Maison à vendre rue « des belles dames »
5 mars 1773
« A vendre une très-grande
(sic) & belle maison, rue de la Grosse-Horloge, occupée par Mad. De
Planterose & M. Marye ; elle est composée de plusieurs corps de logis,
d’un grand nombre d’apartemens (sic), dont plusieurs lambrissés &
parquetés, avec chambranles de marbre, trois cours, caves & magasins
considérables, remises écuries : on y joindra deux autres petites Maisons
attenantes à celle-ci, sises rue des Belles-Femmes. On peut s’adresser dans
ladite Maison pour la voir ; & pour la vente, à MM. Vitecoq & le
Breton, Notaires. »
Rue des belles femmes ou rue Poitron :
On
trouve ce nom écrit de différentes manières : Poetron, Poitron, Poettron et
enfin Poiteron. Le mot « Poitron » en vieux langage, signifie
vieille femme, et était souvent employé comme un terme de mépris.
On
voit, dans un acte de tabellionage du 5 mars 1423, la rue des Belles-Femmes
désignée sous le nom de Poiteron, ce qui fait supposer une assimilation entre
les femmes qui habitaient ordinairement les deux quartiers. La rue Poitron est
indiquée, dans les plans de 1655 et de 1724, sous la dénomination de rue des
Capucins, à cause du couvent qui y avait une entrée, et dont le nom est resté
depuis à une rue voisine.
Un
acte de 1461, et un autre de 1526, font mention de la rue Achevée, dite rue de
Poiteron.
(Information
trouvée sur le site : Village de Croix de Pierre – Rouen)
Monsieur l’avocat a été volé !
5 mars 1773
« Le 25 du mois dernier, il a
été volé, sur les sept heures du matin, chez M. Petyst, Avocat du Roi au
Bailliage d’Amiens, 18 cuillers, 18 fourchettes, 5 cuillers à ragoût & une
à soupe, le tout en argent, & marqué de ses armes, qui sont un Pélican.
Ceux qui auront connoissance (sic) dudit vol, sont priés d’en donner avis à M.
Petyst, Avocat du Roi, à Amiens. »
Louis
Antoine Petyst (Petyt ou Petit), seigneur de Morcourt était Avocat du Roi au
bailliage d’Amiens. Il fut également maire de cette ville.
Fils
de Louis et de Marie Anne Magdeleine, né le 13 avril 1707, il reçut le baptême
le même jour à Amiens – paroisse de Saint-Rémy.
« Le treizième jour d’avril de
l’an mil sept cens sept fut baptizé Louis antoine fils de Louis Petit
conseiller avocat du roi au baillage et presidial d’Amiens et de Dame marie
anne Magdeleine né le même jour en legitime mariage. Son parrein antoine Petit
lieutenant à l’election d’Amiens. Sa marreine Demoiselle marie Magdeleine qui
ont signé cet acte en foi de ce que dessus. »
Il
se maria le 6 mai 1732, avec Marie Madeleine Marguerite Renouard. La cérémonie
fut célébrée à Amiens – Paroisse
Saint-Michel.
« Le six may 1732 après la
publication d’un ban dans la paroisse de St Remy pour le contractant et dans
cette paroisse pour la contractante sans opposition ny empêchement dispense
obtenue des deux autres de Monseigneur leveque en date du 4 des dits mois et an
de la ditte dispense duement insinuee et controllée les fiançailles celebrees
la veille, je soussigné vicaire de cette paroisse ay donne la benediction
nuptiale avec les solennites accoutumees a Maitre Louis antoine petyst
conseiller du Roy son avocat au baillage et siege presidial d’amiens agés de 24
ans ou environ fils des deffunts Maitre Louis Petyst conseiller du Roy
honoraire au baillage et siege presidial et de dame marie anne madeleine d’une
part et à Demoiselle marie madeleine Marguerite Renouard agee de 17 ans ou
environ fille de françois Renouard ecuyer seigneur de Domatre conseiller du Roy
et son avocat ancien au bureau des finances de la generalité d’Amiens et de
Dame Marie Marguerite Ricard d’autre part….. »
Louis
Antoine Petyst rendit son âme à Dieu, le 10 février 1777. La cérémonie eut lieu
dans la paroisse Saint Rémy, à Amiens.
« Le onze fevrier de l’an mil
sept cens soixante dix sept après l’office des morts trés solennellement chanté
pour le repos de l’ame de messire Louis antoine petist ecuyer conseiller du roy
et son avocat au baillage et siege presidial d’amiens maire de cette ville age
de soixante neuf ans decede le jour precedent son corps a été inhumé au
cimetiere de St Denis en presence de messire petist morcourt ecuyer ancien
capitaine au regiment de clermont Prince et de messire pierre françois dufresne
ecuyer seigneur de marcelcave villers, Bretonneux, …… »
En
raison de cette marque « pellican », peu de chance au voleur de
revendre son larcin sans être découvert aussitôt. Il ne lui restait plus qu’à
fondre le métal.
L’objet perdu fut-il retrouvé ?
5 mars 1773
« Il a été perdu Mardi 2 Mars,
depuis le Pont-de-l’Arche jusqu’au Vaudreuil, un Couteau de Chasse, garni en
argent, poignée noire à la Turque, avec le ceinturon de soie verte & des
portes-mousquetons d’acier : on prie ceux qui les auront trouvés, de les
remettre chez M. le Peton, Fourbisseur, vis-à-vis Notre-Dame, qui donnera
récompense. »
Je
n’ai pas résisté à vous soumettre cet article, fort banal en vérité.
Son
seul intérêt, pour moi en tout cas, est qu’il parle de Pont-de-L’arche et du
Vaudreuil, deux villes que je connais fort bien.
Fourbir,
se verbe signifie « nettoyer une arme en frottant ». L’expression
« fourbir ses armes » se disait pour « s’armer », « se
préparer au combat » et par extension « se préparer à affronter une
épreuve » (1850)
Un
fourbisseur (vers 1300) désigne l’artisan qui montait les armes blanches.
Allons
un peu plus loin avec ce mot…..
Fourbir,
dans un argot ancien (1223, forbir) a
signifié « voler ».
Et
alors, vous ne voyez pas où je veux en venir ? Un nom proche de « fourbir » ?
Eh
oui ! « FOURBE » qui désignait un malhonnête, un rusé, un
trompeur en 1643 et que nous retrouvons aussi dans « fourberies »
(tromperies) que Molière utilisa dans le titre d’une de ses pièces :
« les fourberies de Scapin ».
(Avec
l’aide du dictionnaire historique de la langue française – le Robert)
Histoire d’œufs !
16 avril 1773
« On écrit de Charroux le 16
du mois dernier, un fait singulier ; de deux œufs de pigeonne, couvés,
l’un est venu à bien ; l’autre à trois jours delà, n’ayant rien produit, a
été jetté (sic) comme mauvais. Quelqu’un par hazard (sic) y a fait
attention ; on y a trouvé un pigeon tout formé, prêt à éclore, ayant deux
têtes égales sur un seul cou. On le conserve dans de l’eau-de-vie. Ce fait
attesté par plusieurs personnes de considération, est d’autant plus
remarquable, que l’on s’est souvenu que la même pigeonne qui a fait plusieurs
autres couvées, n’a jamais fait qu’un pigeon à
chacune, & que l’on a chaque fois rejetté (sic), comme mauvais,
l’œuf qui tardoit à s’ouvrir. »
Amusant
non ? Mais était-ce réellement la même pigeonne, car a ce petit jeu on
peut vite se faire pigeonner !
Charroux
se trouve dans le département de l’Allier, à 30 kilomètres de Vichy.
Paix à son âme !
23 avril 1773
« Il est des hommes nés pour
l’étonnement, l’admiration & l’honneur de l’humanité. La patrie ne sent
jamais mieux ce qu’elle leur doit que par le vuide (sic) que leur perte y
laisse ; c’est ce qu’éprouve en particulier dans cette Province la Ville
& le Bailliage de Pont-Audemer ; on y perdit le 25 Août dernier dans
la personne de Messire Jean-Jacques Léonor le Grix, Seigneur de la Poterie,
Pontautou & autres lieux, un Magistrat respectable, & peut-être le plus
zélé Citoyens qu’elle eut jamais. On sçait (sic) avec quel desintéressement
(sic), quelle intégrité, quelle infatigable fermeté pour la justice & le
maintien du bon ordre, il exerça pendant 56 années, & jusqu'à (sic) la 86e
de sa vie, les charges réunies de Lieutenant-Général, Civil, Criminel et de
Police audit bailliage ; à quel point il eut constamment à cœur le bonheur
& les vrais intérêts de la Ville . On trouve consigné dans ses fastes
ce qu’il fit en 1725 ; il porta son zèle & son dévouement jusqu’à
exposer ses jours & prodiguer ses propres fonds pour la délivrer de
malheurs dont elle eût été indubitablement la victime, ainsi que tout le pays
qui l’environne. Il procura à cette contrée une abondance des grains, que l’on
n’eût osé prétendre dans l’année la plus féconde. Sa vigilance & ses soins
généreux qui l’en préservérent (sic), sont gravés dans tous les cœurs de ses
Concitoyens, ce qui est au-dessus de tous les éloges, & ce qui assure à sa
mémoire des regrets dignes d’exciter l’émulation & l’amour du bien public.
Cet Eloge vrai, est un peu tardif, mais il est toujours tems (sic) de rendre
justice à la vertu ».
Voici
l’acte d’inhumation de cet homme que j’ai découvert dans les registres de la
paroisse de Saint Ouen de Pont-Ardemer.
« Le mardi vingt cinq d’aoust
mil sep cent soixante douze, le corps de Messire Jean Jacques Leonord Le grix
ecuyer seigneur de la potterie et du pontautout conseiller du Roy lieutenant
general civil et criminel de la police du Bailliage de Pont Audemer Decede
d’hier age de quatre vingt six ans 4 mois a été inhumé dans l’eglise par nous
curé de Saint leger en Roumois soussigné presence de Sieur curé de cette
paroisse et d’autre temoins soussignés.»
Baptisé
le 23 avril 1684 à Pont Audemer, il épousa Elisabeth Jeanne de la Rue, le 7
décembre 1723 à Fourmetot dans l’Eure.
« Le septe jour de
decembre mil sept cens vingt trois nous urbain Robinet Docteur de Sorbonne
chanoine de l’eglise metropolitaine de Rouen et vicaire general du Diocèse …….
Après la publication du baon fait dans l’eglise paroissiale de St Ouen du Pont
Audemer du futur mariage de Messire Jean Jacques Eleonor le Grix seigneuir de
la Potterie Ponteautou conseiller du Roy Lieutenant general criminel et
lieutenant general de police au baillage de Rouen et maire de la Ville fils de
Messire jean Le Grix ecuyer de heurteauville aussi lieutenant general du lieu
et de Dame Philippe de Paz son épouse de la paroisse de St Ouen du Pont audemer
d’une part et de Damoiselle Elisabeth jeanne de la Rue fille de Monsieur
Jacques Estienne de la Rue Ecuyer Conseiller du Roy Maison et couronne de
France et de ses finances seigneur de fourmetot et de Dame Marie jeanne Langlet
son epouse de la paroisse de St Vincent de Rouen d’autre part …… »
Elle fut sauvée !
30 avril 1773
« On éprouve tous les jours
l’utilité de l’établissement formé par la Ville de Paris pour secourir les
noyés. Le 2 de ce mois, une femme étant tombée dans l’eau au Port S. Bernard,
elle fut retirée sans connoissance (sic), ne donnant aucun signe de vie. On lui
administra les secours prescrits pendant l’espace de 5 heures sans
interruption ; & ce ne fut qu’après les avoir répétés plusieurs fois
qu’on parvint à la rappeller (sic) à la vie. »
Une
ténacité de cinq heures qui s’est soldée par un succès.
Les
points d’eau ont été de tous temps une source d’accidents et de morts. Les
femmes lavaient le linge à la rivière et pour rattraper une pièce de linge
n’hésitaient pas à sauter dans l’eau. Il était de coutume d’aller puiser l’eau.
Un seau vide ne pèse rien, mais le remonter plein sur une berge de terre
mouillée, et c’est le dérapage.
Peu
de gens savait nager ou nageait très mal, aussi un courant un peu fort ajouté à
la panique et voilà le corps happé par les flots. Les corps n’étaient pas
toujours repêchés aussitôt, entrainés qu’ils étaient par le courant, mais souvent
plusieurs jours après, bien loin de leur point de chute.
« Au XVIIIème
siècle, Paris compte jusqu’à 18 ports dont le port aux vins de Saint-Bernard,
l’île Louviers où l’on s’approvisionne en bois de chauffage en hiver, les ports
au foin et au blé ou encore, en aval du port de la grève situé au cœur de la
ville, le port Saint-Nicolas. »
(extrait du Petit futé
– paris Ile de France)
Aujourd’hui,
le port Saint- Bernard est une voie d’eau située le long de la Seine dans le Vème
arrondissement de Paris. Ce lieu chargé d’histoire est devenu un espace de
promenade, avec ses jardins verdoyants où sont exposées des sculptures
contemporaines en plein air. Parfait
pour associer pique-nique et culture.
Dame Hesnard n’est plus !
7 mai 1773
« Dame Marie-Madeleine
Hesnard, veuve de Messire François-Joseph Dandaine-de-Quiévreville, Chevalier
de l’Ordre Royal & Militaire de S. Louis, ancien Capitaine de Régiment de
la Marche, & pensionnaire de Sa Majesté, est décédée à Buchy le deux de ce
mois, âgée de 88 ans. »
Voici
donc ce que révèle l’acte d’inhumation du deux mai 1773 à Buchy :
« Le Dimanche second jour de
may le corps de Damoiselle marie madeleine henard originaire de St amand de
Rouen veuve de Messire françois joseph Dandasne – écuyer sieur de quevreville
chevalier de l’ordre Royal et militaire de St Louis dédécée le dit jour agée
d’environ quatre vingt sept ans munie des sacrements de pénitence,
d’Eucharistie et d’ectreme onction, a été inhumée dans la chapelle de St
Nicolas de l’Eglise de Buchy par Monsieur le curé dudit Buchy en présence de M.
adrien Dedun demeurant à Rouen, de louis Abraham ferant, de françois Bibars
tous de dudit Buchy, de Monsieur le curé de Beaumont, de Monsieur le curé de
Boscroger et d’autres soussignés »
Cette
dame s’était unie en mariage en 1748, mais je n’ai pu retrouver dans quelle
paroisse. Mais voici, ci-dessous, les bans publiés dans la paroisse de Sainte-Croix-Saint-Ouen
à Rouen en date du 26 mai 1748.
« Le Dimanche vingt sixième
jour de may mil sept cent quarante huit ont Requis par Ecrit pour premiere et
derniere publication ayant de soin de la présente a monseigneur Larchevesque
pour obtenir la dispense des deux autres bans de future mariage messire joseph
Daudasne fils de feu Eustache Daudasne et de feüe dale marguerite Lepiqué ses
père et mere de la paroisse de St Nicaise d’une part et de Damoiselle marie
madeleine hesnard et de feue Damoiselle marie hesnard ses père et mere de cette
paroisse. »
Une ménagerie à visiter
4 juin 1773
« La Ménagerie du sieur Soldi
vient ensuite (sic) ; l’animal apellé (sic) Morvant de la Chine (sic),
dont le poil est de diverses couleurs ; le Belier d’Islande, à 3 cornes,
dont la laine a un pied de longueur : l’Electrice d’Orient, armé d’une
multitude de dards de diverses couleurs, d’un pied de long, dont le bout est si
pointu qu’on ne peut le toucher sans risquer de se blesser ; enfin un
Vautour de 3 pieds de haut, 10 de large, ailes déployées, se fait remarquer par
sa taille, & surtout par son air de férocité, quoique très-doux (sic) avec
son Maître ; tous ces animaux & autres dont nous ne parlons pas,
méritent être vus. Ils sont à la Loge de la petite Boucherie. »
Le
morvant de la Chine :
Bélier
ou bouc à longs sabots, selon la
définition de Monsieur de Buffon.
Le
Bélier d’Islande :
Explication de Monsieur de Buffon
« Le bélier d’Islande
ressemble à nos béliers par la forme du corps & de la tête ; il n’en
diffère que par le nombre des cornes, à
la longueur de la queue & par la qualité de sa laine. Le bélier
d’Islande qui a servi de sujet pour
cette description, avoit trois longues cornes placées, une de chaque côté du
front & la troisième entre les deux autres ; les deux cornes latérales
étoient recourbées en bas & en dedans a peu près comme celle de nos
béliers ; la corne du milieu étoit dirigée en haut au sortir du front, sur
la longueur de deux pouces & plus loin elle se courboit à gauche jusqu’à
son extrémité…..
Electrice
d’Orient :
Rien
sur ce que je pense être un insecte, mais sans certitude aucune.
L’almanach
des forains de 1773 nous apprend, concernant le sieur Soldi :
« Directeur d'une ménagerie, il
montrait des animaux à la foire Saint-Germain de 1774 et entre autres un buffle
à une corne, des génisses jumelles attachées ensemble, un singe de cinq pieds,
un cheval n'ayant que trois jambes, deux chiens jumeaux dont l'un n'avait que
deux pattes et l'autre six, et un bélier sachant compter et connaissant la
valeur des monnaies. »
Je
pense que le pigeon a deux têtes, vu précédemment, aurait eu sa place dans
cette ménagerie.
Et le mort ressuscita devant le curé …..
4 juin 1773
« Un particulier voyageoit il
y a quelques mois dans une auberge. Le lendemain de son arrivée, il y fut
trouvé sans connoissance (sic), roide (sic) et froid, en un mot dans un état
que ne permettoit pas de douter qu’il ne fût mort. Le Curé du lieu averti de
cet événement, se transporta à l’auberge & y fit venir un Notaire pour
procéder à l’inventaire des effets de ce voyageur. On trouva dans son
porte-manteau cent louis en or que ce Notaire mit en dépôt dans les mains du
Curé. Celui-ci crut ne pouvoir en faire meilleur usage qu’en employant cette
somme pour les funérailles de cet inconnu ; il lui fit préparer un
magnifique enterrement, auquel il invita tous les Curés & prêtres des
Paroisses voisines ; il fit acheter tout ce qu’il trouva de cierges ;
& comme il étoit juste de ne pas renvoyer à jeun le nombreux cortège, il
eut soin de se munir des choses nécessaires pour un rafraîchissement
complet : toutes choses ainsi bien préparées, & le moment venu de
procéder à l’inhumation, le prétendu mort s’avisa de donner des signes de vie,
& de demander son porte-manteau. On alla en prévenir le Curé qui tout
étourdi de ce fâcheux contre-tems (sic), vint trouver le ressuscité, lui
raconta tout ce qui s’étoit passé. Cet homme peu reconnoissant (sic) de
l’honneur que le Curé vouloit faire à sa mémoire, & peu curieux du festin
qui étoit préparé, redemanda son argent. Le Curé lui dit qu’il avoit été
employé pour lui, & qu’il ne pouvait le rendre ; il employa même
inutilement ce qu’il sçavoit de Réthorique(sic) pour le persuader. Cette
aventure a excité un procès, & l’on attend sur cet objet la décision du
Conseil Supérieur de Clermont-Ferrand. »
Que
peut-on ajouter de plus ? Cet homme a failli, de son vivant, avoir le plus
bel et le plus festif de tous les enterrements.
Si
je trouve au fil des pages des jours qui vont suivre la décision du Conseil
Supérieur de Clermont-Ferrand, je ne manquerai pas de vous en faire part.
Ayons,
toutefois, une petite pensée pour ce curé qui a cru bien faire en utilisant
tout l’argent pour le défunt.
Fausse monnaie
4 juin 1773
« Il circule à Londres une
grande quantité de fausses guinées, qu’on dit avoit été aportées de
Hollande ; elles sont de bon or, mais elles pesent (sic) trois schellings
de moins que les vraies. La principale marque à laquelle on les reconnoit,
c’est que dans le mot « Georgius », elles portent un V consonne au
lieu d’un U voyelle. Il est important pour les commerçants du Boulonnois &
des Provinces où ces espéces (sic) se reçoivent & se recueillent, d’en être
prévenus, & d’y faire la plus grande attention. »
Des
fausses pièces que l’on peut reconnaitre très facile car manquant de
perfection.
Rien
sur l’arrestation des faussaires, mais attendons un peu….
La mère et les triplets se portent bien
4 juin 1773
« La femme d’un jardinier du
village de Vochendorff nourrit elle-même trois garçons jumeaux dont elle est
accouchée au mois d’Octobre dernier. Quoiqu’elle soit d’une foible (sic)
complexion, ses trois fils se portent aussi bien que si chacun d’eux étoit seul
allaité par la mere (sic). Ils ont entr’eux (sic) une ressemblance si parfaite,
que leur mere (sic), pour les distinguer, est obligée de les enveloper (sic) de
bandes de diverses couleurs. »
Les
grossesses multiples étaient courantes, mais généralement les bébés ne
survivaient pas.
Cette
famille vivait, plus sûrement, dans la ville de Wachendorf, ville d’Allemagne
dans l’état de Baden Wurttemberg
Un jugement digne de Salomon
11 juin 1773
« Anecdote turque.
Trois frères s’étoient associés
pour le commerce ; ils avoient une caisse commune dans laquelle ils
déposoient le fruit de leur industrie, & d’où ils tiroient les sommes dont ils pouvoient avoir besoin.
Ils étoient convenus de les remplacer à mesure, ou de s’en tenir compte respectivement.
Un jour il se trouva dans la caisse
un vuide (sic) considérable d’environ soixante mille sequins. Aucun d’eux
n’avoua la dette. L’affaire fut portée devant le Visir (sic), lequel, après
avoir entendu les parties, remit la décision à quelques jours de-là. Il
attendit que les trois frères fussent prêts à sortir de la salle
d’Audience : alors il les apella (sic), & leur fit plusieurs questions
sur les circonstances de leur démêlé, après quoi il les renvoya.
A peine étoient-ils au bas de
l’escalier, qu’il les fit remonter pour les interroger sur d’autres articles.
Arrivés à la porte de son Hôtel, ils reçoivent l’ordre de rentrer. Autres
questions, autres réponses. Ils sortent encore, & reviennent après avoir
fait quelques pas dans la rue, pour contenter les nouveaux scrupules du Visir
(sic). Ces allées et venues furent répétées jusqu’à dix ou douze fois.
A la dernière, le Visir (sic) leur
déclara nettement que leur affaire étoit suffisamment instruite, & qu’il
alloit la juger sur le champ. C’est vous, dit-il au plus jeune, en le regardant
d’un air sévère, c’est vous qui êtes coupable, & voici, sur quoi je me
fonde. Vous avez toujours été le dernier à rentrer d’un air triste, & le
premier à sortir d’un air satisfait. Ainsi payez, ou craignez ma justice. »
Quelle
observation ! Une bien belle histoire que je souhaitais vous faire
partager.
Une rupture de bail peu conventionnelle
25 juin 1773
« Un Particulier d’Alençon
occupoit une Maison attenante à celle où logeoit le Propriétaire qui la lui
avoit louée. Il vouloit la quitter, & le Bail qu’il avoit passé y mettait
obstacle. Un simple mur qui séparoit les caves des deux maisons, lui fournit le
moyen de réussir ? On entendoit aisément de l’une à l’autre le moindre
bruit qui s’y faisoit ; un jour que le Propriétaire étoit dans celle de sa
maison, le locataire descendit dans la sienne, donna quelques coups de pioche
& se mit à compter de l’argent. Le bruit frapa (sic) le Propriétaire, il
s’imagina qu’il y avoit un Trésor ; & bientôt après il demanda lui-même
la résiliation du bail. Le Locataire s’y oposa (sic) d’abord vivement ;
& enfin moyennant un dédommagement il consentit de sortir. A peine eut-il
achevé de déménager que le Propriétaire pensa à s’aproprier (sic) le prétendu
Tresor (sic) ; mais comme le vulgaire croit qu’il y a des esprits chargés
de garder les Trésors cachés, avant que de fouiller, il engagea un Prêtre de
faire des exorcismes dans la cave. La cérémonie achevée, il se mit à
travailler, ses peines furent perdues ; & les rieurs n’ont pas été de
son côté lorsque l’affaire s’est divulguée. »
Une
aventure fort amusante qui pourrait avoir comme morale : « Tel est
pris qui croyait prendre ».
Il
faut avouer que le locataire avait beaucoup d’imagination, une imagination un
peu tordue, il faut bien l’avouer.
Si
je devais réécrire ce texte, je commencerai par….
Il
était une fois (un bon début n’est-ce pas ?) dans la bonne ville
d’Alençon, un propriétaire qui ne voulait pas rompre le bail de son locataire.
Celui-ci en prit ombrage, pensez-donc, au point qu’il pensa à une machination
des plus diaboliques.
Le
locataire qui occupait une maison
mitoyenne à celle de son propriétaire, un homme avare, s’était aperçu que
l’on percevait tout au travers le mur de la cave. Une aubaine pour lui
lorsqu’il échafauda sa stratégie.
Profitant
que son propriétaire se trouvait dans sa cave, le locataire descendit dans la
sienne. Armé d’une pioche, de toutes ses
forces, il creusa le sol, ne s’arrêtant
que pour constater qu’il était bien écouté.
Dans
sa cave, le propriétaire écoutait l’oreille collée contre le mur de séparation.
« Sacre
bleu, se disait-il, mais que fait cet animal ? Il serait bien capable
de démolir ma maison !»
Et
voilà notre avaricieux soucieux de devoir dépenser pour quelques réparations.
Soudain,
les coups de pioches cessèrent. L’homme retint son souffle. Ne traînait-on pas
quelque chose à présent ? Ce fut alors qu’il entendit une énumération
allant crescendo :
« Un,
deux, trois ………. Vingt…. Trente …… quarante …..»
Dans
l’esprit de cet homme, cela ne pouvait être que l’inventaire d’un nombre de
pièces. Et le nombre grimpait, grimpait ……. Il se reprocha alors de ne pas
avoir accepté de rompre le bail, mais ce n’était peut-être pas trop tard. Il
devait rattraper le coup !
Le
lendemain, le propriétaire alla cogner à la porte de son locataire qui fit mine
d’être très surpris de cette visite.
Avec
force courtoisies maniérées, le propriétaire déclara qu’il regrettait son
mouvement d’humeur et était près, à présent, à résilier le bail.
« Que
nenni ! répondit le locataire. Je préfère rester. »
Voilà
qui ne faisait pas l’affaire du propriétaire qui minauda davantage devant son
locataire, de plus en plus réticent. L‘affaire était dans une impasse, il
fallait au propriétaire trouver à en sortir.
Il
pensa alors proposer de l’argent pour que l’homme déguerpisse, mais cette idée
lui donnait des démangeaisons.
« A
la guerre comme à la guerre, la fin justifie les moyens, allons-y »,
pensa-t-il, avant de proposer une somme, la plus basse possible. Celle-ci, vous
vous en doutez, ne parut pas suffisante au locataire qui souhaitait faire
monter les enchères. La somme monta, monta, monta ….. à en rendre malade notre
grippe-sou qui se rassurait en pensant que le trésor lui rapporterait beaucoup
plus.
« Marché
conclut, tapons-là ! » dit enfin le locataire, au grand soulagement
du propriétaire qui put enfin récupérer son logement.
Oui
mais, notre homme était superstitieux. Il croyait aux démons, et ceux-ci ne
gardaient-ils pas les trésors, justement pour éviter qu’ils ne soient dérobés.
Il ne fallait pas qu’il attrapât un mauvais sort.
Aussitôt,
il se rendit à l’église de sa paroisse pour expliquer à Monsieur le Curé qu’il
avait entendu des bruits étranges et qu’il souhaitait qu’il exorcisât la maison
de la cave au grenier. Il paierait, pas de problème, pour le dérangement et
pour les services de son ministère. Le curé se déplaça donc en grande pompe
avec crucifix, eau bénite et enfants de chœur. Incantations et bénédictions achevées, le
propriétaire, enfin maître des lieux, se mit en quête du fabuleux trésor. Mais
de trésor, point du tout ! Il eut beau creuser le sol de la cave, fouiller
le moindre recoin de la demeure, il ne découvrit rien. Mais alors, rien du
tout !
Le
coquin ne se serait-il pas moqué de lui ?
L’idée
lui effleura l’esprit avant de s’y incruster. Il avait été abusé par son gredin
de locataire.
Cette
affaire aurait pu s’arrêter là. Un propriétaire honteux d’avoir été dupé par un
malfrat inqualifiable et malade à en mourir d’avoir dépensé autant d’argent,
inutilement. Un locataire heureux d’avoir, aussi facilement, gagné un bon
paquet d’argent grâce à une bonne farce. Mais, ce dernier content de son succès
alla raconter, confidentiellement, son affaire à une bonne-dame de confiance
qui, bien évidemment garderait le secret…… Il avait bien choisi la personne,
car celle-ci s’empressa d’aller chuchoter à l’oreille de tout le voisinage la
duperie.
Le
propriétaire s’en trouva tout mortifié et dû garder le lit pendant plusieurs
jours en raison d’une fièvre éruptive, se reprochant entre deux grelottements,
sa cupidité.
Dans
cette bonne ville d’Alençon, on parla longtemps, très longtemps, de cet
évènement et bien entendu, chacun y ajoutait un petit quelque chose, comme il
était de coutume de le faire.
Proche
et loin de la vérité avec cette narration de mon cru, j’aurais aimé, pour
l’animer un peu plus, ajouter les noms des deux protagonistes dont parle
l’article. Etaient-ils mariés ?
Si
oui, la raison de la résiliation du bail aurait pu être des différents entre
femme-locataire et femme-propriétaire.
Et
puis, j’aurais pu vous conter les réflexions aigres-douces de l’épouse du
propriétaire qui en plus d’avoir vu s’envoler l’argent, devait en plus,
supporter les lamentations de son époux avant, pendant et après lui avoir fait
absorber ses remèdes…….
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