mercredi 27 mai 2020

HISTOIRE VRAIE - DES SIÈCLES D’EMPOISONNEUSES

L'AFFAIRE LACOSTE




Chapitre 3

Enfin veuve !!
Inespéré pour la jeune Euphémie qui, libre de ses mouvements, s’en allait souvent séjourner dans sa ville d’origine, Tarbes, où elle possédait un appartement dans lequel elle recevait un certain Hippolyte Berin, épicier droguiste de son état, qui était devenu son amant ......
Depuis quand exactement ?
Oh, assurément depuis bien avant le décès du pauvre Lacoste !

Et les langues se délièrent à loisir.
« C’est qu’elle n’a pas tardé à le remplacer, disait-on.
-          Mais, c’est qu’elle l’avait bien avant le décès du mari, c’est certain !
-          Il paraîtrait qu’ils se connaissaient bien avant son mariage.
-          Sûr qu’ils se voyaient derrière le dos de ce pauvre Lacoste !

Et voilà comment se fabrique une mauvaise réputation et de là les soupçons les plus vils.
Tous ces chuchotis, en catimini, arrivèrent aux oreilles du maire de Riguepeu et à celles du juge de paix qui en référèrent aux autorités judiciaires.
Comment faire barrage à ce ramassis d’ignominies ?
Euphélmie  Vergès, veuve Lacoste, décida de prendre les devants et s’en alla demander audience au procureur du roi d’Auch, afin que le corps de son époux fut exhumé et qu’une recherche de poison fut effectuée.
Voilà qui clouerait le bec à tous !!

18 décembre 1843, le corps de Henry Lacoste fut confié aux mains d’éminents spécialistes en chimie :
·         M. Boutan, docteur en médecine.
·         M. Lidance, pharmacien à Auch.
·         M. Pons, également pharmacien à Auch.

Stupeur, mais pas pour tout le monde !!
Il fut détecté dans les organes du défunt la présence d’arsenic.
Impossible, selon la veuve.
Ricanements sadiques du côté des mauvaises langues.

Pour confirmer ou non le premier constat, trois chimistes de renom vinrent de Paris afin d’effectuer de nouveaux prélèvements, de nouvelles analyses.


Il y avait là,  présents :
·         M. Pelouze, membre de l’Institut
·         MM. Duvergie et Flandin, docteurs en médecine.

Leur rapport mentionnait que les prélèvements effectués sur le foie du cadavre contenaient une quantité notoire d’arsenic, soit cinq milligrammes.
En conclusion :
Il y avait bien eu empoisonnement, ce qui réjouit au plus haut point ceux qui chuchotaient depuis belle lurette que cette veuve joyeuse n’était pas très catholique et qu’enfin justice serait faite.

Mais, n’y avait-il pas ce Meilhan avec qui le défunt avait bu un verre l’après-midi même ?
N’était-il pas, cet homme, un ami proche des Lacoste et peut-être aussi très proche de la femme Lacoste ?
Et de là, les esprits échauffés désignèrent le sieur Meilhan comme complice de la jeune veuve.

Voilà pourquoi, en ce 10 juillet 1844, comparaissait Madame Euphémie Vergès, veuve Lacoste, au tribunal d’Auch, pour la première audience d’un procès qui devait déterminer sa culpabilité dans la mort par empoisonnement de son défunt mari, Henry Lacoste.

A ses côtés, dans le box des accusés, comparaissaient également Joseph Meilhan, sous le même chef d’accusation.

Pas besoin de préciser que depuis très tôt avant l’aube, une foule grossissante se pressait devant le palais de justice.
Avide de sensations, le public était au rendez-vous.
L’audience débuta à sept heures du matin, présidée par M. Donnodevie, en robe rouge, assisté de M. Bazin, vice-président.
Le ministère public était représenté par M. Cassagnol, procureur du roi, assisté de M. Dieuzede, substitut.

Madame veuve Lacoste était défendue par Maître Alem Rousseau et Joseph Odillon Meilhan par Maître Canteloup.

Peu à peu, dans la salle d’audience,  les murmures s’estompèrent.
Le silence se fit total et pesant.

Rideau !!   Projecteur sur les magistrats !!

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