mercredi 26 juin 2024

Sélestat, ville de triste mémoire !



Ce fut en 1499 que Margaretha Weinburnin fut emprisonnée à Sélestat, dans la Tour des Sorcières.

Qui était Margaretha Weinburnin ?

Quel âge avait-elle ?

Où était-elle née ?

Weinburnon était-il son nom de jeune fille ou son nom de femme ?

Rien !

Uniquement 1499, année de son arrestation et de sa mort.

 

Accusée de sorcellerie, elle subit les interrogatoires et les tortures comme toutes celles avant elle, arrêtées pour commerce avec le malin.

Margaretha ne subit pas l’exécution menée par le bourreau. Elle fut retrouvée morte dans sa cellule.

Arrêt cardiaque, suite aux souffrances des tortures ?

Suicide ?

Ce fut le suicide qui fut retenu par les autorités de la ville. Une manière de se dédouaner, sans doute, de la mort de cette prisonnière.

Et le suicide était considéré comme une offense à Dieu !

Aussi, son corps ne fut pas enterré, même dans un coin reculé du cimetière.

Bannie !!

Ce fut un «équarrisseur » - quelle horreur ! – qui mit la dépouille mortuaire de Margareth dans un tonneau sur lequel une inscription : « Laissez passer, elle s’est elle-même donné la mort », mit le tonneau sur une charrette, alla sur les bords du Rhin et..... jeta le tonneau dans les eaux du fleuve.

 

Cet homme de charge macabre toucha pour cette tâche, un florin.

 

Prendre une gamelle !

 

 

Gamelle, un nom féminin, introduit dans notre vocabulaire vers 1584.

Gamelle, provient de l’espagnol gamella = récipient (XIIIe siècle)

 

 

Une gamelle, grande écuelle dans laquelle plusieurs matelots ou soldats piochaient leur nourriture, lors des repas. Il était dit alors : « Manger à la gamelle ».

 

Une gamelle peut, aussi, être individuelle (1831). Munie d’un couvercle, elle servait aux ouvriers ou employés à mettre leur repas qu’ils pouvaient ainsi facilement faire réchauffer.

 

Prendre une gamelle  ou se ramasser une gamelle.

Deux expressions utilisées depuis 1830 et ayant le même sens pour exprimer : une chute, un échec.

Quelle en est l’origine ?

Pour comprendre le bien-fondé de ces phrases, il faut visualiser la scène suivante :

Un individu debout souhaite ramasser sa gamelle posée au sol. Il se penche, mais un peu brusquement, si brusquement que, déséquilibré, il chute vers l’avant.

Eh vlan !

Le voilà par terre....



Il a bien sûr récupéré sa gamelle, après avoir pris... une gamelle.

 

Cette explication peut tout à fait convenir à l’expression : prendre une bûche.

Dans ce second cas, la gamelle étant remplacée par une bûche.

 

Attention de tomber !

N’allez pas prendre une gamelle, une bûche ou encore un gadin !!

 

Gadin ?

Tiens, tiens...... Intéressant !! Mais ce sera pour une prochaine fois !

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 19 juin 2024

Créchez-vous dans une piaule ?

 

 

Piaule ?


En 1628, ce mot s’orthographiait piole ou encore piolle, avant de s’écrire, vers 1829, piaule.

 

D’où vient ce nom féminin ?




Il pourrait être rapproché du verbe piailler (1549), se traduisant par boire avec excès (du vin ou du moins de l’alcool, mais pas de l’eau !!).

 

Une piaule désigna de ce fait un lieu où l’on buvait, une taverne.

Par la suite, une piaule prit le sens de maison, logement (1829) et puis celui que nous connaissons toujours aujourd’hui, une chambre.

 

Dans une piaule, petit espace de vie, se trouve aussi un pieu où l’on pionce.

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

 

Abominables châtiments !

 

 Sélestat, commune située au pied des Vosges dans la plaine d’Alsace, entre Strasbourg et Mulhouse, vécut un grand nombre de procès contre des femmes accusées de sorcellerie.

Dans cette ville de Sélestat, se trouvait d’ailleurs une infâme prison située dans les étages supérieurs d’une tour dite « la Tour des sorcières [1]». 

En cet automne 1570, ce furent quatre femmes qui furent incarcérées en ce lieu avant de comparaître devant des juges impitoyables qui n’hésitèrent pas à utiliser la torture pour obtenir les aveux les plus incroyables.

 

Elles se nommaient[2] :

·         Anna, femme de Nicolas STRAUBEN, menuisier.

·         Truwel, femme d'Ulrich GREISCHER.

·         Amélia, de Rotenbourg sur la Tauber, femme de Jean ENGELMANN, fourreur.

(Rothenbourg, traversée par la rivière Tauber, est une ville située en Bavière.)

·         Barbe, femme de Jean SCHMIDT, l'aubergiste de l’auberge  "Le Bateau".


 Ce fut le 22 septembre 1570 au matin, après des jours d’interrogatoires répétitifs et interminables, que les quatre accusées entendirent prononcer le verdict de leur procès : « condamnées à être brûlées et réduites en cendres ».

La sentence fut rapidement exécutée.


Extraites de la prison vers 7 heures, Anna, Truwel, Amélia et Barbe furent conduites sur la place du marché de la ville où déjà une foule attendait, plusieurs milliers de personnes venant des villes et villages environnants.

Devant le bûcher, le maire de la ville, Johann Wendelin Ergersheim, accompagné de son secrétaire, Gernasius Baumann, lut à haute voix l’arrêt du jugement.


Le bourreau, venu spécialement de Colmar, aidé de ses valets, a immédiatement fait coucher les suppliciées sur des échelles, ligotées et maintenues avec des chaînes. Les échelles furent alors basculées au milieu des flammes alimentées par les aides du bourreau qui ne laissèrent mourir le brasier que lorsque les corps ne furent plus que des cendres.

Quelle cruauté !!

Aucun cri, sauf ceux d’Amélia !

Le spectacle terminé, chacun rentra chez soi, la conscience tranquille....



[1] La « tour des sorcières », porte gothique datant du XVe siècle et remaniée en 1830. C’est l’une des plus belles portes d’Alsace. Les étages supérieurs ont servi de prison et notamment pour les sorcières avant leur exécution. En 1870, la tour fut touchée par un boulet de canon qui n’occasionna que peu de dégâts.

[2] Je n’ai malheureusement rien retrouvé sur elles ou leur mari. Dommage !

mercredi 12 juin 2024

Suzanne Gaudry

 



Elle était née du mariage de Jean Gaudry et de Marguerite Gemé.

Son âge, elle était bien incapable de le dire. Mais il lui fut toujours dit qu’elle était arrivée dans ce monde, le jour des feux de joie allumés pour fêter la signature du traité de Paix d’Anvers[1].

Son lieu de naissance ? Esgavans village proche d’Audenarde[2].

 



Voilà ce que répondit Suzanne, le 27 mai 1652, concernant son identité, devant un tribunal composé de :

·         Michel Desbouvry et Charles Nauldereau, tous deux hommes de fief de Noitmon

et

·         Simon Desbouvry, greffier.

 

Mais de quoi était-elle accusée ?

De sorcelleries !!

 

Elle confessa que cela faisait environ vingt-cinq ans, elle avait rencontré le diable sous la forme d’un homme habillé de noir disant s’appeler Magin.

Elle en était tombée amoureuse. Son galant-diabolique lui avait alors demandé de lui donner une épingle  qu’elle ôta de ses cheveux et avec celle-ci, il lui fit une marque à l’épaule gauche.

Dévoilant son épaule, une marque était, en effet, très visible.

 

Les interrogatoires s’enchaînèrent, interrogatoires où intervenait la torture afin de précipiter les aveux.

 

Ce fut ainsi qu’elle précisa avoir douze fois environ participé à des danses nocturnes au petit marais de Rieulx[3], auxquelles étaient présentes d’autres personnes qu’elle ne reconnut pas.

Au fil des jours, elle cita quelques noms, comme ça, pour avoir un peu de paix.

 

Vint alors une question :

« Votre amoureux vous a-t-il donné de la poudre ?

        Oui, mais je n’en ai pas voulu. Certaines personnes en ont pris.

        Une poudre grise pouvant donner la mort.

        Je n’ai tué personne ! s’écria la suppliciée.

Puis se reprenant, elle poursuivit d’une voix faible :

«  Je n’ai tué personne... sauf un cheval à poil roux, celui au Philippe Comié, car j’avais des soucis avec la vache de sa femme. L’animal venait manger mes légumes....

 

Des jours et des jours où les mêmes questions revenaient.....

« Vous dansiez ? Quelle sorte de danse ?

        La carolle. On se mettait en rond, se tenant par la main. Il y avait un guiterneux et un chifloteux[4].

 

Elle avoua, tout ce qu’ils voulaient entendre.... puis se rétracta.

Non ! Elle n’était pas une sorcière !

Alors pourquoi avoir avoué ?

« Parce que j’avais trop mal. »

 

Quelques jours plus tard, elle fut de nouveau interrogée. Les juges s’étaient déplacés dans sa cellule, car la pauvre femme était malade.

Les mêmes questions, toujours les mêmes, de quoi devenir folle.

Sa marque à l’épaule.

Sa rencontre avec le diable.

Les danses la nuit dans le marais.

 

Alors, lasse de tout cela, se sachant déjà jugée coupable, Suzanne Gaudry avoua, encore et encore...

 

Le 9 juillet 1652, Suzanne Gaudry fut condamnée à être étranglée, puis brûlée.

L’exécution se fit à Valenciennes.

 

 

J’ai découvert, sur un blog « Belgique-insolite-et-occulte », des précisions permettant d’éclairer ce qui précédente.

Suzanne Gaudry possédait une maison, avec jardin. Elle bénéficiait visiblement d’une aisance financière.

Elle fut, en effet, suspectée d’être la responsable de la mort du cheval de Philippe Comié et peut-être aussi de celle de l’épouse de cet homme.

Ce qui ne plaida pas en sa faveur, ce fut que sa tante fut jugée et brûlée pour sorcellerie.   

Mais les juges ne prirent pas en compte le fait que la pauvre Suzanne souffrant de surdité et quasi-aveugle était atteinte de sénilité.

 

Sorcière, Suzanne Gaudry ? Non ! Simplement une femme dont l’esprit vagabondé dans une autre dimension.

 

 



[1] Ce qui fait que Suzanne Gaudry serait née entre le 9 et le 11 mars 1609. En effet,  ltraité d'Anvers ou Trêve de douze ans, a été signé à Anvers le 9 avril 1609 entre l'Espagne et les Provinces-Unies, créant une période de cessez-le-feu durant la guerre de Quatre-vingts ans. La guerre de Quatre-Vingts ans ou révolte des Pays-Bas, fut un soulèvement armé mené de 1568 à 1648 contre la monarchie espagnole par une partie des 17 provinces de Pays-Bas espagnols.

[2] En Belgique - Flandre Orientale.

[3] Peut-être Roeulx en Belgique.

[4] Joueur de guiterne, l’ancêtre de la mandoline. Le chifloteux jouait du flageolet ou du fifre.


Pioncer !!

 


 

Un mot argotique employé depuis 1827 qui passa dans le langage familier.

Pioncer, c’est dormir.

 


Pourquoi ?

·      Sans doute la déformation du verbe ronfler, car pioncer, c’est dormir très, très profondément.

·         Sans doute, aussi, en raison de sa provenance dérivé du verbe piausser = coucher (1628).

Piausser, déviré lui-même de piau, nommant le lit (1628).

 

Ne voyez-vous pas un petit « air de famille » entre piau (le lit) et le pieu (le lit en argot).

N’est-il pas reposant de pioncer dans un pieu ?

Enfin, toutefois si ce pieu est confortable...

 

Pioncer donne un pionçage. Pionçage, un mot peu usité, voire pas du tout, et à la consommant peu agréable. Un mot à faire des cauchemars.

 

On pionce d’un sommeil lourd et profond. Mais on  pionçotte d’un sommeil bref et léger.

 

Bon ! Après cet effort d’écriture, je vais me mettre au pieu !!

 

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

mercredi 5 juin 2024

Un bar dans un bar

 

 

Un bar, vous en avez sûrement vu sur l’étal d’un poissonnier.

Son nom provient du néerlandais baerse ou barse.

Il s’agit donc d’un poisson marin très vorace, caractérisé par ses nageoires dorsales faites de durs piquants.

Mais il existe aussi un autre bar depuis 1857, l’abréviation de l’anglais bar-room, désignant un débit de boissons où il était de coutume de boire debout devant le comptoir.

 

Mais, ce mot bar fut tout d’abord français sous l’orthographe barre, désignant la barre longeant le comptoir avant de nommer le comptoir lui-même et par la suite le lieu où l’on boit, à partir de 1592.

 

Aujourd’hui, un bar est un lieu où l’on sert des boissons (au comptoir, en terrasse ou devant une table dans la salle).

Des bars, il y en a partout : dans les théâtres, les bateaux, les hôtels.....

 

On boit un verre au bar, assis sur un tabouret de bar (évidemment) surélevé, ce qui permet de pouvoir discuter avec le barman : garçon de café.

 

Allez prendre un verre au bar est un moment convivial.


 

Alors, ce bar dans un bar ?

C’est simple, le bar se trouve dans le sac d’un client qui, après avoir fait son marché, s’installe dans un bar pour consommer, pour faire une partie de dominos ou de cartes avec des amis.

 

Les comptoirs des bars possèdent-ils toujours une barre ?

Oui ? Non ?

Mais rien n’empêche un consommateur de boire dans un bar, avec dans son cab as un bar, en mangeant une barre de céréales au chocolat !