CHAPITRE 1
Blotti
dans la chaleur de sa mère, un petit lion venait de naître. Il ne laissait voir
que l’arrondi duveteux de ses oreilles.
Tous
les animaux étaient venus lui rendre hommage et défilaient devant ce merveilleux
spectacle.
Bien
que s’efforçant de ne pas faire de bruit, ils troublaient le sommeil du
lionceau qui, de temps à autre, ouvrait un œil et baillait avec une multitude
de mimiques qui lui fronçaient comiquement son petit nez.
Nul
ne doutait, à cet instant précis, qu’il deviendrait un lion superbe, au pelage
luisant, à la crinière volumineuse et farouche. Nul ne doutait qu’il serait un
souverain loyal et juste.
Maman-Lion
remerciait chacun d’une inclinaison de la tête, d’un sourire aimable, pour les
cadeaux déposés devant elle, en cette occasion, et couvrait son petit d’un
regard attendri et fier.
Elle
était une mère comblée !
Mettre
au monde un futur roi était une chose, mais le plus important était de lui
procurer la meilleure éducation. Aussi, elle donna comme marraine à son royal
rejeton, une petite souris nommée « Trotte-Menu »
Trotte-menu,
intelligente et instruite, avait la réputation d’être très diplomate et habile
à régler, efficacement et en douceur, les problèmes les plus délicats. Elle
pourrait ainsi guider le jeune lionceau dans son apprentissage de futur
monarque. Trotte-Menu prit d’ailleurs très au sérieux cette
responsabilité et fut très attentive aux premières dents, aux premiers pas et
aux premiers mots de son filleul. On l’apercevait souvent parlant doucement à
ce royal nourrisson.
Petit-Lion
aimait sa marraine, mais il préférait être avec sa maman, avec qui il jouait,
faisait de gros câlins et entre les pattes de laquelle il s’endormait
paisiblement après de bonnes journées de jeux.
Bébé-Lion
possédait un riche caractère, jamais on ne l’entendait pleurer, jusqu‘au jour
où…..
Trotte-menu,
voyant grandir son jeune protégé, pensa que le temps était venu de l’instruire.
Elle lui désignait chaque objet, lui faisait répéter patiemment chaque mot. Ce
nouveau jeu semblait plaire au lionceau qui composa bientôt ses premières
phrases. Il montrait de réelles dispositions. A coup sûr, il deviendrait un
excellent orateur.
Un
soir, en le berçant, afin que son sommeil soit peuplé de doux songes, Trotte-Menu fredonna une comptine aux paroles apaisantes
et à la douce mélodie, et là !!.....
Oh,
mon dieu !
Au
lieu d’apaiser et de tranquilliser le jeune lion, cette chansonnette bien anodine fit tout le contraire. Se dressant
sur ses quatre pattes, notre lionceau se mit à pousser d’horribles cris
déchirants
« Que
se passe-t-il ? s’écria Maman-Lion en accourant.
-
Je n’en sais absolument rien !
rétorqua la petite souris. Je chantais doucement et il s’est mis à hurler.
Le
lionceau se calma aussi soudainement qu’il avait crié quelques instants
auparavant, puis se rendormit aussitôt.
Que
s’était-il passé ?
Maman-Lion
et Trotte-Menu veillèrent leur petit protégé jusqu’au matin, mais celui-ci ne
bougea pas de la nuit et dormit d’un sommeil des plus paisibles.
Il
fut très vite établi la raison des cris du nourrisson, car ceux-ci ne
survenaient uniquement que lorsqu’il entendait de la musique. Qu’elle soit
vocale ou instrumentale.
Le
petit lion était « allergique » à la musique !
Quel
problème !
Que
pouvait-on faire ?
En
attendant de trouver un remède efficace, un décret de loi fut rédigé et voté.
Et
voilà ce que disait ce décret :
·
Interdiction de toute pratique d’un
instrument de musique, quel qu’il soit, dans tout le royaume.
·
Interdiction aux nourrices de chantonner
ou fredonner au-dessus des berceaux de
tous les bébés du royaume.
·
Interdiction formelle à tous les oiseaux
de chanter, dans les limites du royaume.
·
Interdiction aux abeilles et autres insectes de toute sorte de bourdonner.
·
Interdiction également au vent d’agiter
de leur souffle les feuillages des arbres, afin d’éviter tout frissonnement ou
bruissement mélodieux.
Oui
mais, cet état de chose fit que tout le royaume sombra dans la déprime la plus
profonde.
Cela
ne pouvait donc pas durer.
Un
soir, Maman-Lion fit venir près d’elle Trotte-Menu et lui dit :
« Je
ne sais que faire, et en l’absence du Roi mon époux ? parti en campagne,
je ne vois que toi à qui déléguer la lourde charge de trouver une solution.
-
Vous me voyez fort comblée de cette
confiance, répondit humblement la petite souris. Je connais un vieil hibou
apothicaire, peut-être me conseillera-t-il les herbes qui soigneront le problème allergique du
jeune lion.
-
Oh, Trotte-Menu ! reprit la lionne,
au bord des larmes, je t’en prie, pars sur le champ quérir un remède.
Ce
fut ainsi que notre petite amie (diplomate ;
marraine… etc ….) devint pour la circonstance,
« chargée-des-oreilles-malades », pour en faire
« des-oreilles-guéries ».
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