lundi 19 juin 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 14



Jeanne n’ouvrit pas tout de suite le mystérieux message. Elle préférait imaginer ce qu’il pouvait bien contenir.
Une déclaration d’amour, la décrivant comme « la Seule », « l’Unique », « l’Incomparable » ! Alors là, ce serait fortement étonnant.

Une invitation ! Cédric et Lucas ne devaient-ils pas revenir dans une dizaine de jours. Si c’était cela, elle ne pourrait s’y rendre. Elle allait, enfin, quitter cette cambrousse.

Un souhait de bon rétablissement ! Cela semblait plus plausible, mais ce genre de courrier était bien vieillot. Qui aujourd’hui s’attardait à ce genre de correspondance ?
Plus personne ! Sauf les vieux !

Un petit mot « d’au-revoir » !
Possible également. N’ayant pu le formuler de vive voix en raison de sa maladie de la vieille.

« Et puis après tout, j’en ai rien à faire ! pensa Jeanne. De toute façon, je ne reviendrai jamais en vacances ici ! »
« Tu ne lis pas ta lettre ? demanda Caroline.
-          Rien à faire, tu peux la jeter !
-          Comme tu veux, ma Jeannette.

En formulant cette phrase, Caroline s’empara de l’enveloppe et fit semblant de la jeter. Elle connaissait sa fille et savait qu’elle reviendrait sur sa décision, en fin de journée.
Jeanne sortit et alla se promener jusqu’à la place du village. Elle s’assit sous le chêne, le dos appuyé contre  le tronc de l’arbre. Elle n’aurait pu décrire, à ce moment précis, ses sentiments.
Envie de pleurer. C’était certain.
Et surtout, elle se sentait désemparée et aurait aimé rentrer chez elle, retrouver sa chambre, ses affaires, son petit coin à elle, ses amis ….. Non ! Pas ses amis !
Oui, ses amis, car sans eux, elle n’avait pas d’existence.
Elle aurait aimé faire tant de choses, exceller dans toutes ses entreprises. Mais, elle se sentait tellement nulle !
« Peu mieux faire ! ». Voilà l’appréciation qui revenait sans cesse sur ses bulletins.
Elle aurait aimé « mieux faire »….. Elle prenait souvent de bonnes résolutions….. Mais, difficile de se concentrer, de faire des efforts ! Une journée, deux jours, et puis peu à peu…. Il aurait, en fait, fallu travailler un peu plus et rêver un peu moins.
Il était vrai que les rêves s’évaporaient et n’apportaient rien de concret.
Mais surtout, il  aurait fallu qu’elle n’écoute pas ses « amis » qui dénigraient trop souvent les premiers de la classe.
Des « intellos », comme disait Lucas.
Jeanne aimerait être une « intello », mais pour cela, il lui faudrait être un peu plus motivée, un peu plus attentive en classe, un peu plus appliquée. Et tout cela, elle ne l’était pas !

Jeanne sentit couler une larme sur sa joue. Oui, elle se sentait vraiment trop nulle. Elle laissa aller son chagrin, reniflant de temps à autre et essuyant ses larmes d’un revers de la main.
Maintenant, elle allait avoir, en plus, le nez et les yeux rouges. La totale !

Lorsque son trop-plein d’amertume se fut déversé, Jeanne reprit lentement le chemin de la maison de tante Adélaïde. Après demain, dans la matinée, elle repartirait vers sa vie d’avant. Il allait lui falloir rassembler ses affaires et les ranger dans son sac.
En premier, l’appareil essentiel et indispensable à sa vie d’adolescente : son téléphone portable.


Après le repas du soir, lorsque Jeanne monta se coucher, elle trouva l’enveloppe anonyme posée sur sa table de chevet.

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