dimanche 29 mai 2016

SCAPIN, LE PETIT LUTIN - CHAPITRE 1



Scapin est un petit lutin, mais pas n’importe quel petit lutin.

Scapin est un petit lutin pas comme les autres, et c’est bien ça le drame ……


Dans le vaste pays de Kohlkopfland, vivent des lutins.

Kohlkopfland est un vaste pays vert où tout pousse en abondance, fruits sucrés, légumes tendres, fleurs parfumées.
Kohlkopfland est un vaste pays où l’eau jaillit fraîche et transparente.
Kohlkopfland est un vaste pays où la vie s’écoule douce et radieuse.
Kohlkopfland est un vaste pays où tout vit en harmonie.

Kohlkopfland est entouré d’une vaste forêt, profonde et sombre dans laquelle il est interdit de s’aventurer, car elle serait peuplée d’esprits maléfiques.
Aussi, les habitants de ce beau pays surveillent-ils leurs enfants afin qu’aucun ne se dirige vers ce lieu maudit.
D’ailleurs, afin de localiser facilement tous leurs petits, ils ont eu l’idée de coudre sur leurs bonnets, de nombreux grelots et clochettes qui sonnent et tintent à chaque mouvement. Les éventuels polissons aventureux sont, grâce à ce stratagème, aussitôt repérés et ramenés au sein du village.

Bien entendu, comme tous les lutins, les habitants de Kohlkopfland possèdent des pouvoirs magiques qu’ils peuvent mettre en pratique dès leur naissance.

Aussi, dés leur plus jeune âge s’exercent-ils à lancer des charmes et à réaliser des tours, et cela fait plaisir à les voir jouer, cabrioler, sauter en lançant des éclairs magiques.
Les petits lutins ont, de ce fait, de multiples talents dans tous les domaines artistiques, et aucun, vous entendez, aucun ne fait exception.
Aucun ?



Regardez là-bas, cet attroupement !
Ecoutez ces éclats de rires moqueurs !
Approchez un peu….


-  Ah, regardez … !  pouffe un lutin, tout de vert vêtu.
-  Oh ! Que c’est drôle, je n’ai jamais vu pareil maladroit ! s’esclaffe un autre.

Un troisième, légèrement en retrait, se tient les côtes, plié de rire, et manque s’étouffer.

C’est tout simplement un cours de dessin.
Chaque petit lutin a dessiné et peint un tableau du meilleur effet.
Difficile de départager les petits génies, même pour l’œil attentif d’un expert.
Mais, au milieu du groupe, un petit lutin a renversé toutes ses couleurs, il en est d’ailleurs complètement recouvert. Quant à sa feuille barbouillée, elle ne ressemble en rien au travail soigné et parfait de tous les autres.

Et qui a réalisé ce désastreux chef-d’œuvre ?
C’est Scapin, encore lui !

Scapin n’a pas son pareil. Maladroit, renversant tout sur son passage, gauche, sans aucune grâce pour la danse, malhabile avec les instruments de musique et chantant affreusement faux de surcroît.

Pauvre Scapin !

Mais que s’était-il passé ?

En fait, le jour de la distribution des dons par le «grand magicien » du peuple des lutins, Scapin, déjà fort distrait, s’était baissé pour cueillir une fleur. L’éclair divin, distributeur de pouvoirs magiques lui passa tout simplement au-dessus de la tête sans l’atteindre.

Scapin est donc un petit lutin qui n’a aucun pouvoir.
Triste état, en vérité, dans ce pays où chacun est si parfaitement doté.

Scapin est la risée de tous.

Malgré ses efforts, il ne réussit rien, et souvent, il court se réfugier dans les bras de sa maman.

-          Ne pleure pas, dit maman en câlinant son bambin de lutin, tu es mon petit Scapinou, et pour moi, même si tu n’as pas de pouvoir, tu es le plus beau de tous les petits lutins du monde.

Bercé par les bras maternels, Scapin, suçant son pouce, car même les petits lutins sucent leur pouce, s’endort, apaisé.

Mais, lorsque Scapin s’éloigne de l’amour maternel, de la petite maison familiale au toit de chaume où il fait bon vivre protégé des sarcasmes des autres, il se sent perdu et malheureux. Aussi, la plupart du temps, il se met à l’écart, et n’ose rien faire, car chacun de ses gestes déclenche catastrophes et cascades de fous rires railleurs.

Son désir d’isolement l’éloigne fréquemment du village et le rapproche inévitablement de la masse sombre des arbres de l’inquiétante forêt.
Celle-ci attire Scapin par l’interdit d’y pénétrer et les légendes que les anciens chuchotent loin des oreilles des plus jeunes.

Ne dit-on pas que cette forêt est habitée par un esprit qui manifeste sa présence par la sonorité mélodieuse de son violon ?

Dans l’esprit de Scapin, cet esprit musicien pouvait sûrement lui redonner les dons qui lui étaient bêtement passés au-dessus des oreilles.

Ne dit-on pas aussi, que ce génie des bois, charme les enfants avec sa musique pour les attirer dans la profondeur ténébreuse des lieux, les enfermer et peut-être les manger, car en fait, aucun n’étant revenu, on ne savait pas ce qu’ils étaient devenus.



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