Encore un centenaire
1er janvier
1768
« Le nommé Baltazard Mourene,
jadis Marinier, est mort à Marseille le 18 Novembre, âgé de 114 ans et
quelques mois. »
Si
vous saviez, Braves Gens, le nombre de paroisses que contenait Marseille en
1768 !
Alors,
je n’ai pas entrepris cette tâche d’en consulter tous les registres, l’un après
l’autre. Une entreprise qui me semblait harassante …..
Et
puis, Baltazard n’est plus de ce monde…..
114
ans, mazette !!! Tout de même, quel parcours !!!
Eruption volcanique
1er
janvier 1768
« Le Mont Salga, situé en
Hongrie dans le District de Novigrad, s’est enflammé tout-à-coup il y a quelque
tems (sic), après avoir jetté (sic), pendant deux mois consécutifs, une fumée
très-épaisse (sic). Les flammes ont réduit en charbons un espace de terrein
(sic) de cette montagne, de quatre toises de longueur, de deux de profondeur.
Ce terrein (sic), qui brûle encore actuellement, ne cesse de jetter (sic) des
flammes & répand au loin une odeur de soufre, insuportable (sic). On aprend
(sic) aussi qu’il se forme plusieurs volcans en Bohême. »
J’ai
trouvé dans divers documents et encyclopédies de l’époque la même information,
prouvant qu’elle est véridique.
Du
Mont Salga ? Rien !
Mais
j’ai découvert dans le « grand
dictionnaire géographique, historique et critique » - Nouvelle
édition – écrit par M. Bruzen de la Martinière, géographe de Sa Majesté
Catholique Philippe V roi d’Espagne et des Indes – Tome quatrième, les renseignements suivants :
Novigrad, ville de
Haute Hongrie dans le comté du même nom dont elle est le chef lieu. Batie sur
une colline environ à deux milles du Danube à l’ouest de ce fleuve. (Atlas,
Rob. De Vaugendy)
Novigrad, contrée de la
Haute Hongrie avec titre de comté. Elle est bornée au nord, partie par le
territoire des sept villes des montagnes, partie par quelques terres du comté
de Hont ; à l’ouest par le comté de Pest et à l’occident, partie par le comté de Bars, partie par le Danube.
Dans
le même ouvrage, on apprend aussi que
Novigard est le nom donné à :
· Un
lac de Dalmatie
·
Une rivière ou torrent de Dalmatie
·
Un détroit de Dalmatie
· Une
petite ville ou plutôt un château de la Croatie sur la rivière Dobca
Mais,
je ne peux rien vous dire sur les conséquences de cette éruption volcanique et
si il y a eu des morts à déplorer.
Etrange bête
1er
janvier 1768
« On a tué près de Corbie un
animal tel que personne n’en a vu de pareil, qui dévoroit tous les chats ;
un jour on le surpris qu’il en tenoit deux ; quelqu’un à leurs cris étant
accouru, fit lâcher prise à l’animal : peu à près (sic) il tomba sur deux
lapins apartenans (sic) à un Curé, & après les avoir tués & sucé (sic)
de leur sang, il s’endormit si profondément, que le propriétaire des lapins le
surprit & l’assomma. Il avoit le cou plus gros que le corps, qui étoit plus
gros que celui d’un chat ordinaire ; le cou étoit garni d’une espéce (sic)
de crin, & ses pattes étoient armées de griffes terribles. Un mois avant sa
mort il n’étoit question dans les villages voisins que de chats dévorés. »
Corbie commune du département
de la Somme dans la Région de Picardie, à quinze kilomètres d’Amiens.
Au
milieu du XVIIIème siècle, toutes les espèces animales n’avaient pas
été répertoriées. Et de plus, les peurs et croyances ancestrales mettaient une
part diabolique à tout animal d’une espèce peu commune.
Un
animal qui avait le sommeil bien lourd pour s’être fait surprendre ainsi …….
Un
vampire, peut-être, puisqu’il suçait le sang de ses victimes !
Quelle est l’origine de cette tradition ?
Le
15 janvier 1768
« Le monde est rempli de gens
plus honteux de chercher à s’instruire, que de croupir dans leur ignorance,
& qui suivent les usages que leurs peres (sic) ont établis, sans
s’inquiéter des motifs qui ont pu les y engager ; cependant parmi ceux-là
il s’en trouve qui ont ouvert les yeux, qui se sont aperçus de leur
aveuglement, & qui prient MM. Les historiens de vouloir bien les instruire
& leur faire connoitre ce qui porte les peuples, les jour des Rois, à
rassembler leur famille & leurs amis, pour entr’eux (sic) partager un
gâteau, dans lequel il y a un signe qui indique celui qu’on doit regarder comme
le Roi, & à qui on doit décerner les honneurs, & d’où ils tirent cet
usage ? Ils prient encore de vouloir leur faire connoître ce qui engage à
sonner le même jour des Rois dix-sept carillons différens, & pourquoi ils
choisissent tous ce nombre & s’y bornent ? »
Beaucoup
de traditions païennes ont été remplacées par des fêtes religieuses.
La
« galette des rois » faisant l’objet de la question de cet abonné de
1768, en fait partie.
A
l’origine on fêtait, le 6 janvier le retour de la lumière, après les nuits bien
longues de novembre et décembre. Le soleil était symbolisé part la galette.
L’Eglise,
à partir du Vème siècle fêta la naissance de Jésus le 25 décembre. A
cette époque les Mages n’étaient pas encore reconnus comme « rois »
par la liturgie. Il fallut pour cela
attendre le XIIème siècle.
Peu
à peu, cette fête de l’épiphanie (ou du 6 janvier), considérée comme païenne,
devint une coutume alliant profane et sacré, Rois Mages et
disque-solaire –galette, pour s’instaurer définitivement à compter du XIVème
siècle.
En
1795, la Convention interdit cette coutume. Fêter un roi, après en avoir fait
décapiter un, était une aberration !!! Mais, cette interdiction souleva
une « autre révolution ». Aussi, le Concordat rétablit cette fête.
La fève dans la galette, qui était réellement une fève et non un sujet en porcelaine, vient du temps des romains. Elle était blanche ou noire et était utilisée pour les votes. Au début janvier, aux saturnales de Rome, on élisait un roi du festin par une fève.
Cette
fête a encore de beaux jours devant elle…… et les collectionneurs de fèves,
nommés fabophiles, pourront pendant de
nombreuses années, de nombreux siècles encore, agrandir leur collection.
J’ai
découvert le « langage des cloches », grâce à l’ouvrage d’Eric
Sutter, Président de la SFC, intitulé « code et langage des sonneries de
cloches en Occident ».
En
voici un extrait :
Le son produit par la cloche a donc été utilisé au
fil des siècles pour différentes fonctions de communication : fonction d'
alerte, fonction d'information, marquage sonore du calendrier,instrument
d'appel civil ou religieux, instrument de localisation, etc. Elle fait partie
du "paysage sonore" en se distinguant d'autres productions,
volontaires ou non, de sons……
…….Les "règlements de sonnerie" établis
par les évêques précisaient dans le détail l'usage des différentes cloches en
fonction des différents types de cérémonies ou d'événements. Ces règlements ont
été simplifiés dès le milieu du XVIIIe s.
Et
en effet, la veille de l’Epiphanie, entre cinq et six heures du soir, on
sonnait de dix-sept sortes de carillons. Aux autres jours ce n’était qu’une
cloche plus ou moins grosse selon le grade de la fête qu’on célébrait.
Une question qui n’a pas soulevé les foules
15
janvier 1768
« Un
paysan fort simple, & dont les oreilles retentissent des cris pitoyables
que jettent ses coqs à qui sa ménagére (sic) coupe sans regret le cou, assi-tôt
(sic), dit-elle, qu’ils ont pondu, cherche à s’instruire pour aprouver (sic) ou
désaprouver (sic) cette barbarie ; & demande, 1° si un coq peut
pondre ; 2° si cela peut arriver, si le coq peut avec fruit remplir les
devoirs de son sexe. Il espére (sic) que MM. Les naturalistes ne dédaigneront
pas sa demande, & se feront un plaisir d’éclairer les ignorans (sic) de
leurs lumiéres (sic). »
Les
coqs pondent-ils ? En voilà une question !
A
laquelle chacun aujourd’hui peut répondre avec assurance et certitude.
En
cette année 1768, personne n’a répondu à la question posée dans l’article…..
Puis-je
vous poser une autre question, toujours en lien avec ce sujet ?
« Qu'est-ce
qui est apparu en premier : l'œuf ou la poule ? »
Si
vous avez la réponse, merci de vous servir de ce blog pour répondre.
Spectacle
5
février 1768
« Le sieur Fromantin (sic) a
paru en cette ville avec beaucoup de succès dans la tragédie d’Alzire. Il n’a
pas vingt ans : il a débuté à Paris il y a trois ans à seize ans &
demi avec un succès incroyable. Il est peu d’éxemple (sic) au Théâtre d’un
début aussi brillant que le sien, tant à Paris qu’à la Cour devant le Roi.
On ne peut rien ajouter à
l’intelligence, la force & la vertu avec lesquelles le sieur Fromentin
(sic) a rendu le rôle intéressant de Zamor, & nous ne doutons pas qu’il ne
continue de se concilier les suffrages du public. »
La gloire
est éphémère, car je n’ai pas trouvé de Fromentin ou Fromantin, artiste lyrique ….. Disons qu’il a,
un temps, reçu tous les applaudissements et éloges et puis …… Qui sait est-il
mort dans l’ignorance de tous et dans le dénuement le plus total ? C’était
aussi ça, la vie d’artiste !
La tragédie de Voltaire « Alzire » fut représentée, à Paris
pour la première fois, le 27 janvier 1736.
Radical, mais il fallait y penser !
5
février 1768
« On n’avoit jamais tant vû
(sic) dans nombre de provinces de rats-mulots, que les mois derniers :
près d’Honfleur on en a tué pour un jour 600. Nous avons précédemment annoncé
un moyen de les détruire, qui consiste à boucher leurs trous avec des
pierres ; mais comme il peut arriver qu’on en oublie quelques-uns, &
que ce seroit ne réussir qu’à moitié, voici un autre moyen qui paroît (sic)
plus sûr, & qui a réussi depuis peu. On prend de l’eau dans un broc, on en
verse dans le trou, qui n’est pas profond : ces animaux qui y sont souvent
en grand nombre, se hâtent d’en sortir, & on les assomme avec un balai ».
Bravo
à cet abonné du journal. Voilà un procédé fort radical, mais qui demande une
certaine force et beaucoup de rapidité, surtout si les petits rongeurs sortent
tous en même temps !…..
Donc,
un seul ordre : « Tous à vos balais ! »
Encore une question
12
février 1768
« Une personne digne de foi
nous a assuré qu’un propriétaire dans la paroisse d’Hermival avoit donné des
ordres à ses domestiques, dans les jours du plus grand froid de cette année,
d’abattre un poirier qu’il leur désigna : ceux-ci lui representérent (sic)
sa beauté et sa fertilité, sans pouvoir lui faire changer de dessein ;
mais étant allés le lendemain pour mettre la coignée (sic) à la racine, ils
trouvèrent cet arbre rempli d’une quantité prodigieuse de fleurs qui n’étoient
point gelées. Le maître, au premier avis qu’il en eut, s’y transporta, &
révoqua ses ordres, après avoir reconnu par lui-même la vérité du fait.
Beaucoup de curieux ayant été voir, ont presqu’entiérement (sic) dépouillé ce
bel arbre, chacun voulant en raporter (sic) un bouquet. On prie Messieurs les
naturalistes de dire leur sentiment sur un phénomène aussi singulier. »
Voilà
la réponse que j’ai trouvée dans le journal du 1er avril 1768 :
« Dans notre feuille du 12
Février dernier, nous avons dit qu’un poirier avoit fleuri pendant la grande
gelée ; depuis ce tems (sic) personne n’avoit tenté d’expliquer ce
phénomene (sic) : le sieur Coquerel, Jardinier très-expérimenté, vient de
le faire. Selon lui, c’est un arbre qui se meurt, & dont les racines
échauffées, par la douceur du mois de Novembre dernier, ont fait fermenter le
reste de la seve (sic) & fleurir l’arbre. Il dit aussi qu’un arbre
transplanté un peu fort, & qui ne pousse point au printems (sic), mais
seulement en automne, peut très-bien donner des fleurs en Décembre.
Le sieur Coquerel a actuellement
des rosiers fleuris, une vigne chargée de grappes, beaucoup d’orangers &
autres arbres & fleurs. Les personnes qui en souhaiteront, s’adresseront à
lui ; il demeure rue de Grandmont. »
Un
arbre qui fleurit est un arbre qui se meurt …….
Permettez-mois d’en douter.
En
attendant, le sieur Coquerel se fait, via le journal, une petite publicité.
Gageons qu’à la suite de cet article, il a augmenté ses ventes !
Hermival-les-Vaux, commune du département du
Calvados, en Basse Normandie qui bénéficie d’un climat clément propice aux
plantes tardives.
Chiffres « INSEE »
19
février 1768
« Il y a eu à Paris pendant le
cours de l’année 1767, 19749 Naissances & 19875 Morts.
A Londres, 15980 Naissances, &
22612 Morts.
D’où il résulte que le nombre de
naissances de Paris excéde (sic) celui de Londres de 3769, pendant que de
l’autre côté il y a eu à Londres 2737 morts de plus qu’à Paris ; ce qui
fait une différence de 6506 habitants en perte pour Londres. »
Nous
pouvons compter dans les décès de cette année 1767, un grand nombre d’enfants
nés et décédés dans les mois, voire les jours qui suivirent leur venue au
monde.
Je
vous laisse établir les analyses qui découlent de ces chiffres et d’en dessiner
les courbes graphiques.
Un vrai conte de fées !
19
février 1768
Plusieurs personnes assurent qu’il
vient d’arriver dans une des principales villes d’Hollande une aventure assez
singulière.
Un Négociant riche et avare avoit à
son service une jeune fille d’une figure intéressante & du plus heureux
caractére ; un jour elle vint lui demander à acompte (sic) de ses gages,
quinze florins, (environ trente livres de France) pour les mettre à la loterie.
Le Négociant trouva cette idée extravagante, & le fils de la maison eut la
dureté d’ajouter au refus de son père (sic) des plaisanteries humiliantes &
des railleries ameres (sic). Un jeune homme qui se trouvoit témoin de cette
scène en fut ému ; il suivit cette fille dans l’instant où elle venoit de
sortir. Elle étoit en pleurs : « Ne vous affligez pas, lui dit-il,
vos maitres ne méritent pas de vous posséder ; mais voilà quinze florins.
Quand on vous payera vos gages, vous me les rendrez. »
Cette fille eut d’abord quelque
peine à accepter cette offre ; cependant elle se rendit. Elle prit les
quinze florins, & courut les porter à la loterie. Peu de jours après on
aprit (sic) qu’elle y avoit gagné un lot de cent mille florins. Quel sujet de
réfléxions (sic) pour le vieux Négociant & pour son fils ! Celui-ci va
la trouver d’un air humble & embarrassé, & après beaucoup de soumissions
& d’excuses, il lui propose gauchement de l’épouser. « Ah ! c’est
donc aujourd’hui mon tour, s’écriat-elle avec transport ! Eh bien !
j’aimerois mieux me précipiter dans la mer avec mon argent, que de le porter
dans une famille que les richesses ont endurcie. » A l’instant elle vole
chez son bienfaiteur, & elle lui offre sa fortune & sa main. Tous les
deux acceptés, & leur union a été célébrée avec tout l’éclat imaginable.
Quelle chance ! Cette jeune fille
avait-elle consulté une voyante pour être aussi sure d’elle ?
En attendant, suite de leur refus, les
anciens maitres ont dû s’en mordre les doigts pendant bien longtemps. Pensez-donc,
quelle perte d’argent pour eux !
Pour sa guérison…… ou pour le repos
de son âme ….
4
mars 1768
« On a commencé aujourd’hui
dans la Cathédrale de cette Ville les prières des quarante heures pour la
Reine, où les Cours de Parlement & de la chambre des Comptes se sont
rendues. On a aussi suspendu les Spectacles. »
Les prières des « quarante
heures » sont des prières faites en
des circonstances extrêmement graves, où seule la volonté divine peut
intervenir.
En l’occurrence, il s’agir là de la
maladie de la reine Marie Leszczynska,
épouse du Roi, Louis XV.
Née le 23 juin
1703, fille
du roi de Pologne, Marie Leszczynska
épousa Louis XV en 1725.
Sa vie échelonnée de deuils, ne l’a pas
épargnée. En effet, elle perdit un grand nombre de ses enfants et
petits-enfants dont notamment deux filles et son fils, le Dauphin de France. Elle
attrapa un rhume, un simple rhume, à l’automne 1767. Un rhume qui mal soigné
traina en longueur. Une fièvre persistante affaiblit la malade qui déjà n’avait
plus goût à la vie. Le roi fut très présent pendant sa maladie, plein de
sollicitude. Mais malgré les attentions du monarque, malgré les prières faites
dans tout le royaume, de jour en jour, la maladie gagnait du terrain, jusqu’au
24 juin 1768 où, à Versailles entourée des siens, la reine de France rendit son
âme à Dieu.
Son
corps fut inhumé à la Basilique Saint-Denis, mais son cœur repose auprès de la
dépouille de ses parents, en l’église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy.
La
semaine qui suivit le décès, on vit un défilé incessant de petites gens venant
prier pour elle : "Voyez, avait dit le roi à ses filles, comme elle est
aimée"...
En
effet, le peuple de France ne la désignait-elle pas en ces termes, « notre
bonne reine » ?
Une justice peu équitable !
4
mars 1768
« Par arrêt du parlement du 29
Février dernier, qui confirme une Sentence du 10 du même mois, rendue au Siège
de la Police du Bailliage de Rouen, le nommé Duval & sa femme, de cette
ville, qui favorisoient la débauche, ont été condamnés ; sçavoir (sic), la
femme à être promenée par l’Exécuteur des sentences criminelles, par tous les
quartiers de cette ville, pendant trois jours, montée sur un âne, le visage
tourné vers la queue, ayant sur la tête un chapeau de paille avec écriteau
devant & derrière portant ces mots : Maquerelle publique ; &
le troisième jour à être fouettée & marquée de la lettre M ; son mari
à assister à l’éxécution (sic) ; après quoi tous les deux bannis pour six
ans. »
Bravo
la justice ! Le mari regarde
simplement tandis que son épouse est fouettée et marquée au fer rouge !
En
ce qui concerne ce type de commerce, il fut réglementé au XIXème
siècle.
Des
fiches de police furent établies, ainsi que des registres de « filles publiques ».
Une
jeune fille désirant exercer ce métier devait se déclarer au commissariat de
police afin d’obtenir « un livret », avec obligation de passer une
visite médicale régulièrement. Si une maladie était décelée, elles n’avaient
plus le droit d’exercer….. Normalement !!!
Si
une jeune femme était mineure, une enquête était faite pour connaitre les
parents. Ceux-ci étaient alors prévenus de la démarche de leur fille et on les
encourageait vivement à la reprendre au domicile parental.
En
cas de refus des parents, elle était inscrite sur le «grand registre » et
jetée en pâture sur la voie publique ou dans une maison dite de tolérance.
Beaucoup
mentaient sur leur âge, pour pouvoir être inscrites. Sans travail, souvent à la
rue, elles n’avaient que cette possibilité.
Quelle fut sa vie ?
1er
avril 1768
« Madame
Marie-Anne le Nain, épouse de Messire François-Bonaventure de Tilly*,
Chevalier, Seigneur haut Châtelain, Marquis de Blaru, Portvilley, Jeufosse,
& autres lieux, Lieutenant-Général des Armées du Roi, Lieutenant de ses
Gardes du Corps, Compagnie de Villeroy, est morte à Vernon Samedi 26 du present
(sic) mois de Mars, âgée de 60 & quelques années, après une maladie longue
et douloureuse, pendant laquelle elle a donné les preuves de la foi la
plus vive, de la patience la plus édifiante, & de la résignation la plus
courageuse. Cette Dame d’une maison qui a donné à l’Eglise, à la Robe & à
l’Etat plusieurs personnes distinguées par leur religion, leur probité &
leur rare mérite, a été déposée Lundi 28, à 8 heures du matin, en l’Eglise
Royale, Collégiale & Paroissiale de Notre-Dame de Vernon, & de là
transportée à Blaru, lieu de sa sépulture. Elle a été pleurée & regrettée
universellement, comme l’amie des personnes vertueuses, la protectrice des
honnêtes gens, la mere (sic) des pauvres & la consolatrice des affligés.
*la maison de Tilly,
l’une des plus anciennes de la Normandie, est alliée de M. Le Duc d’Harcourt,
Gouverneur de cette province. »
Vous
trouverez ci-après l’acte d’inhumation de Marie Anne Le Nain, trouvé dans les
registres de l’église Notre-Dame de Vernon.
L’an de grace mil sept
cent soixante et huit le vingt huit mars par nous Charles françois Defontenay
prêtre vicaire de la paroisse de Notre Dame de Vernon soussigné a été
transporté de cette paroisse à l’église de St Hilaire de Blaru le corps de
haute et puissante Dame Marie Anne Le nain épouse de haut et puissant Seigneur
françois Bonaventure de Tilly chevalier Seigneur Marquis de Blaru le port de
Villée Jeufosse et autres lieux ; lieutenant general des armés du Roy et
lieutenant general de ses gardes du corps compagnie de Villeroy ; decedee
le vingt six du present mois agée de soixante et dix ans environ : munie
des Saints Sacrements de l’Eglise en présence de Monsieur le chevalier du Roy,
chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis et capitaine des grenadiers du
regiment de piedmon, témoins soussignes.
Marie
Anne Le Nain est née le 15 mars 1699, mais ne connaissant pas le lieu de la naissance,
je ne peux vous donner à lire son acte
de baptême.
Elle
était la fille de Jean Le Nain et Marie Mascrany.
Elle
épousa, le 22 septembre 1723 à Paris, François Bonaventure de Tilly, fils de
Charles III de Tilly et de Catherine Elisabeth de Marmeville. Pas d’acte de
mariage à vous présenter. Il aurait pourtant apporté un grand nombre de
renseignements.
De
cette union naquirent des enfants, je n’en ai retrouvé que deux, mais il y en
avait peut-être pas d’autres :
· Hilaire
Henry qui serait né en 1729 et qui
épousa le 10 octobre 1765 à Caen, Anne Cécile Le Vicomte de Tillly.
·
Marie Geneviève qui aurait vu le jour en
1731. Alors âgée de 21 ans, cette jeune femme épousa le 5 mai 1751 à Vernon, Jean Guillaume Bidal
d’Asfeld.
Veuve peu de temps
après, elle se remaria le 4 août 1760 à Evreux, avec Jean Vincent Claude Le
Nain.
Quant
à François Bonaventure de Tilly, il mourut à Vernon, le 10 janvier 1775, et fut
inhumé dans le caveau de l’église de Blaru.
L’an mil sept cent
soixante quinze le 11 de janvier a été inhumé dans un caveau de l’église du
coté de l’Evangile le corps de tres haut et tres puissant Seigneur Messire
françois Bonaventure de Tilly chevalier marquis de Blaru lieutenant
general des armees du Roy et commandant
de l’ordre Royale militaire de Saint Louis Seigneur de Jeufosse port de Villée
et autres lieux par moi Conrolle cure de Notre Dame de Vernon age d’environ
soixante quatorze ans muni du sacrement de l’extreme onction presence des
soussignes ……
Les
soussignés :
· Richard
– curé de jeufosse
·
Le sage –
curé du port de Villez
·
Prefsat –
curé de Villeneuve
· Conrolle
– curé de Notre-Dame de Vernon
Deux
autres signatures, malheureusement illisibles, sans doute des membres de la
famille.
Le remède fut-il efficace ?
15
avril 1768
« Une ancien perruquier de
Paris, vend & compose depuis longues années, avec permission, une huile
d’Ours, excellence pour conserver et entretenir les cheveux ; quand ils
commencent à tomber, elle les fait repousser en peu de tems (sic) plus forts
qu’auparavant : on sçait qu’une maladie ou autres accidens (sic)
dépouillent les plus belles têtes : on peut donc se prémunir contre ces
accidens (sic) au moyen de cette huile : l’auteur en a envoyé une petite
caisse au sieur Gallier, Mercier, rue Saint Lo, où on la trouvera : il
donnera en même-tems (sic) un imprimé contenant la manière de s’en servir. »
Certainement
une bonne invention, en effet. Mais, si elle avait été si efficace que cela, ne
serait-elle pas parvenu jusqu’au XXIème siècle ?
De
tout temps, il a été cherché des remèdes à la calvitie. De tout temps nombre
« d’inventeurs » ont mis sur le marché des poudres, lotions et
pommades qui n’ont pas eu grand effet.
Dans
les années 1970, un coiffeur avait proposé à mon père, qui perdait ses cheveux,
une lotion ou plutôt la lotion miracle.
Mon
père avait décliné l’offre, répondant :
« Je
n’achèterai ce genre de lotion que quand tous les coiffeurs auront des cheveux,
preuve irréfutable que la lotion est efficace. »
Le
coiffeur de papa était-il chauve ? Je ne pourrais le dire. Mais, je trouve
la réponse très judicieuse. Qu’en pensez-vous ?
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