mercredi 14 juin 2023

La destinée de Charles Nicolas Valentin Chauvet - Troisième partie

 


Marie Éloïse Chauvet était à présent devenue la veuve Julien.

En son for intérieur, elle maudissait cet époux qui l’avait ainsi, par sa mort, abandonnée seule avec ses deux filles.

Son besoin d’argent devint aussitôt plus pressent.

« Ah, si l’ père pouvait mourir ! » pensait-elle souvent.

Cette idée finit par prendre une immense place, une réelle obsession, d’autant plus que l’homme de soixante-dix printemps s’obstinait à vivre, au grand désespoir de son unique fille.

 

Marie Éloïse Chauvet avait une réputation de femme facile. Mais n’était-ce pas commérages ?

On disait d’elle qu’elle se « livrait aux hommes » et de plus qu’elle levait bien souvent le coude en leur compagnie.

Hommes et alcool, cela n’allait-il pas ensemble ?

 

Seule, veuve, elle avait à présent tout loisir de faire des rencontres.

Elle jeta son dévolu sur un homme rencontré quelques mois avant son veuvage[1], un charpentier du nom d’Alexandre Frédéric Brard.

Leur mariage fut célébré un an après le décès du sieur Julien, le 16 mai 1870 à Le Bocasse. Ce jour-là, Marie Éloïse Chauvet, veuve Julien, devint madame Brard.

 

Nicolas Valentin Chauvet était présent à la noce. N’avait-il pas payé les frais de la cérémonie ?

Et puis, ce nouveau gendre lui plaisait bien. Avec lui, il pouvait parler métier. Mais surtout, ce père aimant mettait tous ses espoirs en ce nouveau mariage. Sa fille volage et dépensière arriverait-elle à trouver, enfin, un équilibre de vie ?

 

Ce ne fut malheureusement pas le cas, car le nouveau couple s’enfonça de plus en plus dans les dettes, mettant continuellement leurs divers biens, tels vêtements et divers objets de famille au Mont-de-piété.

Un cercle infernal faisant rejaillir à chaque fois le désir de la mort du père Chauvet, afin de pouvoir hériter.

Plus les jours passaient, plus Marie Éloïse échafaudait des scenarii possibles, dans le souci toutefois de faire paraître le décès projeté comme mort naturelle.

Un accident ?

Un empoisonnement ?

 

Nuit et jour, Marie Éloïse ne pensait plus qu’à la mort de son père et la manière de la provoquer.



[1] Pierre Bruno Julien était décédé à son domicile, à Bosc-le-Hard, le 6 mai 1869

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