mercredi 24 juin 2020

Les mots sont souvent bien étranges....




Saviez-vous que ce fût à partir d’une pierre nommée « béryl », un cristal transparent et incolore, que furent confectionnées les premières loupes et les premières lunettes ?
Saviez-vous également que ces premières lunettes – vers 1328 -  étaient appelées « bericle », mot dérivé de « béryl », justement.

Et  puis, « bericle », avec le temps,  dériva en « bezicle », tout d’abord au singulier, avec un genre incertain -  parfois masculin, parfois féminin -  vers 1399, pour être définitivement pluriel vers 1555.
Ceux qui portaient cet accessoire n’avaient-ils pas deux yeux, donc deux bezicles.....

A partir de ce milieu du XVIème siècle, on ne portait plus un besicle ou une besicle, mais des besicles.

Le mot « lunettes », petites lunes, car les verres ne possédaient alors qu’une forme ronde, apparut au XVIIème siècle.
Les lunettes avaient balayé les besicles, ce mot étant regardé comme burlesque, puis plaisant avant d’être considéré comme archaïque.

Un besiclard (ou une besiclarde)  (1949) chaussait des besicles...... sur le bout de son nez.

Mais « bésiclard », tardif dans notre vocabulaire, fut tout de même beaucoup moins employé que son synonyme « binoclard », terme péjoratif, également, véhiculé depuis 1885 et découlant de « binocles ».

Binocles ?
Du latin « binoculus », nom forgé à partir de :
·         Bini : paire
·         Oculus : œil
En 1645, un binocle était un télescope à deux oculaires, en quelque sorte l’ancêtre des jumelles (fin du XIXème siècle).

Une forme réduite du binocle, le monocle.
« Monocle », mot apparut vers 1596, du latin :
·         Mono : seul unique
·         Oculus : œil
« Monocle » : qui n’a qu’un seul œil, ou encore borgne.
Ce mot évolua vers 1671 et désigna une petite lunette pour un seul œil.
En 1746, le monocle désignait un petit verre optique se plaçant sous l’arcade sourcilière.
Ce qui fut un accessoire utile pour améliorer la vue devint à la fin du XIXème siècle, une marque d’élégance qu’arboraient les messieurs des classes aisées.
Arsène Lupin, le personnage créé par Maurice Leblanc, portait un monocle, élément marquant son extrême raffinement.



Il y avait également le lorgnon.
Lorgnon ?
De l’ancien adjectif « lorgne » (1175) qui qualifié une personne qui louchait. Cet adjectif donna le verbe « lorgner » (1400) qui après avoir signifié « loucher » prit la signification de « regarder – observer » (XVIIème siècle).
Lunettes sans branche, le lorgnon fut également appelé, « pince-nez ».
Emile Zola apparaît sur certaines photos avec un pince-nez.






Il y avait aussi le « face-à-main », lunettes à une branche, perpendiculaire aux verres, qui se portait avec élégance devant le visage par les femmes de la haute société.
Ce procédé fut également utilisé avec de petites jumelles qu’il était de bon ton de se munir pour aller au théâtre..... pour regarder, du haut des balcons, la scène, mais également la salle, pour observer le public...... Les cancans faisant partie du spectacle.

 



Bon, binocles ou besicles sur le nez, je vais relire cet article......
Pardon, ce sont à présent des lunettes...... mes indispensables lunettes....... indispensables et chères à ma vue que je vais dès à présent ne désigner, affectueusement, que par : « mes petites lunes » !


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert

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