Enfin veuve !!
Inespéré pour
la jeune Euphémie qui, libre de ses mouvements, s’en allait souvent séjourner
dans sa ville d’origine, Tarbes, où elle possédait un appartement dans lequel
elle recevait un certain Hippolyte Berin, épicier droguiste de son état, qui
était devenu son amant ......
Depuis quand
exactement ?
Oh,
assurément depuis bien avant le décès du pauvre Lacoste !
Et les
langues se délièrent à loisir.
« C’est
qu’elle n’a pas tardé à le remplacer, disait-on.
-
Mais, c’est qu’elle l’avait bien
avant le décès du mari, c’est certain !
-
Il paraîtrait qu’ils se
connaissaient bien avant son mariage.
-
Sûr qu’ils se voyaient derrière le
dos de ce pauvre Lacoste !
Et voilà comment se fabrique une
mauvaise réputation et de là les soupçons les plus vils.
Tous ces chuchotis, en catimini,
arrivèrent aux oreilles du maire de Riguepeu et à celles du juge de paix qui en
référèrent aux autorités judiciaires.
Comment faire barrage à ce
ramassis d’ignominies ?
Euphélmie Vergès, veuve Lacoste, décida de prendre les
devants et s’en alla demander audience au procureur du roi d’Auch, afin que le
corps de son époux fut exhumé et qu’une recherche de poison fut effectuée.
Voilà qui clouerait le bec à
tous !!
18 décembre 1843, le corps de
Henry Lacoste fut confié aux mains d’éminents spécialistes en chimie :
·
M. Boutan, docteur en médecine.
·
M. Lidance, pharmacien à Auch.
·
M. Pons, également pharmacien à
Auch.
Stupeur, mais pas pour tout le
monde !!
Il fut détecté dans les organes du
défunt la présence d’arsenic.
Impossible, selon la veuve.
Ricanements sadiques du côté des
mauvaises langues.
Pour confirmer ou non le premier
constat, trois chimistes de renom vinrent de Paris afin d’effectuer de nouveaux
prélèvements, de nouvelles analyses.
Il y avait là, présents :
·
MM. Duvergie et Flandin, docteurs
en médecine.
Leur rapport mentionnait que les
prélèvements effectués sur le foie du cadavre contenaient une quantité notoire
d’arsenic, soit cinq milligrammes.
En conclusion :
Il y avait bien eu empoisonnement,
ce qui réjouit au plus haut point ceux qui chuchotaient depuis belle lurette
que cette veuve joyeuse n’était pas très catholique et qu’enfin justice serait
faite.
Mais, n’y avait-il pas ce Meilhan
avec qui le défunt avait bu un verre l’après-midi même ?
N’était-il pas, cet homme, un ami proche
des Lacoste et peut-être aussi très proche de la femme Lacoste ?
Et de là, les esprits échauffés désignèrent
le sieur Meilhan comme complice de la jeune veuve.
Voilà pourquoi, en ce 10 juillet
1844, comparaissait Madame Euphémie Vergès, veuve Lacoste, au tribunal d’Auch,
pour la première audience d’un procès qui devait déterminer sa culpabilité dans
la mort par empoisonnement de son défunt mari, Henry Lacoste.
A ses côtés, dans le box des
accusés, comparaissaient également Joseph Meilhan, sous le même chef
d’accusation.
Pas besoin de préciser que depuis
très tôt avant l’aube, une foule grossissante se pressait devant le palais de
justice.
Avide de sensations, le public
était au rendez-vous.
L’audience débuta à sept heures du
matin, présidée par M. Donnodevie, en robe rouge, assisté de M. Bazin,
vice-président.
Le ministère public était
représenté par M. Cassagnol, procureur du roi, assisté de M. Dieuzede,
substitut.
Madame veuve Lacoste était défendue
par Maître Alem Rousseau et Joseph Odillon Meilhan par Maître Canteloup.
Peu à peu, dans la salle
d’audience, les murmures s’estompèrent.
Le silence se fit total et pesant.
Rideau !! Projecteur sur les magistrats !!
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