mercredi 19 mai 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - Chapitre 14

 

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 Les loups du Val de Loire – première partie

 

Plus nous remontons dans le temps, plus il est difficile de trouver des informations concernant les attaques des loups, il en est parlé uniquement si le nombre de victimes dépasse un seuil insupportable.

Alors seulement quelques chroniqueurs révèlent les faits, des baladins en font des chansons qu’ils colportent tout le long de leurs voyages de village en village et, bien évidemment, quelques prêtres de paroisses, lourdement touchées, souhaitant  laisser une trace.

Plus l’événement est d’importance, plus il y a de répercussions. Nous le verrons plus avant avec « l’affaire de la bête du Gévaudan ».

  

Concernant certains prêtres, je ne peux que féliciter et remercier celui de la paroisse de Saint-Jean-de-Braye, le curé Pasquier.

 En effet, sur les registres paroissiaux, il a évoqué, non seulement, les ravages des loups dans son village, mais également dans les villages avoisinants. Une vraie gazette. 

 

Sur l’acte de sépulture  du 29 janvier  1692, jour où était mis en terre Jean Lebrun, fils d’Etienne et Madeleine Botin, il est noté à la fin du document [1]:

« ....... un loup qui en ce temps mangeait les homes et les femes et principalement les enfans et dans la forest et dans tout le vignoble d’Orleans costé de la ville et à l’heure que j’écris, ces choses en avoit mangé ou blessé à mort plus de cinquante depuis deux ans. »

 Jean Lebrun, âgé de 6 ans, était décédé suite à la morsure d’un loup.

En marge de l’acte de sépulture de ce garçonnet, cette mention :  « Bêtes qui mangent le monde ».


 Un mea culpa quelques mois plus tard, en septembre 1692 qui commence ainsi :

« Je regrette souvent de n’avoir pas marqué tous les événements singuliers qui sont arrivés pendant que j’étais curé......

..... un des plus mémorables est celui des loups carnassiers qui depuis trois ans sortent de la forest nuit et iou et tuent, blessent et dévorent les personnes de tout sexe et de tout âge.....

.... nous en comptons déjà plus de deux cens qui ont été blessés, tués et dévorés....... »

 Le curé Pasquier énumère ensuite les paroisses touchées :

Gydi – Saran – Fleury – Sercottes – Ormes – St-Jean-de-la-Ruelle – Ingre – Chanteau – Marigny – Andeglou – St-Lyé – Boigny – Viney – Trainou – Sully-la-Chapelle -  St-Jean-de-Bray....

 

 Concernant sa propre paroisse, le curé Pasquier note également qu’il n’y a eu à déplorer que deux blessés à mort  et un blessé à la tête.

 Mercredi 17 septembre 1692, une journée exceptionnellement tragique :

Maria Chenau, vigneron demeurant à Gradoux,  âgé de 55 ou 56 ans. Il travaillait dans ses vignes du clos de Vaumonbert face aux maisons du bas de Gradoux. C’était vers les six heures du matin.

Il était penché lorsqu’un loup le surprit, lui mordant la tête à quatre endroits.

Malgré ses blessures, l’homme se releva et fit face à la bête, la menaçant de sa serpe.

La bête prit la fuite.

 

Mais ce loup n’avait pas eu son comptant, ce fut vers huit heures, le même jour, qu’il attaqua  un autre vigneron. Un nommé Jacques Curai qui passait sur le pont de Boigny. La bête lui sauta dessus, le mordit à la tête et lui arracha une oreille.

 Le loup passa ensuite la rivière Bionne. En traversant le village de Checy, il s’en prit à un enfant de dix ans, qu’il tua.

 A la lisière du bois de Rouilly, l’animal fondit sur un groupe de huit femmes qui travaillaient aux champs, les blessant toutes.

 Son parcours meurtrier ne s’arrêta pas là, hélas. 

 A Breteau, il blessa un petit garçon.

A la Vennecy, quatre personnes subirent des morsures, certaines décédèrent des suites de leurs blessures. Cela se passa dans la métairie de M. Braffon.

A Trainou et Sully-la-Chapelle, plusieurs personnes périrent sous les crocs acérés de cette bête féroces.

 La course de cet animal maléfique s’arrêta le lendemain, 18 septembre 1692, sous les balles du bailli du village de Monliard.

  

Le récit du curé de Saint-Jean-de-Braye ne s’arrête pas à l’énumération du carnage des loups, mais nous y reviendrons plus avant.

 

Tout d’abord, j’aimerais faire un point sur les victimes des différentes phases des attaques meurtrières.

Qui étaient-elles ?

 
Je vous donne donc rendez-vous la semaine prochaine pour vous donner les noms que j’aurai pu découvrir.



[1] Les textes en italiques sont notés tel qu’ils apparaissent dans le document originel.

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