mercredi 6 avril 2022

Les catastrophes ferroviaires - septembre 1881 - quatrième partie

 

Ce fut le 5 septembre 1881 à Charenton, sur le réseau  PLM – compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée.

 Quatrième partie : Causes et responsabilités

 

A quoi, à qui, attribuer cette catastrophe ?

Sans doute à une multitude de concours de circonstances que les journaux s’empressèrent de relater.

 

A Maisons-Alfort

  • Le train 584 était en retard, ayant quitté Maisons-Alfort à 9 h 41.
  • Le train 10 était à Maisons-Alfort à 9 h 44, trois minutes après le départ du 584.
  • Un temps trop court entre les deux convois, d’autant plus que le train 10  roulait à plus vive allure que le 584.
  • Le chef de gare de Maisons-Alfort n’a pas mesuré cette importance. Il était troublé par une préoccupation familiale.

 

A Charenton

  • Douze des dix-huit employés avaient passé la nuit à la fête patronale de Charenton et, ce matin-là, huit d’entre eux avaient embauché en retard ou n’étaient pas venus. D’autre part, les agents absents du « block-system »[1] avaient été remplacés par un jeune aiguilleur de dix-sept ans, non expérimenté.
  • Avaient-ils été assez vigilants ?
  • Le block système fonctionnait-il correctement ?

 

Et les journalistes d’invoquer le profit des actionnaires au détriment de la sécurité des passagers.

Mais également les heures de travail des employés trop importantes pour des salaires dérisoires.

L’absence de wagons vides en queue de train afin d’amortir le choc en cas de collision. Mesure de sécurité malheureusement souvent omise. Et puis également l’entretien du matériel et des voies bien trop souvent négligé.

 Ce qui ressortait de tous ces articles, c’était qu’il fallait en arriver à des accidents mortels pour se poser les bonnes questions.

 Un journaliste, Camille Farcy, conclut son article par ces mots :

« Nous demandons qu’à côté de l’enquête judiciaire, le gouvernement ouvre une enquête administrative. Nous conseillons à nos confrères de créer une agitation autour de la question des accidents de chemin de fer. Nous voulons qu’on contraigne les Compagnies à des réformes que l’opinion réclame depuis bien des années sans pouvoir les obtenir. »

 

Le commissaire aux délégations judiciaires, Monsieur Clément, fut chargé d’établir les responsabilités.

  •  ·         Une première faute fut d’avoir permis au train de Montargis qui était en retard de s’arrêter à des arrêts non prévus pour lui – Maisons-Alfort et Charenton – sachant que ces arrêts accentueraient son retard. Il valait mieux mécontenter les voyageurs que de les tuer !!!
  • ·         Un problème assurément avec le block-système  dont la manipulation fréquente en raison du nombre de trains circulant à peu d’intervalles, n’avait pas été actionné à fond.
  • ·         Un freinage défectueux du train rapide qui n’était pas équipé du frein dit continu, comme le voulait la circulaire de 1879.
  • ·         L’insuffisance de doubles voies à l’approche de Paris qui commençait à poser de gros problèmes. Jusqu’à cent-quarante circulations de trains par jour entre Villeneuve-Saint-Georges et Paris.
  • ·         Le manque de personnel et les heures de travail trop importantes entraînant les erreurs humaines.

 

Le verdict du procès qui se déroula les 9 et 10 mars 1882, condamna trois personnes sous le chef d’accusation « d’homicides et blessures par négligence, inattention et inobservation des règlements » :

  • ·         Marius Gras, chef de gare de Maisons-Alfort – huit mois de prison et trois cents francs d’amende.
  • ·         Emile Genevès, stationnaire responsable du block-système de Maisons-Alfort –  six mois de prison et trois cents francs d’amende.
  • ·         Louis Mussier, stationnaire responsable du block-système de Charenton – un an de prison et trois cents francs d’amende.

 

Le PLM, compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, fut déclaré civilement responsable et paya près de deux millions de francs.

  

Petite précision

Dans le train 584, il y eut quelques blessés légers dans les voitures de tête.

Ce fut le cas pour le photographe Nadar et sa femme.

Qui était Nadar ?

Assurément le génie du portrait, la légende de la photographie.

 Il se nommait en réalité Félix Tournachon. Il était né le 5 ou 6 avril 1820 à Paris.

Il fut connu sous le pseudonyme de Nadar, très connu même, car il fut le photographe de toute une époque, immortalisant le visage de nombreuses personnalités pour ne pas dire toutes les personnalités dans tous les domaines : littérature – politique – musique....

Il fut également écrivain (poésies – nouvelles – témoignages....) – caricaturiste – aéronaute (il fut le premier à faire des photographies aériennes).

 Il décéda le 20 mars 1910 à Paris.

 

 



[1] Le block-système : moyen généralement employé pour assurer un espacement suffisant entre deux convois circulant dans le même sens sur une voie ferrée donnée. 

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