Alphonse Caillard sortit libre du palais de justice.
Acquitté !
Acquitté, faute de preuves !
Difficile après ce nouveau
passage devant la justice de trouver de l’embauche.
Que faire ?
Alphonse Caillard décida alors de
se lancer dans le commerce, un commerce de harengs.
Pourquoi pas ?
Pour ce faire, il fit
l’acquisition d’une voiture.
Hélas, très vite sa petite
entreprise périclita rapidement.
Voilà encore une fois Alphonse
Caillard sans emploi.
Direction Bernay où, peu de temps
après, il fut à nouveau condamné à une peine d’emprisonnement, pour vol.
Sa peine purgée, Caillard prit la
décision de retourner à Lisieux, car dans cette ville, vivait sa maîtresse,
Louise Chevalier[1].
C’était en réalité un tout petit
logement dans un immeuble de la rue d’Orival[2]
occupé initialement par sa jeune sœur, Marie[3],
qui en acquittait le loyer.
En effet, Louise sans emploi en
raison d’une grossesse y avait trouvé refuge.
Ce fut donc dans la rue d’Orival
à Lisieux, où il avait déjà séjourné un temps, qu’Alphonse Caillard débarqua
après une longue absence.
À peine installé chez les deux
sœurs, Caillard tomba malade. Pendant treize jours, il dut rester alité. Treize
jours au cours desquels les disputes éclataient de plus en plus souvent entre
les deux sœurs.
Un seul salaire pour trois
adultes et une petite fille, Arthurine Alice[4],
qui n’avait pas encore un an.
Un maigre salaire de fileuse pour
subvenir aux besoins de quatre personnes.
« I’ peut pas travailler,
lui ? lançait Marie, en désignant du menton l’amant endormi de sa sœur.
– Tu vois bien qu’il est malade,
répondait Louise, essayant de défendre du mieux qu’elle pouvait son homme.
–
Malade ! Sa
maladie a bon dos ! J’ vas pas m’échiner pour l’ nourrir, c’lui-là !
Enfin, après treize jours, la
guérison arriva.
Pas trop tôt !
Le 26 mars 1898, ragaillardi, le malade
guéri lança :
« Cette misère ne peut plus
durer ! J’ vas chercher du travail !
–
Pas trop tôt !
pensa Marie Chevalier, heureuse également de voir déguerpir un temps cet homme
qui envahissait un peu trop son logis et qu’elle devait nourrir.
–
Oui.... mais.....
poursuivit Caillard, feignant l’embarras, c’est que......
–
Que quoi ? lança
Marie exaspérée.
–
C’est qu’i’ faudrait
au moins cinq francs pour prendre le train et ......
–
Bah voyons ! Et
comment qu’on va vivre nous, hein ?
–
J’ te rembourserai avec
ma première paye.
–
J’y compte
bien ! rétorqua Marie en sortant, à contre-cœur, l’argent demandé d’une
petite boite en fer placée au-dessus de la cheminée.
L’homme quitta la rue d’Orival en
quête d’un emploi, en réalité comme nous le savons déjà, ses pas le menèrent au
hameau de la Rivière-Thibouville, au domicile des Leblond.
Ce fut à l’adresse de la rue d’Orival
à Lisieux que le 28 mars, Alphonse Caillard fut interpellé par les forces de
l’ordre.
Il se laissa arrêter sans contester et passa immédiatement
aux aveux.
[1] Lucie Adèle Louise Chevalier. Aucune autre information
la concernant, sauf qu’elle avait environ 22 ans en 1898.
[2] A Lisieux existait une rue d’Orival et une impasse
d’Orival. Dans ces deux voies, aucun logement au nom de Chevalier en 1891 et 1896, une hypothèse, les deux sœurs avaient
emménagé fin 1896, début 1897.
[3] Rien concernant Marie, plus jeunes que Louise.
[4] Arthurine Alice Caillard, fille naturelle de Lucie
Adèle Louise Chevalier, reconnue par son père Alphonse Caillard, née à Lisieux
le 1er octobre 1897, au 7 rue d’Orival à Lisieux.
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