulot ..  ».
Curieuse, déjà à cette époque, j’avais demandé la signification de ce mot.
Toute mon enfance cette chanson !
Voilà où je voulais en venir :
Au moyen-âge dans toute l’Europe, les bardeaux servaient à couvrir les maisons. Il s’agissait de petites plaques de bois de différentes grandeurs nommées aussi « tavillons » ou « tavaillons ». Ces mêmes plaques de bois étaient appelées en Normandie « essentes » ou aissantes ».

Rien sur la paroisse de Chalotière,  ni sur le Chevalier de la Porte.
Quant à Pigeon…… il a dû s’envoler !

25 mai 1770

« Dimanche dernier, 20 Mai, on en essuya un autre à Criquetot-Lesneval, pendant lequel un Particulier, Couvreur de son métier, voulut aller chez son père (sic), à quelque distance de sa maison ; mais au moment qu’il mettoit un pied en dehors de sa porte, il vit tomber la foudre comme un globe de feu sur un arbre crochu, au bout de sa maison, qui fut dépouillé en entier de son écorce ; elle vint de suite passer devant la porte, frapa (sic) cet homme par la cuisse, & le renversa en dedans ; le coup fut si violent, qu’il crut pendant plusieurs heures, ainsi que sa famille, qu’elle étoit cassée ; mais au bout de ce tems (sic), il s’aperçut qu’il pouvoit la remuer ; on la visita, & on trouva au milieu de la cuisse la place du coup aussi noire qu’un chapeau, & de la largeur de la main ; cela n’empêcha pas cet homme de travailler le lendemain : il ne ressent qu’un engourdissement, qui probablement se dissipera ; la culotte n’a nullement été endommagée. »

La foudre a de nouveau frappé !

J’ai entendu maintes histoires sur la foudre lorsque j’étais enfant.
Histoires à faire peur d’ailleurs, comme celle de cet homme qui s’était abrité sous un arbre avec son cheval. Lorsque l’orage finit, on le retrouva. Il n’avait pas bougé de son abri et quand on voulut le toucher, il tomba en cendres avec sa monture. Ce fait s’est déroulé au début du XXème siècle. Lorsque j’entendis ce récit, mon étonnement et ma frayeur m’empêchèrent de poser plus de questions. Dommage !


8 juin 1770

« Ce fut le 26 Mai dernier, vers les 11 heures du matin, que l’on essuya à Aumale l’orage qui y a causé de si grands ravages ; d’abord il tonna sans pleuvoir ; mais à deux heures les coups de tonnerre devinrent terribles ; la pluie, mêlée de grêle, tomba d’une si grande force, qu’en un instant la pluie entraîna les principaux bâtimens (sic) du Collége (sic), une Auberge, où de 7 personnes qui y étoient, l’Aubergiste seul se sauva, au moyen d’un arbre au sommet de qui il monta. Environ 25 personnes ont eu le malheur de périr, ainsi que nombre de bestiaux ; on estime la perte à plus de 200000 liv. Ce même orage a causé également de grandes pertes dans quelques endroits de la Picardie. »

Dans le « Journal encyclopédique par une société de gens de lettres » - Edition Pierre Rousseau – année 1770 – Tome IV – partie III, on parle même d’un ouragan furieux à Aumale en Normandie.
Il est dit aussi que à Boutencourt, en Picardie, « les habitans n’ont eu que le tems de grimper sur les arbres qui environnoient leurs maisons où ils sont restés en chemise plusieurs heures, la plupart tenant leurs enfants entre leurs bras….. Les eaux ont été si hautes à Aumale, qu’on a trouvé des truites accrochées aux haies …… »

Les catastrophes climatiques ont toujours malmenées notre planète. Dans son « dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle – tome 8 », Jacques Christophe Valmont de Bomare note :
« Dans les derniers tremblements de terre de l’année 1755, la partie Méridionale de la France a éprouvé de vives secousses ….. En 1667, les tremblements de terre furent frequens dans l’Allemagne, la Suisse &c….. le premier mai, la ville de Bagdad sur le Tigre fut presque entièrement ruinée par un tremblement de terre. Au mois de janvier 1770, la montagne de Ziegenberg s’est abymée dans la terre du côté de l’Elbe, à la hauteur de soixante & quinze pieds….. »


Un poisson monstrueux !

8 juin 1770

« On a trouvé dernièrement sur la Plage à  l’Isle d’Ischia, royaume de Naples, un Poisson monstrueux dont on n’a pu connoître l’espece (sic). Il avoit 70 palmes de long, & étoit d’une grosseur proportionnée. On s’est contenté de le dessiner, & encore à la hâte, parce qu’on ne put souffrir l’odeur qu’exhaloit une blessure qu’on jugea lui avoir été faite par un coup de canon & qui lui avoit donné la mort. »

Un poisson d’une espèce inconnue mesurant 70 palmes de long.
La palme est une mesure égale à la longueur d'une main, depuis le poignet jusqu'à l'extrémité des doigts et la palme de Naples équivaut à 8 pouces 7 lignes.
Je vois que cela vous parle !
Une ligne équivaut à un douzième de pouce….. On avance !!
Le pouce équivaut à 2.54 cm, donc 8 pouces donnent 20.32 cm, auquel on ajoute 7/12 de pouce, pour obtenir la longueur de la palme napolitaine.
Vous me suivez ?
Nous obtenons qu’une palme napolitaine est égale à 20.32 cm + 1.48 cm, soit 21.80 centimètres.
Vous désirez une aspirine ?
Si le poisson faisait 70 palmes de long, il mesurait donc, 21.80 cm fois 70, soit 1526 centimètres.  Ce qui donne après conversion, 15.26 mètres.
Oh la belle bête ! Mais cela ne nous dit pas à quoi elle ressemblait !


15 juin 1770

« Noble Dame Marie-Martin, veuve de M. Boistard de Prémagny, Avocat en la Cour des Aydes et Finances de cette ville, est décédée le 14 de ce mois dans la 88e année de son âge. Son éxactitude (sic) scrupuleuse à remplir les devoirs & les préceptes de la religion, ainsi que ceux de la société, la font regretter de ses parents & de tous ceux qui l’ont connue. »


Marie Martin  était née, le 1er avril 1683, au Havre du mariage de Estienne Martin et Marie Eustache. Elle fut baptisée, le lendemain, en la paroisse de Notre Dame.
« Le 2 Davril Marie fille de Estienne Martin ancien eschevin de cette ville et de marie Eustache sa femme née d’hier nommee par françois Gregoire et par Marie Duval le dit gregoire a dit ne savoir écrire …… »

Son père, Estienne Martin, décéda l’année suivante.

Le Havre – paroisse Notre Dame
« Estienne martin ancien eschevin de cette ville age de soixante ans decede d’hier muni de tous ses sacrements a etté inhumé dans leglise presence de Jean Houstaunou et françois Lepretre. »

Elle épousa, le 19 juin 1717, en la paroisse Saint-Godard de Rouen, François Boinard de Premagny (on trouve aussi Boisnard ou boitard). Cet homme avait déjà convolé en justes noces  avec Françoise Roger. Leur union avait été célébrée à Cauverville-en-Roumois, dans l’Eure, le 4 octobre 1695. Françoise Roger, décédée, avait été inhumée dans la paroisse Saint-Nicolas de Rouen, le 3 avril 1730, soit deux mois avant le remariage.

Rouen – Paroisse  Saint-Godard
« Le dimanche 19 juin 1707 a été marie par Mr Leconte docteur en luniversité de Paris et Curé de cette Paroisse Monsieur François Boinard de Premagny  veuf de Dame Françoise Roger de la paroisse de Saint-Condé-le-Jeune avec demoiselle Marie Martin fille de feu Mr Martin et de Dame Marie Eustache de cette paroisse après publication …….. »


Marie Martin devint veuve, à son tour, le 3 avril 1730.
« Le lundi troisième jour d’avril 1730 est decede muni des sacrements monsieur françois Boisnard de Premagny doyen et syndic des Avocats de la Cour des comptes Aides et finances de Normandie et le lendemain midy a été inhume dans la chapelle de Sainte Reine en présence de ses parents et amis soussignés. »
Les signatures sous l’acte étaient celles de :
G Jehande Beaumont curé de S. Nicolas
Guilaume Charles Boitard de Premagny
François Estienne Boisnard de Premagny (fils du défunt, né le 22 août 1708 et baptisé à Rouen – paroisse Ste Croix St Ouen).

Je n’ai pu retrouver l’acte d’inhumation de Marie Martin.


Un jugement digne de Salomon

15 juin 1770

« Un pauvre homme reclamoit une maison qu’avoit usurpée un homme riche. Le premier étoit muni de titres & de documens (sic) pour justifier son bon droit ; l’autre s’étoit pourvu d’un bon nombre de témoins pour les infirmer ; & pour apuyer (sic)  davantage leurs dépositions il offrir un sac de cinq cens (sic) ducats au Cadi qui l’accepta. On vint à l’Audience : le pauvre homme exposa le fait & produisit ses pièces, mais il n’avoit pas le genre de preuve le plus décisif, le seul authentique, des témoins. Sa Partie adverse insista fortement sur ce défaut légal, releva l’avantage que lui donnoient les témoins & pressa vivement le Cadi de prononcer en sa faveur.
Le juge après ces vives sollicitations, tira avec un grand sang froid, de dessous son sopha le sac de cinq cens (sic) ducats que lui avoit donné le riche pour me corrompre, & lui dit avec gravité ; « vous vous êtes bien mal conduit dans cette affaire : ce pauvre homme manquoit de témoins pour apuyer (sic) son droit, vous m’avez mis dans le cas d’en produire moi-même au moins cinq cens (sic). » Après quoi il lui rejetta (sic) son sac avec indignation, & adjugea la maison au pauvre  demandeur. »

Rien à dire sur cet article ! Sinon qu’il y a des personnes incorruptibles.
Petite précision :
Un cadi était un juge de paix ou un notaire chargé de régler les problèmes de la vie quotidienne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.