mardi 8 décembre 2015

ANNEE 1768 - QUE RESERVE-T-ELLE ?




Encore un centenaire

1er janvier 1768

« Le nommé Baltazard Mourene, jadis Marinier, est mort à Marseille le                  18 Novembre, âgé de 114 ans et quelques mois. »

Si vous saviez, Braves Gens, le nombre de paroisses que contenait Marseille en 1768 !
Alors, je n’ai pas entrepris cette tâche d’en consulter tous les registres, l’un après l’autre. Une entreprise qui me semblait harassante …..
Et puis, Baltazard n’est plus de ce monde…..
114 ans, mazette !!! Tout de même, quel parcours !!!


Eruption volcanique

1er janvier 1768

« Le Mont Salga, situé en Hongrie dans le District de Novigrad, s’est enflammé tout-à-coup il y a quelque tems (sic), après avoir jetté (sic), pendant deux mois consécutifs, une fumée très-épaisse (sic). Les flammes ont réduit en charbons un espace de terrein (sic) de cette montagne, de quatre toises de longueur, de deux de profondeur. Ce terrein (sic), qui brûle encore actuellement, ne cesse de jetter (sic) des flammes & répand au loin une odeur de soufre, insuportable (sic). On aprend (sic) aussi qu’il se forme plusieurs volcans en Bohême. »

J’ai trouvé dans divers documents et encyclopédies de l’époque la même information, prouvant qu’elle est véridique.
Du Mont Salga ? Rien !
Mais j’ai découvert dans  le « grand dictionnaire géographique, historique et critique »  - Nouvelle édition – écrit par M. Bruzen de la Martinière, géographe de Sa Majesté Catholique Philippe V roi d’Espagne et des Indes – Tome quatrième, les  renseignements suivants :

Novigrad, ville de Haute Hongrie dans le comté du même nom dont elle est le chef lieu. Batie sur une colline environ à deux milles du Danube à l’ouest de ce fleuve. (Atlas, Rob. De Vaugendy)
Novigrad, contrée de la Haute Hongrie avec titre de comté. Elle est bornée au nord, partie par le territoire des sept villes des montagnes, partie par quelques terres du comté de Hont ; à l’ouest par le comté de Pest et à l’occident, partie  par le comté de Bars, partie par le Danube.

Dans le même ouvrage, on apprend aussi que  Novigard est le nom donné à :
·       Un lac de Dalmatie
·       Une rivière ou torrent de Dalmatie
·       Un détroit de Dalmatie
·       Une petite ville ou plutôt un château de la Croatie sur la rivière Dobca

Mais, je ne peux rien vous dire sur les conséquences de cette éruption volcanique et si il y a eu des morts à déplorer.


Etrange bête

1er janvier 1768

« On a tué près de Corbie un animal tel que personne n’en a vu de pareil, qui dévoroit tous les chats ; un jour on le surpris qu’il en tenoit deux ; quelqu’un à leurs cris étant accouru, fit lâcher prise à l’animal : peu à près (sic) il tomba sur deux lapins apartenans (sic) à un Curé, & après les avoir tués & sucé (sic) de leur sang, il s’endormit si profondément, que le propriétaire des lapins le surprit & l’assomma. Il avoit le cou plus gros que le corps, qui étoit plus gros que celui d’un chat ordinaire ; le cou étoit garni d’une espéce (sic) de crin, & ses pattes étoient armées de griffes terribles. Un mois avant sa mort il n’étoit question dans les villages voisins que de chats dévorés. »

Corbie commune du département de la Somme dans la Région de Picardie, à quinze kilomètres d’Amiens.
Au milieu du XVIIIème siècle, toutes les espèces animales n’avaient pas été répertoriées. Et de plus, les peurs et croyances ancestrales mettaient une part diabolique à tout animal d’une espèce peu commune.
Un animal qui avait le sommeil bien lourd pour s’être fait surprendre ainsi …….
Un vampire, peut-être, puisqu’il suçait le sang de ses victimes !


Quelle est l’origine de cette tradition ?

Le 15 janvier 1768

« Le monde est rempli de gens plus honteux de chercher à s’instruire, que de croupir dans leur ignorance, & qui suivent les usages que leurs peres (sic) ont établis, sans s’inquiéter des motifs qui ont pu les y engager ; cependant parmi ceux-là il s’en trouve qui ont ouvert les yeux, qui se sont aperçus de leur aveuglement, & qui prient MM. Les historiens de vouloir bien les instruire & leur faire connoitre ce qui porte les peuples, les jour des Rois, à rassembler leur famille & leurs amis, pour entr’eux (sic) partager un gâteau, dans lequel il y a un signe qui indique celui qu’on doit regarder comme le Roi, & à qui on doit décerner les honneurs, & d’où ils tirent cet usage ? Ils prient encore de vouloir leur faire connoître ce qui engage à sonner le même jour des Rois dix-sept carillons différens, & pourquoi ils choisissent tous ce nombre & s’y bornent ? »


Beaucoup de traditions païennes ont été remplacées par des fêtes religieuses.
La « galette des rois » faisant l’objet de la question de cet abonné de 1768, en fait partie.

A l’origine on fêtait, le 6 janvier le retour de la lumière, après les nuits bien longues de novembre et décembre. Le soleil était symbolisé part la galette.
L’Eglise, à partir du Vème siècle fêta la naissance de Jésus le 25 décembre. A cette époque les Mages n’étaient pas encore reconnus comme « rois » par la liturgie. Il fallut  pour cela attendre le XIIème siècle.
Peu à peu, cette fête de l’épiphanie (ou du 6 janvier), considérée comme païenne, devint une coutume alliant profane et sacré, Rois Mages et disque-solaire –galette, pour s’instaurer définitivement à compter du XIVème siècle.
En 1795, la Convention interdit cette coutume. Fêter un roi, après en avoir fait décapiter un, était une aberration !!! Mais, cette interdiction souleva une « autre révolution ». Aussi, le Concordat rétablit cette fête.

La fève dans la galette, qui était réellement une fève et non un sujet en porcelaine, vient du temps des romains. Elle était blanche ou noire et était utilisée pour les votes. Au début janvier, aux saturnales de Rome, on élisait un roi du festin par une fève.

Cette fête a encore de beaux jours devant elle…… et les collectionneurs de fèves, nommés fabophiles,  pourront pendant de nombreuses années, de nombreux siècles encore, agrandir leur collection.

J’ai découvert le « langage des cloches », grâce à l’ouvrage d’Eric Sutter, Président de la SFC, intitulé « code et langage des sonneries de cloches en Occident ».
En voici un extrait :

Le son produit par la cloche a donc été utilisé au fil des siècles pour différentes fonctions de communication : fonction d' alerte, fonction d'information, marquage sonore du calendrier,instrument d'appel civil ou religieux, instrument de localisation, etc. Elle fait partie du "paysage sonore" en se distinguant d'autres productions, volontaires ou non, de sons……
…….Les "règlements de sonnerie" établis par les évêques précisaient dans le détail l'usage des différentes cloches en fonction des différents types de cérémonies ou d'événements. Ces règlements ont été simplifiés dès le milieu du XVIIIe s.

Et en effet, la veille de l’Epiphanie, entre cinq et six heures du soir, on sonnait de dix-sept sortes de carillons. Aux autres jours ce n’était qu’une cloche plus ou moins grosse selon le grade de la fête qu’on célébrait.


Une question qui n’a pas soulevé les foules

15 janvier 1768

« Un paysan fort simple, & dont les oreilles retentissent des cris pitoyables que jettent ses coqs à qui sa ménagére (sic) coupe sans regret le cou, assi-tôt (sic), dit-elle, qu’ils ont pondu, cherche à s’instruire pour aprouver (sic) ou désaprouver (sic) cette barbarie ; & demande, 1° si un coq peut pondre ; 2° si cela peut arriver, si le coq peut avec fruit remplir les devoirs de son sexe. Il espére (sic) que MM. Les naturalistes ne dédaigneront pas sa demande, & se feront un plaisir d’éclairer les ignorans (sic) de leurs lumiéres (sic). »

Les coqs pondent-ils ? En voilà une question !
A laquelle chacun aujourd’hui peut répondre avec assurance et certitude.
En cette année 1768, personne n’a répondu à la question posée dans l’article…..

Puis-je vous poser une autre question, toujours en lien avec ce sujet ?
« Qu'est-ce qui est apparu en premier : l'œuf ou la poule ? »
Si vous avez la réponse, merci de vous servir de ce blog pour répondre.


Spectacle

5 février 1768

« Le sieur Fromantin (sic) a paru en cette ville avec beaucoup de succès dans la tragédie d’Alzire. Il n’a pas vingt ans : il a débuté à Paris il y a trois ans à seize ans & demi avec un succès incroyable. Il est peu d’éxemple (sic) au Théâtre d’un début aussi brillant que le sien, tant à Paris qu’à la Cour devant le Roi.
On ne peut rien ajouter à l’intelligence, la force & la vertu avec lesquelles le sieur Fromentin (sic) a rendu le rôle intéressant de Zamor, & nous ne doutons pas qu’il ne continue de se concilier les suffrages du public. »

La gloire est éphémère, car je n’ai pas trouvé de Fromentin ou  Fromantin, artiste lyrique ….. Disons qu’il a, un temps, reçu tous les applaudissements et éloges et puis …… Qui sait est-il mort dans l’ignorance de tous et dans le dénuement le plus total ? C’était aussi ça, la vie d’artiste !

La tragédie de Voltaire « Alzire » fut représentée, à Paris pour la première fois, le 27 janvier 1736.



Radical, mais il fallait y penser !

5 février 1768

« On n’avoit jamais tant vû (sic) dans nombre de provinces de rats-mulots, que les mois derniers : près d’Honfleur on en a tué pour un jour 600. Nous avons précédemment annoncé un moyen de les détruire, qui consiste à boucher leurs trous avec des pierres ; mais comme il peut arriver qu’on en oublie quelques-uns, & que ce seroit ne réussir qu’à moitié, voici un autre moyen qui paroît (sic) plus sûr, & qui a réussi depuis peu. On prend de l’eau dans un broc, on en verse dans le trou, qui n’est pas profond : ces animaux qui y sont souvent en grand nombre, se hâtent d’en sortir, & on les assomme avec un balai ».


Bravo à cet abonné du journal. Voilà un procédé fort radical, mais qui demande une certaine force et beaucoup de rapidité, surtout si les petits rongeurs sortent tous en même temps !…..
Donc, un seul ordre : « Tous à vos balais ! »


Encore une question

12 février 1768

« Une personne digne de foi nous a assuré qu’un propriétaire dans la paroisse d’Hermival avoit donné des ordres à ses domestiques, dans les jours du plus grand froid de cette année, d’abattre un poirier qu’il leur désigna : ceux-ci lui representérent (sic) sa beauté et sa fertilité, sans pouvoir lui faire changer de dessein ; mais étant allés le lendemain pour mettre la coignée (sic) à la racine, ils trouvèrent cet arbre rempli d’une quantité prodigieuse de fleurs qui n’étoient point gelées. Le maître, au premier avis qu’il en eut, s’y transporta, & révoqua ses ordres, après avoir reconnu par lui-même la vérité du fait. Beaucoup de curieux ayant été voir, ont presqu’entiérement (sic) dépouillé ce bel arbre, chacun voulant en raporter (sic) un bouquet. On prie Messieurs les naturalistes de dire leur sentiment sur un phénomène aussi singulier. »

Voilà la réponse que j’ai trouvée dans le journal du 1er avril 1768 :
« Dans notre feuille du 12 Février dernier, nous avons dit qu’un poirier avoit fleuri pendant la grande gelée ; depuis ce tems (sic) personne n’avoit tenté d’expliquer ce phénomene (sic) : le sieur Coquerel, Jardinier très-expérimenté, vient de le faire. Selon lui, c’est un arbre qui se meurt, & dont les racines échauffées, par la douceur du mois de Novembre dernier, ont fait fermenter le reste de la seve (sic) & fleurir l’arbre. Il dit aussi qu’un arbre transplanté un peu fort, & qui ne pousse point au printems (sic), mais seulement en automne, peut très-bien donner des fleurs en Décembre.
Le sieur Coquerel a actuellement des rosiers fleuris, une vigne chargée de grappes, beaucoup d’orangers & autres arbres & fleurs. Les personnes qui en souhaiteront, s’adresseront à lui ; il demeure rue de Grandmont. »

Un arbre qui fleurit est un arbre qui se meurt …….  Permettez-mois d’en douter.
En attendant, le sieur Coquerel se fait, via le journal, une petite publicité. Gageons qu’à la suite de cet article, il a augmenté ses ventes !

Hermival-les-Vaux, commune du département du Calvados, en Basse Normandie qui bénéficie d’un climat clément propice aux plantes tardives.


Chiffres « INSEE »

19 février 1768

« Il y a eu à Paris pendant le cours de l’année 1767, 19749 Naissances & 19875 Morts.
A Londres, 15980 Naissances, & 22612 Morts.
D’où il résulte que le nombre de naissances de Paris excéde (sic) celui de Londres de 3769, pendant que de l’autre côté il y a eu à Londres 2737 morts de plus qu’à Paris ; ce qui fait une différence de 6506 habitants en perte pour Londres. »

Nous pouvons compter dans les décès de cette année 1767, un grand nombre d’enfants nés et décédés dans les mois, voire les jours qui suivirent leur venue au monde.
Je vous laisse établir les analyses qui découlent de ces chiffres et d’en dessiner les courbes graphiques.


Un vrai conte de fées !

19 février 1768

Plusieurs personnes assurent qu’il vient d’arriver dans une des principales villes d’Hollande une aventure assez singulière.
Un Négociant riche et avare avoit à son service une jeune fille d’une figure intéressante & du plus heureux caractére ; un jour elle vint lui demander à acompte (sic) de ses gages, quinze florins, (environ trente livres de France) pour les mettre à la loterie. Le Négociant trouva cette idée extravagante, & le fils de la maison eut la dureté d’ajouter au refus de son père (sic) des plaisanteries humiliantes & des railleries ameres (sic). Un jeune homme qui se trouvoit témoin de cette scène en fut ému ; il suivit cette fille dans l’instant où elle venoit de sortir. Elle étoit en pleurs : « Ne vous affligez pas, lui dit-il, vos maitres ne méritent pas de vous posséder ; mais voilà quinze florins. Quand on vous payera vos gages, vous me les rendrez. »
Cette fille eut d’abord quelque peine à accepter cette offre ; cependant elle se rendit. Elle prit les quinze florins, & courut les porter à la loterie. Peu de jours après on aprit (sic) qu’elle y avoit gagné un lot de cent mille florins. Quel sujet de réfléxions (sic) pour le vieux Négociant & pour son fils ! Celui-ci va la trouver d’un air humble & embarrassé, & après beaucoup de soumissions & d’excuses, il lui propose gauchement de l’épouser. « Ah ! c’est donc aujourd’hui mon tour, s’écriat-elle avec transport ! Eh bien ! j’aimerois mieux me précipiter dans la mer avec mon argent, que de le porter dans une famille que les richesses ont endurcie. » A l’instant elle vole chez son bienfaiteur, & elle lui offre sa fortune & sa main. Tous les deux acceptés, & leur union a été célébrée avec tout l’éclat imaginable.

Quelle chance ! Cette jeune fille avait-elle consulté une voyante pour être aussi sure d’elle ?
En attendant, suite de leur refus, les anciens maitres ont dû s’en mordre les doigts pendant bien longtemps. Pensez-donc, quelle perte d’argent pour eux !


Pour sa guérison…… ou pour le repos de son âme ….

4 mars 1768

« On a commencé aujourd’hui dans la Cathédrale de cette Ville les prières des quarante heures pour la Reine, où les Cours de Parlement & de la chambre des Comptes se sont rendues. On a aussi suspendu les Spectacles. »


Les prières des « quarante heures » sont des prières faites en  des circonstances extrêmement graves, où seule la volonté divine peut intervenir.

En l’occurrence, il s’agir là de la maladie de la reine Marie Leszczynska, épouse du Roi, Louis XV.

Née le 23 juin 1703, fille du roi de Pologne, Marie Leszczynska épousa Louis XV en 1725.

Sa vie échelonnée de deuils, ne l’a pas épargnée. En effet, elle perdit un grand nombre de ses enfants et petits-enfants dont notamment deux filles et son fils, le Dauphin de France. Elle attrapa un rhume, un simple rhume, à l’automne 1767. Un rhume qui mal soigné traina en longueur. Une fièvre persistante affaiblit la malade qui déjà n’avait plus goût à la vie. Le roi fut très présent pendant sa maladie, plein de sollicitude. Mais malgré les attentions du monarque, malgré les prières faites dans tout le royaume, de jour en jour, la maladie gagnait du terrain, jusqu’au 24 juin 1768 où, à Versailles entourée des siens, la reine de France rendit son âme à Dieu.
Son corps fut inhumé à la Basilique Saint-Denis, mais son cœur repose auprès de la dépouille de ses parents, en l’église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy.

La semaine qui suivit le décès, on vit un défilé incessant de petites gens venant prier pour elle : "Voyez, avait dit le roi à ses filles, comme elle est aimée"...

En effet, le peuple de France ne la désignait-elle pas en ces termes, « notre bonne reine » ?




Une justice peu équitable !

4 mars 1768

« Par arrêt du parlement du 29 Février dernier, qui confirme une Sentence du 10 du même mois, rendue au Siège de la Police du Bailliage de Rouen, le nommé Duval & sa femme, de cette ville, qui favorisoient la débauche, ont été condamnés ; sçavoir (sic), la femme à être promenée par l’Exécuteur des sentences criminelles, par tous les quartiers de cette ville, pendant trois jours, montée sur un âne, le visage tourné vers la queue, ayant sur la tête un chapeau de paille avec écriteau devant & derrière portant ces mots : Maquerelle publique ; & le troisième jour à être fouettée & marquée de la lettre M ; son mari à assister à l’éxécution (sic) ; après quoi tous les deux bannis pour six ans. »


Bravo la justice !  Le mari regarde simplement tandis que son épouse est fouettée et marquée au fer rouge !

En ce qui concerne ce type de commerce, il fut réglementé au XIXème siècle.
Des fiches de police furent établies, ainsi que des registres de « filles publiques ».
Une jeune fille désirant exercer ce métier devait se déclarer au commissariat de police afin d’obtenir « un livret », avec obligation de passer une visite médicale régulièrement. Si une maladie était décelée, elles n’avaient plus le droit d’exercer….. Normalement !!!
Si une jeune femme était mineure, une enquête était faite pour connaitre les parents. Ceux-ci étaient alors prévenus de la démarche de leur fille et on les encourageait vivement à la reprendre au domicile parental.
En cas de refus des parents, elle était inscrite sur le «grand registre » et jetée en pâture sur la voie publique ou dans une maison dite de tolérance.
Beaucoup mentaient sur leur âge, pour pouvoir être inscrites. Sans travail, souvent à la rue, elles n’avaient que cette possibilité.


Quelle fut sa vie ?

1er avril 1768

« Madame Marie-Anne le Nain, épouse de Messire François-Bonaventure de Tilly*, Chevalier, Seigneur haut Châtelain, Marquis de Blaru, Portvilley, Jeufosse, & autres lieux, Lieutenant-Général des Armées du Roi, Lieutenant de ses Gardes du Corps, Compagnie de Villeroy, est morte à Vernon Samedi 26 du present (sic) mois de Mars, âgée de 60 & quelques années, après une maladie longue et douloureuse, pendant laquelle elle a donné les preuves de la foi la plus vive, de la patience la plus édifiante, & de la résignation la plus courageuse. Cette Dame d’une maison qui a donné à l’Eglise, à la Robe & à l’Etat plusieurs personnes distinguées par leur religion, leur probité & leur rare mérite, a été déposée Lundi 28, à 8 heures du matin, en l’Eglise Royale, Collégiale & Paroissiale de Notre-Dame de Vernon, & de là transportée à Blaru, lieu de sa sépulture. Elle a été pleurée & regrettée universellement, comme l’amie des personnes vertueuses, la protectrice des honnêtes gens, la mere (sic) des pauvres & la consolatrice des affligés.
*la maison de Tilly, l’une des plus anciennes de la Normandie, est alliée de M. Le Duc d’Harcourt, Gouverneur de cette province. »


Vous trouverez ci-après l’acte d’inhumation de Marie Anne Le Nain, trouvé dans les registres de l’église Notre-Dame de Vernon.

L’an de grace mil sept cent soixante et huit le vingt huit mars par nous Charles françois Defontenay prêtre vicaire de la paroisse de Notre Dame de Vernon soussigné a été transporté de cette paroisse à l’église de St Hilaire de Blaru le corps de haute et puissante Dame Marie Anne Le nain épouse de haut et puissant Seigneur françois Bonaventure de Tilly chevalier Seigneur Marquis de Blaru le port de Villée Jeufosse et autres lieux ; lieutenant general des armés du Roy et lieutenant general de ses gardes du corps compagnie de Villeroy ; decedee le vingt six du present mois agée de soixante et dix ans environ : munie des Saints Sacrements de l’Eglise en présence de Monsieur le chevalier du Roy, chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis et capitaine des grenadiers du regiment de piedmon, témoins soussignes.

Marie Anne Le Nain est née le 15 mars 1699, mais ne connaissant pas le lieu de la naissance, je ne peux vous  donner à lire son acte de baptême.
Elle était la fille de Jean Le Nain et Marie Mascrany.
Elle épousa, le 22 septembre 1723 à Paris, François Bonaventure de Tilly, fils de Charles III de Tilly et de Catherine Elisabeth de Marmeville. Pas d’acte de mariage à vous présenter. Il aurait pourtant apporté un grand nombre de renseignements.

De cette union naquirent des enfants, je n’en ai retrouvé que deux, mais il y en avait peut-être pas d’autres :

·       Hilaire Henry qui serait né en 1729  et qui épousa le 10 octobre 1765 à Caen, Anne Cécile Le Vicomte de Tillly.
·       Marie Geneviève qui aurait vu le jour en 1731. Alors âgée de 21 ans, cette jeune femme épousa  le 5 mai 1751 à Vernon, Jean Guillaume Bidal d’Asfeld.
Veuve peu de temps après, elle se remaria le 4 août 1760 à Evreux, avec Jean Vincent Claude Le Nain.

Quant à François Bonaventure de Tilly, il mourut à Vernon, le 10 janvier 1775, et fut inhumé dans le caveau de l’église de Blaru.

L’an mil sept cent soixante quinze le 11 de janvier a été inhumé dans un caveau de l’église du coté de l’Evangile le corps de tres haut et tres puissant Seigneur Messire françois Bonaventure de Tilly chevalier marquis de Blaru lieutenant general  des armees du Roy et commandant de l’ordre Royale militaire de Saint Louis Seigneur de Jeufosse port de Villée et autres lieux par moi Conrolle cure de Notre Dame de Vernon age d’environ soixante quatorze ans muni du sacrement de l’extreme onction presence des soussignes ……
Les soussignés :
·       Richard           – curé de jeufosse
·       Le sage           – curé du port de Villez
·       Prefsat            – curé de Villeneuve
·       Conrolle         – curé de Notre-Dame de Vernon
Deux autres signatures, malheureusement illisibles, sans doute des membres de la famille.


Le remède fut-il efficace ?

15 avril 1768

« Une ancien perruquier de Paris, vend & compose depuis longues années, avec permission, une huile d’Ours, excellence pour conserver et entretenir les cheveux ; quand ils commencent à tomber, elle les fait repousser en peu de tems (sic) plus forts qu’auparavant : on sçait qu’une maladie ou autres accidens (sic) dépouillent les plus belles têtes : on peut donc se prémunir contre ces accidens (sic) au moyen de cette huile : l’auteur en a envoyé une petite caisse au sieur Gallier, Mercier, rue Saint Lo, où on la trouvera : il donnera en même-tems (sic) un imprimé contenant la manière de s’en servir. »

Certainement une bonne invention, en effet. Mais, si elle avait été si efficace que cela, ne serait-elle pas parvenu jusqu’au XXIème siècle ?
De tout temps, il a été cherché des remèdes à la calvitie. De tout temps nombre « d’inventeurs » ont mis sur le marché des poudres, lotions et pommades qui n’ont pas eu grand effet.
Dans les années 1970, un coiffeur avait proposé à mon père, qui perdait ses cheveux, une lotion ou plutôt la lotion miracle.
Mon père avait décliné l’offre, répondant :
« Je n’achèterai ce genre de lotion que quand tous les coiffeurs auront des cheveux, preuve irréfutable que  la  lotion est efficace. »
Le coiffeur de papa était-il chauve ? Je ne pourrais le dire. Mais, je trouve la réponse très judicieuse. Qu’en pensez-vous ?

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