jeudi 11 octobre 2018

HISTOIRE DE VILLAGE - 1792 Villettes



Chapitre 9  - FIN DE L'HISTOIRE - PREMIÈRE VERSION


L’exécution

Après la lecture de la sentence, le condamnant à la peine capitale, Jean Jacques Philippe Signol fut reconduit à la prison de Louviers, dans l’attente de son exécution.

La prison de Louviers, comme toutes les prisons de France et de Navarre, en cette année 1792, regorgeait de prisonniers. Dans la salle commune, où ils étaient tous entassés, régnait une forte odeur d’excréments, de sueur et de paille souillée.
De paille, oui, car c’était sur la paille que dormaient les personnes retenues incarcérées en ce lieu, paille qui, réglementairement été changée tous les dix jours, sauf exceptionnellement, mais moyennant finances.
Tout se monnayait dans les prisons.
·         La paille fraîche, confort non négligeable.
·         Le meilleur emplacement, celui situé près d’une fenêtre, pour avoir un accès visuel vers l’extérieur.
·         Les repas, autres que la soupe trempée de pain rassis, servie par les geôliers.
·         Le temps des visites au parloir.

Les geôliers gagnaient une misère et ces petits compléments, illégaux certes, étaient les bienvenus.
Pas légal tout cela, mais dans cette période troublée, comme personne ne savait réellement qui faisait quoi et quelles lois étaient encore en vigueur, chacun faisait en fonction de son intérêt. Une seule règle toutefois, ne pas exagérer et être discrets pour ne pas attirer regards et interrogations. Et comme on disait : « Pas vus, pas pris ! »

Dans ce lieu malodorant, un silence régnait, un silence lourd des inquiétudes, des peurs, des terreurs même, de tous ces détenus.
De temps à autre, seulement de profonds soupirs, un sanglot étouffé, quelques mots d’une prière......

Jean Jacques Philippe Signol, encore sous le choc de sa condamnation à mort, réfléchissait au moyen d’échapper à son sort. Bien sûr, il se sentait coupable, mais n’avait-il pas été jugé à la hâte ? Et puis, ce mot déterminant « avec préméditation », qu’en savait-il les juges ?
Il n’avait pas peur de la mort, non, mais à bien y penser, cette  manière de quitter ce monde sous le couperet de cette machine à tuer qu’on disait efficace et rapide.... Tout de même !
Enfin, tout s’embrouillait dans sa tête et dans ce brouillamini se mêlaient, colère et regret.
Ah, si il était possible de retourner en arrière !

En ce matin de juin 1792, Jean Jacques Philippe Signol fut réveillé par un gardien.
Le jour pointait à peine.
Autour de lui, s’étalaient, épars, les corps de ses compagnons d’infortune. Certains ronflaient. D’autres prononçaient,  tout haut, des phrases incompréhensibles.
D’autres encore s’agitaient, bousculant celui ou celle proche d’eux. Réveillés, ces derniers manifestaient leur mécontentement par des grognements, avant de changer de position et de se rendormir.
Un amas humain, presque bestial, dans cet environnement pestilentiel.

Jean Jacques Philippe Signol fut conduit dans une petite pièce attenante. Là, solennel, se tenait le prêtre, celui de l’église Notre-Dame, dont la tâche était d’apporter le soutien de l’Eglise dans les derniers moments des condamnés.
Apercevant le prélat  qui, à son approche le bénit, Jean Jacques Philippe haussa les épaules et s’écria : « Pas besoin de vos simagrées, citoyen ! », appuyant fortement le mot « citoyen », comme une injure.
Le gardien présenta un verre d’alcool au condamné qui l’avala d’un trait sans sourciller, puis après avoir claqué de la langue et lança :
« Y’a qu’ ça d’vrai , dans la vie. Un bon verre d’ gnole ! »

Le barbier fit alors sa besogne, coupant le col de la chemise du futur supplicié et lui dégageant la nuque. 

L’annonce de cette exécution par affichage, dans les diverses communes autour de louviers, rassembla un grand nombre de badauds, malgré l’heure matinale, venus là comme au spectacle. Hommes, femmes et enfants, tous rassemblés place du Pilori où se dressait, lugubre, la guillotine......

Ce fut, en ce jour, que Jean Jacques Philippe Signol trouva la mort, sous les huées des braves gens amassés là. Braves gens qui auront, ainsi, quelque chose à raconter lors de la prochaine veillée.


.............. à suivre .....................

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