
Elle était née du mariage de Jean Gaudry et de Marguerite
Gemé.
Son âge, elle était bien incapable de le dire. Mais
il lui fut toujours dit qu’elle était arrivée dans ce monde, le jour des feux
de joie allumés pour fêter la signature du traité de Paix d’Anvers[1].
Son lieu de naissance ? Esgavans village proche
d’Audenarde[2].
Voilà ce que répondit Suzanne, le 27 mai 1652, concernant
son identité, devant un tribunal composé de :
·
Michel Desbouvry et Charles Nauldereau, tous
deux hommes de fief de Noitmon
et
·
Simon Desbouvry, greffier.
Mais de quoi était-elle accusée ?
De sorcelleries !!
Elle confessa que cela faisait environ vingt-cinq
ans, elle avait rencontré le diable sous la forme d’un homme habillé de noir
disant s’appeler Magin.
Elle en était tombée amoureuse. Son galant-diabolique
lui avait alors demandé de lui donner une épingle qu’elle ôta de ses cheveux et avec celle-ci,
il lui fit une marque à l’épaule gauche.
Dévoilant son épaule, une marque était, en effet,
très visible.
Les interrogatoires s’enchaînèrent, interrogatoires où
intervenait la torture afin de précipiter les aveux.
Ce fut ainsi qu’elle précisa avoir douze fois environ
participé à des danses nocturnes au petit
marais de Rieulx[3], auxquelles étaient présentes d’autres
personnes qu’elle ne reconnut pas.
Au fil des jours, elle cita quelques noms, comme ça,
pour avoir un peu de paix.
Vint alors une question :
« Votre amoureux vous a-t-il donné de la poudre ?
–
Oui, mais je n’en ai pas voulu. Certaines
personnes en ont pris.
–
Une poudre grise pouvant donner la mort.
–
Je n’ai tué personne ! s’écria la suppliciée.
Puis se reprenant, elle poursuivit d’une voix faible :
« Je n’ai tué personne... sauf un cheval à
poil roux, celui au Philippe Comié, car j’avais des soucis avec la vache de sa
femme. L’animal venait manger mes légumes....
Des jours et des jours où les mêmes questions
revenaient.....
« Vous dansiez ? Quelle sorte de danse ?
–
La carolle.
On se mettait en rond, se tenant par la main. Il y avait un guiterneux et un chifloteux[4].
Elle avoua, tout ce qu’ils voulaient entendre.... puis
se rétracta.
Non ! Elle n’était pas une sorcière !
Alors pourquoi avoir avoué ?
« Parce que j’avais trop mal. »
Quelques jours plus tard, elle fut de nouveau
interrogée. Les juges s’étaient déplacés dans sa cellule, car la pauvre femme
était malade.
Les mêmes questions, toujours les mêmes, de quoi
devenir folle.
Sa marque à l’épaule.
Sa rencontre avec le diable.
Les danses la nuit dans le marais.
Alors, lasse de tout cela, se sachant déjà jugée coupable,
Suzanne Gaudry avoua, encore et encore...
Le 9 juillet 1652, Suzanne Gaudry fut condamnée à
être étranglée, puis brûlée.
L’exécution se fit à Valenciennes.
J’ai découvert, sur un blog « Belgique-insolite-et-occulte »,
des précisions permettant d’éclairer ce qui précédente.
Suzanne Gaudry possédait une maison, avec jardin.
Elle bénéficiait visiblement d’une aisance financière.
Elle fut, en effet, suspectée d’être la responsable de
la mort du cheval de Philippe Comié et peut-être aussi de celle de l’épouse de
cet homme.
Ce qui ne plaida pas en sa faveur, ce fut que sa
tante fut jugée et brûlée pour sorcellerie.
Mais les juges ne prirent pas en compte le fait que
la pauvre Suzanne souffrant de surdité et quasi-aveugle était atteinte de
sénilité.
Sorcière, Suzanne Gaudry ? Non ! Simplement
une femme dont l’esprit vagabondé dans une autre dimension.
[1]
Ce qui fait que Suzanne Gaudry serait née entre le 9 et le 11 mars 1609. En
effet, le traité
d'Anvers ou Trêve de douze ans, a été signé à Anvers
le 9 avril 1609 entre l'Espagne et les Provinces-Unies, créant une période de
cessez-le-feu durant la guerre de Quatre-vingts ans. La guerre de Quatre-Vingts ans ou révolte des
Pays-Bas, fut un soulèvement armé mené de 1568 à 1648
contre la monarchie espagnole par une partie des 17 provinces de Pays-Bas
espagnols.
[2] En Belgique - Flandre Orientale.
[3] Peut-être Roeulx en Belgique.
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