mercredi 2 avril 2025

La pommade

 



Mot constaté dans notre langage depuis 1539, provenant de l’italien pomada : crème utilisée pour les soins de la peau.

Mot dérivé de pomo : fruit et pomme.

Les anciennes pommades étaient parfumées avec de la pulpe de pomme d’api.


  Pomme d'api : variété de pomme de petite taille de forme légèrement aplatie, dont un côté est rouge vif.    

Pommade : préparation onctueuse composée d’un corps gras et d’essence parfumée. Onguent médicinal (1611).

Les pommades n’ont pas toutes la même composition en fonction de la pathologie à soigner.

 


Quelques locutions :

  • ·         Coup de pommade ou jeter de la pommade (1878) : flatter – amadouer. Locution abandonnée au profit de ....

o   Passer de la pommade à quelqu’un (1893).

  • ·         Pommader (1581)          : enduire de pommader.
  • ·         Un pommadin                : garçon coiffeur (1859)  puis                                                        élégant ridicule (1872).
  • ·         Se pommader (1888)    : argot s’enivrer.
  • ·         Un pommadier (1878)  : coiffeur.
  • ·         Un pommadier (1903)  : mortier de pharmacien. 


Le pommadin après avoir, dans un pommadier, préparer une pommade, pommada un client tout en lui passant de la pommade.

Avec tout cet étalage de pommade, attention aux glissades !!!

Pour cette petite histoire autour d’un mot,

Je me suis aidée du

                   « Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

 

Louviers 1591 – une histoire rocambolesque – chapitre 3

 

 La geôle !


C’était une grande salle commune, avec de la paille sur le sol et un seau dans un coin.

Ce pouvait être aussi un petit espace individuel, avec une petite ouverture munie de barreaux et sans vitre, aux murs sales, au sol recouvert de paille changée peu souvent, sauf si le prisonnier payait pour avoir de la paille fraîche au moins tous les cinq jours. Un seau pour les besoins, vidé normalement tous les jours. Normalement !! Dans ce réduit, une forte odeur d’urine, d’excréments, d’humidité. Un lieu glacial en hiver, étouffant en été.

 

Le soleil d’août dardait ses rayons et malgré la chaleur suffocante, Françoise Fontaine hurlait, tapait du pied et des poings sur la porte et cela nuit et jour. Tout ce tapage résonnait dans les couloirs et empêchait les autres prisonniers de dormir. Ceux-ci d’ailleurs se révoltèrent. Le gardien lui-même menaça de démissionner. Il n’arrivait pas à maintenir l’ordre dans la prison.

Quant au prévôt, il était parti en service du roi et ne devait revenir qu’à la fin du mois d’août.

Aussitôt revenu, il fut averti des troubles provoqués par la prisonnière Fontaine.

Il ne fallait donc pas perdre de temps et régler cette affaire au plus vite afin que le calme revienne.

 

La jeune femme fut aussitôt sortie de prison et transportée au parquet, mais aussitôt arrivée, alors que l’interrogatoire venait de commencer, il se produisit des phénomènes des plus étranges.

Françoise Fontaine tomba sur le sol à plat dos, les bras étendus, la gorge enflée, les yeux exorbités. Puis son corps fut comme traîné en tous sens, balayant le sol, avant de s’élever à deux pieds de hauteur.

Le prévôt effrayé sortit de la salle du parquet et referma précipitamment la porte sur laquelle des coups violents étaient portés.

 

On alla quérir d’urgence le curé de Louviers (M. Belet), un médecin (L. du Roussel) qui était de confession protestante, un apothicaire et un barbier.

Ce fut donc en force que tout ce petit monde pénétra dans la salle d’audience.

 

Devant l’état de la femme, le médecin du Roussel diagnostiqua : « assurément, elle est possédée du malin esprit ».

 

L’apothicaire suggéra : « pour empêcher le sorcier de mal faire, il faut le battre avec un balai neuf de bois de bouleau. »

On frappa alors la prisonnière par-dessus ses vêtements et elle revint à elle, mais à la première question formulée, une nouvelle crise la prenait.

Le remède manquait d’efficacité durable.

 

Le curé Belet essaya l’exorcisme, commençant celui-ci  par une aspersion d’eau bénie. L’effet fut immédiat, la possédée revint à elle, disant : « Je suis lasse. »

Elle semblait n’avoir aucun souvenir de ce qui venait de se passer.

Le curé lui montra alors un crucifix. Aucune réaction, si ce ne fut qu’un léger soupir.

 

Le calme était-il enfin revenu ?

L’eau bénie et le crucifix avaient-ils effrayé le démon au point de l’expulser du corps de Françoise Fontaine ?

C’en était assez pour aujourd’hui, demain serait un autre jour et les interrogatoires reprendraient.

 

De retour dans sa geôle, la prisonnière s’endormit aussitôt, rompue de fatigue.