Ce fut le 26 juillet 1891 à Saint-Mandé – Compagnie des Chemin de der de l’Est.
Quatrième partie : Responsabilités et
condamnations
Jamais vraiment aisé de déterminer les causes d’un sinistre.
Chacun possède sa version des faits.
Il est nécessaire de recueillir un maximum de témoignages et de les
recouper, afin de faire émerger non LA vérité, mais UNE vérité plausible.
A cela s’ajoute un examen des machines afin de constater s’il
n’y a pas eu défaillance mécanique.
Monsieur Poncet, juge d’instruction, eut cette lourde tâche et procéda
à l’interrogatoire de nombreux témoins – voyageurs et employés. Puis il
auditionna Monsieur Jacob, le chef du train 116D, monsieur Caron, le
mécanicien, ainsi que monsieur Fouret, le chauffeur, de ce même train.
Leur version des faits :
A 150 mètres du pont de la Tourelle, Jean Fouret et son
mécanicien aperçurent le train 116 stationné en gare. Ils ont renversé la vapeur
et fermé les robinets des freins. Les freins n’ont pas répondu. Ne pouvant rien
faire, les deux hommes se sont abrités derrière la plate-forme. Ce réflexe leur
a permis de rester en vie.
Pourquoi les freins n’ont-ils pas fonctionné ? La
vérification au départ de Vincennes n’avait rien noté d’anormal.
Après l’accident, il fut découvert que le robinet du frein de la
quatrième voiture était fermé. Pourquoi ?
Etait-ce un voyageur qui, par inadvertance ou malveillance, l’aurait
actionné avec son pied ?
Etait-ce aussi pour cette raison que le mécanicien n’avait pas,
lors de la fermeture des robinets, ressenti la trépidation annonçant le bon
fonctionnement de la manœuvre ?
Toutefois, un défaut de freinage, entre le quatrième et le
cinquième wagon, n’aurait que limité les effets de freinage et non bloqué
totalement le système de celui-ci.
Et puis, il y avait aussi la question des panneaux signalant que
la voie était libre.
En premier lieu, il semblait que les responsabilités directes de
cette collision incombaient à deux cheminots :
·
Le sous-chef de gare de Vincennes, Monsieur
Deguerrois, pour avoir laissé partir le train 116D.
·
Le mécanicien Caron pour n’avoir pas arrêté à temps
son convoi.
Ils furent incarcérés tous deux immédiatement. Toutefois, monsieur
Deguerrois fut libéré provisoirement le 6 août 1891, le juge d’instruction
ayant considéré qu’il pouvait bénéficier de circonstances atténuantes et
raisons de ses difficiles conditions de travail.
La compagnie de L’Est négocia, à l’amiable, un certain nombre d’indemnisations.
Les autres cas furent soumis à la justice – tribunal civil,
tribunal de commerce et tribunal pénal.
Le procès s’ouvrit le 21 septembre 1891. Le jugement fut rendu
cinq jours plus tard, le 26 septembre.
·
Le mécanicien Caron écopa, en appel, à deux années
d’emprisonnement et cinq cents francs d’amende. Il bénéficia, par décret, d’une
remise de peine, le 22 septembre 1892, à l’occasion de la date anniversaire du
centenaire de la proclamation de la République.
·
Le chef de gare, Deguerrois, fut condamné à quatre
mois de prison et trois cents francs d’amende.
Le tort fut surtout cette ruée incontrôlable des voyageurs voulant absolument monter dans le train, au lieu d’attendre le suivant, occasionnant le retard du convoi.
D’autre part, un grand nombre avait pris place dans le fourgon
de queue, celui justement qui devait, par sécurité, resté vide.
La quasi-totalité des victimes se trouvait dans le dernier
wagon.
Le bilan se chiffrait à cinquante morts et cent-cinquante
blessés environ, au moment où la justice statuait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.