1772
– la fin de l’année
Que
s’est-il passé cette nuit-là ?
2
octobre 1772
« Noble Dame Marie Susanne
Robert, veuve de Messire Henri Duquesne, Chevalier, Seigneur de Brothonne et
Tocqueville, Conseiller au Parlement de Normandie, est morte à Rouen la nuit du
27 au 28 septembre dernier, dans la 87e année de son âge.
Mère tendre et vertueuse, elle fut
toujours l’exemple et le conseil de sa famille, sa gloire et sa force. Le Ciel lui
accorda la récompense des justes, une postérité nombreuse. Elle a vu ses
descendans (sic) jusqu’à la troisième
génération, lui rendre le respect et l’amour de sa tendresse, ses bontés et ses
vertus lui méritoient. Joignant à un esprit naturel, beaucoup de lecture et
d’instruction, aussi affable que gaie, elle a jusqu’au dernier instant fait les
délices comme l’admiration de ses amis. Si l’âge avoit amené quelques
infirmités, elles n’avoient attaqué que le corps, et laissé à son esprit toute
la vivacité, son agrément et sa solidité, à son ame (sans accent dans le texte)
toute sa grandeur et son élévation. Charitable et compatissante, elle a marqué
tous ses jours par ses bienfaits. Jamais la voix des malheureux ne frapa (sic)
vainement ses oreilles. Les pauvres la nommoient leur mère, et ses charités
étoient aussi considérables que bien entendues et sagement dispensées. Sa piété
vive et constante la rendit toujours le modèle des lieux qu’elle habita. Il
sembloit qu’une vie si remplie de bonnes œuvres, si respectable, si chère à
tout le monde, dut avoir autant de défenseurs qu’il y a d’hommes, et finir
paisiblement. Des scélérats en ont cependant abrégé le cours.
Madame de Brothonne emporte des
regrets universels, dont le tems (sic) même ne pourra diminuer l’amertume. Sa
mémoire durera autant que l’amour de la vertu. »
La
fin de l’article laisserait à penser que cette dame vertueuse aurait été
assassinée …..
Bien
vue !! Lisez la suite !!
11
décembre 1772
« Nous avons encore eu depuis
un mois plusieurs tours du métier des fripons, soit citoyens ou
étrangers ; heureusement la Police veille au moins aussi-bien (sic)
qu’eux. Plusieurs ont été arrêtés, & dans ce nombre, un homme de cette
Ville, fortement soupçonné d’être auteur ou complice de la mort de Madame de
Brothonne ; dont l’horreur, dans le tems (sic) nous fit tomber la plume de
la main ; nous ne serons pas long-tems (sic) à sçavoir (sic) quelque chose
de plus particulier sur cette affaire, s’il a été réellement un des auteurs de
cet assassinat.
PS Cet assassin a avoué son crime,
& qu’il étoit seul à le commettre ; il doit être jugé demain au
Baillage, d’où il sera transféré au palais : il ne tardera pas
probablement à recevoir le prix de son abominable action ; nous en
parlerons plus amplement dans la prochaine feuille »
J’ai
« feuilleté la gazette » à maintes reprises. Relisant les articles
encore et encore. Mais dans aucune feuille je n’ai trouvé l’article promis
concernant le procès de l’Assassin de « Noble Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne ».
Dans
ce cas-là, comme dans bien d’autres d’ailleurs, j’ai pris mon bâton de pèlerin
pour parcourir tous les actes paroissiaux concernant cette famille.
Le
plus proche de l’évènement, l’acte d’inhumation de cette « Noble
Dame ».
Rouen
– Paroisse Saint Laurent.
« Le mercredi trentième jour
du mois de septembre après l’autorisation et mandement de monsieur le
lieutenant criminel du baillage de Rouen daté du vingt neuf du présent mois et signé haillet, le corps de
noble dame marguerite suzanne robert veuve de messire henri Duquesne chevalier
seigneur de Brothonne et de Tocqueville conseiller du roy en sa cour de
parlement de Rouën, défunte du jour d’hier en cette ville vingt huit au matin agée de quatre vingt sept
ans a été inhumé par moi vicaire de cette paroisse dans la chapelle de St Jean
en présence des soussignés. »
Signatures : Couette – Jean
Pierre Langlois – Dumesnil curé.
Suzanne
Marguerite Robert avait donc épousé Henri Duquesne, et l’union fut célébrée le
mardi 9 avril 1709 à Rouen – Paroisse Saint Patrice, comme vous pouvez le voir
ci-dessous :
« Le mardi 9 avril 1709, après
publication……. Mossieur henry du Quesnes
chevalier seigneur de Brothonne et autres lieux conseiller du Roy en sa cour du
parlement de Normandie fils du deffunt mossieur Pierre Duquesnes et de defunte
dame marie marguerite Boullay ses père et mere de la paroisse de St Lô d’une
part
Et Dame Suzanne marguerite Robert
fille de Louis Robert ecuyer seigneur et patron de St Victor la campaigne et
Doyen de la cour des comptes et des finances de Normandie et de deffunte dame
Suzanne Gueroult ses père et mere de cette paroisse d’autre part ……. »
Le
26 mars 1710, à Rouen paroisse Sain-Lô, était baptisée, une petite Marie Anne
Marguerite Louise Suzanne.
« Du mercredi 26
mars 1710 marie anne marguerite louise suzanne née le jourd’hyer du legitime
mariage de messire Henry Duquesne chevalier seigneur de Brothonne et autres
lieux conseiller du Roy en sa cour du parlement de normandie et de noble dame
suzanne marguerite Robert a esté baptisee en nostre eglise par monsieur le
Curé, le parrain monsieur Louïs Robert conseiller du Roy en sa cour des comptes
aides et finances de Normandie. La marraine Dame anne Duquesne femme de Jacques
Boullaye. »
L’année
suivante, Marie montrait son petit nez. Elle reçut les sacrements du baptême,
le 14 juin 1711 à Rouen – paroisse Saint-Sauveur.
« Le dimanche quatorzieme juin
1711 est née une fille à Messire Henry duquesne chevalier seigneur de Brotonne
conseiller du Roy en son parlement de normandie et à dame suzanne de Robert son
épouse nommée Marie par Henri Linant son parrain et par marguerite Pierre sa
marraine tous deux de la paroisse de St Godard. »
J’ai
découvert, sans plus d’information que
deux autres fillettes étaient nées de ce couple.
· Geneviève,
mais aucun autre renseignement.
· Henriette,
avec mention d’une année de naissance 1720 et qui aurait épousé Hector Nicolas
Paviot, le vendredi 19 février 1740 à Rouen, paroisse Saint-Godard.
Allons
tout de suite vérifier l’information !
« Le vendredy 19e
jour de fevrier mil sept cents quarante ….. pour le futur mariage entre messire
hector Nicolas Paviot chevalier seigneur de St aubin, Villette, cesseville,
Iville, Cretot, la Villette et autres lieux, conseiller de Roy en tous ses
conseils president en la Cour des comptes et des finances de Normandie fils et
héritier de feu messire hector Joseph Paviot chevalier seigneur de St aubin
villette cesseville crestot et autres lieux conseiller en la grande chambre du
parlement de Normandie et de feue noble dame Marie Catherine Godefroy ses père
et mere veuf de noble dame Anne Marie magdeleine Boullais de Catteville
paroisse de St laurens d’une part et damoiselle Henriette duquesne Dame de
Tocqueville fille et héritiere en partie de feu messire henry duquesne ………. Et
de noble dame susanne marguerite Robert ses père et mere de cette paroisse
d’autre part………. »
Concernant
le marié, Hector Nicolas Paviot, il était veuf de Anne Madeleine Boulais depuis
le 11 août 1739 (acte d’inhumation en la paroisse de St Cande le Jeune). Le couple s’était marié en la
paroisse d’Acquigny dans l’Eure le 13 août 1736, et était parent d’une petite
fille baptisée le 25 septembre 1737, dans la paroisse Saint Laurent à Rouen.
En
1840, donc, Messire Henry Duquesne n’était plus de ce monde.
Quand
est-il décédé ? J’ai lu, ici et là, sur des arbres concernant cette
famille qu’il serait décédé en 1711.
Cela
me parait peu probable, car en 1711, était encore à venir au monde ses deux
dernières filles. Sa mort ne pouvait
donc intervenir au plus tôt en 1713, voire plus tard.
Quant
à l’ainée des filles, Marie Anne Marguerite Louise Suzanne, elle convola en
justes noces avec Jacques Bulteau. La cérémonie eut lieu le 26 septembre 1729,
en la paroisse Saint-Godard de Rouen.
« Le lundy 26e jour
de 7bre 1729 a été fiance et marie au premier monastere de St Marie par noble
et discrete personne amable nicolas Louis Maroyes Prêtre docteur de Sorbonne et
curé de cette paroisse messire Jacques Bulteau chevalier seigneur de
francqueville et autres lieux conseiller au parlement de Normandie fils de
messire Jacques Bulteau chevalier seigneur et patron de francqueville
d’Hecquemanville et autres lieux conseiller en la grande chambre dudit
Parlement et de feüe noble dame Louis madelene Puchot de la paroisse de St
Cande le Jeune de cette ville et Damoiselle Marie anne louise susanne
marguerite Duquesne de Brothonne fille de feu messire henry Duquesne chevalier
seigneur de Brothonne Tocqueville et autres lieux conseiller dudit Parlement et
de noble dame susanne marguerite Robert de cette paroisse. »
Cet
acte révèle donc que Henry Duquesne
était décédé avant le 26 septembre 1719.
Dame
Suzanne Marguerite Robert a donc été veuve très tôt. Sa fortune personnelle lui
a permis de vivre correctement, d’élever ses filles et de bien les marier,
entendez par là qu’elles seraient à l’abri financièrement parlant.
Elle
eut d’ailleurs, du moins concernant ses deux filles dont je viens de vous
parler, de nombreux petits enfants.
Elle
était de surcroit très aimée des siens et des gens de son entourage.
Alors,
pourquoi fut-elle assassinée ?
J’ai
bien cru ne jamais savoir ce qui s’était passé. Oui, j’ai failli abandonner mes
recherches, lasse de ne rien découvrir après des heures et des heures de
travail. Beaucoup d’énigmes ne sont jamais élucidées faute d’informations
suffisantes….. Cela fait partie, dit-on, du « charme » des
recherches, je dirai plutôt des « frustrations » des recherches……
Oui, mais cette fois, juste avant
l’abandon pur et simple de ce meurtre, j’ai découvert tout ce dont j’avais
besoin pour satisfaire ma curiosité, et la vôtre, dans le « Précis analytique des travaux de
l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Rouen, de Pierre Laurent
Guillaume Gosseaume. En effet, dans les pages de cet ouvrage, il y avait toute
l’histoire. Je ne vais pas vous recopier mot à mot ce qui a été écrit. Je vais
reprendre les faits et vous conter sans omettre aucun détail toute la triste
histoire, comme j’aime tant le faire,
tout en respectant la vérité…. Toute la vérité…. Je vous le jure !
Voilà
toute l’affaire :
« Au
feu ! Au feu ! »
A
ce cri, toute la maisonnée fut debout en un instant. Dans la cour intérieure, au
15 rue de l’écureuil, s’élevait une grosse fumée noire au-dessus de flammes qui
ne demandaient qu’à s’échapper pour aller dévorer tout alentour.
Les
serviteurs furent les premiers à intervenir pour circonscrire le début
d’incendie. Il y avait là, armés de seaux d’eau, Jacques et Nicolas Poyer,
Marie Surval, Anne Mausire, tous quatre au service de la famille Duquesne de Brothonne depuis fort longtemps.
Aux
cris d’alerte, Monsieur Portal, avoué de son état, avait ouvert une des
fenêtres de l’appartement qu’il louait à la même adresse. Sa position élevée,
lui indiqua très vite que l’incendie était de peu d’importance, uniquement quelques
planches et du petit bois de chauffage. Tout rentra donc très vite dans
l’ordre.
« Vous
n’avez pas vu Madame ? Etrange que tout ce bruit ne l’ait pas
réveillée ! »
Les
serviteurs étaient étonnés, en effet, mais Madame veuve Henry Duquesne très
âgée, n’avait-elle pas quatre-vingt-six ans, avait de plus en plus le sommeil
profond.
Une
des servantes se dirigea vers la chambre de sa maîtresse, frappa doucement à la
porte, puis un peu plus fort. Sans réponse elle appela :
« Madame,
puis-je entrer ? »
Sans
réponse, elle pénétra dans la pièce qui se trouvait dans la pénombre et alla
tirer les rideaux pour donner un peu de lumière. Se retournant vers le lit,
elle resta un temps pétrifiée. Ses jambes se dérobaient sous elle et malgré une
forte envie de fuir, elle ne pouvait faire un pas.
Un
cri effroyable retentit dans toute la demeure. A celui-ci tous accoururent.
Après l’incendie quelque peu suspect, que se passait-il donc à présent.
Devant
le regard horrifié de toute la valetaille, une scène d’horreur, « Noble
Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire Henri Duquesne », gisait là,
baignant dans son sang, la gorge ouverte !
La
famille, prévenue, accourue très vite. Il y avait là autour de la dépouille,
trois générations de Duquesne. Il y avait aussi la justice qui commençait son
enquête. Monsieur le curé averti également, après avoir béni le corps de la
défunte fit sonner le glas, plainte lente et lugubre, du haut de la tour de
Saint Laurent. Tous les voisins, tous les pauvres de la ville vinrent donner un
derrière hommage à cette « bonne dame » comme ils l’appelaient, à
cette « mère des pauvres » qui avait toujours été présente pour eux,
les soutenant par des dons et des paroles réconfortantes. Oui, tous pleuraient
cette vielle femme qui bénéficiait d’une excellente réputation.
Des
cris, des larmes de chagrin, mais aussi des cris d’indignation et de révoltes,
parcouraient cette foule. Qui avait osé
tuer si sauvagement cette femme, et pourquoi ?
Le
pourquoi fut rapidement découvert. En effet tous les bijoux avaient disparu.
En
ce mercredi 30 septembre 1772, l’église Saint-Laurent fut trop petite pour
contenir tous ceux qui voulaient lui donner un dernier hommage. Le chagrin se
lisait sur tous les visages.
L’enquête
toutefois piétinait. Aucun indice pour la faire avancer. Très vite, les
soupçons se tournèrent vers les quatre serviteurs, car bien évidemment vivant
sur place, ils étaient les seuls à pouvoir pénétrer les lieux, la nuit, sans
attirer l’attention.
Quatre
serviteurs, deux hommes et deux femmes, attachés à cette famille et qui
pleuraient leur maîtresse. Quatre personnes qui avaient pourtant bonne
réputation dans le quartier.
La
justice veillait, interrogeait, épiait et soupçonnait tout le monde. Même les
prêtres dans les églises, au moment du sermon, invitaient chacun à révéler ce
qu’ils savaient, menaçant ceux qui se taisaient, protégeant ainsi le pire des
assassins, des feux de l’enfer.
Puis,
n’ayant aucun coupable sous la main, la justice appela à la barre les
serviteurs de la demeure, soupçonnés, accusés. Il fallait des coupables,
ceux-ci étaient tout à fait désignés.
Ils
étaient innocents affirmaient-ils, mais quoi faire quand la rumeur publique
gronde, hurle et demande vengeance.
Abandonnés de
tous, montrés du doigt vengeur de tous, les quatre serviteurs se tournèrent
vers Dieu. Ils montèrent, le 8 décembre, jusqu’à Bonsecours implorer la « Bonne
mère ». Ils allèrent pieds nus, à jeun, en pleurs, surveillés et gardés
par des cavaliers de la maréchaussée, sous les cris de haines d’une foule
assoiffée de sang.
Arrivés dans le
lieu saint, ils prièrent avec ferveur le Seigneur en ces termes : " Eclaircissez, ô mon Dieu !
Eclaircissez cet horrible mystère; révélez les secrets de cette chambre
mortuaire et de cette nuit funeste. Mon Dieu, vous étiez là; dites donc, par
grâce, oh! Dites si vous nous y avez vu !"
Lorsqu’ils
reprirent le chemin de Rouen, les quatre pauvres serviteurs, Jacques et Nicolas
Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, étaient persuadés que leur sort était
scellé. Le visage inondés de larmes, ils se croyaient perdus. Au-dessus d’eux,
le ciel chargé de nuages noirs annonçait déjà leur infortune.
Que
ne fut pas leur immense surprise en arrivant en bas de la montagne, près de
l’église Saint-Paul, de voir la foule se hâter vers eux, en criant :
« C’est Gohé ! C’est gohé ! ».
Que
voulait dire tout cela ?
« Oui,
affirma une femme, c’est Gohé l’assassin, il vient de tout avouer ! Vous
êtes sauvés. »
Les
quatre pauvres serviteurs n’en revenaient pas. La Bonne Mère de Bonsecours
avait entendu leurs prières !
Louis
Gohé avait été arrêté et avait très vite avoué. D’ailleurs à quoi bon nier
l’évidence. Il s’était présenté chez un orfèvre avec les bijoux qu’il avait
volés après son crime. Mais l’orfèvre reconnut parmi les joyaux « le lion
de sable sur champ d’azur » des Duquesne de Brothonne et il en avait
aussitôt informé la justice.
Arrêté
le jour-même Louis Gohé avait avoué.
Bien
sûr, il connaissait bien sa victime. Elle l’avait, à maintes reprises, aidé
comme beaucoup d’autres d’ailleurs. C’était une dame très estimée.
« J’suis
pas un mauvais homme, pardi. Mais, j’ai des dettes alors….. »
Il
avait confessé à ses juges que cinq mois auparavant, il était entré, la nuit,
dans la chambre de sa bienfaitrice.
« Pour
la voler, tout simplement, pas pour tuer. Mais je n’ai pas pu, j’ai vu toute l’horreur
de mon acte. Je suis reparti.
-
Alors pourquoi avez-vous
recommencé ? interrogea le juge.
-
J’avais bu ce soir-là. J’étais pas
moi-même. Et puis, il fallait que je rembourse mes dettes. Je voulais
simplement la voler ! Puis, elle s’est réveillée, alors, j’ai pris
peur ! »
Et
puis devant le regard incrédule de Dame Marie Susanne Robert, veuve de Messire
Henri Duquesne et pour ne pas l’entendre appeler, il avait, impitoyable,
frappé, mutilé, égorgé la vieille femme qui n’eut pas la force de se défendre.
L’assassin avait saisi les clés de la cassette, s’emparant de l’or. Puis, en
sortant de la demeure de la rue de l’écureuil, il avait mis le feu à un tas de
bois entassé là, espérant que l’incendie, ainsi déclenché, brûlerait la maison
et effacerait son crime.
Sous
la torture, il avoua avoir effectué de nombreux autres vols, sans jamais avoir
été soupçonné.
Le
nommé Louis Gohé fut condamné par arrêt du conseil supérieur de Rouen, le 12
décembre 1772, à être rompu et brûlé vif pour avoir assassiné Madame de
Brotonne et avoir mis le feu à la maison de cette dame.
L’exécution
suivit deux jours plus tard, et le il y eut foule, ce jour-là, pour regarder
mourir cet homme sans foi ni loi.
Je
ne peux rien vous apprendre sur Louis Gohé. J’ai découvert deux « louis
Gohé », à Rouen :
Un,
né le 24 avril 1694 à Etouville, canton
de Yerville, fils de Nicolas de Marie Daumare.
L’autre,
marié le 29 novembre 1721, à Elbeuf, paroisse Saint Etienne, avec Marie
Duruflé. Il était fils de Jacques et Marguerite Sergeant.
Mais,
aucune année de décès.
Je
ne peux donc m’appuyer sur rien de concret.
Rien
non plus sur Jacques et Nicolas Poyer, Marie Surval, Anne Mausire, pas suffisamment
d’informations, mais gageons qu’après avoir été innocentés, ils ont tous quatre
quitté la ville de Rouen.
Escroquerie
18
septembre 1772
« Dans tous les tems (sic),
autrefois plus qu’à présent, il y a eu des gens simples, & d’autres plus
rusés, qui ont sçu (sic) les mettre à contribution ; mais de tous les
moyens qui ont été mis en usage par les escrocs, aucun ne leur a mieux réussi
que les apparences de la dévotion & de la piété : tel est le partage
de la vertu, que l’homme en respecte jusqu’aux apparences ; c’est le moyen
qu’employoit dernièrement une femme en Lorraine, qui avec un Livre qu’elle
disoit être de magie, a suposé (sic) des lettres écrites du Purgatoire, & a
si bien fait son compte qu’elle a attrapé environ 1500 liv. à un particulier, &c.
Mais le Présidial de Nancy, sans s’embarrasser de la magie, l’a condamnée au
Carcan, à être fouettée, marquée, & l’a envoyée hors de France, renouer sa
correspondance : ce jugement a été rendu le 27 Août dernier. »
Cette femme avait bien de l’imagination, mais elle
manquait un peu d’ambition….. Les lettres venaient du purgatoire, elle aurait
pu les faire venir du paradis !!!
29
novembre 1772
« Etat de la population du
Royaume, tiré d’un ouvrage de l’Abbé d’Expilly
Il y a actuellement en France,
au-dessous de 20 ans, quatre millions sept cens
quarante sept mille cinq cens seize hommes & garçons, quatre
millions sept cens quatre-vingt seize mille sept cent trente-cinq femmes &
filles ; entre 20 & 50, quatre millions deux cens quarante trois mille
cinq cens seize hommes & garçons, quatre millions six cens quarante huit
mille cinquante femmes & filles ; de 50 à 65 ans, un million
quatre-vingt-dix-sept mille trois cens six hommes & garçons, un million
trois cens dix-huit mille trois cens
quarante-quatre femmes & filles ; de 65 à 80, quatre cens treize mille
deux cens quarante hommes & garçons, cinq cens quatre-vingt-huit mille cinq
cens quatre-vingt-cinq femmes & filles ; au-dessus de 80 ans,
soixante-un mille cinquante-trois hommes & garçons, cent mille douze femmes
& filles. Total des hommes dix millions cinq cens soixante-deux mille six
cens trente-un ; des femmes, onze millions quatre cens cinquante-un mille
sept cens vingt-six ; total général vingt-deux millions quatorze mille
trois cens cinquante-sept. La France contenant 30000 lieues quarrées, de 25 au
degré, la population est à raison d’environ 734 par lieue quarrée. D’un autre
côté, la France renfermant environ 40664750 arpens, cette étendue de terrein se
trouve partagée à raison de 29 arpens à peu près pour chaque famille. En
retranchant de la somme totale, d’après les évaluations faites, 22600050 arpens
pour les chemins, les rochers, les montagnes, les Communaux, les terres vaines
& vagues, les fossés, les haies, l’emplacement des rivières & des ruisseaux,
celui des maisons & autres édifices,
en y comprenant les jardins, les étangs, les marais, il restera pour les bois,
les vignes, les prés & les terres labourables 118 millions 64 mille 700
arpens. »
(« Cens »
et « arpens » étaient écrits ainsi dans le texte)
Voilà
un bon recensement. Je ne peux dire comment ont été récupérées les données.
Toutefois ce n’est pas réellement lisible. Aujourd’hui, l’INSEE donnerait les
informations comme suit :
|
Hommes et garçons
|
Femmes et filles
|
mois de 20 ans
|
4 747 516
|
4 796 735
|
20 – 50 ans
|
4 243 516
|
4 648 050
|
50 – 65 ans
|
1 097 306
|
1 318 344
|
65 – 80 ans
|
413 240
|
588 585
|
plus de 80 ans
|
61 053
|
1 00 012
|
total
|
10 562 631
|
11 451 726
|
|
22 014
357
|
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