mercredi 2 décembre 2015

1767 - CA CONTINUE




Tous nos vœux de bonheur !

5 juin 1767

« M. de Blosseville, Conseiller au Parlement, fils de M. de Boissemont, Procureur Général en la Cour des comptes, Aydes (sic) & Finances de Normandie, & de demoiselle Marie de Blosseville, a épousé le 4 de ce mois Mademoiselle de Civille, fille de M. le Marquis de Civille, & de Demoiselle Chastenet de Puysegur. La bénédiction nuptiale leur a été donnée par M. l’Archevêque de Rouen, en l’Eglise paroissiale de Boscheroult. »

Ci-dessous l’acte de mariage, célébré dans la paroisse de Bois-Héroult et non Boscheroult, de ce Conseiller au Parlement :

« Le jeudi quatrième jour du mois de juin mil sept cent soixante et sept après la publication d’un ban du futur mariage entre Messire Benigne poret de Blosseville, conseiller au parlement de Normandie, fils mineur de haut et puissant Seigneur Benigne Estienne François poret de Boissemont conseiller du Roy en ses conseils et son procureur general en la Cour des comptes aides et finances de Normandie et de feue noble dame Louise Marye de Blosseville ses père et mere de la paroisse de Sainte Croix Saint Oüen de Rouen d’une part et de  Noble demoiselle Marie henriette de Civille fille mineur du haut et puissant Seigneur Pierre auguste alphonse de Civille chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis et de noble dame Marie anne de Chastenet de puysegur ses père et mere de cette paroisse de Boscheroult d’autre part……. »

Le mariage fut célébré par : « Dominique de la Rochefoucauld archevêque de Rouen primat de Normandie, abbé, chef supérieur general et administrateur perpetuel de tout l’Ordre de Cluny. »

Mariage d’amour ou mariage arrangé ?
Peu importe à présent, mais revenons un instant sur les nouveaux époux.

Benigne Poret de Blosseville né le 2 septembre 1742, a reçu les sacrements du baptême, le 3 septembre 1742 à Rouen, paroisse St André de la ville.

« Ce jourd’huy lundy troisieme de septembre mil sept cent quarante deux a été baptisé du consentement de Mr le curé par Messire Loüis auguste Marye chanoine regulier de l’Ordre de St augustin et prieur royal de l’hôtel Dieu de la Madeleine de Roüen grand oncle paternel de l’enfant Benigne né du jour precedent du légitime mariage de Messire Benigne-Estienne françois poret chevalier seigneur et patron de Bondeville, Cattelot, Amfreville, Yville St Amand et autres lieux conseiller au parlement de Normandie et de noble Dame Loüise marye de Blosseville ses père et mere, le parein Mr jean Baptiste Nicolas formont oncle maternel de l’enfant, la mareine Dame marie Catherine Marye veuve de monsieur Thomas planterose Ecuyer tante maternelle de l’enfant……. »

Ce noble seigneur est décédé le 13 février 1828 à Bois Héroult

« Du vendredi quinzième jour du mois de février l’an mil huit cent vingt huit à huit heures du matin, acte de décès de Monsieur Benigne Poret ……..(mêmes titres que sur l’acte de décès de son épouse ci-dessous noté)….. décédé à Boisheroult, hier quatorze février à sept heures du soir âgé de quatre vingt cinq ans, né à Rouen département de la Seine Inférieure, demeurant en cette commune, fils de feu Benigne Etienne françois Poret de Bois….. et de feue dame Louise Marye de Blossevcille, veuf de dame Marie Henriette de Civille décédée en cette commune avec laquelle il avait été marié à Boisheroult le quatre juin mil sept cent soixante sept. »
Les déclarants, notés sur l’acte, étaient les trois fils du couple :
Benigne Poret de Blosseville, chevalier de Saint Louis, ancien chef d’escadron et membre du conseil général du département de l’Eure, âgé de 59 ans et domicilié à Amfreville dans l’Eure.
Léon poret de Civille membre du conseil d’arrondissement de Rouen et maire de Boisheroult, y demeurant, 50 ans.
Auguste Louis Poret de Blosseville, maire de la chapelle du Bois des faux dans l’Eure, 47 ans.

Marie Henriette de Civille, la jeune mariée a vu le jour à Bois-Héroult, le 4 avril 1748 où elle fut baptisée le 14 du même mois.

« Le 14e Davril 1748 a été baptisée par moy prestre curé de cette paroisse une fille née du quatrième du présent mois …. du legitime mariage de messire pierre auguste alphonse de Civille chevalier seigneur de Saint Mars et autres lieux et de Dame ane de Chastenay de puchey nomee marie henriette par maistre nicolas pinchon et par demoiselle madelaine Eleonore Valgelade porteurs de procurations de haut et puissant seigneur messire Antoine hacinthe conte de mainville chevalier seigneur baron de marigny la Celle ………… et de hautte et puissante Dame jeanne henriette de Chastenay….. veuve de haut et puissant Seigneur Charles françois de nettancourt….. conte de Vaubecour Baron de choisseuil colonel de Dauphiné infanterie parain et maraine soussignés…… »

En ce qui concerne les titres de ces « nobles et puissant », je n’ai pu les décrypter…… je ne suis pas sûre non plus que le prêtre qui a rédigé l’acte est tout bien compris lui aussi.
Tout ce que je peux affirmer c’est que c’était que « du beau monde », si « hauts et puissants » qu’ils étaient intouchables !!

Elle est décédée le 2 avril 1823 à Bois Héroult

« L’an mil huit cent vingt trois le deuxième jour du mois d’avril, dix heures du matin …… sont comparus Monsieur Benigne Poret, vicomte de Blosseville, âgé de quatre vingt un ans, conseiller au parlement de Normandie et conseiller du Roi en ses conseils, son procureur général en sa cour des aides et finances de la même province, ancien secrétaire du commandement de son Altesse Royal Monsieur conte d’Artois frère du Roi et Monsieur Leon Poret de Civille âgé de quarante cinq ans maire de cette commune domicilié en cette commune, le premier époux et le second fils de la défunte ci après lesquels m’ont déclaré que Madame Marie henriette de Civille, âgée de soixante quinze ans née en cette commune le quatre avril mil sept cent quarante huit y domicilié fille de feu Pierre auguste alphonse de Civille et de feue anne de Chastenet de Puysegur, épouse dudit sieur Benigne Poret  vicomte de Blosseville est décédée ce jourd’hui deux avril, une heure du matin En sa maison et domicile situé en cette commune ……. »

Je ne sais pas si ils ont été heureux ensemble, mais ils ont fait un bon bout de chemin côte à côte. Plus de 60 ans…..


Pour trinquer sans se saouler !

5 juin 1767

« Le sieur Besserve, Apothicaire, rue des Bons-enfans (sic), vis-à-vis la rue Ecuyére (sic), vient de recevoir des Eaux minérales de Vichy. Notre feuille du 23 mai 1766 traite de leur qualité. »

En, effet, un article dans le journal du  23 mai 1766 nous vante les qualités de cette eau, en ces termes :

« On trouve à Vichy sept sources d’eaux minérales.  La quatrième, qu’on apelle (sic) le gros boulet, est la seule qui en fournisse d’assez énergiques pour pouvoir être transportées dans les contrées éloignées, sans perdre leur vertu.
Les analyses réitérées ; que plusieurs Chymistes (sic) ont faites de ces eaux, prouvent qu’elles contiennent une substance saline, légère & amère : elle fermente avec differens (sic) acides, & sa dissolution teint en verd (sic) le syrop (sic) violat. Ces deux expériences démontrent que ce sel est alkalin (sic). Il est mêlé avec une legére (sic) quantité de soufre & de bitume qu’on aperçoit en jettant (sic) le sédiment sur des charbons ardens (sic) ; car il donne dans un lieu obscur une flamme bleuâtre qui sent la poudre à canon. On y observe en plus quelques parcelles ferrugineuses.
Ces différens (sic) principes, bien combinés par la nature, forment des eaux apéritives & purgatives, propres à lever les obstructions du foie, de la rate, des reins & du mésentére (sic). Elle guérisse la jaunisse, les fièvres quartes invétérées, les ulcéres (sic) aux reins & à la vessie ; elles remédient à la supression (sic) des évacuations périodiques, aux pâles couleurs, aux fleurs blances (sic), & aux vapeurs hystériques ; elles conviennent aussi dans les maladies de l’estomach (sic) ; elles en raniment le ressort, elles désobstruent les glandes qui sont répandues dans son  tissu, par conséquent la sécrétion de la liqueur propre à exciter l’apétit (sic), & à faciliter les digestions, s’éxécute (sic) beaucoup mieux. Beaucoup de personnes se purgent avec une pinte de ces eaux, dans laquelle on a fait fondre une once de sel d’ebsum (sic), extrait du Dictionnaire Universel de Médecine, &c. Page 273, Tome VI. »


Tout est dit ci-dessus concernant cette eau aux riches propriétés.

Petit précision :
Le sel d'Epsom et non « d’ebsum » est très riche en magnésium. Il  est obtenu à partir de minéraux naturels, provenant de gisements souterrains.
Il est utilisé sous forme hydratée, de qualité cosmétique et alimentaire.
Autre nom : Sel amer, Sulfate de Magnésium hydraté.

En lisant la fin de l’article, on pourrait penser que ce sel est « extrait du dictionnaire …. ». Il n’en est absolument rien, je vous l’assure !


Traverser la Manche ? It’s very easy !

5 juin 1767

« Deux capitaines Anglais viennent d’équiper deux paquebots qui feront le trajet de Douvres à Dieppe, & de Dieppe à Douvres. L’un partira de Dieppe le Mardi, & l’autre le vendredi, & transporteront passagers, marchandises, &c. »

Y avait-il possibilité de prendre une « carte d’abonnement » pour les voyages fréquents ?


Quelle histoire !

12 juin 1767

« On apprend par des lettres particuliéres (sic) la nouvelle suivante. Le Gardien des Cordeliers de Sisteron, après avoir mis le feu en huit différens (sic) endroirs de son Couvent, & s’être armé d’un couteau de cuisine & d’une hache, a égorgé le Frere (sic) Cuisinier de la maison & lui a donné neufs coups de couteau, il courut ensuite sur deux autres Religieux pour les assassiner également ; mais l’un des deux échapa (sic) à sa fureur en sautant en chemise par une fenêtre du second étage du Couvent, & l’autre se cacha. Lorsque la Justice & le peuple, attirés par l’incendie, sont entrés dans le Couvent pour y porter du secours, on a trouvé le Gardien dans sa chambre ; dans l’espérance de faire tomber les soupçons sur un autre, il s’étoit fait une legère (sic) blessure à la gorge, & avoit mis lui-même le feu à la tenture de son lit. Après plusieurs interrogations auxquelles il n’a voulu rien répondre, on l’a fait conduire dans l’Hôpital pour y être gardé pendant qu’on seroit occupé à éteindre le feu ; mais il s’est évadé pendant la nuit. »


Si je n’ai pu découvrir le nom du gardien-meurtrier-pyromane qui, visiblement,  court encore, j’ai trouvé dans les actes de sépultures le nom du pauvre « Frère cuisinier ».

« Le nommé antoine poupe dit St antoine soldat invalide de la compagnie de Vermeil la garnisson dans la citadelle de cette ville de Sisteron trouvé assassiné le seize du mois de may mil sept cents soixante sept dans le couvent des peres cordeliers de cette ville a été enseveli dans le cimetiere de cette paroisse aujourd’hui dix septième du dit mois par ordonnance de M. le lieutenant particulier au siège de cette ville rendue hier seize du courant à la suite du proces verbal de la defense faite au couvent des dits peres cordelier à la requisition de M. l’avocat du Roy audit siege…… »

Le pauvre Antoine Poupe dit Saint Antoine a donc trouvé la mort sous les coups de couteau d’un homme pris sûrement de folie……..  A moins que ce ne soit parce que la cuisine du pauvre homme était immangeable !!! Si ce fut le cas, la réaction me semble réellement très excessive !!


C’était, dit-on, un homme honorable !

Le 14 août 1767

« Le 9 M. Jacques Alexandre Henri Dumoucel, Chevalier, Seigneur de Louraille, Seigneur & Patron, haut-justicier de Quilly, Cintheaux, Cauvicourt & Bretteville-sur-Laize, aussi Seigneur & Patron de Tonneville, Aurigny, Quevillon, la Rivière-Bourdet & autres lieux, Conseiller du Roi en ses conseils, Président à Mortier honoraire au Parlement de cette Province, est mort à la Terre de la Rivière-Bourdet, âgé de 74 ans.
Né avec beaucoup d’esprit & de jugement ; il remplit avec la plus grande distinction les devoirs de la Magistrature ; il sçavoit (sic) allier & la fermeté nécessaire à son état, & cette urbanité qui fait le bonheur des hommes en société ; il sentit de bonne heure cette vérité que tout homme est né pour le travail, que la vertu seule le rend estimable, & que la naissance & la fortune ne servent qu’à contribuer plus facilement à la félicité publique. Après s’être acquitté longtems (sic) envers le Roi, l’Etat et la Patrie de cette portion de travail que chaque citoyen leur doivent (sic) , il céda une place autant pénible qu’honorable à M. Dumoucel son fils, que le public voit aujourd’hui avec la plus grande satisfaction occuper le Burreau (sic) de Tournelle. C’est dans la retraite, éloigné du monde, que le Philosophe Chrétien se trouve rendu à lui-même : M. de Louraille a passé les dernières années dans sa terre de la Rivière-Bourdet, occupé à faire de bonnes œuvres & à se préparer à la mort avec cette résignation & cette grandeur d’ame (sic) qui élevent (sic) l’homme au-dessus de lui-même. »

Voici quelques extraits de l’acte d’inhumation de cet homme très honorable si on en croit l’article ci-dessus. Oui, simplement quelques extraits car l’écriture non lisible et l’encre effacé n’ont pu me permettre une lecture nette et claire…..
L’inhumation a eu lieu dans la paroisse de Quevillon, en Seine Inférieure.

« ….. inhumation le 11 aout mille sept cens soixante et sept ……. De haut et puissant seigneur messire jacques alexandre henry dumoucel chevalier seigneur ……. Decede du neuf dernier dans sa soixante quatorzième année. »

Jacques Alexandre Henry Dumoucel  naquit le 21 octobre 1693 et fut baptisé à Rouen Paroisse St Lo, le lendemain.

« Le vingt deux d’octobre mil sep cens quattre vingt traize a été baptise Jacques Alexandre Henry né du jour d’hyer, fils de monsieur Jacques Dumoucel de Lourailles conseiller du Roy en son parlement de Normandie et de noble Dame Marie anne Sallot …… le parrain Messire Henry Bigot chevalier seigneur et Baron de Monville…. La marraine noble dame Marguerite Moysant femme de Monsieur de St Germain conseiller du Roy  en son parlement de Normandie. »

Il avait, mais je n’ai pu découvrir la date exacte, épousé Marie-Madeleine-Cécile Maignard de Bernières



Quelle en est l’origine étymologique ?

14 août 1767

« Dans le pays de Caux, à demi-lieue de Fauville, est une paroisse limitrophe dont l’Eglise est dédiée à Saint Pierre : on la distingue par le nom de Saint Pierre l’avis : on prononce « la vice », & on écrit communément « la vis » ; mais le nom propre est « l’avis », de concilio. Cette épithéte (sic) a paru digne d’exciter la curiosité, mais on n’a pu en deviner l’éthymologie (sic). On propose aux historiographes, l’explication dont l’origine pourroit être intéressante. »


Pour répondre à ce lecteur, j’ai fait quelques petites recherches.
« Lavis » pourrait venir de l’ancien français « l’éavi », désignant un endroit humide. Au XVe siècle, on écrivait « l’Advis ». En 1738, on trouve l’orthographe « La Visse ».
Mais rien de moins sûr, car certain affirme que ce village tiendrait son nom d’un certain « Avi » dont je n’ai pas retrouvé la trace.

Alors devant autant d’incertitude et si vous avez quelque information, merci de me donner votre « avis » !



Une veuve centenaire

14 août 1767

« La nommée Marguerite Duval, veuve de Jacques Losier, de la Paroisse de S Philbert-des-Champs, diocèse de Lisieux, est morte les premiers jours de Juin dernier, âgée de 101 ans ; elle n’avoit jamais été malade. »

C’est dans le registre de Saint Philbert des Champ dans le département du Calvados que j’ai découvert l’acte d’inhumation de cette femme.

« Le dimanche 28 du mois de juin de l’annee mil sept cent soixante et sept acte par moy soussigné cure de ce lieu inhumé en presence des soussignes le corps de marguerite Duval veuve de jacques Lozier  munie du sacrement d’Extrême onction âgée de cent ans en presence de jacques losier. »

Rien d’autre malgré mes recherches.
Jacques Lozier, présent, était-il son fils ou son petit-fils ? Aucune information pour le préciser.


Déposez les armes !

18 septembre 1767

« Cour de Parlement. Du 4 septembre 1767. Arrêt qui fait défendre à toutes personnes sans qualité, de porter aucunes armes blanches (sic) ou à feu, sous peine de 500 liv. d’amende & trois mois de prison pour la première fois, & de galères ou plus grande peine pour la seconde ; fait pareillement défenses, sous les mêmes peines, à toutes personnes de porter, soit à la ville ou aux champs, cannes plombées ou ferrées & garnies de pointes & dagues de fer ; & enjoint de porter et déposer aux Hôtels-de-Ville, dans les villes & faux-bourgs, & aux Syndics des paroisses, dans les campagnes, les fusils & autres armes à feu, dans quinzaine du jour de la publication du present (sic) Arrêt, &c. »

Une sage initiative, mais a-t-elle été suivie par tous ? On peut en douter.
En ce qui concerne la campagne, comment faisait-on pour chasser sans fusil ?

Il y a bien cette petite phrase qui dit :
« Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien. »
Mais sans fusil ?


Noble Dame …..

25 septembre 1767

« Noble Dame Marie-Geneviève Lambert de Formentin, Dame & Patronne d’Anouville & du fief de Cretot-Boismillon, veuve de Messire Marc-Antoine de Languedor de Bois-le-Vicomte, Chevalier, Baron de Bec-thomas, Seigneur & Patron d’Anouville, & autres lieux, Conseiller au parlement de Normandie, & mere (sic) de M. le Président de Becthomas, est morte le 15 de Septembre en cette ville où elle étoit né le 25 juillet 1687.
La mort la plus Chrétienne & la plus édifiante a terminé la vie si remplie de bonnes œuvres de cette respectable Dame, universellement regrettée. »

Cette Noble dame est née le 25 juillet 1687 à Rouen et a été baptisée le même jour dans la Paroisse de Saint Patrice.

« Le vendredi vingt cinquième de juillet mil six cent quatre vingt sept a été baptisée la fille du noble Robert Lambert seigneur de formentin epoux de dame genevieve Cassel son epouse née d’aujourd’huy laquelle a été nommée marie genevieve par françois Le Cointo et marie Colilo ses parrain et marraine….. »

Les parrain et marraine ne savaient pas écrire, ils ont juste apposé leur marque au bas de l’acte.


Elle épousa le 17 février 1711 à Rouen Paroisse Saint Godard, Marc Antoine de Languedor :

« Le mardi 17 février 1711 a été marié de la licence par Mr du Berroy licencié és loix curé de cette paroisse par Messire nicolas papavoine escuyer seigneur de canappeville archidiacre chanoine de la cathedrale et primatiale de Roüen conseiller au parlement, Messire marc antoine  de Languedor chevalier seigneur de Bois le viconte seigneur et patron Danouville fils de feu messire marc antoine de Languedor de Bois le viconte chevalier seigneur des dits lieux et de dame anne de Guerchain de la paroisse de St Lo agé de 29 ans avec demoiselle marie genevieve Lambert de formentin fille de feu messire Robert Lambert chevalier seigneur et patron de formentin, du mesnil simon, de la varenne et d’heudreville et de dame genevieve Cassel de cette paroisse agée de 23 ans après la publication d’un ban …….. »

Le  sieur Marc Antoine avait vu le jour à Rouen et fut baptisé le 11 octobre 1681 en la Paroisse de Sainte Croix Saint Ouen.

« Octobre 1681
Le 11e jour baptisé marc anthoine fils de monsieur marc anthoine de languedor escuier seigneur et patron d’Annouville …… et de dame …. Son parrain messire… »

L’acte écrit à la plume d’oie sur un registre haut et étroit est, du moins pour moi, très difficile, voire impossible à lire…..

Marie-Geneviève Lambert de Formentin est  donc décédée le 15 septembre 1767 :

Elle fut veuve un grand nombre d’années, puisque son époux décéda le 23 octobre 1729 à Annouville :

« Messire marc anthoine de Languedor chevalier conseiller au parlement de Normandie Baron de Bec Thomas seigneur et patron de la harangere St Pierre aussy seigneur et patron de cette paroisse mourut à Rouen le 23e d’octobre et le 24e du meme mois son corps aporte en cette eglise fut inhumé dans le cœur en la presence de Monsieur Labbé de la Vallee cure de Vilmesnil, du sieur Doyen des Loges et d’un grand nombre de curez autres Eclesiastiques et gentilshommes des environs ».


Nous savons que cette dame est décédée le 15 septembre 1767, mais je n’ai pu découvrir l’acte d’inhumation ….. J’aurais pu, il est vrai, mais devant le nombre considérable de paroisses dans Rouen, je n’ai pas eu le courage de m’atteler à cette tâche.
Si le courage vous en prend, on ne sait jamais,  et que vous trouviez, pensez à m’en informer. Ce blog est un parfait intermédiaire !



Les fourmis, un réel fléau !

2 octobre 1767

« Des Fourmis passent d’un jardin à travers deux murailles, dont une en pierre de taille fort épaisse, & un lambris, dans plusieurs apartemens (sic) au rez-de-chaussée, d’où ils pénétrent (sic), où ne sçait par où (sic), au premier étage où ils (sic) incommodent beaucoup. On prie ceux qui sçavent (sic) la manière de détruire ces insectes, de la communiquer par le moyen de nos feuilles. »

Une réponse ne tarda pas, et elle fut incérée dans les feuilles du journal du 20 novembre 1767

« Les fourmils (sic) s’insinuent aisément dans les endroits où elle (sic) sont attirées, & elles peuvent l’être dans un lieu où l’on conserve quelque sucrerie ou autres douceurs dont elles sont naturellement friandes.
Tous les jours on recevoit de fréquentes visites de ce petit peuple dans un apartement (sic) au troisième étage, donnant sur une cour spacieuse ; je m’aperçus que leur course se bornoit à un buffet dans ledit apartement (sic) alors j’éclairai leur démarche, & je vis qu’elles en vouloient au sucre, que l’on conservoit dans ledit buffet, dont elles emportoient chacune une petite partie proportionnée à leur force, passant du buffet à l’apartement (sic) de là à un cabinet à côté, puis sortant par la fenêtre, presque toujours ouverte, descendoient le long des murailles jusqu’à la cour ; alors j’en cherchai la défaite, & conjurai leur perte : pour cet effet j’y substituai au lieu du sucre un vase plat, rempli de miel, laissant cependant une petite intervalle (sic) entre le miel & le bord dudit vaisseau, afin de laisser aux fourmis la liberté d’y arriver en toute sûreté ; les fourmis en effet vinrent au miel comme au sucre, & ce semble avec plus d’empressement, l’odeur s’en faisant mieux sentir ; mais pour leur perte elles s’y trouvoient arrêtées & obligées d’y laisser la vie, de forte que par ce moyen je me trouvai délivré en peu de tems (sic) ; ainsi pour se défaire de celles dont il est question, il faut réitérer pour quelque tems (sic) les douceurs qui peuvent les attirer, & si l’on connoit leur demeure, y mettre du miel, ainsi que j’ai dit, où dans le-dit apartement (sic). »


A vendre !

9 octobre 1767

« A vendre à la Chartreuse de S. Julien, quatre autels, le maître autel à la Romaine, cinq devant d’autel, dont deux en drap d’or, & plusieurs autres de différens (sic) desseins (sic) & couleurs ; une niche à fond de damas, brodée & relevée en bosses d’or ; une horloge, 3 stalles, & un lambris d’Eglise. S’adresser audit lieu. »

Sur « Youtube » vous pouvez avoir un aperçu de cette Chartreuse en tapant : « Chartreuse Saint Julien Petit Quevilly »
Visite brève mais édifiante sur la grandeur de cette chartreuse.


Vaincre l’adversité

9 octobre 1767

« Si de nos jours on a trouvé surprenant que des muets ayent (sic) parlé, que des boiteux, ayent (sic) marché droit, ce qui suit ne le paroîtra (sic) pas moins.
Le 25 de mois dernier, le sieur Cromer, fils du directeur des Postes de Saverne, à qui la petite vérole éteignit la vue en entier, à l’âge de 2 ans, & qui en a 22, soutint dans la salle de l’Université de Strasbourg, en presence (sic) de toutes les personnes les plus distinguées de la Ville, des thèses de licences, sur le droit public, civil, féodal & canon, & reçut de l’illustre assemblée les plus grands éloges. Il va se faire recevoir Avocat au Conseil Souverain d’Alsace. Les sciences n’ont point empêché qu’il n’ait cultivé d’autres talens (sic) ; il touche le clavessin (sic) & les orgues parfaitement, son génie, sa mémoire, son jugement, ses meurs (sic),, sa piété, tous les dons, en un mot sont réunis en lui : tel est le jugement qu’en porte un témoin oculaire, bien capable de les apprécier (sic). »

Etre aveugle n’implique pas « être idiot » !
Par contre quel courage pour ce jeune homme d’avoir entrepris toutes ces études !

« Cromer » est un nom de famille très courant à Saverne…. N’ayant pas plus de précision sur le prénom de ce jeune homme je ne peux pas vous en dire d’avantage.


Une histoire à « mourir » debout

9 octobre 1767

« On mande de la même Ville, qu’un Somnambule y a fini bien malheureusement sa vie. C’étoit (sic) un jeune homme, Soldat au régiment de Royal Artillerie, beau de taille & de figure qui s’étant levé vers minuit, s’avança en chemise derrière les casernes des Cannoniers, en sifflant, quoiqu’endormi : la sentinelle du régiment de deux Ponts le voyant venir le prit pour un spectre, & lui cria par trois qui va là, à quoi  celui-ci n’ayant point répondu, le Soldat le tira, & lui brûla la cervelle. Ce (sic)  sentinelle fut aussi-tôt (sic) relevé, le lendemain on lui délivra son congé, & on le conduisit hors la ville, pour le soustraire au ressentiment des canonniers. »

Les actes de Saverne sont écrits en latin. N’en ayant gardé, de ma scolarité, que quelques notions fort piteuses d’ailleurs, je n’ai pas été en mesure de trouver l’acte d’inhumation de ce pauvre homme dont l’article ne mentionne pas le nom.

Mais j’imagine très bien cette histoire. Est-ce que vous m’autorisez à vous entrainer dans mon délire ?
Oui ?
Alors, allons-y !


La nuit était bien noire, et frisquette avec ça ! Pas un temps à mettre une sentinelle dehors ! Et pourtant, il éta       it là, lui, armé d’un fusil, faisant le guet.
Pour se tenir éveillé ou peut-être aussi pour se réchauffer, l’homme tapait des pieds.
Comme  le temps lui semblait long !
Et puis ce petit vent qui lui passait dans le cou, lui occasionnant des frissons tout le long du dos ! Un bon verre de vin chaud n’aurait pas été de refus, pardi ! Mais le service était le service et le mot d’ordre en était « vigilance ».
A force de scruter l’obscurité, cette pauvre sentinelle semblait apercevoir des ombres mouvantes tout autour de lui. Cette situation le mettait dans un état d’extrême nervosité.
Il n’aurait pas fallu qu’un intrus se glissât dans l’enceinte de la caserne par sa faute ! Il imaginait facilement les représailles. Aussi, afin d’éviter de se retrouver « au trou » pendant plusieurs jours, il lui fallait accroitre sa surveillance.

Un brouillard s’était levé en nappes légères, édredons moelleux entre ciel et terre.
La sentinelle bailla, rêvant un instant, avec désir, au grabat lui servant de couche, mais il se ressaisit rapidement, d’autant plus que …….
N’avait-il pas perçu un craquement, des bruits de pas ?

« Qui va là ? hurla-t-il, plus pour se rassurer que pour intimider.

Aucune réponse ne fit écho à sa question.

L’homme statufié, retenait son souffle.
Il lança, toutefois, plusieurs autres « Qui va là ? » d’une voix plus ferme.

Tous les sens en éveil, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade, il scrutait avec une attention accrue l’obscurité nimbée d’un brouillard qui s’épaississait et dans lequel une forme semblait se mouvoir.

« Qui va là ?  Le mot de passe ? »

Pas plus de réponse,  seulement cette masse blanche dans l’opacité du brouillard se rapprochant lentement.

« Sacredieu ! »  murmura la sentinelle devant cette apparition.

Il recula d’un pas, interdit.

« Saint-Vierge ! C’est point possible ça ! »

Devant ses yeux exorbités, la  forme blanche poursuivait sa progression, en lévitation à quelques centimètres du sol.

Pris de panique l’homme de garde  poussa un cri de terreur, épaula et tira. Le coup de feu, dans le calme nocturne, se répercuta en écho, réveillant toute la caserne.

-=-=-=-=-=-

Dans la salle de garde, assis près de la cheminée, le pauvre homme sous le choc était atterré.
Il répétait comme une litanie :
« j’ pouvions pas savoir, moi ! J’pouvions pas savoir ! »
Dans le couloir, derrière la porte il entendait parler, crier même. Tous ses camarades l’instant d’avant étaient devenus ses ennemis, ceux qui lui en voulaient de ce qui s’était passé quelques instants auparavant.
D’ailleurs, est-ce que ça s’était produit tout cela. Il avait rêvé, c’était sûr et il allait se réveiller. Encore un petit moment et ses yeux s’ouvriraient, éloignant le cauchemar dans lequel il était empêtré.

Devant lui son supérieur tournait en rond, droit dans ses bottes, les mains derrière le dos. Dans le couloir, toujours les cris de haines.

A la question que son supérieur lui avait posée : « Alors, quels sont les faits ? », il n’avait su que bredouiller ne sachant que répondre.
Il avait tiré, oui, et après revenu de sa torpeur, il avait vu sur le sol un corps blanc  éclaboussé de taches rouges, rouge sang ! Du sang !
Du sang, il y en avait sur le sol aussi, une grande flaque qui s’étalait doucement avant de coaguler.

« J’croyions c’était un spectre…. j’avions eu peur….  Alors ….
-        Un spectre ! quelle invention ! Avoir peur d’un spectre ! Et puis, il est du devoir d’un soldat de ne pas avoir peur ! Et surtout, de ne pas tirer n’importe où et sur n’importe qui. Sauf sur l’ennemi !

« Comment voit-on que c’est un ennemi dans une nuit de brouillard ? pensa la pauvre sentinelle.
Il ajouta alors : « Il n’a pas répondu…. Si il avait répondu, j’aurions point tiré !
-        Vous saviez que ce soldat était somnambule ? Oui ou non ? hurla le supérieur.
-        Oui, répondit le soldat.
-        Alors ?
-        Alors, j’savions pas que c’était lu à c’t instant !
-        Vous auriez dû !


Que pouvait-on ajouter ? Ce n’était pas un meurtre délibéré, c’était un simple accident, un regrettable accident.

Le supérieur s’en rendit bien compte, mais que pouvait-on faire, il y avait tout de même mort d’homme.
Alors, afin d’éviter toute révolte, afin d’éviter que ce « meurtrier repentant » ne soit la cible rancunière de ces camarades, il fut décidé de lui accorder un congé loin, bien loin du lieu de l’évènement.

Tous regrettèrent le défunt. Un brave garçon avenant, toujours prêt à rendre service. Un bon camarade ! De plus par son physique agréable il plaisait aux demoiselles. Beaucoup d’entre elles essuyèrent une larme, étouffèrent quelques sanglots en apprenant la nouvelle.
Un beau jeune homme qui avait cependant un « petit travers » qui lui fut fatal.
Il était somnambule !


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