mercredi 22 mai 2024

Maria Pauer avait seize ans

 

Mühldorf am Inn, au milieu du XVIIIème siècle, le forgeron Jakob Altinger avait à son service une jeune fille de seize ans, Maria Pauer[1].

Le 25 janvier 1749, sur la demande de son maître, Maria se rendit faire une course chez un voisin.

Dès le lendemain, il se produisit dans cette maison des phénomènes inexpliqués : bruits étranges, coups dans les murs, objets qui se déplaçaient seuls. Visiblement, il s’agissait de la manifestation du malin. La peur s’empara des habitants du logis qui s’enfuirent en hurlant.

Après réflexions, les soupçons se portèrent sur la jeune Maria. N’était-ce pas après sa venue que les événements avaient commencé ?

Assurément, la jeune fille avait commerce avec le diable.

Deux jours plus tard, le 27 janvier 1749, Maria Pauer fut arrêtée par Johann Paul Kürchner, maire de la ville, et enfermée dans une geôle exiguë dans laquelle elle vécut deux mois dans des conditions exécrables. Mal alimentée et sans aucune hygiène, la pauvre Maria commença à dépérir physiquement et mentalement.

Après cette période d’incarcération, la jeune fille subit, jour après jour pendant deux mois, un interrogatoire comptant pas moins de cinq-cent-cinquante-sept questions formulées de différentes manières afin de troubler, d’emmêler l’esprit de l’accusée. Un interrogatoire habilement mené sous la présidence de Joseph Heinrich von Zillerberg, infirmier au « Tribunal des soins infirmiers et municipal ».



Affaiblie au plus haut point, ne comprenant pas ce qu’on lui voulait, Maria Pauer fut de plus en plus confuse dans ses réponses. Ce qu’elle saisit toutefois au travers de tous ces mots martelés à son oreille, c’était qu’on l’accusait de sorcellerie. Sorcière, elle ?

Dans la nuit du 31 mars 1749, Maria fut amenée à Salzbourg où elle passa devant des juges. Un procès qui s’acheva le 11 avril. Ce jour-là, en effet, l’accusée avoua être coupable.

Pourtant, les juges n’eurent pas recours à la torture, mais les mots, les phrases, prononcés sans cesse avaient fini par persuader Maria, qu’en effet, ce que les juges lui reprochaient était exact.

 


Deux autres personnes Anna Maria Zötlin et Liesel Gusterer furent arrêtées en même temps que Maria Pauer, pour les mêmes raisons et exécutées en 1749.

 

Quant à Maria, elle alla croupir dans une geôle de Salzbourg, jusqu’au 10 septembre 1750, jour du verdict de son procès.




Accusée de sorcellerie, elle fut alors condamnée à la peine de mort par l’épée, puis à être brûlée
[2].

L’archevêque Andreas Jakob Grad Dietrichstein refusant de la gracier, cette sentence fut exécutée le 6 octobre 1950.

 

En juin 2009,  l'archevêque de Salzbourg, Dr. Alois Kothgasser publia une déclaration sur le procès de Maria Pauer. Il qualifia la condamnation de « meurtre judiciaire » et de « crime horrible ».


Maria Pauer fut la dernière personne reconnue coupable de sorcellerie  à être exécutée sur le sol de l'actuelle Autriche.




[1] Maria Pauer née en octobre 1834 – décédée le 6 octobre 1950.

[2] D’autres sources affirment que Marie Pauer avait avoué sous la torture et qu’elle avait été décapitée avant d’être brûlée.

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