Chapitre 6
Les loups qui ont fait parler d’eux.......
La bête du Gâtinais
Cet animal était-il un loup ?
Un chien ?
L’histoire rapporte que l’animal
faisait des ravages près de la grande plaine
beauceronne.
Ceux qui l’ont aperçu,
le décrivirent :
·
« .. Qui n’était en forme de chien, ni
loup », déclara Louis Chartier, marchand.
·
« ..En forme de métis avec le poil blond et le
col blanc... », affirmait un autre.
On raconta, à
l’époque, qu’entre Etampes et Fontainebleau, ce carnassier tua environ 120
personnes, avant d’être abattu dans les rues du village de Moigny-sur-Ecole, le
vendredi 20 avril 1653.
La dépouille de ce
loup, baptisé la bête du Gâtinais, fut présentée au roi, avant d’être empaillée, et exposée à la vue du public à
Paris. Pour rassurer, pour tranquilliser les esprits.
Deux années plus tard, en 1655, toujours dans le Gâtinais, une autre bête féroce, d’une grandeur extraordinaire, attaqua et dévora des femmes et des enfants.
Etait-ce la même bête,
celle que l’on avait cru tuer dans les rues de Moigny ?
Bête maligne, revenant
des enfers ?
La question tourna
dans bien des esprits, entraînant de nouveau une psychose générale ?
Tout un chacun ne
sortait plus qu’armé de fourche ou de bâton.
Un animal fut abattu, le
16 octobre 1655, par Gaspard de Montmorin[1],
marquis de Saint-Hérem.
Pour lui, il
s’agissait bien de LA bête, mais comment en être absolument sûr ?
Le compte-rendu de
l’autopsie du loup, après avoir été tué, mentionne ce qui suit !
« Procès-Verbal
de reconnaissance de la Bête
Lesquels ont
trouvé dans la panse de ladite bête une chopine de sang fort noir avec un petit
morceau de drap auquel tenait un petit ruban servant à la coiffe d’une fille
avec quantité de cheveux noirs ; et, attenant ladite panse, aurait coupé
le boyau, dans lequel s’est trouvé un grand drapeau plein de sang et de cheveux
blonds, avec l’oreille du dessus d’un soulier et plusieurs autres petits poils
et peaux en façon de parchemin. »
Il n’y avait sûrement
pas qu’un seul loup, mais la peur le faisait renaître sans cesse dans l’esprit
des villageois, comme un monstre du diable qui dévorait les chrétiens.
Le curé Jean Delarue
de Nancray écrivit l’avoir rencontrée sur la route de Beaune, la décrivant
comme :
« une beste
carnassière comme un grands léverier..... on fit des chasses pour la prendre,
cela ne servoit à rien.... Jau creu que c’étoient quelques bestes
ensocelées...... elle se jettoit à la gorge ou à la face.... elle attaquoit
rarement les hommes... »
Selon ce curé, ce loup
aurait « tué et blessé jusqu’à plus
de dix huict cens » et dans Milly, il aurait fait « soixante de tués et blessés à mort ».
Nous trouvons un autre
témoignage de l’existence de cette bête dans « Les mémoires de Madame
de Guette[2] »,
publiées en 1681. Un ouvrage, très complet et intéressant, parlant des mœurs de
son époque et de cette période de troubles historique, la Fronde ».
« Un grand loup
cervier[3]
– sans doute, y en avait-il plusieurs – causait par tout le pays une si grande
consternation qu’on ne parlait que de la bête du Gâtinais comme d’une chose
effroyable... Elle en voulait particulièrement aux femmes et aux filles, et
leur mangeait les deux mamelles et le milieu du front, puis les laissait là. Je
ne trouvai rien en chemin, qu’un grand nombre de personnes qui allaient par
bandes, armées d’épieux, de fourches, de hallebardes, d’épées et de toutes
sortes d’armes pour se défendre, en cas qu’ils eussent rencontré ce
monstre. »
Des bêtes féroces,
dites suppôt de Satan, il y en a eut bien après celle du Gâtinais.
En avançant dans le
temps, les détails et circonstances de ces attaques de loups seront plus
fournis, car relatés par la presse. Les journaux, témoignages incontournables,
car seul moyen de communication.
C’est ce que je vous
propose de découvrir à travers les différents récits des contemporains et
rapports de police et de justice.
[1] François Gaspard de Montmorin, né en 1621 et décédé le 1er août 1701. Il fut gouverneur et capitaine des chasses de Fontainebleau et Grand Louvetier de France de 1655 à 1701.
[2] Catherine
Meurdrac, épouse de Jean Mariot de la Guette, née le 20 février 1613 à Mandres
en Ile-de-France et décédée en 1680. Son mari, qu’elle épousa en 1635, était
Sieur de la Guette, capitaine de chevau-légers et maître d’hôtel du roi.
[3] Un
loup-cervier pouvait peser jusqu’à 50 kilogrammes.
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