mercredi 17 mars 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP

 

Chapitre 6

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

La bête du Gâtinais

  

Cet animal était-il un loup ? Un chien ?

L’histoire rapporte que l’animal faisait des ravages près de la grande plaine beauceronne.

Ceux qui l’ont aperçu, le décrivirent :

·         « .. Qui n’était en forme de chien, ni loup », déclara Louis Chartier, marchand.

·         « ..En forme de métis avec le poil blond et le col blanc... », affirmait un autre.

 

On raconta, à l’époque, qu’entre Etampes et Fontainebleau, ce carnassier tua environ 120 personnes, avant d’être abattu dans les rues du village de Moigny-sur-Ecole, le vendredi 20 avril 1653.

 

La dépouille de ce loup, baptisé la bête du Gâtinais, fut présentée au roi, avant d’être  empaillée, et exposée à la vue du public à Paris. Pour rassurer, pour tranquilliser les esprits.

 

Deux années plus tard, en 1655, toujours dans le Gâtinais, une autre bête féroce, d’une grandeur extraordinaire, attaqua et dévora des femmes et des enfants.

Etait-ce la même bête, celle que l’on avait cru tuer dans les rues de Moigny ?

Bête maligne, revenant des enfers ?

La question tourna dans bien des esprits, entraînant de nouveau une psychose générale ?

Tout un chacun ne sortait plus qu’armé de fourche ou de bâton.

 

Un animal fut abattu, le 16 octobre 1655, par Gaspard de Montmorin[1], marquis de Saint-Hérem.

Pour lui, il s’agissait bien de LA bête, mais comment en être absolument sûr ?

 

Le compte-rendu de l’autopsie du loup, après avoir été tué, mentionne ce qui suit !

« Procès-Verbal de reconnaissance de la Bête

 Lesquels ont trouvé dans la panse de ladite bête une chopine de sang fort noir avec un petit morceau de drap auquel tenait un petit ruban servant à la coiffe d’une fille avec quantité de cheveux noirs ; et, attenant ladite panse, aurait coupé le boyau, dans lequel s’est trouvé un grand drapeau plein de sang et de cheveux blonds, avec l’oreille du dessus d’un soulier et plusieurs autres petits poils et peaux en façon de parchemin. »

 

 Mais une autre bête monstrueuse sévit encore, et cela, jusqu’en juillet 1657.

 

Il n’y avait sûrement pas qu’un seul loup, mais la peur le faisait renaître sans cesse dans l’esprit des villageois, comme un monstre du diable qui dévorait les chrétiens.

 

 Cette bête (ces bêtes !!) fit bien parler d’elle, et pas seulement, car elle fit aussi couler beaucoup d’encre.

Le curé Jean Delarue de Nancray écrivit l’avoir rencontrée sur la route de Beaune, la décrivant  comme :

« une beste carnassière comme un grands léverier..... on fit des chasses pour la prendre, cela ne servoit à rien.... Jau creu que c’étoient quelques bestes ensocelées...... elle se jettoit à la gorge ou à la face.... elle attaquoit rarement les hommes... »

 

Selon ce curé, ce loup aurait « tué et blessé jusqu’à plus de dix huict cens » et dans Milly, il aurait fait « soixante de tués et blessés à mort ».

 

Nous trouvons un autre témoignage de l’existence de cette bête dans « Les mémoires de Madame de Guette[2] », publiées en 1681. Un ouvrage, très complet et intéressant, parlant des mœurs de son époque et de cette période de troubles historique, la Fronde ».

 

« Un grand loup cervier[3] – sans doute, y en avait-il plusieurs – causait par tout le pays une si grande consternation qu’on ne parlait que de la bête du Gâtinais comme d’une chose effroyable... Elle en voulait particulièrement aux femmes et aux filles, et leur mangeait les deux mamelles et le milieu du front, puis les laissait là. Je ne trouvai rien en chemin, qu’un grand nombre de personnes qui allaient par bandes, armées d’épieux, de fourches, de hallebardes, d’épées et de toutes sortes d’armes pour se défendre, en cas qu’ils eussent rencontré ce monstre. »

  

Des bêtes féroces, dites suppôt de Satan, il y en a eut bien après celle du Gâtinais.

En avançant dans le temps, les détails et circonstances de ces attaques de loups seront plus fournis, car relatés par la presse. Les journaux, témoignages incontournables, car seul moyen de communication.

 

C’est ce que je vous propose de découvrir à travers les différents récits des contemporains et rapports de police et de justice.

 

 
       ......... A suivre ........

 

 

 



[1] François Gaspard de Montmorin, né en 1621 et décédé le 1er août 1701.  Il fut gouverneur et capitaine des chasses de Fontainebleau et Grand Louvetier de France de 1655 à 1701.

[2] Catherine Meurdrac, épouse de Jean Mariot de la Guette, née le 20 février 1613 à Mandres en Ile-de-France et décédée en 1680. Son mari, qu’elle épousa en 1635, était Sieur de la Guette, capitaine de chevau-légers et maître d’hôtel du roi.

[3] Un loup-cervier pouvait peser jusqu’à 50 kilogrammes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.