En 1648, Michée Chauderon travaillait
comme lavandière pour quelques habitants de son quartier.
Seule à présent, elle devait
faire face au quotidien.
Laver le linge des autres,
n’était-ce pas une manière d’entrer dans leur intimité ?
Les secrets avoués lors de moments
de faiblesse n’étaient-ils pas la porte ouverte aux trahisons ? Tout cela,
bien sûr, dépendait de l’oreille à laquelle ils étaient confiés.
Michée Chauderon connaissait
aussi les vertus des plantes. Elle savait recommander telle ou telle infusion
pour calmer les maux et savait confectionner une soupe faite de gros sel, de
farine, de pain et de fèves, éléments très nutritifs qui, dans les moments de
disettes, comblait les carences alimentaires.
Rien d’extraordinaire, pour une
femme qui savait observer la nature.
Très vite, Michée fut montrée du
doigt pour pratiques illicites.
Et bien évidemment, le mot sorcière la désignant courut sur les
lèvres.
À cette époque, en effet, elle
était l’archétype de la sorcière :
·
Femme vieillissante,
elle atteignait les cinquante ans, âge considéré comme « cataclysmique ».
·
Femme vivant seule.
Une femme ne devait-elle pas être sous la tutelle d’un homme ?
·
Femme pratiquant la
médecine des plantes et de ce fait ayant un pouvoir sur la vie et la mort.
Se voyant l’objet de critiques,
elle commença par refuser à certaines le bienfait de ses remèdes.
Ces clientes, mécontentes d’être
ainsi rejetées, furent les premières à accuser la pauvre Michée de crime de
sorcellerie. Principalement huit clientes, assurément influentes, dénoncèrent
celle qui avait été leur bienfaitrice, criant plus fort que les autres.
Michée Chauderon fut arrêtée dans
l’après-midi du 4 mars 1652.
Puis la pauvre femme comparut
devant un tribunal. Assaillie de questions qu’elle ne comprenait pas toujours,
elle se sentait perdue.
Que lui voulait-on ?
Après une succession d’interrogatoires,
des chirurgiens et médecins examinèrent le corps de l’accusée afin d’y
découvrir la marque du diable, piquant la soi-disant sorcière à divers
endroits. Pour ce
faire, les docteurs utilisaient de longues aiguilles d'argent. Si la suppliciée
ne manifestait ni douleur ni saignement, c’était la preuve d’une possession
diabolique.
Hélas, une marque de la grandeur d'une lentille sondée sous son
sein droit de la pauvre femme ne lui provoqua ni douleur ni saignement.
Le visage des médecins et juges s’éclairèrent de satisfaction.
La culpabilité de l’accusée était fondée.
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