mercredi 7 juin 2023

La destinée de Charles Nicolas Valentin Chauvet - Deuxième partie

 


Quand Marie Éloïse
[1] annonça à sa mère qu’elle était enceinte, celle-ci s’écria :

« Faut t’marier, et vite ! »

 

Juste le temps de publier les bans et la jeune fille se retrouva devant le maire et le curé.

 

Mais en ce 1er octobre 1844, jour des noces, au bras de son mari, Pierre Bruno Julien, elle n’était pas pleinement heureuse. Sans l’enfant qu’elle portait, elle ne se serait jamais mariée. En acceptant cette union, elle se sentait piégée.

 

Deux mois plus tard, Marie Delaye, la mère de Marie Éloïse, décéda brusquement, plongeant son époux, Nicolas Valentin Chauvet dans la plus grande détresse.

Ne lui restaient à présent que sa fille, son gendre et l’enfant à venir.

Ah, cet enfant ! Comme il le souhaitait doublement à présent. Sûr qu’il lui redonnerait l’envie d’avancer.

Et si c’était un garçon, il pourrait lui transmettre son savoir.

Il s’y voyait déjà, Nicolas Valentin, en grand-père aimant.

 

Marie Delaye avait quitté ce monde le 1er décembre 1844, à son domicile, à Bosc-le-Hard. Son corps à peine enseveli, Marie Éloïse parla héritage. Seule héritière, les biens de ses parents lui revenaient de droit.

Elle se faisait insistante, mais juste ce qu’il fallait, mettant en avant la prochaine naissance et le besoin d’argent. N’avait-elle pas toujours obtenu ce qu’elle souhaitait ?

 

La naissance survint le 10 mai  1845 au Bocasse.

Ce fut une fille, baptisée Éloïse Damarée[2].

Pas un garçon ! Une fille !

Tant pis, elle était la bienvenue.

 

Joies et peines. La vie en est parsemée.

 

Ce fut ainsi que le 17 janvier 1850, arriva au foyer Julien une autre petite fille. Elle reçut les prénoms d’Eugénie Clara.

Un petit ange qui s’envola au paradis deux mois plus tard[3].

Un choc pour Marie Éloïse qui peina à s’en remettre, plusieurs années durant.

 

Les années passèrent...

Entre Marie Eloïse et son père, les rapports étaient tendus. Toujours cette question d’héritage qui fut un temps reléguée au second plan, car....

 

Dès les premiers symptômes, Marie Éloïse, ne voulut pas y croire.

Entre joie et inquiétude, elle n’osait en parler.

Sa fille Éloïse Damarée venait de fêter ses seize ans et voilà qu’une nouvelle naissance s’annonçait.

Non, ce n’était pas possible, elle devait se tromper.

Pas à son âge !

Peut-être que ses périodes cessaient tout bonnement, plus tôt que d’ordinaire. C’était possible après tout.

 

Toutefois, Marie Éloïse dut admettre, quelques semaines plus tard, qu’elle était bien enceinte et cette nouvelle ne la réjouissait pas vraiment.

 

 

« C’est une fille !! s’écria la matrone venue pour la délivrance, et bien membrée avec ça ! »

 

Une fille qui reçut les prénoms d’Orangine Louise[4]. La différence d’âge entre les deux sœurs était telle que la petite dernière-née n’eut pas une maman et une sœur, mais deux mamans. D’autant plus que Marie Eloïse se déchargeait largement des soins de sa dernière fille sur l’aînée.

Quant à Nicolas Valentin Chauvet, il n’avait toujours pas eu de petit-fils. Pas grave, il avait deux adorables petites-filles. Son plus grand chagrin résidait dans le fait que son unique fille, lui battait froid, et tout cela pour une question d’argent. Il ne pouvait tout de même pas vendre tous ses biens, se séparer de son passé ?

Un crève-cœur que ce différend qui allait s’amplifier après un autre événement tragique, le décès de Pierre Bruno Julien[5], laissant Marie Éloïse seule avec ses deux filles.

 



[1] On trouve également « Héloïse » sur certains documents.

[2] Tout comme pour sa mère, le prénom est aussi orthographié « Héloïse » sur certains documents.

[3] Eugénie Clara décéda le 16 mars 1850.

[4] Orangine Louise fut appelée « Louise » tout au long de sa vie. Elle naquit le 20 août 1862 à Bosc-le-Hard.

[5] Pierre Bruno Julien décéda à son domicile, à Bosc-le-Hard, le 6 mai 1869. Il était né le 24 août 1913 à Frichemesnil (76). Il exerçait le métier de menuisier.

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