mercredi 3 février 2016

1772 - LA FIN DE L 'ANNEE



1772 – la fin de l’année


Que s’est-il passé cette nuit-là ?

2 octobre 1772

« Noble Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne, Chevalier, Seigneur de Brothonne et Tocqueville, Conseiller au Parlement de Normandie, est morte à Rouen la nuit du 27 au 28 septembre dernier, dans la 87e année de son âge.
Mère tendre et vertueuse, elle fut toujours l’exemple et le conseil de sa famille, sa gloire et sa force. Le Ciel lui accorda la récompense des justes, une postérité nombreuse. Elle a vu ses descendans (sic)  jusqu’à la troisième génération, lui rendre le respect et l’amour de sa tendresse, ses bontés et ses vertus lui méritoient. Joignant à un esprit naturel, beaucoup de lecture et d’instruction, aussi affable que gaie, elle a jusqu’au dernier instant fait les délices comme l’admiration de ses amis. Si l’âge avoit amené quelques infirmités, elles n’avoient attaqué que le corps, et laissé à son esprit toute la vivacité, son agrément et sa solidité, à son ame (sans accent dans le texte) toute sa grandeur et son élévation. Charitable et compatissante, elle a marqué tous ses jours par ses bienfaits. Jamais la voix des malheureux ne frapa (sic) vainement ses oreilles. Les pauvres la nommoient leur mère, et ses charités étoient aussi considérables que bien entendues et sagement dispensées. Sa piété vive et constante la rendit toujours le modèle des lieux qu’elle habita. Il sembloit qu’une vie si remplie de bonnes œuvres, si respectable, si chère à tout le monde, dut avoir autant de défenseurs qu’il y a d’hommes, et finir paisiblement. Des scélérats en ont cependant abrégé le cours.
Madame de Brothonne emporte des regrets universels, dont le tems (sic) même ne pourra diminuer l’amertume. Sa mémoire durera autant que l’amour de la vertu. »

La fin de l’article laisserait à penser que cette dame vertueuse aurait été assassinée …..
Bien vue !!  Lisez la suite !!

11 décembre 1772


« Nous avons encore eu depuis un mois plusieurs tours du métier des fripons, soit citoyens ou étrangers ; heureusement la Police veille au moins aussi-bien (sic) qu’eux. Plusieurs ont été arrêtés, & dans ce nombre, un homme de cette Ville, fortement soupçonné d’être auteur ou complice de la mort de Madame de Brothonne ; dont l’horreur, dans le tems (sic) nous fit tomber la plume de la main ; nous ne serons pas long-tems (sic) à sçavoir (sic) quelque chose de plus particulier sur cette affaire, s’il a été réellement un des auteurs de cet assassinat.
PS Cet assassin a avoué son crime, & qu’il étoit seul à le commettre ; il doit être jugé demain au Baillage, d’où il sera transféré au palais : il ne tardera pas probablement à recevoir le prix de son abominable action ; nous en parlerons plus amplement dans la prochaine feuille »

J’ai « feuilleté la gazette » à maintes reprises. Relisant les articles encore et encore. Mais dans aucune feuille je n’ai trouvé l’article promis concernant le procès de l’Assassin de « Noble Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne ».
Dans ce cas-là, comme dans bien d’autres d’ailleurs, j’ai pris mon bâton de pèlerin pour parcourir tous les actes paroissiaux concernant cette famille.
Le plus proche de l’évènement, l’acte d’inhumation de cette « Noble Dame ».

Rouen – Paroisse Saint Laurent.

« Le mercredi trentième jour du mois de septembre après l’autorisation et mandement de monsieur le lieutenant criminel du baillage de Rouen daté du vingt neuf  du présent mois et signé haillet, le corps de noble dame marguerite suzanne robert veuve de messire henri Duquesne chevalier seigneur de Brothonne et de Tocqueville conseiller du roy en sa cour de parlement de Rouën, défunte du jour d’hier en cette ville  vingt huit au matin agée de quatre vingt sept ans a été inhumé par moi vicaire de cette paroisse dans la chapelle de St Jean en présence des soussignés. »
Signatures : Couette – Jean Pierre Langlois – Dumesnil curé.


Suzanne Marguerite Robert avait donc épousé Henri Duquesne, et l’union fut célébrée le mardi 9 avril 1709 à Rouen – Paroisse Saint Patrice, comme vous pouvez le voir ci-dessous :

« Le mardi 9 avril 1709, après publication…….  Mossieur henry du Quesnes chevalier seigneur de Brothonne et autres lieux conseiller du Roy en sa cour du parlement de Normandie fils du deffunt mossieur Pierre Duquesnes et de defunte dame marie marguerite Boullay ses père et mere de la paroisse de St Lô d’une part
Et Dame Suzanne marguerite Robert fille de Louis Robert ecuyer seigneur et patron de St Victor la campaigne et Doyen de la cour des comptes et des finances de Normandie et de deffunte dame Suzanne Gueroult ses père et mere de cette paroisse d’autre part ……. »


Le 26 mars 1710, à Rouen paroisse Sain-Lô, était baptisée, une petite Marie Anne Marguerite Louise Suzanne.

« Du mercredi 26 mars 1710 marie anne marguerite louise suzanne née le jourd’hyer du legitime mariage de messire Henry Duquesne chevalier seigneur de Brothonne et autres lieux conseiller du Roy en sa cour du parlement de normandie et de noble dame suzanne marguerite Robert a esté baptisee en nostre eglise par monsieur le Curé, le parrain monsieur Louïs Robert conseiller du Roy en sa cour des comptes aides et finances de Normandie. La marraine Dame anne Duquesne femme de Jacques Boullaye. »


L’année suivante, Marie montrait son petit nez. Elle reçut les sacrements du baptême, le 14 juin 1711 à Rouen – paroisse Saint-Sauveur.

« Le dimanche quatorzieme juin 1711 est née une fille à Messire Henry duquesne chevalier seigneur de Brotonne conseiller du Roy en son parlement de normandie et à dame suzanne de Robert son épouse nommée Marie par Henri Linant son parrain et par marguerite Pierre sa marraine tous deux de la paroisse de St Godard. »

J’ai découvert,  sans plus d’information que deux autres fillettes étaient nées de ce couple.
·       Geneviève, mais aucun autre renseignement.
·       Henriette, avec mention d’une année de naissance 1720 et qui aurait épousé Hector Nicolas Paviot, le vendredi 19 février 1740 à Rouen, paroisse Saint-Godard.
Allons tout de suite vérifier l’information !

« Le vendredy 19e jour de fevrier mil sept cents quarante ….. pour le futur mariage entre messire hector Nicolas Paviot chevalier seigneur de St aubin, Villette, cesseville, Iville, Cretot, la Villette et autres lieux, conseiller de Roy en tous ses conseils president en la Cour des comptes et des finances de Normandie fils et héritier de feu messire hector Joseph Paviot chevalier seigneur de St aubin villette cesseville crestot et autres lieux conseiller en la grande chambre du parlement de Normandie et de feue noble dame Marie Catherine Godefroy ses père et mere veuf de noble dame Anne Marie magdeleine Boullais de Catteville paroisse de St laurens d’une part et damoiselle Henriette duquesne Dame de Tocqueville fille et héritiere en partie de feu messire henry duquesne ………. Et de noble dame susanne marguerite Robert ses père et mere de cette paroisse d’autre part………. »

Concernant le marié, Hector Nicolas Paviot, il était veuf de Anne Madeleine Boulais depuis le 11 août 1739 (acte d’inhumation en la paroisse de St Cande  le Jeune). Le couple s’était marié en la paroisse d’Acquigny dans l’Eure le 13 août 1736, et était parent d’une petite fille baptisée le 25 septembre 1737, dans la paroisse Saint Laurent à Rouen.


En 1840, donc, Messire Henry Duquesne n’était plus de ce monde.
Quand est-il décédé ? J’ai lu, ici et là, sur des arbres concernant cette famille qu’il serait décédé en 1711.
Cela me parait peu probable, car en 1711, était encore à venir au monde ses deux dernières filles.  Sa mort ne pouvait donc intervenir au plus tôt en 1713, voire plus tard.

Quant à l’ainée des filles, Marie Anne Marguerite Louise Suzanne, elle convola en justes noces avec Jacques Bulteau. La cérémonie eut lieu le 26 septembre 1729, en la paroisse Saint-Godard de Rouen.

« Le lundy 26e jour de 7bre 1729 a été fiance et marie au premier monastere de St Marie par noble et discrete personne amable nicolas Louis Maroyes Prêtre docteur de Sorbonne et curé de cette paroisse messire Jacques Bulteau chevalier seigneur de francqueville et autres lieux conseiller au parlement de Normandie fils de messire Jacques Bulteau chevalier seigneur et patron de francqueville d’Hecquemanville et autres lieux conseiller en la grande chambre dudit Parlement et de feüe noble dame Louis madelene Puchot de la paroisse de St Cande le Jeune de cette ville et Damoiselle Marie anne louise susanne marguerite Duquesne de Brothonne fille de feu messire henry Duquesne chevalier seigneur de Brothonne Tocqueville et autres lieux conseiller dudit Parlement et de noble dame susanne marguerite Robert de cette paroisse. »

Cet acte révèle donc  que Henry Duquesne était décédé avant le 26 septembre 1719.

Dame Suzanne Marguerite Robert a donc été veuve très tôt. Sa fortune personnelle lui a permis de vivre correctement, d’élever ses filles et de bien les marier, entendez par là qu’elles seraient à l’abri financièrement parlant.
Elle eut d’ailleurs, du moins concernant ses deux filles dont je viens de vous parler, de nombreux petits enfants.
Elle était de surcroit très aimée des siens et des gens de son entourage.
Alors, pourquoi fut-elle assassinée ?

J’ai bien cru ne jamais savoir ce qui s’était passé. Oui, j’ai failli abandonner mes recherches, lasse de ne rien découvrir après des heures et des heures de travail. Beaucoup d’énigmes ne sont jamais élucidées faute d’informations suffisantes….. Cela fait partie, dit-on, du « charme » des recherches, je dirai plutôt des « frustrations » des recherches……

Oui, mais cette fois, juste avant l’abandon pur et simple de ce meurtre, j’ai découvert tout ce dont j’avais besoin pour satisfaire ma curiosité, et la vôtre, dans  le « Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Rouen, de Pierre Laurent Guillaume Gosseaume. En effet, dans les pages de cet ouvrage, il y avait toute l’histoire. Je ne vais pas vous recopier mot à mot ce qui a été écrit. Je vais reprendre les faits et vous conter sans omettre aucun détail toute la triste histoire,  comme j’aime tant le faire, tout en respectant la vérité…. Toute la vérité…. Je vous le jure !
Voilà toute l’affaire :


« Au feu ! Au feu ! »
A ce cri, toute la maisonnée fut debout en un instant. Dans la cour intérieure, au 15 rue de l’écureuil, s’élevait une grosse fumée noire au-dessus de flammes qui ne demandaient qu’à s’échapper pour aller dévorer tout alentour.

Les serviteurs furent les premiers à intervenir pour circonscrire le début d’incendie. Il y avait là, armés de seaux d’eau, Jacques et Nicolas Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, tous quatre au service de la famille  Duquesne de Brothonne depuis fort longtemps.
Aux cris d’alerte, Monsieur Portal, avoué de son état, avait ouvert une des fenêtres de l’appartement qu’il louait à la même adresse. Sa position élevée, lui indiqua très vite que l’incendie était de peu d’importance, uniquement quelques planches et du petit bois de chauffage. Tout rentra donc très vite dans l’ordre.

« Vous n’avez pas vu Madame ? Etrange que tout ce bruit ne l’ait pas réveillée ! »

Les serviteurs étaient étonnés, en effet, mais Madame veuve Henry Duquesne très âgée, n’avait-elle pas quatre-vingt-six ans, avait de plus en plus le sommeil profond.

Une des servantes se dirigea vers la chambre de sa maîtresse, frappa doucement à la porte, puis un peu plus fort. Sans réponse elle appela :
« Madame, puis-je entrer ? »
Sans réponse, elle pénétra dans la pièce qui se trouvait dans la pénombre et alla tirer les rideaux pour donner un peu de lumière. Se retournant vers le lit, elle resta un temps pétrifiée. Ses jambes se dérobaient sous elle et malgré une forte envie de fuir, elle ne pouvait faire un pas.
Un cri effroyable retentit dans toute la demeure. A celui-ci tous accoururent. Après l’incendie quelque peu suspect, que se passait-il donc à présent.
Devant le regard horrifié de toute la valetaille, une scène d’horreur, « Noble Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne », gisait là, baignant dans son sang, la gorge ouverte !
La famille, prévenue, accourue très vite. Il y avait là autour de la dépouille, trois générations de Duquesne. Il y avait aussi la justice qui commençait son enquête. Monsieur le curé averti également, après avoir béni le corps de la défunte fit sonner le glas, plainte lente et lugubre, du haut de la tour de Saint Laurent. Tous les voisins, tous les pauvres de la ville vinrent donner un derrière hommage à cette « bonne dame » comme ils l’appelaient, à cette « mère des pauvres » qui avait toujours été présente pour eux, les soutenant par des dons et des paroles réconfortantes. Oui, tous pleuraient cette vielle femme qui bénéficiait d’une excellente réputation.
Des cris, des larmes de chagrin, mais aussi des cris d’indignation et de révoltes, parcouraient cette foule.  Qui avait osé tuer si sauvagement cette femme, et pourquoi ?

Le pourquoi fut rapidement découvert. En effet tous les bijoux avaient disparu.

En ce mercredi 30 septembre 1772, l’église Saint-Laurent fut trop petite pour contenir tous ceux qui voulaient lui donner un dernier hommage. Le chagrin se lisait sur tous les visages.

L’enquête toutefois piétinait. Aucun indice pour la faire avancer. Très vite, les soupçons se tournèrent vers les quatre serviteurs, car bien évidemment vivant sur place, ils étaient les seuls à pouvoir pénétrer les lieux, la nuit, sans attirer l’attention.
Quatre serviteurs, deux hommes et deux femmes, attachés à cette famille et qui pleuraient leur maîtresse. Quatre personnes qui avaient pourtant bonne réputation dans le quartier.
La justice veillait, interrogeait, épiait et soupçonnait tout le monde. Même les prêtres dans les églises, au moment du sermon, invitaient chacun à révéler ce qu’ils savaient, menaçant ceux qui se taisaient, protégeant ainsi le pire des assassins, des feux de l’enfer.
Puis, n’ayant aucun coupable sous la main, la justice appela à la barre les serviteurs de la demeure, soupçonnés, accusés. Il fallait des coupables, ceux-ci étaient tout à fait désignés.
Ils étaient innocents affirmaient-ils, mais quoi faire quand la rumeur publique gronde, hurle et demande vengeance.
Abandonnés de tous, montrés du doigt vengeur de tous, les quatre serviteurs se tournèrent vers Dieu. Ils montèrent, le 8 décembre,  jusqu’à Bonsecours implorer la « Bonne mère ». Ils allèrent pieds nus, à jeun, en pleurs, surveillés et gardés par des cavaliers de la maréchaussée, sous les cris de haines d’une foule assoiffée de sang.
Arrivés dans le lieu saint, ils prièrent avec ferveur le Seigneur en ces termes : " Eclaircissez, ô mon Dieu ! Eclaircissez cet horrible mystère; révélez les secrets de cette chambre mortuaire et de cette nuit funeste. Mon Dieu, vous étiez là; dites donc, par grâce, oh! Dites si vous nous y avez vu !"

Lorsqu’ils reprirent le chemin de Rouen, les quatre pauvres serviteurs, Jacques et Nicolas Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, étaient persuadés que leur sort était scellé. Le visage inondés de larmes, ils se croyaient perdus. Au-dessus d’eux, le ciel chargé de nuages noirs annonçait déjà leur infortune.

Que ne fut pas leur immense surprise en arrivant en bas de la montagne, près de l’église Saint-Paul, de voir la foule se hâter vers eux, en criant : « C’est Gohé ! C’est gohé ! ».

Que voulait dire tout cela ?
« Oui, affirma une femme, c’est Gohé l’assassin, il vient de tout avouer ! Vous êtes sauvés. »

Les quatre pauvres serviteurs n’en revenaient pas. La Bonne Mère de Bonsecours avait entendu leurs prières !

Louis Gohé avait été arrêté et avait très vite avoué. D’ailleurs à quoi bon nier l’évidence. Il s’était présenté chez un orfèvre avec les bijoux qu’il avait volés après son crime. Mais l’orfèvre reconnut parmi les joyaux « le lion de sable sur champ d’azur » des Duquesne de Brothonne et il en avait aussitôt informé la justice.

Arrêté le jour-même Louis Gohé avait avoué.
Bien sûr, il connaissait bien sa victime. Elle l’avait, à maintes reprises, aidé comme beaucoup d’autres d’ailleurs. C’était une dame très estimée.
« J’suis pas un mauvais homme, pardi. Mais, j’ai des dettes alors….. »

Il avait confessé à ses juges que cinq mois auparavant, il était entré, la nuit, dans la chambre de sa bienfaitrice.
« Pour la voler, tout simplement, pas pour tuer. Mais je n’ai pas pu, j’ai vu toute l’horreur de mon acte. Je suis reparti. 
-        Alors pourquoi avez-vous recommencé ? interrogea le juge.
-        J’avais bu ce soir-là. J’étais pas moi-même. Et puis, il fallait que je rembourse mes dettes. Je voulais simplement la voler ! Puis, elle s’est réveillée, alors, j’ai pris peur ! »

Et puis devant le regard incrédule de Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne et pour ne pas l’entendre appeler, il avait, impitoyable, frappé, mutilé, égorgé la vieille femme qui n’eut pas la force de se défendre. L’assassin avait saisi les clés de la cassette, s’emparant de l’or. Puis, en sortant de la demeure de la rue de l’écureuil, il avait mis le feu à un tas de bois entassé là, espérant que l’incendie, ainsi déclenché, brûlerait la maison et effacerait son crime.

Sous la torture, il avoua avoir effectué de nombreux autres vols, sans jamais avoir été soupçonné.

Le nommé Louis Gohé fut condamné par arrêt du conseil supérieur de Rouen, le 12 décembre 1772, à être rompu et brûlé vif pour avoir assassiné Madame de Brotonne et avoir mis le feu à la maison de cette dame.
L’exécution suivit deux jours plus tard, et le il y eut foule, ce jour-là, pour regarder mourir cet homme sans foi ni loi.


Je ne peux rien vous apprendre sur Louis Gohé. J’ai découvert deux « louis Gohé », à Rouen :
Un, né  le 24 avril 1694 à Etouville, canton de Yerville, fils de Nicolas de Marie Daumare.
L’autre, marié le 29 novembre 1721, à Elbeuf, paroisse Saint Etienne, avec Marie Duruflé. Il était fils de Jacques et Marguerite Sergeant.
Mais, aucune année de décès.
Je ne peux donc m’appuyer sur rien de concret.

Rien non plus sur Jacques et Nicolas Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, pas suffisamment d’informations, mais gageons qu’après avoir été innocentés, ils ont tous quatre quitté la ville de Rouen.

Escroquerie

18 septembre 1772


« Dans tous les tems (sic), autrefois plus qu’à présent, il y a eu des gens simples, & d’autres plus rusés, qui ont sçu (sic) les mettre à contribution ; mais de tous les moyens qui ont été mis en usage par les escrocs, aucun ne leur a mieux réussi que les apparences de la dévotion & de la piété : tel est le partage de la vertu, que l’homme en respecte jusqu’aux apparences ; c’est le moyen qu’employoit dernièrement une femme en Lorraine, qui avec un Livre qu’elle disoit être de magie, a suposé (sic) des lettres écrites du Purgatoire, & a si bien fait son compte qu’elle a attrapé environ 1500 liv. à un particulier, &c. Mais le Présidial de Nancy, sans s’embarrasser de la magie, l’a condamnée au Carcan, à être fouettée, marquée, & l’a envoyée hors de France, renouer sa correspondance : ce jugement a été rendu le 27 Août dernier. »

Cette femme avait bien de l’imagination, mais elle manquait un peu d’ambition….. Les lettres venaient du purgatoire, elle aurait pu les faire venir du paradis !!!

29 novembre 1772

« Etat de la population du Royaume, tiré d’un ouvrage de l’Abbé d’Expilly
Il y a actuellement en France, au-dessous de 20 ans, quatre millions sept cens  quarante sept mille cinq cens seize hommes & garçons, quatre millions sept cens quatre-vingt seize mille sept cent trente-cinq femmes & filles ; entre 20 & 50, quatre millions deux cens quarante trois mille cinq cens seize hommes & garçons, quatre millions six cens quarante huit mille cinquante femmes & filles ; de 50 à 65 ans, un million quatre-vingt-dix-sept mille trois cens six hommes & garçons, un million trois cens  dix-huit mille trois cens quarante-quatre femmes & filles ; de 65 à 80, quatre cens treize mille deux cens quarante hommes & garçons, cinq cens quatre-vingt-huit mille cinq cens quatre-vingt-cinq femmes & filles ; au-dessus de 80 ans, soixante-un mille cinquante-trois hommes & garçons, cent mille douze femmes & filles. Total des hommes dix millions cinq cens soixante-deux mille six cens trente-un ; des femmes, onze millions quatre cens cinquante-un mille sept cens vingt-six ; total général vingt-deux millions quatorze mille trois cens cinquante-sept. La France contenant 30000 lieues quarrées, de 25 au degré, la population est à raison d’environ 734 par lieue quarrée. D’un autre côté, la France renfermant environ 40664750 arpens, cette étendue de terrein se trouve partagée à raison de 29 arpens à peu près pour chaque famille. En retranchant de la somme totale, d’après les évaluations faites, 22600050 arpens pour les chemins, les rochers, les montagnes, les Communaux, les terres vaines & vagues, les fossés, les haies, l’emplacement des rivières & des ruisseaux, celui des maisons  & autres édifices, en y comprenant les jardins, les étangs, les marais, il restera pour les bois, les vignes, les prés & les terres labourables 118 millions 64 mille 700 arpens. »
(« Cens » et « arpens » étaient écrits ainsi dans le texte)


Voilà un bon recensement. Je ne peux dire comment ont été récupérées les données. Toutefois ce n’est pas réellement lisible. Aujourd’hui, l’INSEE donnerait les informations comme suit :


Hommes et garçons
Femmes et filles
mois de 20 ans
4 747 516
4 796 735
20 – 50 ans
4 243 516
4 648 050
50 – 65 ans
1 097 306
1 318 344
65 – 80 ans
413 240
588 585
plus de 80 ans
61 053
1 00 012
total
10 562 631
11 451 726

22 014 357


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