mercredi 5 juin 2024

Michée Chauderon – Deuxième partie : une veuve vivant seule.

 


En 1648, Michée Chauderon travaillait comme lavandière pour quelques habitants de son quartier.

Seule à présent, elle devait faire face au quotidien.

Laver le linge des autres, n’était-ce pas une manière d’entrer dans leur intimité ?

Les secrets avoués lors de moments de faiblesse n’étaient-ils pas la porte ouverte aux trahisons ? Tout cela, bien sûr, dépendait de l’oreille à laquelle ils étaient confiés.

Michée Chauderon connaissait aussi les vertus des plantes. Elle savait recommander telle ou telle infusion pour calmer les maux et savait confectionner une soupe faite de gros sel, de farine, de pain et de fèves, éléments très nutritifs qui, dans les moments de disettes, comblait les carences alimentaires.

Rien d’extraordinaire, pour une femme qui savait observer la nature.

Très vite, Michée fut montrée du doigt pour pratiques illicites.

Et bien évidemment, le mot sorcière la désignant courut sur les lèvres.

 

À cette époque, en effet, elle était l’archétype de la sorcière :

·         Femme vieillissante, elle atteignait les cinquante ans, âge considéré comme « cataclysmique ».

·         Femme vivant seule. Une femme ne devait-elle pas être sous la tutelle d’un homme ?

·         Femme pratiquant la médecine des plantes et de ce fait ayant un pouvoir sur la vie et la mort.

 

Se voyant l’objet de critiques, elle commença par refuser à certaines le bienfait de ses remèdes.

Ces clientes, mécontentes d’être ainsi rejetées, furent les premières à accuser la pauvre Michée de crime de sorcellerie. Principalement huit clientes, assurément influentes, dénoncèrent celle qui avait été leur bienfaitrice, criant plus fort que les autres.

 

Michée Chauderon fut arrêtée dans l’après-midi du 4 mars 1652.

Puis la pauvre femme comparut devant un tribunal. Assaillie de questions qu’elle ne comprenait pas toujours, elle se sentait perdue.

Que lui voulait-on ?

Après une succession d’interrogatoires, des chirurgiens et médecins examinèrent le corps de l’accusée afin d’y découvrir la marque du diable, piquant la soi-disant sorcière à divers endroits. Pour ce faire, les docteurs utilisaient de longues aiguilles d'argent. Si la suppliciée ne manifestait ni douleur ni saignement, c’était la preuve d’une possession diabolique.

Hélas, une marque de la grandeur d'une lentille sondée sous son sein droit de la pauvre femme ne lui provoqua ni douleur ni saignement.

Le visage des médecins et juges s’éclairèrent de satisfaction.  

La culpabilité de l’accusée était fondée.

 

Sans confession, car il n’y avait rien à confesser, ce fut une torture plus soutenue.

Souhaitant que la souffrance cessât enfin, Michée avoua, tout ce qu’on voulait qu’elle avouât.

La dénommée Chauderon fut, le 6 avril 1652, exécutée par pendaison et son corps fut ensuite brûlé, dans la plaine de Plainpalais, au cœur de la ville de Genève.

 

Michée Chauderon fut la soixante-dixième et dernière personne exécutée à Genève pour sorcellerie.

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