Pour quelles raisons le Maréchal Davout fut-il exilé à Louviers du 31 janvier au 21 juin 1816 ?
Pourquoi cet isolement ?
Inquiétait-il à ce point les
dirigeants de la Seconde Restauration ?
Incontestablement, sa prise de
position lors du procès de Maréchal Ney, accusé de trahison et condamné à mort,
le 6 décembre 1815, acheva de le perdre aux yeux du gouvernement.
En effet, ce fut bien à la suite de
cette exécution et par ordonnance royale du 27 décembre 1815 que le Maréchal
fut assigné à résidence dans cette ville de l’Eure, éloignée de la capitale,
mais pas suffisamment, afin de permettre à la Maréchale, son épouse de se
rendre régulièrement sur leur domaine de Savigny-sur-Orge, dans la
Seine-et-Oise et à Paris, pour y gérer leurs affaires.
Car, Madame la Maréchal n’envisagea, à
aucun moment, de vivre séparée de son époux, surtout dans de
pareilles circonstances. N’avaient-ils pas vécu, trop souvent, toutes ces
années, éloignés l’un de l’autre ?
Le Préfet de Seine-et-Oise reçut donc
en cette fin décembre 1815, du ministre de la police générale, monsieur
Decazes, l’ordre de délivrer les passeports indispensables. Ceux–ci furent
établis le 22 janvier 1816.
Cinq jours plus tard, ce fut au tour
du préfet de l’Eure, le marquis de Gasville, d’être averti, par le sieur
Decazes, de l’arrivée prochaine du Maréchal qui devait faire l’objet d’une
surveillance secrète.
Il fut également précisé qu’aucun
passeport, pour quelque lieu que ce fut, ne lui serait délivré, sans
autorisation ministérielle.
Passant par Vernon où une halte avait
été prévue afin de récupérer les passeports, ce fut le soir du 31 janvier 1816
que le Maréchal Davout arriva dans la ville de Louviers, accompagné de son
épouse, d’un enfant en bas âge et de plusieurs domestiques.[2]
Dès le lendemain, Hercule Timoléon
Coquerel[3],
maire en exercice, rendit compte de l’installation de Louis Nicolas Davout et
des siens au préfet.
Accueillis, rue royale, dans la maison
de madame veuve Lecamus, veuve d’un cousin d’Aimée Leclerc, remariée avec le
sieur Daireaux, ancien proviseur d’un lycée de Paris, où les époux résidaient
encore.
À compter de ce jour, une surveillance
acharnée se mit en place, mais avec toute la discrétion nécessaire afin de ne
pas éveiller les soupçons.
Tous faits et gestes devaient être
minutieusement consignés par écrit :
- ·
Les activités du
maréchal, celles de son épouse et même celles des domestiques.
- ·
Les déplacements
des uns et des autres dans le moindre détail.
- ·
Les personnes
rencontrées, le lieu des rencontres.
- ·
Les démarches
effectuées, les liaisons avec habitants ou personnes de passages.
Tout !
Le sous-préfet de Louviers remplit sa
mission avec ardeur.
Le maire, par contre, s’en acquitta
avec tiédeur
Quant au procureur du Roy, M. H.
Delafoy[4],
très heureux de la confiance que le ministère lui accordait, il redoubla de
zèle.
D’ailleurs, pour mieux remplir cette
mission, dès le 7 février, il engagea un homme sûr qui s’introduisit, sans
difficulté, comme domestique dans la maison où résidait le Maréchal Davout, à
la faveur du surcroît de besognes occasionné par cette installation précipitée.
[1]
Cette nouvelle a pris vie suite à la lecture de l’opuscule « l’exil du
maréchal Davout à Louviers » rédigé par Albert Le Lorier (1901).
[2] Dans
l’opuscule d'Albert de Lorier, il n’est question que d’un enfant. Une autre
source parle de deux enfants, ce qui
serait plus exacte : Louis, né en 1811 – âgé de 5 ans – et Adélaïde, née
en 1815, âgée en février 1816 de neuf mois (entre ces deux enfants un petit Jules avait vu le jour en 1812 pour décéder peu après en 1813). Il se peut que le valet de
chambre du Maréchal, Taddeus Mayer, fut du nombre des domestiques – Prussien,
il avait été soigné par le Maréchal qui l’avait gardé ensuite à son service.
[3]
Hercule Timoléon Coquerel fut maire de Louviers de décembre 1815 à septembre
1823.
[4]
M. H. Delafoy, procureur de novembre 1815 à janvier 1821
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