lundi 12 juin 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 13.



Tout en se dirigeant vers la maison, Jeanne se demandait qui pouvait bien la demander. Il ne pouvait s’agir que de Cédric ou Lucas, car dans ce village, elle ne connaissait personne d’autre.
Avait-elle envie de les voir, l’un comme l’autre ?
Oui et non, en fait !
Flattée de cette visite dont elle découvrirait bientôt le visage du visiteur, elle n’éprouvait plus l’enthousiasme des premiers jours.
Elle rêvait du « prince charmant », mais aucun des deux frères ne répondait aux critères qu’elle s’était forgés.
Cédric avait de beaux yeux, un sourire charmeur, mais, elle n’avait pas aimé son comportement lors de sa visite à la ferme. Peut-être parce qu’il s’était laissé aller avec une autre fille qu’elle ? Jalousie ?
Lucas ? Trop raisonnable et sans aucune fantaisie. Et puis..... son appareil !! Non alors là, ce n’était pas possible ! Pourquoi faisait-elle cette fixation ? Certains de ses copains et copines en avaient également et cela ne la troublait nullement.
Non, décidément, ni Cédric, ni Lucas !

Jeanne soupira. Jamais, c’était sûr, elle le sentait au fond d’elle, jamais elle ne rencontrerait celui qui, même blaguant à outrance, même avec des dents de travers qu’un appareil tentait en vain à redresser, représenterait, à ses yeux, « le » garçon.
Elle le voulait blagueur et raisonnable, intelligent et cultivé (pas trop pour qu’elle ne paraisse pas idiote à côté de lui), grand, athlétique, au sourire éclatant (mais pas en raison de bagues), aux yeux clairs et vifs...  Enfin, celui que toutes les filles admireraient, mais qui n’aurait d’yeux que pour elle, Jeanne.
Le rêve !
Oui, un rêve, en effet. Et ce rêve-là, Jeanne désespérait de le voir se réaliser.

Comme toutes les adolescentes, Jeanne avait envie de vieillir vite, au moins, vite jusqu’à vingt ans.... Tout simplement pour pouvoir vivre comme les grands, comme ces célébrités au corps merveilleux qui faisaient la une des « journaux people ».
Mais voilà, Jeanne n’avait que treize ans !

En arrivant devant la maison, Jeanne aperçut un vélo posé contre le mur. Par la porte grande ouverte, elle entendit parler et rire. Elle identifia la voix de Caroline, sa maman, et celle de Tante Adélaïde. La troisième voix était une voix grave, une voix d’homme, une voix qu’elle ne connaissait pas. Ce ne pouvait être la personne qui venait la voir. Du moins, ce n’était ni Cédric, ni Lucas. Elle en était persuadée.
Elle entra dans la cuisine. Assis autour de la table, devant un verre de cidre, Caroline, tante Adélaïde et le Père Hubert.
Quel étonnement pour Jeanne !
Elle qui, quelques instants plus tôt, faisait la fine bouche, et s’inventait des films !

Pourquoi le Père Hubert s’était-il déplacé ? Et pour venir la voir, elle !

« Tiens, la voilà ! s’écria tante Adélaïde.
-          Comment vas-tu, demoiselle ? demanda le Père Hubert avec un large sourire. Tu sais, il y en avait un qui se faisait bien du souci, quand il a su que tu étais malade.

Toujours la même question dans la tête de Jeanne : Qui ? Lucas ou Cédric ?
Alors, si l’un ou l’autre s’inquiétait, pourquoi c’était leur grand-père qui venait ?

« Tu veux boire quelque chose, Jeannette ? demanda Caroline à son a       do de fille.
-          Non, ça ca !
-          Bon, c’est pas l’ tout, mais j’ai encore du travail, dit le Père Hubert, en se levant.
Puis, il fouilla dans sa poche et, en se tournant vers Jeanne, lui tendit une enveloppe un peu froissée.
« Tiens, demoiselle ! Les garçons sont repartis hier soir. Ils ne reviendront que dans dix jours et je crois que tu ne seras plus là. Alors, tu vois, je suis venu pour faire le commissionnaire. »
Puis, avec malice, il ajouta, en faisant un clin d’œil à l’adolescence :
« Aurais-tu fait un béguin ? »
Il sortit de la maison, enfourcha sa bicyclette et lança un :
« Salut la compagnie ! Bonne soirée ! en s’élançant vers la route.

Jeanne était restée sans bouger. Elle considérait l’enveloppe blanche sur laquelle aucune écriture n’apparaissait.
Son cœur battait fort.
Elle aurait aimé savoir qui était l’expéditeur de ce message, mais craignait de le découvrir.
Et puis, à l’époque des textos et mails, qui pouvait encore écrire une lettre ?


« C’est vrai, pensa Jeanne, ici, il n’y a pas de réseau ! »

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