mercredi 26 mai 2021

HISTOIRE VRAIE – LA MAUVAISE REPUTATION DU LOUP - chapitre 15

 


 Chapitre 15

Les loups qui ont fait parler d’eux.......

 Les loups du Val de Loire – seconde partie

 

 Une horrible période, allant de septembre 1690 jusqu’à septembre 1692, que nous allons redécouvrir, village par village, en sachant par avance que les actes de sépulture ne mentionnent pas tous la cause des décès.

  

Année 1690

 

Village de Saran

·         Christophe Dumuid, fils de Robert Dumuid[1] et de Mesmine Moulin, âgé de onze ans, qui gardait les bestiaux, a été tué et dévoré par un loup-cervier, le 5 septembre 1690.

Son acte de sépulture mentionne : «  dévoré et mis en pièces.... les restes du corps ont été inhumé..... »

 

Les parents du jeune garçon s’étaient unis en l’église de Saran, le 1er juin 1676. La mère, Mesmine Moulin, été décédée à la date du drame.

Robert Dumuid avait convolé en secondes noces avec Claudine Gouet, le 10 janvier 1684.

 

 

Année 1691

 Village de Saran

·         Marie Roger, jeune fille de douze ans, inhumée le 6 juillet 1691, avait subi, la veille, les attaques d’un loup-cervier. Les restes de son corps avaient été ensevelis dans le petit cimetière de Saran.

Elle était la fille de Marcou Roger et de Liénarde Rousseau, cette dernière était décédée le 5 août  1683.

Le couple avait eu deux enfants :

o   Marie, née le 4 octobre 1678 à Ingre et décédée en juillet 1691.

o   Laurent, né vers 1681 et inhumé le 6 novembre 1683 à Saran.

 

Marcou Roger, baptisé le 17 juin 1646, veuf de Liénarde Rousseau, s’était remarié le 23 janvier 1689 à Saran, avec Jeanne Hure.

 

 

·         Quelques jours plus tard, le 20 juillet, la jeune Jeanne de seize printemps, fille de Mathurin Marche et de Guillemette Auger, était tuée dans les bois par une « bête carnassière ».

  

·         Pierre Grison, onze ans environ, fils de Louis Grison et Magdeleine Hure a été surpris par un loup alors qu’il traversait un champ. C’était le 21 juillet 1691.

 

Louis Grison et Magdeleine Hure s’étaient mariés le 3 juillet 1679 à Saran. Je ne pourrais dire s’ils furent heureux, mais ce que je peux affirmer, c’est qu’ils eurent beaucoup d’enfants, à savoir :

o   Marguerite                : 1680 -  1733

o   Pierre                           : 1681 - 1691

o   Madeleine                   : 1683 - ?

o   Joachim                       : 1685 - ?

o   Sébastien                    : 1687 - 1758

o   Louis                             : 1689 - 1689

o   Jeanne                         : 1690 - ?

o   Madeleine                   : 1692 - ?

o   Barthélémy                  : 1694 - ?

o   Marie                            : 1696 - ?

o   Madeleine                    : 1698 - ?

o   Louise                           : 1700 - ?

 

Petite analyse de cette fratrie :

Trois petites filles se prénomment Madeleine.

Cela veut dire que les deux premières sont décédées en bas-âge. En effet, il était alors coutumier de donner le prénom d’un enfant décédé au suivant du même sens.

 

Magdeleine Hure, baptisée le 14 janvier 1659 à Saran, fut inhumée le 23 novembre 1709.

Louis Grison, veuf de Magdeleine Hure, se remaria le 23 novembre 1711 à Saran avec Marie Besson. Il fut inhumé le 15 janvier 1720.

 

 

·         Pierre Vaslin, lui, fut dévoré « proche le bois de la noue Moireau [2]» - « Les restes de son corps trouvés dans le dit-bois ont été inhumés ».....

Pierre Vaslin avait neuf ans et demi, il était le fils de défunt Guillaume Vaslin (décédé le 15 août 1686 à Saran) et Magdeleine Gorrand.

  

Village de Semoy

 ·         Jean Texier, âgé de dix ans, fils de Claude Texier et de feue Marie Rose. Ce jeune garçon a été attaqué et tué le 30 mai 1691 et  inhumé le lendemain.

Sur l’acte paroissial, il est noté : « a été dévoré par certain animal duquel on ne connait pas le nom ».

 

·         Marie Angenault, jeune fille de quatorze ans, fille de Jean Angenault et de Marie Brisart.

Ce fut le 24 juillet 1691 qu’elle rencontra son horrible destin sous les crocs d’un loup.

Sur l’acte, est inscrit à jamais : « Tuée par un certain animal d’une manière pitoyable.... »

 

 

Ville d’Orléans – Paroisse Saint-Marc

 Ce fut le jour de la Pentecôte 1691, que le petit Nicolas, fils de Jean[3] Landré et de Marie Chenaut, trouva la mort sous des crocs acérés.

Baptisé le 7 avril 1686, en la Paroisse Saint-Marc à Orléans, Nicolas fut inhumé, en ce même lieu, cinq ans plus tard, le 4 juin 1691.

 

Ses parents, Jean Landré et de Marie Chenaut, s’étaient épousés le 9 janvier 1673.

 

 

 

Année 1692

 

Village de Chécy

 

·         Pierre Peltier, enfant de dix à onze ans, fils de Pierre Peltier, décédé, et de Louise Dupuis, « blessé par la beste », décédé des suites de ses blessures et inhumé le 18 septembre 1692.

 

 Village de Semoy

 

·         Pour une fois, « la beste » ne s’était pas attaqué à un enfant, mais à un adulte.

C’était le 3 janvier 1692.

La victime se nommait Marie Delahaye, âgée de cinquante-quatre ans, femme de Sanson Fouteau.

Rien d’autre n’apparaît sur l’acte paroissial, sauf cette mention :

« ... d’une manière pitoyable, tuée par un animal dans le bois... »

 

 Nous sommes loin du compte annoncé, et surtout, en fonction du temps passé, la récolte est bien maigre.

Sur tous les actes d’inhumations consultés, de 1689 à 1692, sauf pour ceux qui précèdent, aucune mention de la cause du décès.

Plusieurs autres raisons du peu d’informations récolté :

·         Années incomplètes ou inexistantes dans les archives.

·         Textes à l’encre effacés, donc illisibles.

Et puis qui dit « victimes », parlent d’un nombre non négligeables de blessés dont les plaies physiques ont cicatrisés.... Mais pour lesquelles les séquelles psychologiques ont été tenaces. La peur du loup a été transmise et alimentée par un grand nombre d’entre elles.

 

 

Comment voulez-vous travailler dans de telles conditions !!

 

La semaine prochaine, nous reviendrons sur le texte laissé par Monsieur le curé Pasquier.

 

 



[1] Selon les actes, l’orthographe de ce nom diverge en : Dumuis - Dumuids

[2] Après bien des recherches, il s’agirait d’un bois - longeant la Noue, petit cours d'eau, au hameau de la Motte-Moreau.

[3] Jean Landré est décédé le 20 mai 1710.

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