Un homme dans la place, c’était l’idéal pour effectuer une surveillance des plus efficaces.
Grâce à cet espionnage, on apprit le nom des alliés à la
cause du maréchal déchu. Ils furent alors pointés du doigt et surveillés
également :
·
Mme Tollé[2],
épouse de Nicolas Langlois le jeune, négociant, rue du quai.
·
Mme Beratte[3],
épouse de Charles Langlois, filateur à Louviers, chaussée de la Porte de Rouen.
Les rapports transmis au procureur
n’apprirent pas grand-chose :
Dimanche 11 février 1816
« Le maréchal, taciturne et triste, ne sort que pour quelques
promenades, hors de la ville, souvent sur la route d’Evreux.
Le soir, il voit toujours les mêmes personnes, parmi lesquelles,
le fils Le Camus, fils de la Dame
Daireaux. On le dit, ruiné, mais surtout ennemi juré du roi et des Bourbons.
Le maréchal cherche une autre maison pour s’y installer. »
Lundi 19 février 1816
« Un cousin germain de la maréchale est venu la prendre pour
régler quelques affaires de famille à Paris.
La maréchale se déplace assez fréquemment vers la capitale ou
Savigny-sur-Orge. »
Mercredi 27 mars 1816
« Petite visite du château de Navarre près d’Evreux. »
Pour cette visite de la résidence
euroise de l’impératrice Joséphine, qui fut presque un pèlerinage à la mémoire
de Napoléon, des passeports avaient été validés pour la journée par le maire de
Louviers, en raison de l’absence du sous-préfet.
Début mai, une rumeur vint aux
oreilles des autorités.
Il était question de complot.
L’Empereur organisait, secrètement,
selon les dires, son second retour.
En raison de cela, la surveillance de
l’exilé fut accrue. D’ailleurs, si il y avait complot, celui-ci ne pouvait
qu’être déjoué rapidement. N’y avait-il pas, en bonne place, dans la résidence,
un homme aux yeux et oreilles toujours aux aguets ?
Un espion qui avait su capter les
bonnes grâces de madame Davout, par son attention perpétuelle.
« Madame la Maréchale, souhaite-t-elle
quelque chose ? »
« Madame la Maréchale, a-t-elle
besoin de mes services ? »
« Madame La Maréchale a
sonné ?.... »
Tout mielleux, qu’il était le
domestique-espion !
Tout sournois qu’il était le
domestique-espion !
Trop poli pour être honnête, comme
disait le proverbe !
A tel point que, peu à peu, ce
domestique-espion était devenu suspect.
Toujours là où il n’avait rien à y faire, entrant dans les chambres privées
sans raison valable, furetant sans cesse.
Alors, il fut congédié !
Selon son entourage, la ville de
Louviers ne lui convenait pas, aussi il avait trouvé une maison de campagne.
Mais en fait, dans une impasse financière embarrassante, la raison de ce
déménagement n’était que pécuniaire.
Des problèmes d’argent dus à l’arrêt
du paiement de sa solde et qui avaient entraîné la vente de toute l’argenterie
de la maison Davout ainsi que la mise en location, à des Américains, de l’Hôtel
de Monaco à Paris.
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