mercredi 17 novembre 2021

Nuit de tempête.






Une tempête - il est même noté, un ouragan !!! - qui a fait bien des dégâts dans la capitale.

 

Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 décembre 1886, les Parisiens furent réveillés par de forts coups de vent vers les trois heures du matin. Des bruits effrayants de volets qui claquaient, se décrochant pour s’envoler plus loin, des cheminées qui s’écroulaient dans un fracas infernal, des toitures qui se soulevaient dispersant tuiles et ardoises alentour.

Sur les boulevards, installés pour les fêtes de fin d’année, les marchands forains restaient impuissants devant leurs baraques en planches projetées au loin et à présent disloquées, et leur marchandise éparpillée, brisée, dévastée, invendable. Leurs espérances d’une bonne recette à l’occasion du nouvel an, définitivement ruinées.

Dans la capitale et dans les faubourgs, au matin après deux heures de déchaînement de ces bourrasques furieuses de vent, ce n’est que désolation. Les sols étaient jonchés de débris de toute sorte : briques, planches, ardoises, tuiles, verres brisés, branches....

Avenue Marceau, un mât-réclame s’était abattu sur un candélabre. De même, les mâts placés devant le Palais de l’Industrie n’avaient pas résisté aux rafales, s’abattant avec fracas sur le toit du poste des gardiens. L’écusson sur la devanture de ce Palais de l’Industrie, extrait de son support, avait été retrouvé dans un massif à plus de cinquante mètres de son lieu d’attache. Un beau vol plané !

 

Rue Miromesnil, une barrière en planches fut dégondée et projetée une centaine de mètres plus loin.

Boulevard Haussmann, rue Cervotte, boulevard Malesherbes, boulevard Montmartre, boulevard Poissonnière, boulevard des Capucines... Partout le même désastre.

Au milieu des baraques éventrées des marchands forains, des objets invendables, des livres déchirés, les arbres déracinés, des branches éparpillées, des vitrines de magasins pulvérisées...

 

Les bois de Vincennes et de Boulogne, ainsi que les divers jardins publics n’avaient pas été épargnés. Beaucoup d’arbres gisaient à terre et la végétation semblait avoir été piétinée. Il allait falloir du temps pour tout nettoyer et replanter.

 

L’échafaudage de l’église du Sacré-Cœur à Montmartre, actuellement en travaux, avait été jeté à terre.

 

Autour de Paris, les lignes télégraphiques, arrachées, ne pouvaient effectuer leur mission. Plus aucune communication possible.

 

Si le montant des dégâts matériels était extrêmement conséquent, il était à déplorer, malheureusement, des accidents de personnes.

Un tuyau de cheminée, dans sa chute folle, avait écrasé un balayeur au faubourg Saint-Denis

Avenue Wagram, un fiacre a basculé sous la force d’une bourrasque. Le cocher, grièvement blessé, avait  été transporté à l’hôpital. Les trois passagers du fiacre, très contusionnés, avaient pu, toutefois, regagner leur domicile.

Un jeune homme de vingt ans, fut heurté à la tête par une persienne. Ce jeune homme, du nom de Hernay, se trouvait dans un état très critique.

Rue d’Avron, une partie d’une toiture en zinc avait enseveli deux ouvriers qui se rendaient à leur travail.

 

Une nuit de cauchemar que les habitants de Paris et de la banlieue n’étaient pas prêts d’oublier.

 

Mais le pire pouvait être à venir.....

Le niveau des eaux de l’Yonne et de l’Aube était au plus haut. Ce fait engendrait une répercussion sur le niveau de la Seine qui montait de jour en jour d’une manière inquiétante. Déjà, les quais commençaient à être submergés. On craignait d’être obligé d’interrompre toute navigation.

 

Dans d’autres départements,  les intempéries commençaient à inquiéter. La ville de Bordeaux avait essuyé des vents tempétueux et des pluies torrentielles mêlées de grêlons.

 

Sur la Manche, six bateaux de pêche avaient fait naufrage. Des remorqueurs avaient dû intervenir pour les renflouer.

 

Que faire devant une tempête, une inondation, si ce n’est attendre le retour au calme et réparer les dégâts ?

 

 

Ce texte a puisé ses sources dans un article écrit par Pierre Lecot,

dans le  journal « le Cri du peuple », en date du mercredi 29 décembre 1886.

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