mercredi 14 décembre 2022
Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - Marie-Ernest Gilles - sixième partie
Quatrième condamné, un nommé
Marie-Ernest Gilles
Sixième partie
« La peine de mort ! »
Cette phrase, lancée d’une voix
forte et intelligible, laissa Gilles de marbre.
Il dit simplement, avant de
quitter la salle d’audience, comme un dernier appel à la clémence des
juges : « Ces trois meurtres, c’était parce que je souhaitais
m’établir[1] !.... »
Il était, à présent, résigné face
à ce destin qu’il trouvait terriblement injuste.
Injuste ?
Trois meurtres, tout de
même !
Condamné par la cour d’assises de
l’Eure, le 8 juillet 1893, ce fut le 26 août suivant que la sentence fut
exécutée.
À l’aube de ce 26 août 1893,
Marie-Ernest Onésine Gilles fut réveillé par le Procureur de la République.
« L’heure est venue, avait
dit ce magistrat, il va falloir être courageux ! »
Et il le fut, Gilles !
Sa dernière journée était donc
arrivée et voilà comment elle se déroula.
Gilles, après avoir été réveillé
se leva, se confessa et demanda à entendre la messe au cours de laquelle il
communia.
Il lui fut servi, ensuite, une
tasse de café et un verre de calvados.
Le gardien procéda ensuite à sa
toilette, lui rasant la barbe, lui coupant les cheveux.
Puis ce fut le trajet vers la
guillotine que monsieur Deibler avait dressée, la veille, sur l’avenue de
Cambolle à Evreux.
Gilles, taciturne jusque-là,
regarda la foule des curieux accourue malgré l’heure matinale et murmura :
« Que de monde pour voir mourir un homme ! »
Ce furent ses dernières paroles.
Le couperet tomba à 5 h 17, comme
indiqué sur l’acte de décès de Marie Ernest Onésine Gilles.
Ce jeune homme était âgé de
vingt-huit ans.
-=-=-=-=-=-=-
Que devint le petit Albert Joseph
Lelièvre.
Il grandit, sans sa maman.
Le recensement – année 1896 – de
la ville de Saint-Pierre-de-Cormeilles ne mentionne pas son nom, ni celui de
son papa. Ils avaient assurément quitté la maison et la ville du malheur.
Emile Albert Joseph Lelièvre,
veuf de Rosine Célina Boulay, effectuait au moment du drame sa période militaire.
Incorporé le 12 novembre 1892, dans l’infanterie, il fut renvoyé dans ses
foyers le 1er novembre 1894.
L’enfant fut-il confié à ses
grands-parents maternels ou paternels ? Rien pour l’affirmer.
Les seuls renseignements sur
Albert Joseph Lelièvre-fils sont ceux retrouvés sur sa fiche militaire.
Ce jeune homme, né le 24 juin
1891, partit pour son service militaire obligatoire le 9 octobre 1912, affecté
dans l’infanterie. Malheureusement, comme des milliers d’autres, la Grande
Guerre l’obligea à prolonger ce temps d‘une durée non-négligeable de cinq
années, du 2 août 1914 au 16 août 1919, jour de sa démobilisation.
Les renseignements sur son
physique sont les suivants : 1 m 63 – yeux bleu-foncé – cheveux
châtain-clair.
J’ai appris aussi qu’il s’était
marié et avait quitté le département de l’Eure pour s’installer en
Seine-Maritime. Mais je garde ces informations secrètes, car elles font partie
du XXème siècle.
J’espère simplement que sa vie
d’homme fut clémente, après son enfance bien difficile.
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