mercredi 6 octobre 2021

Les îles indonésiennes

 

 

En 1815, les territoires qui deviendront l’Indonésie étaient administrés par le Royaume-Uni, depuis 1810.

L’officier anglais, Stamford Raffles[1], occupait, alors, le poste de lieutenant-gouverneur.

 

 5 avril 1815, un bruit ressemblant à une canonnade retentit jusqu’à Batavia[2].

Etait-ce un navire en détresse qui demandait de l’aide ?

Etaient-ce des pirates qui attaquaient un autre navire ?

L’explication de ces explosions se révéla lorsque, le lendemain, une pluie de cendres s’étendit sur une partie de l’Indonésie.

 

 
Le volcan Tambora[3], à environ 1 200 kilomètres de Batavia  venait d’entrer en éruption.

Habituées aux humeurs instables du volcan, les populations ne s’inquiétèrent pas outre mesure.

Seulement une colonne éruptive de cendre de 33 km de haut qui dura un jour et demi. Rien d’alarmant, surtout que le calme sembla revenir. Et pendant les cinq jours qui suivirent, il ne se produisit absolument rien.

Le calme avant la tempête !

 

Toutefois, un mauvais pressentiment  avait poussé la population à demander de l’aide auprès des autorités postées à Bima, ville principale de l’île de Sumbawa.

Un homme, nommé Israel[4], fut diligenté sur place. Il arriva le 9 avril.

 

Oui mais, le 10 avril 1915, vers 10 heures du matin, une colonne éruptive plus intense, montant à plus de quarante-quatre kilomètres, se produisit pendant trois heures.

A 19 heures, ce fut une pluie de pierres ponces qui s’abattit sur le village de Sanggar[5], et du cratère du volcan s’échappaient « trois colonnes de flammes »[6]. Quand les trois colonnes n’en firent plus qu’une, la montagne ne forma plus qu’ « une masse de feu liquide »[7], une coulée de lave qui s’étala jusque dans la mer, à plus de quarante kilomètres du sommet éruptif, générant des explosions secondaires augmentant ainsi le volume des cendres.

 

 

Le 12 avril, le volcan était toujours en activité et le nuage de cendre et de gaz atteignait une étendue de neuf-cents kilomètres.

Ce ne fut que le 15 avril que l’éruption cessa enfin, mais les cendres s’échappaient encore, s’étendant jusqu’à mille trois cents kilomètres alentours.

Le 17 avril 1815, le calme revint enfin.

La péninsule de Sanggar était entièrement dévastée.

 

Ce ne fut que le 15 avril que les autorités purent envoyer des secours. Le paysage que découvrirent ces sauveteurs était apocalyptique.

Stamford Raffles, lieutenant–gouverneur, envoya sur place un officier, le lieutenant Owen Philips, avec des vivres pour aider, «si nécessaire», les populations touchées. Ce lieutenant fut le premier à prendre connaissance de l’horreur  qui venait de se produire et à constater son impuissance face à cette terrible catastrophe. Il fut aussi celui qui rapporta les dommages produits par cette éruption volcanique.

 

  • ·         Le volcan Tambora qui se voyait de loin en arrivant par mer n’avait plus de sommet. La dernière explosion l’avait littéralement décapité, le diminuant de mille quatre cents mètres. Le Tambora culminait à environ quatre mille mètres. Aujourd’hui, sa hauteur est de deux-mille-cinq-cent-quatre-vingts mètres d’altitude.
  • ·         Une multitude de pierres ponce flottant sur les flots, ainsi que des débris de toute sorte.
  • ·         Une couche de boue et de cendres recouvrant l’île – jusqu’à soixante-dix centimes de hauteur.
  • ·         Les villages entièrement détruits et les cultures dévastées.
  • ·         Des cadavres humains et des cadavres d’animaux gisant partout.
  • ·     Et les autres, les survivants, totalement hagards, cherchant désespérément un être aimé, essayant de trouver un peu de nourriture.

 

Etant donné la catastrophe écologique – le volcan avait craché cent millions de tonnes de composés chlorés et soixante-dix millions de tonnes de composés fluorés, inhalés par les survivants et qui avaient contaminées eau et vivres encore existants – des maladies et des épidémies se déclarèrent.

 

Difficile de confirmer le nombre de morts, mais une estimation fut faite et les chercheurs arrivèrent au constat suivant.

 

Un bilan humain très lourd :

  • ·         Sur l’île de Sumbawa, 12 000 personnes auraient été tuées directement par les précipitations          et les coulées de cendres, 49 000 autres de famine et de maladies.
  • ·         L’éruption aurait fait 10 000 victimes supplémentaires sur l’île voisine de Lombok.

Ce total de 71 000 morts est probablement sous-estimé, car il ne comprend pas les décès survenus à Bali et même dans l’est de Java.

Le nombre de 117 000 décès, sans doute plus exact, fut avancé.

 

Point de repère déchu des navigateurs, le Tambora continua à gronder jusqu’en 1819. Endormi, il eut tout de même quelques brefs réveils sans conséquence, entre 1847 et 1919.

 

Ce fut une des plus puissantes éruptions de l’histoire de l’humanité qui aurait été huit fois plus forte que l’éruption du Vésuve, soit dix mille fois les explosions nucléaires d’Hiroshima en 1945.

Les explosions avaient été entendues à plus de 1 400 kilomètres de distance.

 

 

Une catastrophe qui engendra d’autres périls.  

·         Un refroidissement général sur toute la planète – l’été qui suivit fut glacial, tout comme l’année 1816.

·         L’hémisphère nord enregistra des températures de 0.5°C à 1° C.

·         Les cultures furent anéanties et s’ensuivit une grande crise alimentaire sur les deux années suivantes, en Europe.

·         Famine équivalant à révolte, il y eut un peu partout des émeutes.

·         Les Alpes Suisses furent très touchées. Pendant l’été 1816, il neigeait chaque semaine. La famine sévissait.

·         L’Alsace connut également une période de famine exceptionnelle.

·         Aux Etats-Unis, les États de la côte-Est (le Maine, la Nouvelle-Angleterre, le Massachusetts) ne furent pas épargnés.

 

Ce bouleversement climatique fit plus de 100 000 victimes sur la Terre.

 

Les bouleversements climatiques, il en est de plus en plus question aujourd’hui. Notre planète Terre est vivante. Son équilibre est fragile.....

Nous, ses locataires, devons prendre soin d’elle, mais elle a eu depuis toujours des colères incontrôlables qui laissent démunis.

 



[1] Stamford Raffles[1], (1781-1826). La majeure partie de ce que l’on sait de l’éruption du Tambora est tirée de son Histoire de Java (1817) et de ses Mémoires (1830) dans lesquels il rapporte les propos de quelques témoins directs ayant survécu aux événements.

[2] Aujourd’hui Jakarta sur l’île de Java – capitale de l’Indonésie.

[3] Le Tambora se trouve sur l’île de Sumbawa en Indonésie.

[4] Israel (rien en ce qui concernait cet homme) constata, ce fut tout ce qu’il put faire. Il fut tué lors de la deuxième éruption.

[5] Le village se situait à environ 35 kms du volcan.

[6] Témoignages de l’époque.

[7] Témoignages de l’époque.

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