dimanche 17 mai 2015

PETIT GRIS VEUT VOIR LA VIE EN COULEUR



 

 Un renard qui passait par là, attiré par le poulailler, s’arrêta près de Petit-Gris toujours plongé dans ses réflexions.

« Bonjour ! » lança-t-il.
- Bonjour, répondit Petit-Gris d’une voix terne
- Cela n’a pas l’air d’aller ?
- Oui, je sais, répondit-il vivement, j’ai le teint gris. Ça, je le sais depuis longtemps !
- Oh là là ! En effet, ce n’est pas terrible. Que se passe-t-il ?

Petit-gris avait des sanglots dans la voix. Sa bonne humeur s’était assombrie tout comme le ciel qui roulait des nuages bien sombres tout à coup.

« J’aimerais avoir une autre couleur. Le gris n’est pas une couleur seyante. Le gris, c’est triste, terne, affreux !!!! Je ne veux plus être gris.
-      Réfléchis, gros bêta, répondit le renard qui comme tous ceux de sa race était futé,  si tu avais une couleur vive et éclatante, tu serais visible, trop visible et tu te ferais croquer par un de ces oiseaux que tu vois là-haut et qui guettent. De vrais voraces !  Ta couleur grise te met à l’abri de bien des soucis.
-      Ah ! fit Petit-Gris qui n’avait pas envisagé ce côté de la question.
-      Et puis, poursuivit, son ami, regarde le ciel !

Petit-Gris leva ses cornes. Dans le ciel s’amoncelaient des nuages gris, mais pas uniformément. Il y avait des gris-foncé, des gris-clair, des gris-moyen, des tas de nuances de gris.  Spectacle tourmenté aux pouvoirs apaisants. Que le ciel était beau !

« Tu vois, regarde bien tous les tons de gris se trouvent là. La couleur grise est une des plus belles couleurs ! »
 



Le petit escargot contemplait les nuages qui se poursuivaient, certains ourlés d’écume blanche, d’autres festonnés de gris plus soutenus.

Petit-Gris avait retrouvé le sourire. Il se pelotonna alors dans sa coquille et les rêves qu’il fit, cette nuit-là, se teintèrent de toutes les couleurs du monde parmi lesquelles le gris avait une place d’honneur.

  


Depuis ce jour, aucun quolibet ne le mit en colère. Il se contentait de répondre avec bonne humeur :
« Le gris fait partie des couleurs de la vie et avec ma coquille, je suis son ambassadeur ! »

Il ne connaissait pas vraiment le sens du dernier mot, mais il sonnait bien et semblait noble, alors, pourquoi pas ?






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