Ce fut le 5 septembre 1881 à Charenton, sur le réseau PLM – compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée.
A
quoi, à qui, attribuer cette catastrophe ?
Sans
doute à une multitude de concours de circonstances que les journaux
s’empressèrent de relater.
A
Maisons-Alfort
- Le train 584 était en retard, ayant quitté Maisons-Alfort à 9 h 41.
- Le train 10 était à Maisons-Alfort à 9 h 44, trois minutes après le départ du 584.
- Un temps trop court entre les deux convois, d’autant plus que le train 10 roulait à plus vive allure que le 584.
- Le chef de gare de Maisons-Alfort n’a pas mesuré cette importance. Il était troublé par une préoccupation familiale.
A
Charenton
- Douze des dix-huit employés avaient passé la nuit à la fête
patronale de Charenton et, ce matin-là, huit d’entre eux avaient embauché en
retard ou n’étaient pas venus. D’autre part, les agents absents du
« block-system »[1] avaient
été remplacés par un jeune aiguilleur de dix-sept ans, non expérimenté.
- Avaient-ils été assez vigilants ?
- Le block système fonctionnait-il correctement ?
Et
les journalistes d’invoquer le profit des actionnaires au détriment de la
sécurité des passagers.
Mais
également les heures de travail des employés trop importantes pour des salaires
dérisoires.
L’absence
de wagons vides en queue de train afin d’amortir le choc en cas de collision.
Mesure de sécurité malheureusement souvent omise. Et puis également l’entretien
du matériel et des voies bien trop souvent négligé.
« Nous demandons qu’à côté de l’enquête
judiciaire, le gouvernement ouvre une enquête administrative. Nous conseillons
à nos confrères de créer une agitation autour de la question des accidents de
chemin de fer. Nous voulons qu’on contraigne les Compagnies à des réformes que
l’opinion réclame depuis bien des années sans pouvoir les obtenir. »
Le
commissaire aux délégations judiciaires, Monsieur Clément, fut chargé d’établir
les responsabilités.
- ·
Un problème assurément avec le
block-système dont la manipulation
fréquente en raison du nombre de trains circulant à peu d’intervalles, n’avait
pas été actionné à fond.
- ·
Un freinage défectueux du train rapide qui
n’était pas équipé du frein dit continu, comme le voulait la circulaire de
1879.
- ·
L’insuffisance de doubles voies à l’approche
de Paris qui commençait à poser de gros problèmes. Jusqu’à cent-quarante
circulations de trains par jour entre Villeneuve-Saint-Georges et Paris.
- ·
Le manque de personnel et les heures de
travail trop importantes entraînant les erreurs humaines.
Le verdict
du procès qui se déroula les 9 et 10 mars 1882, condamna trois personnes sous
le chef d’accusation « d’homicides et blessures par négligence,
inattention et inobservation des règlements » :
- ·
Marius Gras, chef de gare de Maisons-Alfort –
huit mois de prison et trois cents francs d’amende.
- ·
Emile Genevès, stationnaire responsable du
block-système de Maisons-Alfort – six
mois de prison et trois cents francs d’amende.
- ·
Louis Mussier, stationnaire responsable du
block-système de Charenton – un an de prison et trois cents francs d’amende.
Le
PLM, compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, fut déclaré
civilement responsable et paya près de deux millions de francs.
Petite
précision
Dans le
train 584, il y eut quelques blessés légers dans les voitures de tête.
Ce fut le
cas pour le photographe Nadar et sa femme.
Assurément
le génie du portrait, la légende de la photographie.
Il fut
connu sous le pseudonyme de Nadar, très connu même, car il fut le photographe
de toute une époque, immortalisant le visage de nombreuses personnalités pour
ne pas dire toutes les personnalités dans tous les domaines : littérature
– politique – musique....
Il fut
également écrivain (poésies – nouvelles – témoignages....) – caricaturiste –
aéronaute (il fut le premier à faire des photographies aériennes).
[1] Le block-système : moyen généralement employé pour assurer un espacement suffisant entre deux convois circulant dans le même sens sur une voie ferrée donnée.
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