mercredi 8 mai 2024

Il y a cancan et cancan

 


 

Le mot cancan existe dans notre vocabulaire depuis le début du XVIIème siècle.

En 1554, il s’écrivait : quanquan

 

De quam = que (en syllabe redoublée), il était employé pour : quoique – de toute façon – pourtant, dans les débats d’école.

 

Puis un quanquan prit le sens de : une harangue universitaire.

Vers 1584, ce mot n’avait plus que la valeur de grand bruit autour d’une chose insignifiante et il  s’orthographia : quanquam.

 

À son entrée dans le langage courant, ce quanquam fut rattaché au verbe cancaner prenant très vite le sens de : médisance (1621).

 

Ce verbe cancaner aurait été créé en pensant au cri du canard ou de certaines volailles.

Et voilà la raison du changement de quanquam en cancan.

Ce fut sous cette forme orthographique qu’il se répandit et prit le sens de médire (1829) que nous lui connaissons toujours.

 

De cancan découle :

·         Un cancanage (1834) : une médisance.

·         Un (une) cancanier (cancanière) (1836) : celui ou celle qui répand des médisances, des calomnies.

·         Une cancanerie : sans doute une assemblée de cancaniers et cancanières cancanant. Concours à celui ou celle qui dirait le plus de mal des autres. Il faut bien passer le temps !!

 

 

Et puis il y a le cancan (1829).

 

Pas de médisance dans ce cancan-là quoiqu’il attirât bien des cancans (les autres..), il faut bien l’avouer.

 

Il s’agit de cette danse tapageuse et excentrique très à la mode dans les bals populaires entre 1830-1840.

À la Belle Epoque, les cabarets de Montmartre proposaient des spectacles de cancan. Ceux-ci étaient très appréciés.

 

Ce cancan devint le « french cancan ». Un coup de pub pour inciter la venue d’un nombreux public.

 

Le Moulin Rouge qui vient de perdre ses ailes (fin avril 2024) fut et est encore le temple du cancan.

À ses débuts, tout Paris, ouvriers et bourgeois, fréquentait l’endroit. C’était l’euphorie.

Henri de Toulouse-Lautrec y avait sa table. Et on doit à cet extraordinaire artiste-peintre des affiches et toiles immortalisant les lieux.


Et puis, le cancan ne serait rien sans La Goulue (Louise Weber), Valentin le désossé (Edme-Étienne-Jules Renaudin), Nini-pattes-en-l’air (Marie Blanchard), Grille d’égout (Lucienne Beuze), Jane Avril ......

 

Le verbe cancaner signifie aussi danser le cancan. Mais je suppose qu’il faut beaucoup de souffle pour cancaner en cancanant, sans perdre le rythme !

 

Aujourd’hui, plus aucun cancan sur ce cancan qui est devenu une danse, un emblème de la Belle Epoque.

 

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

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