mercredi 16 mars 2016

1773 – une nouvelle année qui commence



Un incendie à Noël

1er janvier 1733

« La nuit du 25 au 26 Décembre, ainsi que nous l’avons dit dans notre précédente feuille, le feu prit en cette Ville par l’imprudence d’une fille, qui monta du feu dans sa chambre où elle couchoit avec un jeune enfant d’environ trois ans ; à la vue des flammes, elle perdit la tête & ne pensa qu’à se sauver ; l’innocent sortit de son lit & se réfugia dans un coin où on l’a trouvé étouffé. Au premier avis du feu on battit la générale, le Béfroy (sic) sonna, les Officiers & Soldats du Régiment Dauphin, qui sont ici en Garnison, s’y portèrent. Mgr. l’Intendant, M. le Procureur Général, & nombre de personnes notables y arrivérent (sic) aussi-tôt (sic), donnérent (sic) des ordres si à propos & encouragérent (sic) tellement chacun, que cet incendie qui menaçait tout le quartier, fut arrêté vers les cinq heures du matin. Il n’y a eu que deux ou trois étages brûlés, un grenier de foin & quelques autres dommages.
Il faut avouer que l’on doit beaucoup à MM. Les Officiers & aux Soldats, qui furent presque seuls pendant plusieurs heures : on eût dit que chacun travailloit à sauver son bien. Cet engourdissement de la part de nombre de citoyens, vient d’une cause, la taire seroit un mal. Dans nombre d’occasions semblables, une foule de bourgeois, après avoir travaillé long-tems (sic) & être mouillés jusqu’aux os voulant se retirer pour changer, ont reçu de mauvais traitemens (sic) ; car les supérieurs ne peuvent être partout ; un très-grand (sic) nombre craignant pareil sort, se tient chez soi, & on laisse brûler tranquillement la maison & le bien de ceux que le feu dévore. Notre intention ne fut jamais de blesser ; mais si contre notre attente, il se trouvoit un seul homme qui blâmât  l’hommage que nous rendons à la vérité, & dont nous avons été témoins plus d’une fois, nous lui demandons la permission de lui observer, qu’il peut se trouver, ou de ses plus proches, dans le cas d’avoir besoin de secours ; que dans une multitude d’hommes, il ne s’en trouve souvent pas deux capables d’un coup décisif, qui pût sauver ce qu’il auroit de plus cher : un exemple prouvera mieux que des raisons. Il y a nombre d’années que le feu prit à une Communauté de Filles en cette  Ville ; les flammes en peu de tems (sic) embrasérent (sic)  tous les apartemens (sic) ; on sauva les Religieuses, excepté une qui, pour retarder sa perte, gagna le dernier étage, & là par une fenêtre imploroit les secours d’une multitude de personnes de tous états, qui formoient pour elle des vœux, qui dans un instant alloient devenir inutiles, personne n’osant lui porter secours, le feu entourant tout l’édifice. Un homme trop peu connu, la voit, demande des échelles, les attachent les unes aux autres, les plante debout, tenues seulement par nombre d’hommes, se recommande à Dieu, monte avec un courage déterminé, & reçoit sur ses épaules l’infortunée qui alloit dans un instant être dévorée par le feu : cela eût arrivé, si ce bon Citoyen, molesté dans quelqu’autre (sic) occasion, eût resté chez lui. Nous le répétons, il est bien peu de gens capables d’envisager de près la mort, de l’affronter de sans froid & de réussir. Dans la circonstance qui donne lieu à cette juste réfléxion, il a régné cette douceur & cette aménité qui subjugue l’homme de tout état. Aussi M. l’Intendant donna-t-il à la Troupe des preuves de satisfaction, en leur faisant distribuer largement de l’eau-de-vie. »

Le dernier journal de décembre 1772 est manquant dans les archives en ligne. Je ne peux donc pas vous  soumettre l’article de la dernière feuille de 1771. Aucune mention sur le lieu où s’est produit le drame, donc impossible de trouver, parmi toutes les paroisses de Rouen, dans laquelle l’enfant a été inhumé. Sans  cette information je ne peux vous donner le nom de la petite victime.

Cet article est un bel appel à la solidarité et à l’entraide. Fut-il entendu ?


8 janvier 1773

C’est par oubli de notre part, qu’en parlant de l’incendie du 25 au 26 Décembre, nous n’avons point fait mention de Messieurs de Ville ; mais comme ils sont toujours les premiers à secourir leurs Concitoyens dans ces malheureux instans (sic), & à donner les ordres nécessaires pour le service des pompes, nous avons pensé qu’ils étoient compris dans l’expression de nombre de Personnes Notables, dont nous nous sommes servis ; ce fut même avec un des Echevins que M. l’Intendant concerta l’ordre de distribuer de l’eau-de-vie aux Soldats qui avoient travaillé ; cette eau-de-vie, ainsi que la gratification & bois donné pour réchauffer la Troupe, ont été payés par l’Hôtel-de-Ville, dont la plus grande partie des Officiers passérent (sic) la nuit à l’incendie : outre le motif dont nous avons parlé dans notre Annonce du premier Janvier, l’activité du peuple qui avoit passé une partie de la nuit précédente, veille de Noël, se trouva un peu rallentie (sic) par le sommeil et le froid rigoureux ; les Paroisses éloignées de l’incendie où demeurent la plus grande partie des Ouvriers, propres à donner du secours, ne sonnérent (sic) même pas. Malgré ce petit inconvénient & un tuyau de pompe qui creva, parce qu’il se trouva tors, les secours se trouvérent (sic) donnés si à propos, que la perte a été très-peu (sic) considérable.

Tout est bien qui finit bien, sauf pour le jeune enfant, mais à cette époque, la vie d’un enfant avait peu d’importante. Ne disait-on pas : « Cela fera un malheureux de moins ! » 





Un habile guérisseur ou un charlatan ?….

15 janvier 1773

« Le nommé François de Caux, demeurant en cette Villes, rue des Mioimes, paroisse Saint Godard, guérit les vapeurs, l’esprit fût-il perdu depuis nombre d’années. Nous avons lu plusieurs Certificats dont il est porteur, de personnes à nous bien connues, & incapables d’en imposer : la derniére (sic) personne qu’il a traitée avoit perdu la tête depuis 10 ans ; voilà des faits, & un bien réel pour l’humanité : car il doit en coûter gros aux ames (sic) sensibles pour renfermer des parens (sic) à qui souvent ils doivent beaucoup, & quelquefois tout. »

Je suppose qu’il s’agit de la « rue des Moines » ou « rue aux Moines », mais aucune rue de ce nom répertoriée à Rouen à cette époque. Alors ?
Mais, concernant François de Caux, il devait posséder des pouvoirs surnaturels pour soigner une personne ayant perdu la tête depuis dix ans !!! Dommage qu’il ait emporté ses secrets avec lui !
 Rappelons toutefois qu’à cette époque l’alcoolisme provoquait folies et morts prématurées. Il suffisait donc parfois de sevrer une personne dite « aliénée », pendant un certain temps pour qu’elle retrouve esprit et dignité !


La fin de nombreux centenaires….

29 janvier 1773

Noms de personnes mortes à l’âge de plus de 100 ans, vers la fin de 1771, & pendant l’année 1772.
En 1771, le 8 Novembre à Morlas en Bearn, Jacques Garos Laboureur, natif du lieu, âgé de 109 ans. Il avoit à sa mort, autour de son lit, 70 fils et filles, petits-fils & arriéres-petits-fils (sic), tous en état de travailler. Voilà un héros de la population. Le 15 Janvier 1772, sa femme en quatriéme (sic) nôces (sic), mourut dans le même lieu, âgée de 107 ans & quelque mois (sic).
Même mois de Novembre 1771, à la Haye, Salomon Emmanuel, Juif, né en Moravie, âgé de 104 ans & 10 mois, laissant 67 petits-enfans (sic) ou arriére-petit-fis (sic).
En Novembre 1771, à Tarrach, dans la haute Styrie, Georges Strolsmayer, âgé de 112 ans.
Le 26 Décembre 1771, à Longwy en Lorraine, M. de la Croix, ancien Colonel de Cavalerie qui s’étoit distingué dans les derniéres (sic) Guerres de Louis XIV.

J’aime beaucoup ces articles parlant des centenaires, cela me permet de pouvoir « fouiller » dans le passé de ces défunts fort âgés, pour vous les présenter.

Jacques Garos vivait à Morlaas en Béarn. J’ai bien eu du mal à trouver son acte d’inhumation car, en fait, il se nommait Jacques Manaut dit Garos.
L’an 1771 le 12 septembre deceda au sein de l’Eglise catholique Jacques manaut agé de cent deux ans son corps a été inhumé avec les ceremonies ordinaires dans le cimetiere de l’eglise Ste foi en presence de Jean Castera et pierre Labat qui ont signé avec nous.

Il avait épousé le 7 février 1708 à Morlaas – paroisse de Ste Foy – Jeanne de Thil ou Jeanne Casenave dite Osilh qui décéda le 15 janvier 1772, mais cette femme n’avait pas 107 ans, mais quatre-vingt ans. Aucun défunte de 107 ans, en 1772, dans cette paroisse.
L’an 1772 le quinze janvier deceda dans le sein de l’eglise catholique, jeanne casenave agée d’Environ quatre vingt ans son corps a été inhumé avec les ceremonies ordinaires dans le cimetiere de l’Eglise Ste foy en presance de jean Castera et Pierre Labat qui ont signé avec nous
Jacques Manaut aurait eu trois épouses avant Jeanne Casenave, mais je n’ai rien trouvé concernant ses trois mariages précédents.

M. de la Croix avait pour prénom Jean-Baptiste. Longwy en Meurthe et Moselle :
Le vingt six decembre mil sept cent soixante et onze est decede muni des sacrement de la Ste Eglise et le vingt sept a été inhumé Dans Le Cimetiere de cette Paroisse Messire Jean Baptiste de la Croix vivant Chevalier de l’ordre Royal et Militaire de St Louis Ancien Lieutenant Colonel de Cavalerie et Commandant des Lignes agé D’Environ cent ans ce que je certifie Veritable avec les temoins soussignés
Signatures : Fressinet cure de Longwy – L. Pinal vicaire

Rien d’autre sur cet homme. Pas d’épouse, pas d’enfants….. une vie sous les drapeaux au service de la France.


Une mission bien spéciale

5 février 1773

« On écrit de Vienne. Que deux paysans, chargés, par leur village, d’une requête pour l’Empereur, y arrivérent (sic) il y a quelques temps (sic), &, sur l’instruction qu’on leur avoit donnée de se poster tout près des écuries, où ce Prince viendroit infailliblement, ils y coururent avec empressement. Au même instant qu’ils arrivent, S. M I passe ; mais ne le connoissant pas, « N’est-ce-pas ici, lui demandérent-ils (sic) le prenant pour quelqu’un de sa suite, que l’Empereur doit venir ? » « Oui, que lui voulez-vous ? » »Nous avons une requête à lui présenter ». L’Empereur la prend, & leur promet d’en parler à l’Empereur ; ce prince entre dans une chambre, écrit quelques mots sur la requête, & revient ensuite la rendre aux paysans, en leur expliquant où ils doivent la porter à présent. Les paysans, pleins de reconnoissance, lui font mille remerciments (sic) & tirent deux piéces (sic) de dix-sept creutzers (environs 30 sols) de leur poche, en le priant de les accepter. L’Empereur les prend, & va sur le champ trouver l’Impératrice sa mere (sic), lui raconte son aventure, lui offrant de partager avec elle le présent qu’il a reçu, en lui disant : « Votre Majesté voit qu’il n’y a si petit emploi qui ne raporte (sic) quelque chose, lorsqu’on sçait (sic) l’exercer comme il faut.»

Joseph II, fils de François de Lorraine et Marie-Thérèse d’Autriche, était l’empereur d’Autriche en 1772. Il exerçait cette charge depuis le décès de son père en 1765.
Il avait épousé en 1760, Isabelle de Bourbon-Parme, une des petites-filles de Louis XV.
Né à Vienne le 13 mars 1741, il décéda dans cette ville, le 20 février 1790.
Qui étaient ces deux paysans ? L’article ne mentionne pas leur nom ni celui du village d’où ils venaient.
Quelle était leur requête ? Moins d’impôts ? Peut-être. Des fonds pour la réparation d’une route afin d’accéder plus facilement aux villes alentour pour effectuer leurs négoces ? Ce genre de requête était fréquent. Les routes et chemins étant réparés avec des cailloux et de la terre, la moindre pluie torrentielle les ruinait aussitôt.
Les deux paysans ont-ils eu gain de cause ? Aucun article dans les jours qui suivirent ne le confirma.
Et puis, ont-ils su qu’ils avaient donné un pourboire au monarque ? Si oui, je suppose qu’ils ont eu la honte de leur vie !


Mais oui, les coqs pondent !

12 février 1773

« Les Physiciens qui ont fait de grandes recherches, & soutiennent que le Coq ne pond jamais & ne peut pondre, n’ont pas plus de connoissance (sic) que le vulgaire, qui dit, qu’il y a un serpent dans cet œuf ; & moi je parle avec certitude pour avoir eu un Coq qui a pondu 5 à 6 œufs au moins en différens tems (sic) ; ce n’étoit point l’œuf d’une Poule comme le prétendent MM. Les Physiciens, mais bien ceux d’un Coq ; je les ai fait cuire autant de fois qu’il en a donné, & les ai mangés ; après les avoir ouverts, je n’y ai point touvé de poullette (sic), à la vérité, & encore moins de serpent, comme le dit le vulgaire ; je ne leur ai point trouvé de goût différent des autres, je n’en suis pas mort, ni même été malade, il y a plus de 25 ans.
J’ai retiré moi-même ces œufs du  nid pendant que le coq y étoit, j’étois certain qu’il n’y en avoit point avant ; ils étoient de la grosseur de l’œuf de Pigeon ; il est bon d’observer que ce n’étoit point un jeune Coq, qu’il avoit au moins 5 à 6 ans. »

26 février 1773

« Réponse d’un Citoyen de Rouen à la question de Œufs de Coq, insérée en la Feuille Hebdomadaire du 29 Janvier 1773.
Je conviens avec M. de Buffon qu’il y a dans le peuple quantité de préjugés ; mais on ne peut pas en induire que le vulgaire se trompe toujours : l’expérience sert quelquefois de base à son opinion.
Je n’assurerai point que le Coq donne des œufs ; mais seulement qu’ayant passé à la Campagne la majeure partie de mon enfance, j’ai plusieurs fois trouvé dans la basse-cour un petit œuf, que les Paysans m’ont toujours assuré être un œuf de Coq. Ce n’étoit certainement point un œuf de jeune Poule ; la différence en étoit remarquable, en ce que ce prétendu œuf de Coq, un peu plus gros qu’un œuf de Pigeon, étoit rond en toutes ses parties, au lieu que ceux des Poules ne le sont point. A l’âge de 12 ou 14 ans, j’en trouvai un dans un tas de fumier devant les écuries. J’imaginai bien que cet œuf devoit être pourri ; la curiosité me porta à le casser, & je fus bien surpris, ainsi que d’autres jeunes gens qui étoient avec moi, d’en voir sortir un petit serpent vivant, long d’environ deux pouces & demi, & gros à proportion, ayant la tête une fois plus grosse que le corps, les yeux bien formés, & qui seroit probablement sorti de la coque dans peu de jours, si on eût conservé cet œuf dans une chaleur modérée, pareillement à celle du fumier où il s’étoit trouvé envelopé (sic). Je ne suis pas Naturaliste, & d’ailleurs l’âge qui j’avois dans ce tems-là (sic) ne me permettoit pas de chercher à aprofondir (sic) ce phénoméne (sic). Toujours est-il que c’est un fait que je puis assurer pour l’avoir vû (sic), & sans être ami du merveilleux. »

Voilà un débat fort intéressant !
Ce « siècle des lumières » avait encore bien besoin d’être éclairé !


Occupez-vous de vos oignons !

12 février 1773

« Un homme & une femme des environs de Nogent-le-Rotrou, ayant été mordu par un chien enragé, tombérent (sic) dans la plus cruelle hydrophobie ; peu de tems (sic) après, ils eurent un bon intervalle, ils se doutérent (sic) qu’on alloit les lier, & pour s’y soustraire, ils allérent (sic) se cacher dans un grenier où il y avoit un tas d’oignons sur lequel ils se couchérent (sic) : quelque-tems (sic) après un nouvel accès de rage les prit, & soit besoin, indication de la nature ou fureur, ils se mirent à manger Les oignons. Ce légume mangé par hasard leur procura une guérison entiére (sic), & ils jouissent depuis d’une parfaite santé. »

L’oignon est riche en potassium, iode, fluor, fer… et en vitamines A, B et C.
Il  réduit le cholestérol, et, en cas d’angine, grippe, diarrhée ? il est très efficace.
Il stimule également le foie et les reins et apaise les douleurs rhumatismales.
Vous pouvez aussi vous en servir comme antiseptique sur Des blessures légères.
L’oignon est donc un « bon remède » et notamment en raison des vitamines qu’il contient, dans les périodes de famine….. alors, peut-être aussi, et pourquoi  pas, contre la race !

Un médecin que je consultais et qui a pris, depuis longtemps sa retraite, me disait très souvent : « pour vous soigner, vous avez tout dans votre cuisine ».
Je pense qu’il avait raison et, à cet instant même, me revient en mémoire, la pomme de  terre crue et râpée que ma grand-mère mettait sur les brûlures…..


Des centenaire en veux-tu, en voilà !

12 février 1773

« Fin des noms des Centenaires morts en 1772.
Du 26 Décembre 1771, dans la paroisse de Plantin, Election d’Alençon, Marie Marand, veuve de Jacques Bourrier, journalier, à l’âge de 104 ans 8 mois. Un an avant sa mort, elle gardoit encore des bestiaux à la Campagne. On assure qu’à l’âge de 100 ans elle étoit redevenue nubile, & que cet état n’avoit cessé que très peu de tems (sic) avant sa mort.
Même mois, à Edimbourg, le nommé John Tailm, dans la 110e année de son âge. Il avoit perdu la vue à 99 ans & l’avoit recouvrée quelque-tems (sic) après. Il avoit eu 28 enfans (sic) de deux femmes, & la seconde, avec laquelle il avoit vécu 60 ans, étoit encore vivante.
Même mois, à Naples, une femme Piémontoise, âgée de 119 ans. Elle avoit, dit-on, conservé le souvenir de tous les événements arrivés pendant sa vie.
Le 22 janvier 1772, à Londres, dans l’hôpital Emmanuel, la Dame Windymore, de la maison de Clarendon, Cousine de Marie, femme de Guillaume III, Roi d’Angleterre & de la reine Anne, après avoir vécu d’aumônes pendant 50 ans, âgée de 108 ans.
Même mois, à Divion, Village de l’Artois, Jean-Baptiste Saulty, âgé de 106 ans. A cent ans, il alloit encore à la chasse, qui faisoit sa principale occupation.
Même mois, à Ophurft près de Liochtfield, en Angleterre, la veuve Clum, âgée de 138 ans. Elle a laissé deux filles & un fils, tout (sic) trois âgés de plus de 100 ans.
Le 2 Février 1772, au lieu de Terra, paroisse de S. Etienne, Generalité de Lyon, Marie Crozi, veuve de Christophe Chovel, Journalier, âgée de 102 ans, après 78 ans de mariage dont elle avoit eu 24 enfans (sic).
Au mois de mars 1772, à deux lieues de la ville de Dax, chez le Baron de Linx, Vincent Pailler, y servant de Jardinier, & marié trois fois, dans sa 112e année. Il étoit né à Mauvesin, près Bagniéres, Diocèse de Tarbes.
Même mois, au Village de Tarnos, Diocèse d’Acqs, le nommé Bergé, laboureur, âgé de 102 ans. Il avoit travaillé le jour même de sa mort.
Le 2 Mai 1772, au village de Dlauhy dans la Moravie, une femme âgée de 118 ans, qui avoit été mariée six fois, & avoit eu de chacun de ses maris quatre enfans (sic) qui vivoient tous.
Le 20 juin 1772, à l’Hôtel des Invalides, Jean Mezrot, dit Labranche, Soldat, âgé de 108 ans, & entré à l’Hôtel le 10 Août 1714. Il avoit été blessé deux fois ; à la surprise du Crémone en 1702, & au Siége (sic) de Fribourg en 1713.
Le 21 du même mois, à Newnham, dans le Comté de Glocester, la Dame Keith, âgée de 133 ans, laissant trois filles vivantes, dont la plus jeune en a 103.
En Août 1772, à Madruz en Croatie, Henry Magdonel, âgé de 118 ans, Irlandois (sic) d’origine : il s’étoit fixé au service de la Maison d’Autriche ; mais depuis plus de 40 ans il étoit retiré en Croatie. Il étoit père (sic) de l’Officier, Capitaine au Régiment de Bagni, qui fit prisonnier à Crémone le Maréchal de Villeroy, & qui sçut (sic) résister aux promesses d’une somme considérable & d’un Régiment qui lui offroit le Maréchal. Le souvenir de cette action étoit toujours présent au Père (sic) ; & quand on lui demandoit comment il avoit pû parvenir à un âge si avancé, il disoit que ce qui le faisoit vivre étoit la vertu de son fils. »

Je vais essayer, pour vous, de faire revivre quelques instants quelques-uns de ces défunts tout en sachant que je ne peux accéder aux actes paroissiaux des « centenaires vivant hors de France ».

·         Et ça commence fort mal ….. car à Plantin comme à Alençon, je n’ai pas trouvé de Marie Marand  dans les actes paroissiaux. Je ne peux rien vous apprendre sur elle.

·         En ce qui concerne, Dame Windymore, «l’observateur françois à Londres – quatrième année – Tome second » note à peu près la même chose :
Madame Windymore descendante du Lord Clarendon & cousine de la Reine Marie, femme de Guillaume III, est morte depuis peu dans l’Hôpital Emmanuel de Londres. Depuis cinquante ans, elle vivoit d’aumônes. C’est un exemple mémorable de la fragilité de la fortune qui ne fait pas honneur à la nation Anglaise.
Une question, toutefois. Pourquoi Dame Windymore n’a-t-elle pas été aidée par la famille royale ?

·         Jean Baptiste Saulty naquit en 1666 et décéda à Divion dans la Pas-de-Calais, le 12 janvier 1772. Il était fermier au Château de Divion.
Il épousa Eléonore Crametz qui décéda le 29 janvier 1738 à Divion.
Je n’ai pu déchiffrer les actes paroissiaux dont certaines pages sont en très mauvais état.

·         Marie Crozi gardera ses secrets. Terra ? ….. rien sur cet endroit ! Et les archives du Rhône ne m’ont rien apporté. Ah ces ancêtres !!! quand ils souhaitent rester muets, on ne peut rien faire !

·         Vincent Pailler travaillait dans une propriété à Linxe. Mais je n’ai pas trouvé d’acte de sépulture à son nom dans les registres de cette ville.
·         Ce ne fut pas en mars 1772, mais en janvier que décéda Bernard Bergé :
Le 24 janvier mil sept cens soixante Douze est mort Bernard Berger apres avoir reçu les sacrements de pénitence d’Eucharistie et extreme onction agé de cent deux ans où Environ et le lendemain son corps a été inhumé dans le Cimetiere avec les ceremonies prescrites En presence de pierre ponte et d’Etienne Lalanne Benoit qui ont signé avec moi.
Rien de plus en ce qui le concerne, mais j’ai tout de même trouvé l’acte d’inhumation ! Hourra !!!





Pas une réelle bonne pioche pour tout ce petit monde-centenaires…..


26 février 1773

« Nous essuyâmes ici Lundi soir & la nuit de Mardi à Mercredi, des coups de vent terribles, qui firent tomber grand nombre de tuiles & de cheminées plusieurs fléches (sic) de clochers ont été emportées & renversées entr’autres (sic) celle des Augustins de cette Ville. Un coin de muraille en pierre de taille, au bout de la Bourse, qui avoit résisté depuis des siécles (sic) aux plus violens (sic) tourbillons, a été culbuté. Une pierre entr’autres (sic), pesant plus de trois cens (sic) fut jettée (sic) assez loin sur le Quai ; nous avons apris (sic) que grand nombre d’arbres avoient aussi été abattus à la Campagne. »

Voilà quelques précisions trouvés au fil de mes lectures :
En 1773, du 17 février au 22, ouragan, grands vents et aussi légères secousses de tremblement de terre. Du coup, le clocher de l’église des Augustins, rue Malpalu, s’effondre et disparaît. Auprès de la Bourse, un pan de l’enceinte murale de la ville, qui avait toujours résisté, dégringole et une pierre pesant 300 livres est jetée sur le quai. En juillet, apparaîtra aussi, à neuf heures du soir, un météore qui traversera rapidement l’atmosphère.

L’encyclopédie méthodique par Didier Robert de Vaugondy – Nicolas Masson de Orvilliers, nous parlent du Havre, concernant les intempéries dont celles de février 1773, mais aussi bien avant.
…….. les murs du havre commençoient à peine à s’élever, que l’eau, en se débordant, en noya les deux tiers, & presque tous les habitants : vingt huit navires pêcheurs furent portés jusque dans les fosses du château de Graville. Une procession solennelle rapele tous les ans ce triste evenement arrivé le 15 janvier 1525. La tempête de 1765 connu sous le nom de « coup de vent de S. François » y causa aussi beaucoup de désastre. Depuis ce tems, la mer a perdu plus de trois cents pas du côté de la porte de la jetée : le havre essuya encore un débordement en février 1773.

Certains de ces centenaires avaient combattu sous le règne de Louis XIV et notamment avaient participé à la « guerre de succession d’Espagne ».

Pourquoi cette guerre ?

Le roi d’Espagne n’ayant pas de descendant, légua à sa mort, son royaume  au petit-fils de Louis-XIV à la seule condition qu’il n’accéda pas au trône de France.
Mais les autres pays d’Europe craignirent  de voir le même roi régner en France et en Espagne. Une coalition se forma alors contre la France.
La guerre dura douze années et comporta plusieurs batailles dont celles notées dans l’article :
·         La bataille de Crémone ou surprise de Crémone, le 1er février 1702 à Crémone, entre les armées Françaises et Autrichiennes.
·         La bataille de Fribourg en 1713.

Cette guerre  s’acheva par le Traité d’Utrecht en 1713 et celui de Rastadt en 1714.

Les conséquences de cette guerre :

Le petit-fils Louis XIV renonça à tous ses droits sur la couronne de France et fut couronné roi d’Espagne sous le nom de Philippe V.

Les Habsbourg renoncèrent alors à leurs droits au trône d’Espagne.

Les électeurs de Cologne et de Brandebourg, alliés à Louis XIV et privés de leurs territoires lors de la guerre, retrouvèrent leurs Etats.

Louis XIV fut contraint de rendre Fribourg, Brisach et Kehl, cités dont les Français s’étaient emparés lors du conflit. Le roi soleil dut également démolir les fortifications de Dunkerque, et cesser de soutenir Jacques III, prétendant Stuart à la couronne d’Angleterre.

L’Autriche récupéra les Pays Bas espagnols, le duché de Milan, le royaume de Naples et la Sardaigne.

L’Angleterre regagna les territoires de  Gibraltar et Minorque.




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