mercredi 17 février 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP

 

Chapitre 4 – Première partie

 Du conte à la réalité.......

 

Les articles de presse parlant des loups sont très nombreux, et cela, depuis des siècles :

Les attaques de loup, les chasses et battues, la rage transmise après morsure d’un loup malade, tout est raconté avec force détails et bien évidemment de manière à attiser la curiosité et la frayeur.......

Rien n’a changé dans le monde journalistique, encore et toujours du sensationnel...... il faut vendre des abonnements et faire un maximum de chiffre !!

 

En voici un petit aperçu[1] parmi bien d’autres :

 

Journal de Rouen – 21 janvier 1774[2]

 

« On mande de Luxembourg, du 4 de ce mois, qu’un loup enragé a fait beaucoup de ravages dans différens Villages des environs de cette Ville ; de trente personnes qui ont été mordues, six sont mortes de la rage ; un Médecin de Liége a parfaitement guéri les vingt-quatre autres de cette cruelle maladie, au moyen du mercure. Il a fallu tuer quantité de bestiaux & de mâtins qui avoient été mordus. Un paysan qui battoit à la grange a tué cet animal d’un coup de fléau qu’il lui a porté adroitement sur la tête. La réussite de ce traitement prouve la bonté du remède trés-détaillé dans un Mémoire que l’on trouve en notre bureau, à Rouen ; & qui devroit être aux mains de tous les Curés & Seigneurs de Paroisses ».

 

La rage !!

Un grand fléau jusqu’à la découverte d’un vaccin par Louis Pasteur et son premier essai sur un petit garçon de neuf ans, Joseph Meister, le 6 juillet 1885.

Le jeune Joseph n’avait pas été mordu par un loup, mais par un chien. Quatorze morsures.

Pasteur avait hésité longtemps. Un premier essai sur un humain et de plus sur un enfant !

La maladie n’avait pas été déclarée, il fallait agir vite pour éviter le pire.

La suite, vous la connaissez....

  

Journal de Rouen – 11 février 1774

 

« On desireroit sçavoir pourquoi MM. Les Chasseurs du pays de Caux, prennent plutôt la saison de Septembre & Octobre pour chasser le Loup, au lieu de celle de Février & Mars, tems où les Louves sont pleines, dont on feroit une destruction considérable, & qui seroit très-utile aux Laboureurs, dont les troupeaux & autres bestiaux sont souvent dévorés : on prie de répondre par la voie des annonces. »

 

Cette question resta sans réponse dans les jours qui suivirent la parution de cette annonce.

Pourquoi en effet une chasse à l’automne, plutôt qu’à la fin de l’hiver ?

Quelqu’un, aujourd’hui, peut-il répondre ?

  

Le Journal des débats et des décrets – 19 février 1803

 

On a parlé, il y a plus de deux mois, d’un loup enragé qui avoit mordu plusieurs individus dans deux communes du département des Landes. Les secours de l’art leur ont été infructueusement administrés ; l’un deux périt, deux ou trois jours après, des suites de ses blessures ; un second fut atteint, et mourut dans le troisième accès de rage, le trente-huitième jour ; enfin, le premier accès ne s’est déclaré, chez le troisième, que le 10 de ce mois, c’est-à-dire, le soixante-septième jour après les morsures qu’il avoit reçues. Cet infortuné s’est d’abord précipité dans une maison, et il auroit inévitablement dévoré une femme et un enfant, si une foule de citoyens n’étoit venue à leur secours. On étoit parvenu à la lier et le garotter avec des cordes, mais dans un accès de rage, il s’en est dégagé, pour fuir dans les campagnes, où il a répandu la terreur.

Parvenu, le lendemain, dans la commune de Rion, près de Tartas, il a quitté une brebis qu’il dévoroit, pour courir sur le pasteur ; celui-ci s’est heureusement enfui et s’est enfermé dans la maison de son père, en criant au secours. Mais l’hydrophobe, dont la figure était couverte de boue et de bave, ayant trouvé une hache près de la maison, parvint, par des coups redoublés, à faire sauter la serrure de la porte ; le verrou ayant heureusement résisté, il courut à la fenêtre, qu’il parvint à briser, et il s’introduisoit dans la maison pour y dévorer ceux qui s’y trouvoient, lorsque le chef de famille monta au grenier, et pour conserver son existence et celle de ses enfans, il se vit forcé de tirer un coup de fusil sur le malheureux, qui expira presqu’à l’instant.

 

 Quelle tragédie !!!

Un récit digne des plus grands films d’horreur.

La rage était une maladie très redoutée. Les douleurs qu’elle provoquait étaient insoutenables.

 Bien évidemment, pour vous montrer la véracité des faits, j’ai joué au détective.

 J’ai découvert que la personne qui avait été abattue se nommait : Bernard dit Bistambolle Esranger et qu’il était bouvier.

Son acte de décès date du 13 pluviôse an XI, soit le 2 février 1803.

 

Cet acte de décès porte, en bas de page,  la mention suivante :

A été tué d’un coup de fusil le 11[3] courant à 3 heures et demy de relevée d’après le rapport de justice et de l’officier de santé de l’individu mort et d’après les renseignements, le dit décédé était attaqué de livrophobie[4], autrement dit enragé.

  

Le journal Figaro : électeur, juré, contribuable, artiste, financier, auteur, industriel, homme du monde et journaliste – 6 janvier 1837

 

Un habitant de Nancy a eu la fantaisie d’atteler un loup déjà grand, et qu’il avait muselé, à une petite voiture ; cet équipage, cheminant sur la route d’Essey, a rencontré une voiture de cultivateur. Les chevaux ont été tellement effrayés par l’aspect et l’odeur du loup, qu’ils se sont jetés dans un des fossés de la route, où la voiture a été renversée. Cet accident a déterminé le propriétaire du loup à le faire tuer aussitôt.

 

Une idée saugrenue.

Un accident fort regrettable.

On parle de la mort du loup, certes, mais rien sur les chevaux, sans doute parce qu’ils sont sortis indemnes de cette mésaventure.

  

Journal Le Pays : journal des volontés de la France – 20 octobre 1852

 

Seine-Inférieure

une chasse au loup, habillement conduite par M. Joseph Engrand, lieutenant de louveterie, assisté de M. Jean, garde-général, de M. d’Ambray et de M. Malherbe et sa brigade, gardes des forêts de l’Etat, a eu lieu jeudi dans la forêt d’Arques, arrondissement de Dieppe.

Le bois, cerné par vingt-cinq chasseurs, a été attaqué dès le matin à l’est, et, aussitôt on remarqua le passage de ces bêtes qui, sans doute au premier bruit de la meute, avaient fui du côté de la pyramide[5] et du côté d’Ancourt. On se porta rapidement dans ces deux directions, sans pouvoir rien rencontrer, et on revint à peu près au point de départ en fouillant en tout sens et avec un soin, une persistance et une intelligence digne d’un meilleur succès, et qui font le plus grand honneur à M Joseph Engrand, qui se promet de recommencer bientôt  cette chasse ; il a même laissé à deux frères, très grands tireurs de nos environs, quelques chiens pour faire, de nouveau, des brisées, afin de bien s’assurer des repaires et des passages de ces animaux malfaisants.

  

Animaux malfaisants !!

Le ton est donné.....

Des battues étaient organisées régulièrement sur ordre et avec l’accord du préfet.

Sur le document officiel, validé par ce haut fonctionnaire devaient apparaître, le nom des participants, ceux qui portaient une arme et le parcours qui devait être emprunté.

Une chasse sous contrôle.

Pour ces tueries, les chasseurs touchaient une prime, en fonction des animaux abattus : sexe – âge......

 

 

A suivre.....................

 

 



[1] Les articles retranscrits n’ont pas été modifiés dans leur formulation et leur orthographe.

[2] Vous remarquerez que l’emploi des « ; » est abondant, bien plus quez de nos jours. Un signe de ponctualité qui disparaît peu à peu.

[3] 11 pluviôse : 31 janvier 1803.

[4] Hydrophobie.

[5] Le Pyramide d’Arques-la-Bataille est en réalité un obélisque érigé en septembre 1827 pour commémorer la bataille d’Arques en 1589.

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