mercredi 13 mars 2024

Un exilé[1] de marque - troisième partie – surveillance.

 

Un homme dans la place, c’était l’idéal pour effectuer une surveillance des plus efficaces.

Grâce à cet  espionnage, on apprit le nom des alliés à la cause du maréchal déchu. Ils furent alors pointés du doigt et surveillés également :

·         Mme Tollé[2], épouse de Nicolas Langlois le jeune, négociant, rue du quai.

·         Mme Beratte[3], épouse de Charles Langlois, filateur à Louviers, chaussée de la Porte de Rouen.

 

Les rapports transmis au procureur n’apprirent pas grand-chose :

Dimanche 11 février 1816

« Le maréchal, taciturne et triste, ne sort que pour quelques promenades, hors de la ville, souvent sur la route d’Evreux.

Le soir, il voit toujours les mêmes personnes, parmi lesquelles, le fils  Le Camus, fils de la Dame Daireaux. On le dit, ruiné, mais surtout ennemi juré du roi et des Bourbons.

Le maréchal cherche une autre maison pour s’y installer. »

 

Lundi 19 février 1816

« Un cousin germain de la maréchale est venu la prendre pour régler quelques affaires de famille à Paris.

La maréchale se déplace assez fréquemment vers la capitale ou Savigny-sur-Orge. »

 

Mercredi 27 mars 1816

« Petite visite du château de Navarre près d’Evreux. »

 

Pour cette visite de la résidence euroise de l’impératrice Joséphine, qui fut presque un pèlerinage à la mémoire de Napoléon, des passeports avaient été validés pour la journée par le maire de Louviers, en raison de l’absence du sous-préfet.

 

Début mai, une rumeur vint aux oreilles des autorités.

Il était question de complot.

L’Empereur organisait, secrètement, selon les dires, son second retour.

En raison de cela, la surveillance de l’exilé fut accrue. D’ailleurs, si il y avait complot, celui-ci ne pouvait qu’être déjoué rapidement. N’y avait-il pas, en bonne place, dans la résidence, un homme aux yeux et oreilles toujours aux aguets ?

 

Un espion qui avait su capter les bonnes grâces de madame Davout, par son attention perpétuelle.

« Madame la Maréchale, souhaite-t-elle quelque chose ? »

« Madame la Maréchale, a-t-elle besoin de mes services ? »

« Madame La Maréchale a sonné ?.... »

 

Tout mielleux, qu’il était le domestique-espion !

Tout sournois qu’il était le domestique-espion !

Trop poli pour être honnête, comme disait le proverbe !

 

A tel point que, peu à peu, ce domestique-espion était devenu suspect.
Toujours là où il n’avait rien à y faire, entrant dans les chambres privées sans raison valable, furetant sans cesse.

Alors, il fut congédié !


Le 31 mai 1816, Louis Nicolas Davout informa le sous-préfet de son désir de changer de lieu de résidence. Il souhaitait que celui-ci soit transféré en la commune des Planches.

Selon son entourage, la ville de Louviers ne lui convenait pas, aussi il avait trouvé une maison de campagne. Mais  en fait, dans une impasse financière embarrassante, la raison de ce déménagement n’était que pécuniaire.

Des problèmes d’argent dus à l’arrêt du paiement de sa solde et qui avaient entraîné la vente de toute l’argenterie de la maison Davout ainsi que la mise en location, à des Américains, de l’Hôtel de Monaco à Paris.



[1] Cette nouvelle a pris vie suite à la lecture de l’opuscule « l’exil du maréchal Davout à Louviers » rédigé par Albert Le Lorier (1901).

[2] Autre orthographe : Trollait. Cette dame était également parente d’Aimée Leclerc, épouse Davout.

[3] Autres orthographes : Barat

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