Un incendie à Noël
1er janvier 1733
« La nuit du 25 au 26
Décembre, ainsi que nous l’avons dit dans notre précédente feuille, le feu prit
en cette Ville par l’imprudence d’une fille, qui monta du feu dans sa chambre
où elle couchoit avec un jeune enfant d’environ trois ans ; à la vue des
flammes, elle perdit la tête & ne pensa qu’à se sauver ; l’innocent
sortit de son lit & se réfugia dans un coin où on l’a trouvé étouffé. Au
premier avis du feu on battit la générale, le Béfroy (sic) sonna, les Officiers
& Soldats du Régiment Dauphin, qui sont ici en Garnison, s’y portèrent.
Mgr. l’Intendant, M. le Procureur Général, & nombre de personnes notables y
arrivérent (sic) aussi-tôt (sic), donnérent (sic) des ordres si à propos &
encouragérent (sic) tellement chacun, que cet incendie qui menaçait tout le
quartier, fut arrêté vers les cinq heures du matin. Il n’y a eu que deux ou
trois étages brûlés, un grenier de foin & quelques autres dommages.
Il faut avouer que l’on doit
beaucoup à MM. Les Officiers & aux Soldats, qui furent presque seuls
pendant plusieurs heures : on eût dit que chacun travailloit à sauver son
bien. Cet engourdissement de la part de nombre de citoyens, vient d’une cause,
la taire seroit un mal. Dans nombre d’occasions semblables, une foule de
bourgeois, après avoir travaillé long-tems (sic) & être mouillés jusqu’aux
os voulant se retirer pour changer, ont reçu de mauvais traitemens (sic) ;
car les supérieurs ne peuvent être partout ; un très-grand (sic) nombre
craignant pareil sort, se tient chez soi, & on laisse brûler tranquillement
la maison & le bien de ceux que le feu dévore. Notre intention ne fut
jamais de blesser ; mais si contre notre attente, il se trouvoit un seul
homme qui blâmât l’hommage que nous
rendons à la vérité, & dont nous avons été témoins plus d’une fois, nous
lui demandons la permission de lui observer, qu’il peut se trouver, ou de ses
plus proches, dans le cas d’avoir besoin de secours ; que dans une
multitude d’hommes, il ne s’en trouve souvent pas deux capables d’un coup
décisif, qui pût sauver ce qu’il auroit de plus cher : un exemple prouvera
mieux que des raisons. Il y a nombre d’années que le feu prit à une Communauté
de Filles en cette Ville ; les
flammes en peu de tems (sic) embrasérent (sic)
tous les apartemens (sic) ; on sauva les Religieuses, excepté une
qui, pour retarder sa perte, gagna le dernier étage, & là par une fenêtre
imploroit les secours d’une multitude de personnes de tous états, qui formoient
pour elle des vœux, qui dans un instant alloient devenir inutiles, personne
n’osant lui porter secours, le feu entourant tout l’édifice. Un homme trop peu
connu, la voit, demande des échelles, les attachent les unes aux autres, les
plante debout, tenues seulement par nombre d’hommes, se recommande à Dieu,
monte avec un courage déterminé, & reçoit sur ses épaules l’infortunée qui
alloit dans un instant être dévorée par le feu : cela eût arrivé, si ce
bon Citoyen, molesté dans quelqu’autre (sic) occasion, eût resté chez lui. Nous
le répétons, il est bien peu de gens capables d’envisager de près la mort, de
l’affronter de sans froid & de réussir. Dans la circonstance qui donne lieu
à cette juste réfléxion, il a régné cette douceur & cette aménité qui
subjugue l’homme de tout état. Aussi M. l’Intendant donna-t-il à la Troupe des
preuves de satisfaction, en leur faisant distribuer largement de l’eau-de-vie. »
Le
dernier journal de décembre 1772 est manquant dans les archives en ligne. Je ne
peux donc pas vous soumettre l’article
de la dernière feuille de 1771. Aucune mention sur le lieu où s’est produit le
drame, donc impossible de trouver, parmi toutes les paroisses de Rouen, dans
laquelle l’enfant a été inhumé. Sans
cette information je ne peux vous donner le nom de la petite victime.
Cet
article est un bel appel à la solidarité et à l’entraide. Fut-il entendu ?
8 janvier 1773
C’est par oubli de notre part,
qu’en parlant de l’incendie du 25 au 26 Décembre, nous n’avons point fait
mention de Messieurs de Ville ; mais comme ils sont toujours les premiers à
secourir leurs Concitoyens dans ces malheureux instans (sic), & à donner
les ordres nécessaires pour le service des pompes, nous avons pensé qu’ils
étoient compris dans l’expression de nombre de Personnes Notables, dont nous
nous sommes servis ; ce fut même avec un des Echevins que M. l’Intendant
concerta l’ordre de distribuer de l’eau-de-vie aux Soldats qui avoient
travaillé ; cette eau-de-vie, ainsi que la gratification & bois donné
pour réchauffer la Troupe, ont été payés par l’Hôtel-de-Ville, dont la plus
grande partie des Officiers passérent (sic) la nuit à l’incendie : outre
le motif dont nous avons parlé dans notre Annonce du premier Janvier,
l’activité du peuple qui avoit passé une partie de la nuit précédente, veille
de Noël, se trouva un peu rallentie (sic) par le sommeil et le froid
rigoureux ; les Paroisses éloignées de l’incendie où demeurent la plus
grande partie des Ouvriers, propres à donner du secours, ne sonnérent (sic)
même pas. Malgré ce petit inconvénient & un tuyau de pompe qui creva, parce
qu’il se trouva tors, les secours se trouvérent (sic) donnés si à propos, que
la perte a été très-peu (sic) considérable.
Tout
est bien qui finit bien, sauf pour le jeune enfant, mais à cette époque, la vie
d’un enfant avait peu d’importante. Ne disait-on pas : « Cela fera un
malheureux de moins ! »
Un habile guérisseur ou un charlatan ?….
15 janvier 1773
« Le nommé François de Caux,
demeurant en cette Villes, rue des Mioimes, paroisse Saint Godard, guérit les
vapeurs, l’esprit fût-il perdu depuis nombre d’années. Nous avons lu plusieurs
Certificats dont il est porteur, de personnes à nous bien connues, &
incapables d’en imposer : la derniére (sic) personne qu’il a traitée avoit
perdu la tête depuis 10 ans ; voilà des faits, & un bien réel pour
l’humanité : car il doit en coûter gros aux ames (sic) sensibles pour
renfermer des parens (sic) à qui souvent ils doivent beaucoup, &
quelquefois tout. »
Je
suppose qu’il s’agit de la « rue des Moines » ou « rue aux
Moines », mais aucune rue de ce nom répertoriée à Rouen à cette époque. Alors ?
Mais,
concernant François de Caux, il devait posséder des pouvoirs surnaturels pour
soigner une personne ayant perdu la tête depuis dix ans !!! Dommage qu’il
ait emporté ses secrets avec lui !
Rappelons toutefois qu’à cette époque
l’alcoolisme provoquait folies et morts prématurées. Il suffisait donc parfois
de sevrer une personne dite « aliénée », pendant un certain temps
pour qu’elle retrouve esprit et dignité !
La fin de nombreux centenaires….
29 janvier 1773
Noms de personnes mortes à l’âge de
plus de 100 ans, vers la fin de 1771, & pendant l’année 1772.
En 1771, le 8 Novembre à Morlas en
Bearn, Jacques Garos Laboureur, natif du lieu, âgé de 109 ans. Il avoit à sa
mort, autour de son lit, 70 fils et filles, petits-fils &
arriéres-petits-fils (sic), tous en état de travailler. Voilà un héros de la
population. Le 15 Janvier 1772, sa femme en quatriéme (sic) nôces (sic), mourut
dans le même lieu, âgée de 107 ans & quelque mois (sic).
Même mois de Novembre 1771, à la
Haye, Salomon Emmanuel, Juif, né en Moravie, âgé de 104 ans & 10 mois,
laissant 67 petits-enfans (sic) ou arriére-petit-fis (sic).
En Novembre 1771, à Tarrach, dans
la haute Styrie, Georges Strolsmayer, âgé de 112 ans.
Le 26 Décembre 1771, à Longwy en
Lorraine, M. de la Croix, ancien Colonel de Cavalerie qui s’étoit distingué
dans les derniéres (sic) Guerres de Louis XIV.
J’aime
beaucoup ces articles parlant des centenaires, cela me permet de pouvoir
« fouiller » dans le passé de ces défunts fort âgés, pour vous les
présenter.
Jacques
Garos vivait à Morlaas en Béarn. J’ai bien eu du mal à trouver son acte d’inhumation
car, en fait, il se nommait Jacques Manaut dit Garos.
L’an 1771 le 12 septembre deceda au
sein de l’Eglise catholique Jacques manaut agé de cent deux ans son corps a été
inhumé avec les ceremonies ordinaires dans le cimetiere de l’eglise Ste foi en
presence de Jean Castera et pierre Labat qui ont signé avec nous.
Il
avait épousé le 7 février 1708 à Morlaas – paroisse de Ste Foy – Jeanne de Thil
ou Jeanne Casenave dite Osilh qui décéda le 15 janvier 1772, mais cette femme
n’avait pas 107 ans, mais quatre-vingt ans. Aucun défunte de 107 ans, en 1772,
dans cette paroisse.
L’an 1772 le quinze janvier deceda
dans le sein de l’eglise catholique, jeanne casenave agée d’Environ quatre
vingt ans son corps a été inhumé avec les ceremonies ordinaires dans le
cimetiere de l’Eglise Ste foy en presance de jean Castera et Pierre Labat qui
ont signé avec nous
Jacques
Manaut aurait eu trois épouses avant Jeanne Casenave, mais je n’ai rien trouvé
concernant ses trois mariages précédents.
M.
de la Croix avait pour prénom Jean-Baptiste. Longwy en Meurthe et
Moselle :
Le vingt six decembre mil sept cent
soixante et onze est decede muni des sacrement de la Ste Eglise et le vingt
sept a été inhumé Dans Le Cimetiere de cette Paroisse Messire Jean Baptiste de
la Croix vivant Chevalier de l’ordre Royal et Militaire de St Louis Ancien Lieutenant
Colonel de Cavalerie et Commandant des Lignes agé D’Environ cent ans ce que je
certifie Veritable avec les temoins soussignés
Signatures : Fressinet cure de
Longwy – L. Pinal vicaire
Rien
d’autre sur cet homme. Pas d’épouse, pas d’enfants….. une vie sous les drapeaux
au service de la France.
Une mission bien spéciale
5 février 1773
« On écrit de Vienne. Que deux
paysans, chargés, par leur village, d’une requête pour l’Empereur, y arrivérent
(sic) il y a quelques temps (sic), &, sur l’instruction qu’on leur avoit
donnée de se poster tout près des écuries, où ce Prince viendroit
infailliblement, ils y coururent avec empressement. Au même instant qu’ils
arrivent, S. M I passe ; mais ne le connoissant pas, « N’est-ce-pas
ici, lui demandérent-ils (sic) le prenant pour quelqu’un de sa suite, que
l’Empereur doit venir ? » « Oui, que lui
voulez-vous ? » »Nous avons une requête à lui présenter ».
L’Empereur la prend, & leur promet d’en parler à l’Empereur ; ce
prince entre dans une chambre, écrit quelques mots sur la requête, &
revient ensuite la rendre aux paysans, en leur expliquant où ils doivent la
porter à présent. Les paysans, pleins de reconnoissance, lui font mille
remerciments (sic) & tirent deux piéces (sic) de dix-sept creutzers
(environs 30 sols) de leur poche, en le priant de les accepter. L’Empereur les
prend, & va sur le champ trouver l’Impératrice sa mere (sic), lui raconte
son aventure, lui offrant de partager avec elle le présent qu’il a reçu, en lui
disant : « Votre Majesté voit qu’il n’y a si petit emploi qui ne
raporte (sic) quelque chose, lorsqu’on sçait (sic) l’exercer comme il faut.»
Joseph
II, fils de François de Lorraine et Marie-Thérèse d’Autriche, était l’empereur
d’Autriche en 1772. Il exerçait cette charge depuis le décès de son père en
1765.
Il
avait épousé en 1760, Isabelle de Bourbon-Parme, une des petites-filles de
Louis XV.
Né
à Vienne le 13 mars 1741, il décéda dans cette ville, le 20 février 1790.
Qui
étaient ces deux paysans ? L’article ne mentionne pas leur nom ni celui du
village d’où ils venaient.
Quelle
était leur requête ? Moins d’impôts ? Peut-être. Des fonds pour la
réparation d’une route afin d’accéder plus facilement aux villes alentour pour
effectuer leurs négoces ? Ce genre de requête était fréquent. Les routes
et chemins étant réparés avec des cailloux et de la terre, la moindre pluie
torrentielle les ruinait aussitôt.
Les
deux paysans ont-ils eu gain de cause ? Aucun article dans les jours qui
suivirent ne le confirma.
Et
puis, ont-ils su qu’ils avaient donné un pourboire au monarque ? Si oui,
je suppose qu’ils ont eu la honte de leur vie !
Mais oui, les coqs pondent !
12 février 1773
« Les Physiciens qui ont fait
de grandes recherches, & soutiennent que le Coq ne pond jamais & ne
peut pondre, n’ont pas plus de connoissance (sic) que le vulgaire, qui dit,
qu’il y a un serpent dans cet œuf ; & moi je parle avec certitude pour
avoir eu un Coq qui a pondu 5 à 6 œufs au moins en différens tems (sic) ;
ce n’étoit point l’œuf d’une Poule comme le prétendent MM. Les Physiciens, mais
bien ceux d’un Coq ; je les ai fait cuire autant de fois qu’il en a donné,
& les ai mangés ; après les avoir ouverts, je n’y ai point touvé de
poullette (sic), à la vérité, & encore moins de serpent, comme le dit le
vulgaire ; je ne leur ai point trouvé de goût différent des autres, je
n’en suis pas mort, ni même été malade, il y a plus de 25 ans.
J’ai retiré moi-même ces œufs
du nid pendant que le coq y étoit,
j’étois certain qu’il n’y en avoit point avant ; ils étoient de la
grosseur de l’œuf de Pigeon ; il est bon d’observer que ce n’étoit point
un jeune Coq, qu’il avoit au moins 5 à 6 ans. »
26 février 1773
« Réponse d’un Citoyen de
Rouen à la question de Œufs de Coq, insérée en la Feuille Hebdomadaire du 29
Janvier 1773.
Je conviens avec M. de Buffon qu’il
y a dans le peuple quantité de préjugés ; mais on ne peut pas en induire
que le vulgaire se trompe toujours : l’expérience sert quelquefois de base
à son opinion.
Je n’assurerai point que le Coq
donne des œufs ; mais seulement qu’ayant passé à la Campagne la majeure
partie de mon enfance, j’ai plusieurs fois trouvé dans la basse-cour un petit
œuf, que les Paysans m’ont toujours assuré être un œuf de Coq. Ce n’étoit
certainement point un œuf de jeune Poule ; la différence en étoit
remarquable, en ce que ce prétendu œuf de Coq, un peu plus gros qu’un œuf de
Pigeon, étoit rond en toutes ses parties, au lieu que ceux des Poules ne le
sont point. A l’âge de 12 ou 14 ans, j’en trouvai un dans un tas de fumier
devant les écuries. J’imaginai bien que cet œuf devoit être pourri ; la
curiosité me porta à le casser, & je fus bien surpris, ainsi que d’autres
jeunes gens qui étoient avec moi, d’en voir sortir un petit serpent vivant,
long d’environ deux pouces & demi, & gros à proportion, ayant la tête
une fois plus grosse que le corps, les yeux bien formés, & qui seroit
probablement sorti de la coque dans peu de jours, si on eût conservé cet œuf
dans une chaleur modérée, pareillement à celle du fumier où il s’étoit trouvé
envelopé (sic). Je ne suis pas Naturaliste, & d’ailleurs l’âge qui j’avois
dans ce tems-là (sic) ne me permettoit pas de chercher à aprofondir (sic) ce
phénoméne (sic). Toujours est-il que c’est un fait que je puis assurer pour
l’avoir vû (sic), & sans être ami du merveilleux. »
Voilà
un débat fort intéressant !
Ce
« siècle des lumières » avait encore bien besoin d’être
éclairé !
Occupez-vous de vos oignons !
12 février 1773
« Un homme & une femme des
environs de Nogent-le-Rotrou, ayant été mordu par un chien enragé, tombérent
(sic) dans la plus cruelle hydrophobie ; peu de tems (sic) après, ils
eurent un bon intervalle, ils se doutérent (sic) qu’on alloit les lier, &
pour s’y soustraire, ils allérent (sic) se cacher dans un grenier où il y avoit
un tas d’oignons sur lequel ils se couchérent (sic) : quelque-tems (sic)
après un nouvel accès de rage les prit, & soit besoin, indication de la
nature ou fureur, ils se mirent à manger Les oignons. Ce légume mangé par
hasard leur procura une guérison entiére (sic), & ils jouissent depuis d’une
parfaite santé. »
L’oignon
est riche en potassium, iode, fluor, fer… et en vitamines A, B et C.
Il réduit le cholestérol, et, en cas d’angine,
grippe, diarrhée ? il est très efficace.
Il
stimule également le foie et les reins et apaise les douleurs rhumatismales.
Vous
pouvez aussi vous en servir comme antiseptique sur Des blessures légères.
L’oignon
est donc un « bon remède » et notamment en raison des vitamines qu’il
contient, dans les périodes de famine….. alors, peut-être aussi, et
pourquoi pas, contre la race !
Un
médecin que je consultais et qui a pris, depuis longtemps sa retraite, me
disait très souvent : « pour vous soigner, vous avez tout dans votre
cuisine ».
Je
pense qu’il avait raison et, à cet instant même, me revient en mémoire, la
pomme de terre crue et râpée que ma
grand-mère mettait sur les brûlures…..
Des centenaire en veux-tu, en voilà !
12 février 1773
« Fin des noms des Centenaires
morts en 1772.
Du 26 Décembre 1771, dans la
paroisse de Plantin, Election d’Alençon, Marie Marand, veuve de Jacques
Bourrier, journalier, à l’âge de 104 ans 8 mois. Un an avant sa mort, elle
gardoit encore des bestiaux à la Campagne. On assure qu’à l’âge de 100 ans elle
étoit redevenue nubile, & que cet état n’avoit cessé que très peu de tems
(sic) avant sa mort.
Même mois, à Edimbourg, le nommé
John Tailm, dans la 110e année de son âge. Il avoit perdu la vue à
99 ans & l’avoit recouvrée quelque-tems (sic) après. Il avoit eu 28 enfans
(sic) de deux femmes, & la seconde, avec laquelle il avoit vécu 60 ans,
étoit encore vivante.
Même mois, à Naples, une femme
Piémontoise, âgée de 119 ans. Elle avoit, dit-on, conservé le souvenir de tous
les événements arrivés pendant sa vie.
Le 22 janvier 1772, à Londres, dans
l’hôpital Emmanuel, la Dame Windymore, de la maison de Clarendon, Cousine de
Marie, femme de Guillaume III, Roi d’Angleterre & de la reine Anne, après
avoir vécu d’aumônes pendant 50 ans, âgée de 108 ans.
Même mois, à Divion, Village de
l’Artois, Jean-Baptiste Saulty, âgé de 106 ans. A cent ans, il alloit encore à
la chasse, qui faisoit sa principale occupation.
Même mois, à Ophurft près de
Liochtfield, en Angleterre, la veuve Clum, âgée de 138 ans. Elle a laissé deux
filles & un fils, tout (sic) trois âgés de plus de 100 ans.
Le 2 Février 1772, au lieu de
Terra, paroisse de S. Etienne, Generalité de Lyon, Marie Crozi, veuve de
Christophe Chovel, Journalier, âgée de 102 ans, après 78 ans de mariage dont
elle avoit eu 24 enfans (sic).
Au mois de mars 1772, à deux lieues
de la ville de Dax, chez le Baron de Linx, Vincent Pailler, y servant de
Jardinier, & marié trois fois, dans sa 112e année. Il étoit né à
Mauvesin, près Bagniéres, Diocèse de Tarbes.
Même mois, au Village de Tarnos,
Diocèse d’Acqs, le nommé Bergé, laboureur, âgé de 102 ans. Il avoit travaillé
le jour même de sa mort.
Le 2 Mai 1772, au village de Dlauhy
dans la Moravie, une femme âgée de 118 ans, qui avoit été mariée six fois,
& avoit eu de chacun de ses maris quatre enfans (sic) qui vivoient tous.
Le 20 juin 1772, à l’Hôtel des
Invalides, Jean Mezrot, dit Labranche, Soldat, âgé de 108 ans, & entré à
l’Hôtel le 10 Août 1714. Il avoit été blessé deux fois ; à la surprise du
Crémone en 1702, & au Siége (sic) de Fribourg en 1713.
Le 21 du même mois, à Newnham, dans
le Comté de Glocester, la Dame Keith, âgée de 133 ans, laissant trois filles
vivantes, dont la plus jeune en a 103.
En Août 1772, à Madruz en Croatie,
Henry Magdonel, âgé de 118 ans, Irlandois (sic) d’origine : il s’étoit fixé
au service de la Maison d’Autriche ; mais depuis plus de 40 ans il étoit
retiré en Croatie. Il étoit père (sic) de l’Officier, Capitaine au Régiment de
Bagni, qui fit prisonnier à Crémone le Maréchal de Villeroy, & qui sçut
(sic) résister aux promesses d’une somme considérable & d’un Régiment qui
lui offroit le Maréchal. Le souvenir de cette action étoit toujours présent au
Père (sic) ; & quand on lui demandoit comment il avoit pû parvenir à
un âge si avancé, il disoit que ce qui le faisoit vivre étoit la vertu de son
fils. »
Je
vais essayer, pour vous, de faire revivre quelques instants quelques-uns de ces
défunts tout en sachant que je ne peux accéder aux actes paroissiaux des
« centenaires vivant hors de France ».
·
Et ça commence fort mal ….. car à Plantin
comme à Alençon, je n’ai pas trouvé de Marie Marand dans les actes paroissiaux. Je ne peux rien
vous apprendre sur elle.
·
En ce qui concerne, Dame Windymore,
«l’observateur françois à Londres – quatrième année – Tome second » note à
peu près la même chose :
Madame Windymore descendante du
Lord Clarendon & cousine de la Reine Marie, femme de Guillaume III, est
morte depuis peu dans l’Hôpital Emmanuel de Londres. Depuis cinquante ans, elle
vivoit d’aumônes. C’est un exemple mémorable de la fragilité de la fortune qui
ne fait pas honneur à la nation Anglaise.
Une
question, toutefois. Pourquoi Dame Windymore n’a-t-elle pas été aidée par la
famille royale ?
·
Jean Baptiste Saulty naquit en 1666 et
décéda à Divion dans la Pas-de-Calais, le 12 janvier 1772. Il était fermier au
Château de Divion.
Il
épousa Eléonore Crametz qui décéda le 29 janvier 1738 à Divion.
Je
n’ai pu déchiffrer les actes paroissiaux dont certaines pages sont en très mauvais
état.
·
Marie Crozi gardera ses secrets. Terra ?
….. rien sur cet endroit ! Et les archives du Rhône ne m’ont rien apporté.
Ah ces ancêtres !!! quand ils souhaitent rester muets, on ne peut rien
faire !
·
Vincent Pailler travaillait dans une
propriété à Linxe. Mais je n’ai pas trouvé d’acte de sépulture à son nom dans
les registres de cette ville.
·
Ce ne fut pas en mars 1772, mais en
janvier que décéda Bernard Bergé :
Le 24 janvier mil sept cens
soixante Douze est mort Bernard Berger apres avoir reçu les sacrements de
pénitence d’Eucharistie et extreme onction agé de cent deux ans où Environ et
le lendemain son corps a été inhumé dans le Cimetiere avec les ceremonies
prescrites En presence de pierre ponte et d’Etienne Lalanne Benoit qui ont
signé avec moi.
Rien
de plus en ce qui le concerne, mais j’ai tout de même trouvé l’acte
d’inhumation ! Hourra !!!
Pas
une réelle bonne pioche pour tout ce petit monde-centenaires…..
26 février 1773
« Nous essuyâmes ici Lundi
soir & la nuit de Mardi à Mercredi, des coups de vent terribles, qui firent
tomber grand nombre de tuiles & de cheminées plusieurs fléches (sic) de
clochers ont été emportées & renversées entr’autres (sic) celle des
Augustins de cette Ville. Un coin de muraille en pierre de taille, au bout de
la Bourse, qui avoit résisté depuis des siécles (sic) aux plus violens (sic)
tourbillons, a été culbuté. Une pierre entr’autres (sic), pesant plus de trois
cens (sic) fut jettée (sic) assez loin sur le Quai ; nous avons apris
(sic) que grand nombre d’arbres avoient aussi été abattus à la Campagne. »
Voilà
quelques précisions trouvés au fil de mes lectures :
En 1773, du 17 février au 22,
ouragan, grands vents et aussi légères secousses de tremblement de terre. Du
coup, le clocher de l’église des Augustins, rue Malpalu, s’effondre et
disparaît. Auprès de la Bourse, un pan de l’enceinte murale de la ville, qui
avait toujours résisté, dégringole et une pierre pesant 300 livres est jetée
sur le quai. En juillet, apparaîtra aussi, à neuf heures du soir, un météore
qui traversera rapidement l’atmosphère.
L’encyclopédie
méthodique par Didier Robert de Vaugondy – Nicolas Masson de Orvilliers, nous
parlent du Havre, concernant les intempéries dont celles de février 1773, mais
aussi bien avant.
…….. les murs du havre commençoient
à peine à s’élever, que l’eau, en se débordant, en noya les deux tiers, &
presque tous les habitants : vingt huit navires pêcheurs furent portés
jusque dans les fosses du château de Graville. Une procession solennelle rapele
tous les ans ce triste evenement arrivé le 15 janvier 1525. La tempête de
1765 connu sous le nom de « coup de vent de S. François » y causa
aussi beaucoup de désastre. Depuis ce tems, la mer a perdu plus de trois cents
pas du côté de la porte de la jetée : le havre essuya encore un
débordement en février 1773.
Certains
de ces centenaires avaient combattu sous le règne de Louis XIV et notamment
avaient participé à la « guerre de succession d’Espagne ».
Pourquoi
cette guerre ?
Le
roi d’Espagne n’ayant pas de descendant, légua à sa mort, son royaume au petit-fils de Louis-XIV à la seule
condition qu’il n’accéda pas au trône de France.
Mais
les autres pays d’Europe craignirent de
voir le même roi régner en France et en Espagne. Une coalition se forma alors
contre la France.
La
guerre dura douze années et comporta plusieurs batailles dont celles notées
dans l’article :
·
La bataille de Crémone ou surprise de
Crémone, le 1er février 1702 à Crémone, entre les armées Françaises
et Autrichiennes.
·
La bataille de Fribourg en 1713.
Cette
guerre s’acheva par le Traité d’Utrecht
en 1713 et celui de Rastadt en 1714.
Les
conséquences de cette guerre :
Le
petit-fils Louis XIV renonça à tous ses droits sur la couronne de France et fut
couronné roi d’Espagne sous le nom de Philippe V.
Les
Habsbourg renoncèrent alors à leurs droits au trône d’Espagne.
Les
électeurs de Cologne et de Brandebourg, alliés à Louis XIV et privés de leurs
territoires lors de la guerre, retrouvèrent leurs Etats.
Louis XIV
fut contraint de rendre Fribourg, Brisach et Kehl, cités dont les Français
s’étaient emparés lors du conflit. Le roi soleil dut également démolir les
fortifications de Dunkerque, et cesser de soutenir Jacques III, prétendant
Stuart à la couronne d’Angleterre.
L’Autriche
récupéra les Pays Bas espagnols, le duché de Milan, le royaume de Naples et la
Sardaigne.
L’Angleterre
regagna les territoires de Gibraltar et
Minorque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.