mercredi 6 mars 2024

Un exilé[1] de marque - seconde partie – installation à Louviers.

 

Pour quelles raisons le Maréchal Davout fut-il exilé à Louviers du 31 janvier au 21 juin 1816 ?

Pourquoi cet isolement ?

Inquiétait-il à ce point les dirigeants de la Seconde Restauration ?

 

Incontestablement, sa prise de position lors du procès de Maréchal Ney, accusé de trahison et condamné à mort, le 6 décembre 1815, acheva de le perdre aux yeux du gouvernement.

En effet, ce fut bien à la suite de cette exécution et par ordonnance royale du 27 décembre 1815 que le Maréchal fut assigné à résidence dans cette ville de l’Eure, éloignée de la capitale, mais pas suffisamment, afin de permettre à la Maréchale, son épouse de se rendre régulièrement sur leur domaine de Savigny-sur-Orge, dans la Seine-et-Oise et à Paris, pour y gérer leurs affaires.

 

Car, Madame la Maréchal n’envisagea, à aucun moment,  de vivre  séparée de son époux, surtout dans de pareilles circonstances. N’avaient-ils pas vécu, trop souvent, toutes ces années, éloignés l’un de l’autre ?

 

Le Préfet de Seine-et-Oise reçut donc en cette fin décembre 1815, du ministre de la police générale, monsieur Decazes, l’ordre de délivrer les passeports indispensables. Ceux–ci furent établis le 22 janvier 1816.

 

Cinq jours plus tard, ce fut au tour du préfet de l’Eure, le marquis de Gasville, d’être averti, par le sieur Decazes, de l’arrivée prochaine du Maréchal qui devait faire l’objet d’une surveillance secrète.

Il fut également précisé qu’aucun passeport, pour quelque lieu que ce fut, ne lui serait délivré, sans autorisation ministérielle.

 

Passant par Vernon où une halte avait été prévue afin de récupérer les passeports, ce fut le soir du 31 janvier 1816 que le Maréchal Davout arriva dans la ville de Louviers, accompagné de son épouse, d’un enfant en bas âge et de plusieurs domestiques.[2]

 

Dès le lendemain, Hercule Timoléon Coquerel[3], maire en exercice, rendit compte de l’installation de Louis Nicolas Davout et des siens au préfet.

 

Accueillis, rue royale, dans la maison de madame veuve Lecamus, veuve d’un cousin d’Aimée Leclerc, remariée avec le sieur Daireaux, ancien proviseur d’un lycée de Paris, où les époux résidaient encore.

 

À compter de ce jour, une surveillance acharnée se mit en place, mais avec toute la discrétion nécessaire afin de ne pas éveiller les soupçons.

Tous faits et gestes devaient être minutieusement consignés par écrit :

  • ·         Les activités du maréchal, celles de son épouse et même celles des domestiques.
  • ·         Les déplacements des uns et des autres dans le moindre détail.
  • ·         Les personnes rencontrées, le lieu des rencontres.
  • ·         Les démarches effectuées, les liaisons avec habitants ou personnes de passages.

Tout !

 

Le sous-préfet de Louviers remplit sa mission avec ardeur.

Le maire, par contre, s’en acquitta avec tiédeur

Quant au procureur du Roy, M. H. Delafoy[4], très heureux de la confiance que le ministère lui accordait, il redoubla de zèle.

 

D’ailleurs, pour mieux remplir cette mission, dès le 7 février, il engagea un homme sûr qui s’introduisit, sans difficulté, comme domestique dans la maison où résidait le Maréchal Davout, à la faveur du surcroît de besognes occasionné par cette installation précipitée.

 

 


[1] Cette nouvelle a pris vie suite à la lecture de l’opuscule « l’exil du maréchal Davout à Louviers » rédigé par Albert Le Lorier (1901).

[2] Dans l’opuscule d'Albert de Lorier, il n’est question que d’un enfant. Une autre source parle de  deux enfants, ce qui serait plus exacte : Louis, né en 1811 – âgé de 5 ans – et Adélaïde, née en 1815, âgée en février 1816 de neuf mois (entre ces deux enfants un petit   Jules avait vu le jour en 1812 pour décéder  peu après en 1813). Il se peut que le valet de chambre du Maréchal, Taddeus Mayer, fut du nombre des domestiques – Prussien, il avait été soigné par le Maréchal qui l’avait gardé ensuite à son service.

[3] Hercule Timoléon Coquerel fut maire de Louviers de décembre 1815 à septembre 1823.

[4] M. H. Delafoy, procureur de novembre 1815 à janvier 1821

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