mercredi 21 juin 2023

La destinée de Charles Nicolas Valentin Chauvet - Quatrième partie


 Au printemps 1876, la famille Brard alla s’installer à Déville-Lès-Rouen.

 

Charles Nicolas Chauvet, vieillissant, vit sa fille s’éloigner avec un pincement au cœur. Heureusement, il avait des voisins charmants qui s’inquiétaient de lui et lui rendaient de menus services et notamment la famille Desveaux[1]. C’était souvent avec eux que le père Chauvet s’épanchait sur les différends qui l’opposaient à sa fille qui dernièrement lui avait fait signer des papiers apposés du cachet d’un office notarial.

Il avait signé, sans poser de questions.

 

« Qu’a-t-elle encore inventé ? se lamentait-il. Elle a toujours besoin d’argent, mais le porte-monnaie a un fond et l’argent s’ trouve pas sous les sabots d’un cheval. »

 

Gustave Onésime et Gervaisine Argentine l’écoutaient et au fil des discussions, face au mal-être de leur voisin toujours au bord des larmes, ils avaient fini par nourrir quelques animosités contre cette fille indigne.

 

Pendant ce temps, à Déville-Lès-Rouen, Marie Adélaïde déchantait de plus en plus. Cette nouvelle vie, dans cette nouvelle ville, n’apportait rien de nouveau dans le quotidien. Les dettes s’accumulaient encore et encore..... Toujours et toujours....

L’idée de la mort paternelle se faisait de plus en plus présente. Une seule issue, la provoquer et le plus vite possible.

Seule possibilité à portée de main, le poison.

Le poison, mais pour cela, il fallait s’en procurer.

La manière de se procurer du poison était devenue la conversation journalière du couple Brad.

 

Alexandre Frédéric Brard écoutait son épouse, las de ses jérémiades.

 

« Tu m’ fatigues ! lui répliquait-il à court d’arguments.

     Bien sûr, toi, tu lèverais pas le petit doigt pour m’aider ! J’ vois pas pour quoi  j’ t’ai épousé !!

     Et si t’as du poison, qu’en feras-tu ? Tu te vois tuer ton père ?

     On peut payer quelqu’un.

     Le payer, mais avec quoi ?

     Avec l’argent d’ l’héritage, pardi !

 

Alexandre Frédéric Brard haussait les épaules. Il était épuisé face l’obsession de son épouse et craignait le pire. Le pire ? Mais après tout, il n’y avait qu’à la laisser parler, jamais elle irait jusqu’au parricide.

Alors pour la calmer, il entra dans son jeu.

Un jeu dangereux, le jeu de la mort.

Il alla acheter de l’arsenic, soit disant pour tuer les rats qui  proliféraient dans la maison. L’apothicaire qui en vendait régulièrement pour détruire les rongeurs recommandait simplement la prudence quant à l’utilisation du produit.

Il alla aussi sur un chantier voler de l’acide chlorhydrique dont les couvreurs se servaient pour désoxyder le plomb.

 

« Voilà, pensa-t-il en donna les deux poisons à Marie Adelaïde, elle va m’ laisser tranquille à présent ! »

 

Mais le pauvre Alexandre Frédéric Brard ne savait pas que sa femme, de son côté, cherchait à engager un tueur et qu’elle s’était rendue pour cela à Fontaine-le-Bourg voir l’un de ses cousins éloigné, Augustin Brard.

 

Début août 1876, sur les insistances de son père, Marie Adelaïde décida de lui rendre visite.

Charles Nicolas Chauvet était très heureux, pensant à des réconciliations.

Il en était tout autre dans l’esprit de Marie Adélaïde.  

 



[1] Gustave Onésime Desveaux né le 20 octobre 1839 et Gervaisine Argentine Pointel née le 15 janvier 1846. Ils s’étaient mariés le 20 janvier 1866 à Le Bocasse.

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