Chapitre 4 – Première partie
Les articles de presse parlant des
loups sont très nombreux, et cela, depuis des siècles :
Les attaques de loup, les chasses
et battues, la rage transmise après morsure d’un loup malade, tout est raconté
avec force détails et bien évidemment de manière à attiser la curiosité et la
frayeur.......
Rien n’a changé dans le monde
journalistique, encore et toujours du sensationnel...... il faut vendre des
abonnements et faire un maximum de chiffre !!
En voici un petit aperçu[1]
parmi bien d’autres :
Journal de Rouen – 21 janvier 1774[2]
« On mande de Luxembourg, du 4 de ce
mois, qu’un loup enragé a fait beaucoup de ravages dans différens Villages des
environs de cette Ville ; de trente personnes qui ont été mordues, six
sont mortes de la rage ; un Médecin de Liége a parfaitement guéri les
vingt-quatre autres de cette cruelle maladie, au moyen du mercure. Il a fallu
tuer quantité de bestiaux & de mâtins qui avoient été mordus. Un paysan qui
battoit à la grange a tué cet animal d’un coup de fléau qu’il lui a porté
adroitement sur la tête. La réussite de ce traitement prouve la bonté du remède
trés-détaillé dans un Mémoire que l’on trouve en notre bureau, à Rouen ;
& qui devroit être aux mains de tous les Curés & Seigneurs de Paroisses ».
La rage !!
Un grand fléau jusqu’à la
découverte d’un vaccin par Louis Pasteur et son premier essai sur un petit
garçon de neuf ans, Joseph Meister, le 6 juillet 1885.
Le jeune Joseph n’avait pas été
mordu par un loup, mais par un chien. Quatorze morsures.
Pasteur avait hésité longtemps. Un
premier essai sur un humain et de plus sur un enfant !
La maladie n’avait pas été
déclarée, il fallait agir vite pour éviter le pire.
La suite, vous la connaissez....
Journal de Rouen – 11 février 1774
« On desireroit sçavoir pourquoi MM.
Les Chasseurs du pays de Caux, prennent plutôt la saison de Septembre &
Octobre pour chasser le Loup, au lieu de celle de Février & Mars, tems où
les Louves sont pleines, dont on feroit une destruction considérable, & qui
seroit très-utile aux Laboureurs, dont les troupeaux & autres bestiaux sont
souvent dévorés : on prie de répondre par la voie des annonces. »
Cette question resta sans réponse
dans les jours qui suivirent la parution de cette annonce.
Pourquoi en effet une chasse
à l’automne, plutôt qu’à la fin de l’hiver ?
Quelqu’un, aujourd’hui, peut-il
répondre ?
Le Journal des débats et des décrets – 19 février 1803
On a parlé, il y a plus de deux mois, d’un
loup enragé qui avoit mordu plusieurs individus dans deux communes du département
des Landes. Les secours de l’art leur ont été infructueusement administrés ;
l’un deux périt, deux ou trois jours après, des suites de ses blessures ;
un second fut atteint, et mourut dans le troisième accès de rage, le
trente-huitième jour ; enfin, le premier accès ne s’est déclaré, chez le
troisième, que le 10 de ce mois, c’est-à-dire, le soixante-septième jour après
les morsures qu’il avoit reçues. Cet infortuné s’est d’abord précipité dans une
maison, et il auroit inévitablement dévoré une femme et un enfant, si une foule
de citoyens n’étoit venue à leur secours. On étoit parvenu à la lier et le
garotter avec des cordes, mais dans un accès de rage, il s’en est dégagé, pour
fuir dans les campagnes, où il a répandu la terreur.
Parvenu, le lendemain, dans la commune de
Rion, près de Tartas, il a quitté une brebis qu’il dévoroit, pour courir sur le
pasteur ; celui-ci s’est heureusement enfui et s’est enfermé dans la
maison de son père, en criant au secours. Mais l’hydrophobe, dont la figure
était couverte de boue et de bave, ayant trouvé une hache près de la maison,
parvint, par des coups redoublés, à faire sauter la serrure de la porte ;
le verrou ayant heureusement résisté, il courut à la fenêtre, qu’il parvint à
briser, et il s’introduisoit dans la maison pour y dévorer ceux qui s’y
trouvoient, lorsque le chef de famille monta au grenier, et pour conserver son
existence et celle de ses enfans, il se vit forcé de tirer un coup de fusil sur
le malheureux, qui expira presqu’à l’instant.
Un récit digne des plus grands
films d’horreur.
La rage était une maladie très
redoutée. Les douleurs qu’elle provoquait étaient insoutenables.
Son acte de décès date du 13
pluviôse an XI, soit le 2 février 1803.
Cet acte de décès porte, en bas de
page, la mention suivante :
A été tué d’un coup de fusil le 11[3] courant à 3 heures et
demy de relevée d’après le rapport de justice et de l’officier de santé de
l’individu mort et d’après les renseignements, le dit décédé était attaqué de
livrophobie[4],
autrement dit enragé.
Le journal Figaro : électeur, juré, contribuable, artiste,
financier, auteur, industriel, homme du monde et journaliste – 6 janvier 1837
Un habitant de Nancy a eu la fantaisie d’atteler un loup déjà grand, et qu’il avait muselé, à une petite voiture ; cet équipage, cheminant sur la route d’Essey, a rencontré une voiture de cultivateur. Les chevaux ont été tellement effrayés par l’aspect et l’odeur du loup, qu’ils se sont jetés dans un des fossés de la route, où la voiture a été renversée. Cet accident a déterminé le propriétaire du loup à le faire tuer aussitôt.
Une idée saugrenue.
Un accident fort regrettable.
On parle de la mort du loup,
certes, mais rien sur les chevaux, sans doute parce qu’ils sont sortis indemnes
de cette mésaventure.
Journal Le Pays : journal des volontés de la France – 20
octobre 1852
Seine-Inférieure
une chasse au loup, habillement conduite par
M. Joseph Engrand, lieutenant de louveterie, assisté de M. Jean, garde-général,
de M. d’Ambray et de M. Malherbe et sa brigade, gardes des forêts de l’Etat, a
eu lieu jeudi dans la forêt d’Arques, arrondissement de Dieppe.
Le bois, cerné par vingt-cinq chasseurs, a
été attaqué dès le matin à l’est, et, aussitôt on remarqua le passage de ces
bêtes qui, sans doute au premier bruit de la meute, avaient fui du côté de la
pyramide[5] et du côté d’Ancourt.
On se porta rapidement dans ces deux directions, sans pouvoir rien rencontrer,
et on revint à peu près au point de départ en fouillant en tout sens et avec un
soin, une persistance et une intelligence digne d’un meilleur succès, et qui
font le plus grand honneur à M Joseph Engrand, qui se promet de recommencer
bientôt cette chasse ; il a même
laissé à deux frères, très grands tireurs de nos environs, quelques chiens pour
faire, de nouveau, des brisées, afin de bien s’assurer des repaires et des
passages de ces animaux malfaisants.
Animaux malfaisants !!
Le ton est donné.....
Des battues étaient organisées
régulièrement sur ordre et avec l’accord du préfet.
Sur le document officiel, validé
par ce haut fonctionnaire devaient apparaître, le nom des participants, ceux
qui portaient une arme et le parcours qui devait être emprunté.
Une chasse sous contrôle.
Pour ces tueries, les chasseurs
touchaient une prime, en fonction des animaux abattus : sexe – âge......
A suivre.....................
[1] Les articles
retranscrits n’ont pas été modifiés dans leur formulation et leur orthographe.
[2] Vous
remarquerez que l’emploi des « ; » est abondant, bien plus quez de
nos jours. Un signe de ponctualité qui disparaît peu à peu.
[3] 11
pluviôse : 31 janvier 1803.
[4] Hydrophobie.
[5] Le Pyramide
d’Arques-la-Bataille est en réalité un obélisque érigé en septembre 1827 pour
commémorer la bataille d’Arques en 1589.
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