lundi 28 mars 2016

TROTTE MENU ET LE PETIT LIONCEAU - CHAPITRE 6


Un jour, à son réveil, alors qu’une brume s’étendait en une couche fine au-dessus de l’eau, Trotte-Menu crut distinguer, au loin, la silhouette d’une végétation. Capitaine-Pingouin  surgit sur le pont et désigna quelque chose droit devant d’un geste du bras, car Capitaine-Pingouin n’était pas manchot..« Regardez, une berge et des arbres ! Avec de la chance, nous serions bien arrivés au jardin-des-monstres-du-commencement-du-monde. »

Le soleil commençait à pointer. Il n’y avait pas de vent. Le bateau accosta sans peine. Trotte-Menu pensa qu’il fallait faire vite. Elle devait rencontrer les monstres, poser sa question, en attendre la réponse. Oui, mais pas trop longtemps !
Connaitraient-ils la réponse, ces grands monstres ?

Puis, soudain, une angoisse l’étreignit.
Etaient-ils hospitaliers, ces grands monstres ? N’allaient-ils pas la dévorer ?
Cette angoisse s’enfla en panique. Elle eut envie de fuir.
Non, ce n’était pas possible : Non, elle n’y arriverait jamais !
Non ! Non ! Non ! Elle ne devait pas renoncer ! Si près du but, elle n’allait pas faire demi-tour et revenir bredouille ! Elle avait sa fierté !
Ce fut donc, plus battante que jamais, qu’elle débarqua sur ce continent inconnu.

Capitaine-Pingouin lui avait donné huit jours. Après ce délai, il serait obligé de reprendre la mer.
Huit jours ! C’était long et court en même temps !

En avant pour l’aventure !

Ce que découvrit Trotte-Menu était vraiment paradisiaque. Tout d’abord, une grande étendue d’un sable doux et fin ; puis de grands arbres dont l’ombre apportait une agréable fraîcheur ; des fleurs gigantesques aux couleurs chatoyantes, des fruits pulpeux à l’odeur sucrée.  Des oiseaux chamarrés volaient d’arbre en arbre en chantant merveilleusement, des papillons diaprés voletaient de fleur en fleur, repus de pollen.

Vivre ici devait être le paradis.
Mais pas de grands monstres dans les environs.
En raison de leur taille, Trotte-menu avait pensé qu’elle aurait pu les repérer facilement et rapidement. Mais rien, rien de rien !

Elle s’enfonça plus avant dans les terres, attentive au moindre bruit, au moindre frissonnement de la végétation.
Un doute montait en elle. Etait-elle dans le jardin des-monstres-du-commencement-du-monde ?

Le cadre ressemblait pourtant bien à la description que sa grand-mère lui en avait faite, mais, n’y avait-il pas une autre terre semblable, ou alors, les grands monstres s’étaient-ils éteints de vieillesse ?

Une journée passa, une journée infructueuse, puis une autre…..

A l’aube du troisième jour, Trotte-Menu sentit le sol vibrer légèrement, puis les vibrations s’amplifièrent. Que se passait-il ?
Etait-ce un tremblement de terre ?
Etaient-ce …… Hourra !

A quelques mètres de notre petite amie se dressait majestueux, grandiose, immense, gigantesque ……Les mots lui manquaient !
Là, devant ses yeux, un monstre-du-commencement-du-monde !
Impressionnée, sans voix, dans l’impossibilité de faire un mouvement tant l’émotion était vive, Trotte-Menu resta un long moment sans bouger, contemplant la raison de tant de kilomètres parcourus. En observant plus alentours, elle s’aperçut qu’il y avait plusieurs monstres différents, mais qu’ils avaient l’air de vivre en bon voisinage. Lequel choisir ? Quel était celui qui pouvait détenir la réponse à sa question, ?

Elle chercha celui qui semblait le plus pacifique. Son choix s’orienta vers un monstre au long cou, à la petite tête qui, nonchalamment, mangeait des fleurs et des feuilles qu’il arrachait à la cime des arbres. Elle s’avança vers lui et criant fortement, les mains en porte-voix,  elle lança un « bonjour ! » tonitruant, afin d’attirer son attention.
L’animal, interpellé, baissa la tête, courba son long cou, chercha sur le sol qui avait pu rompre le silence, renifla et découvrit une Trotte-Menu terrifiée.
« Qui es-tu ? demanda le monstre préhistorique. »
-          Je suis Trotte-Menu
-          Que fais-tu ici ?  Je ne t’ai jamais vu auparavant.

Trotte-Menu faisait la fière, mais devant ce géant, elle était, en réalité, terrorisée. Il n’avait qu’à souffler sur elle pour la désintégrer. Une épreuve à avoir une crise cardiaque. Rassemblant le peu de courage qui lui restait, notre petite amie expliqua à son interlocuteur attentif son histoire, ses déboires, ses péripéties, ses réflexions et son désarroi. Elle déballa tout, quoi !

Un long silence suivit ce récit. L’animal l’avait-il oubliée ? Avait-il compris le problème ? Réfléchissait-il, tout simplement ? Trouvait-il ses préoccupations dérisoires ?

Elle attendait patiemment. N’était-elle pas diplomate ?

« Oui, je vois, finit par dire le monstre-du-commencement-du-monde. Il n’y a qu’une seule solution à ma         connaissance. Suis-moi ! 
-          Suis-moi ! pensa la petite souris, il en a de bonnes, il avance mille fois plus vite que moi ! Enfin !
Elle le suivit en courant, n’osant s’arrêter une seconde afin de ne pas retarder sa progression.
Soudain, l’animal préhistorique stoppa. Trotte-Menu aussi, essoufflée, haletante, le cœur battant à se rompre dans sa poitrine.

« Regarde, dit le monstre en désignant à la petite souris, une plante verte sur laquelle fleurissaient de petites boules blanches d’une extrême douceur. C’est une plante ancienne, si tu prends ces petites boules et les mets dans les oreilles de ton jeune protégé, celui-ci n’entendra plus rien. Essaie toi-même. Si tu es satisfaite,  prends tout ce dont tu as besoin et repars vers ton pays. »

Après ces mots, sans attendre les conclusions de l’observation de Trotte-Menu, ni ses remerciements, le gigantesque animal s’en alla vaquer à ses occupations qui n’étaient autres que manger, dormir et se laisser dorer au soleil. Une vie de rêves !

Trotte-Menu prit quelques boules blanches et les mit dans ses oreilles. En effet, les sons, grâce à elles, étaient filtrés, ouatés…… C’était à coup sûr la solution !


Elle prit autant de boules blanches qu’elle put, arracha même un pied de l’étrange plante et se dépêcha de retourner sur la plage  pour embarquer au plus vite.
Combien de jours s’étaient écoulés depuis qu’elle avait mis pied sur cette terre ?
Elle n’en avait aucune notion, mais elle savait qu’elle n’avait que huit jours et que son chargement ralentirait sa marche.


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