En 1815, les territoires qui deviendront l’Indonésie étaient
administrés par le Royaume-Uni, depuis 1810.
L’officier anglais, Stamford Raffles[1], occupait, alors, le poste
de lieutenant-gouverneur.
Etait-ce un navire en détresse qui demandait de l’aide ?
Etaient-ce des pirates qui attaquaient un autre navire ?
L’explication de ces explosions se révéla lorsque, le
lendemain, une pluie de cendres s’étendit sur une partie de l’Indonésie.
Habituées aux humeurs instables du volcan, les populations ne
s’inquiétèrent pas outre mesure.
Seulement
une colonne éruptive de cendre de 33 km de haut qui dura un jour et
demi. Rien d’alarmant, surtout que le calme sembla revenir. Et pendant les cinq
jours qui suivirent, il ne se produisit absolument rien.
Le
calme avant la tempête !
Toutefois, un mauvais
pressentiment avait poussé la population
à demander de l’aide auprès des autorités postées à Bima, ville principale de
l’île de Sumbawa.
Un homme, nommé Israel[4],
fut diligenté sur place. Il arriva le 9 avril.
Oui
mais, le 10 avril 1915, vers 10 heures du matin, une colonne éruptive plus
intense, montant à plus de quarante-quatre kilomètres, se produisit pendant
trois heures.
A
19 heures, ce fut une pluie de pierres ponces qui s’abattit sur le village de
Sanggar[5], et du
cratère du volcan s’échappaient « trois
colonnes de flammes »[6]. Quand les
trois colonnes n’en firent plus qu’une, la montagne ne forma plus qu’ « une masse de feu liquide »[7], une
coulée de lave qui s’étala jusque dans la mer, à plus de quarante kilomètres du
sommet éruptif, générant des explosions secondaires augmentant ainsi le volume
des cendres.
Le
12 avril, le volcan était toujours en activité et le nuage de cendre et de gaz
atteignait une étendue de neuf-cents kilomètres.
Ce
ne fut que le 15 avril que l’éruption cessa enfin, mais les cendres
s’échappaient encore, s’étendant jusqu’à mille trois cents kilomètres
alentours.
Le
17 avril 1815, le calme revint enfin.
La
péninsule de Sanggar était entièrement dévastée.
Ce ne fut que le 15 avril que les autorités purent envoyer des secours. Le paysage que découvrirent ces sauveteurs était apocalyptique.
Stamford Raffles, lieutenant–gouverneur,
envoya sur place un officier, le lieutenant Owen Philips, avec des vivres pour
aider, «si
nécessaire», les populations touchées. Ce lieutenant fut le premier
à prendre connaissance de l’horreur qui
venait de se produire et à constater son impuissance face à cette terrible
catastrophe. Il fut aussi celui qui rapporta les dommages produits par cette
éruption volcanique.
- ·
Le volcan Tambora qui se
voyait de loin en arrivant par mer n’avait plus de sommet. La dernière
explosion l’avait littéralement décapité, le diminuant de mille quatre cents
mètres. Le Tambora culminait à environ quatre mille
mètres. Aujourd’hui, sa hauteur est de deux-mille-cinq-cent-quatre-vingts
mètres d’altitude.
- ·
Une multitude de pierres
ponce flottant sur les flots, ainsi que des débris de toute sorte.
- ·
Une couche de boue et de
cendres recouvrant l’île – jusqu’à soixante-dix centimes de hauteur.
- ·
Les villages entièrement
détruits et les cultures dévastées.
- ·
Des cadavres humains et des
cadavres d’animaux gisant partout.
- · Et les autres, les
survivants, totalement hagards, cherchant désespérément un être aimé, essayant
de trouver un peu de nourriture.
Etant donné la catastrophe écologique – le volcan avait
craché cent millions de tonnes de composés chlorés et soixante-dix millions de
tonnes de composés fluorés, inhalés par les survivants et qui avaient contaminées
eau et vivres encore existants – des maladies et des épidémies se déclarèrent.
Difficile de confirmer le nombre de morts, mais une
estimation fut faite et les chercheurs arrivèrent au constat suivant.
Un
bilan humain très lourd :
- ·
Sur l’île de Sumbawa, 12 000 personnes auraient
été tuées directement par les précipitations et les coulées de cendres, 49 000
autres de famine et de maladies.
- ·
L’éruption aurait fait 10 000 victimes
supplémentaires sur l’île voisine de Lombok.
Ce
total de 71 000 morts est probablement sous-estimé, car il ne comprend pas les
décès survenus à Bali et même dans l’est de Java.
Le
nombre de 117 000 décès, sans doute plus exact, fut avancé.
Point de repère déchu des
navigateurs, le Tambora continua à gronder jusqu’en 1819. Endormi, il eut tout
de même quelques brefs réveils sans conséquence, entre 1847 et 1919.
Ce fut une des plus puissantes éruptions de l’histoire de
l’humanité qui aurait été huit fois plus forte que l’éruption du Vésuve, soit
dix mille fois les explosions nucléaires d’Hiroshima en 1945.
Les explosions avaient été entendues à plus de 1 400
kilomètres de distance.
Une catastrophe qui engendra d’autres
périls.
·
Un refroidissement général sur toute la planète – l’été qui suivit
fut glacial, tout comme l’année 1816.
·
L’hémisphère nord enregistra des températures de 0.5°C à 1° C.
·
Les cultures furent anéanties et s’ensuivit une grande crise
alimentaire sur les deux années suivantes, en Europe.
·
Famine équivalant à révolte, il y eut un peu partout des émeutes.
·
Les Alpes Suisses furent très touchées. Pendant l’été 1816, il
neigeait chaque semaine. La famine sévissait.
·
L’Alsace connut également une période de famine exceptionnelle.
·
Aux Etats-Unis, les États de la côte-Est (le Maine, la
Nouvelle-Angleterre, le Massachusetts) ne furent pas épargnés.
Ce bouleversement climatique fit
plus de 100 000 victimes sur la Terre.
Les bouleversements climatiques,
il en est de plus en plus question aujourd’hui. Notre planète Terre est
vivante. Son équilibre est fragile.....
Nous, ses locataires, devons
prendre soin d’elle, mais elle a eu depuis toujours des colères incontrôlables
qui laissent démunis.
[1] Stamford Raffles[1], (1781-1826). La majeure
partie de ce que l’on sait de l’éruption du Tambora est tirée de son Histoire de
Java (1817) et de ses Mémoires (1830) dans lesquels il rapporte les
propos de quelques témoins directs ayant survécu aux événements.
[2]
Aujourd’hui Jakarta sur l’île de Java – capitale de l’Indonésie.
[3] Le Tambora se trouve sur l’île de Sumbawa en Indonésie.
[4]
Israel (rien en ce qui concernait cet homme) constata, ce fut tout ce qu’il put
faire. Il fut tué lors de la deuxième éruption.
[5]
Le village se situait à environ 35 kms du volcan.
[6]
Témoignages de l’époque.
[7] Témoignages de l’époque.
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