jeudi 15 avril 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - chapitre 10


Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 

La bête de Benais, en Touraine

 

Voilà encore une bête (ou un groupe de bêtes) qui attaqua des femmes et des enfants en Touraine, dans les villages des Essarts, Benais, Saint-Patrice, Restigné, Bourgueil, Continvoir.....

 Ce fut dans les années 1693-1694.

La première attaque se produisit à la fin de l’hiver 1693 à Saint-Patrice, où un jeune enfant, d’environ neuf ans, trouva la mort sous les dents du carnassier. Le petit corps fut retrouvé dévoré en grande partie.

Cinq jours plus tard, dans les landes de Continvoir, Perrine Delalande retrouva sa fille, Antoinette, qui avait subi le même sort tragique.

Antoinette âgée de sept ans était la fille de René Boriant[1] et Perrine Delalande. Une mention « dévorée par une bete féroce » apparaît sur l’acte de sépulture.

 

·         Les Essarts, décembre 1693, un jeune homme de dix-huit ans succomba sous les mâchoires de la bête.

·         Saint Michel-sur-Loire, début janvier 1694, ce furent deux jeunes gens qui perdirent la vie.

·         Benais, deux adultes périrent en mars 1694.

·         Le mois suivant, ce fut aux Essarts qu’une jeune fille de dix-sept ans mourut tragiquement.

·         Restigné, non loin de là, une femme ne put se défendre, elle décéda sous les dents acérées de l’animal.

·         Onze jours plus tard, à Saint-Patrice, une bergère fut également dévorée.

·         Mai et juin 1694 furent des mois terribles avec douze attaques mortelles à Bourgueil.

·         Continvoir, juin 1694, deux bergères.

·         Ingrandes, un père fut tué en défendant sa fille.

·         Et Benais, encore, où une femme de soixante-quatre ans fut égorgée, fin août 1694.

 

Comme à chaque fois que se produisaient de tels drames, des battues étaient organisées et notamment par  Monsieur Thomas Hue de Miromesnil[2], intendant de la Touraine.

Son rapport notifie :

«En moins de six mois, les loups ont tué autour de Benais plus de soixante-dix personnes et en ont blessé autant ».

Des battues, à grand renfort d’hommes armés de fourches, de bâtons et certains d’armes à feu.

Deux loups d’une taille impressionnante furent abattus.

 

A partir de fin août 1694, plus une seule attaque, mais la peur continuait à triturer les intestins de la population...

 

Difficile de mettre des noms sur les dépouilles des victimes, les actes de sépulture n’indiquant que très rarement la cause du décès lors d’attaque de loup.

 

Quelques recherches fructueuses toutefois comme cet acte de Saint-Michel-sur-Loire, en date du 13 janvier 1694, sur lequel apparaît la mention « elle a été mangée par la beste », concernant « Marie Despeigne, âgée de vingt-quatre ans », et sur l’acte de Thomas Girard habitant le même lieu.

 

A Benais, j’ai également trouvé dans les registres paroissiaux, une mention en marge de l’acte d’inhumation de Michel Moriceau, « dévoré par les bestes féroces ». Date de l’écrit : 2 mars 1694.

  

Le calme revint, pendant un bon laps de temps, mais personne ne sortait sans une fourche.

 




Puis.....

C’était début juin 1751, le jeune berger travaillant à la ferme des Fosses Rouges où il avait la charge de garder  six bêtes fut retrouvé horriblement mutilé.

Que s’était-il passé ?
Des mémoires ressurgirent alors les attaques des années 1693-1694.

Ce ne pouvait être qu’un loup !

Un loup, assurément !!

 

L’acte nous donne bien des informations sur ce jeune garçon. Il se nommait Jacques et venait de l’hôpital de la Charité de Tours.

Il avait servi une année comme berger chez Jean Desfré, métayer de la Garochère et se trouvait depuis peu aux Fosses Rouges, chez le métayer Joseph Gentil. Jacques devait avoir quatorze ou quinze ans.

Le curé de la paroisse avait indiqué : « dévoré par un loup carnacier ».

 

Les descriptions de ces bêtes étaient souvent fantaisistes. Caché derrière ces loups, n’y avait-il pas le diable en personne ?

Alors, l’imagination venait greffer quelques précisions du cru de chacun :

« Ces bestes estoient presque de la façon d’un loup, sinon qu’elles avoient la gueule plus grandes. Lorsqu’elles voyoient des personnes, elles le flattoient à la manière d’un chien, puis lui sautoient à la gorge.... »

 

Le Mâlin sournois ?  Un loup enragé ?

  

                                                                                             A la semaine prochaine pour un nouveau loup !!!



[1] Orthographe incertaine.

[2] Thomas Hue de Miromesnil, né en 1634 et décédé le 19 juillet 1703 – fut après de nombreuses charges intendant de Touraine de février 1689 à août 1701.

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