mercredi 1 février 2023

Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - Jean Pierre Canu - première partie

 


Sixième condamné, un nommé Jean Pierre Canu

Première partie

 

 

Écos, commune de l’Eure, non loin de Vernon, non loin des Andelys, comptait, en cette année 1846, cinq-cent-vingt-cinq habitants

Une commune sans histoire.

Bien sûr, il y avait, comme partout des disputes entre voisins et des querelles familiales, mais rien de bien méchant même si parfois les rancunes pouvaient être tenaces.

N’allez pas croire, toutefois, que les gens y étaient meilleurs qu’ailleurs, ils avaient seulement d’autres chats à fouetter, et leur premier objectif consistait à vivre le mieux possible en évitant le malheur.

 

Du malheur, il y en avait comme partout et l’on faisait avec.....

 

Jean Pierre Canu avait toujours travaillé dur pour les autres comme domestique de ferme. Levé tôt. Couché tard. Il trimait sans rechigner.

Ce travail acharné lui avait permis d’acquérir quelques biens, modestes toutefois. Il pouvait se féliciter d’être propriétaire de sa maison et de six à sept arpents de terre[1]. De quoi être à l’abri et voir venir.

 

Il avait épousé, le 23 juin 1813 à la mairie de Fourges, Marie Victoire Avisse native de cette commune. Cinq enfants étaient nés de leur union, cinq toujours vivants, une chance à une époque où beaucoup de petits mourraient au cours de leur première année de vie.

 

Victoire s’en était allé vers un monde meilleur, le 12 juin 1844. Veuf, à présent, Jean Pierre Canu se sentait bien seul. Pour les soins du ménage, sa fille, Marie Catherine, qui vivait avec lui s’en chargeait.

C’était la solitude qui lui pesait.

Il avait rencontré une jeune femme[2] et souhaitait l’épouser.

Une perspective bien douce si il ne rencontrait pas quelques oppositions provenant de son fils, prénommé comme lui, Jean Pierre[3].

 

Jean Pierre Canu fils, depuis qu’il connaissait les projets matrimoniaux de son père, ne décolérait pas.

Il avait tout bonnement peur de se voir déshériter au profit de la nouvelle élue.

Les rapports père-fils déjà tendus, ne firent qu’empirer.

L’escalade fut telle que le père gardait toujours à portée de main son couteau ou sa fourche pour se défendre d’une éventuelle attaque venant de son unique fils.

 

Il y avait eu, tellement de fois, des insultes et des menaces devant témoins, que le pauvre homme était toujours sur le qui-vive, même la nuit, ne dormant que d’un œil, éveillé au moindre bruit.

Pourtant, tout en s’en méfiant, il l’aimait, son garçon. Ne disait-il pas :

« J’ai eu des difficultés avec mon garçon, je ne me fie pas à lui, c’est une mauvaise tête. Je ne dis pas tout, c’est mon enfant. »

 

Jean Pierre Canu fils avait la réputation de fréquenter les cabarets plus qu’il ne fallait.

Même après son mariage avec Elisabeth Dauvel et la naissance de la petite Augustine Elisabeth Silvie, le 30 novembre 1845, il n’avait pas modifié sa conduite.



[1] 6 arpents = 15000 m2 = 150 ares et 7arpents = 17500 m2 = 175 ares.

[2] Aucune information concernant cette femme.

[3] Un prénom de tradition puisque Jean Pierre Canu le tenait de son père et l’avait donné à son fils.

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