mercredi 3 novembre 2021

Les intempéries.

 






Revenons en France, à l’automne 1768, où la paroisse de Saint-Denis-sur-Sarthon[1] fut bien éprouvée comme le précise l’article ci-dessus, trouvé dans les pages du Journal de Rouen, en date du 4 novembre.

 

Une paroisse bien éprouvée

 

4 novembre 1768

 

« Le Lundi 12 Septembre dernier, la paroisse de S. Denis-sur-Sarthon, & plusieurs autres circonvoisines, ont été grêlées à quatre heures & demie du matin. La grêle comme des glaçons de différentes formes et grosseur, dont  plusieurs grains pesoient depuis une demi-livre (sic) jusqu’à une livre, a causé le plus grand dommage sur les orges, les avoines & les sarrasins ; il y avoit un tiers des orges coupés, que les pluies continuelles ne permettoient pas de ramasser depuis trois semaines, la grêle les a battues dans les champs ; les orges à couper ont moins souffert. Les pommes & les poires ont été abattues & morcelées par la grêle. M. l’intendant a envoyé un Commissaire pour vérifier les pertes.

La même paroisse est affligée depuis 13 mois d’une maladie épidémique ; il y a eu 500 malades à l’extrémité, dont 80 sont morts ; le mois de septembre dernier, on y vit à la fois 70 malades, ce qui répandit la consternation.

M. Jullien, Intendant d‘Alençon, touché de ces malheurs, a envoyé M. de Beaucoudray, Docteur-Médecin à Alençon, qui depuis six semaines, accompagné du Sieur Martin, Chirurgien, visite tous les jours les malades. M. l’Intendant leur fait fournir les remèdes, les bouillons, les tisanes, ce qui s’éxécute (sic) avec le plus grand ordre. Il y a actuellement plus de 100 malades guéris par les soins du Médecin & les secours de toute espéce (sic) que M. l’Intendant a procurés ; on n’y compte plus que 20 malades qui paroissent hors de danger. MM. Les Bénédictins de S. Martin de Séez, qui jouissent de la moitié des grosses dimes de la paroisse, ont envoyé à M. le Curé 30 liv. pour aider à gouverner les malades ; chacune s’empresse de lui faire passer leurs aumômes (sic) ; au moyen de quoi les malades & les pauvres n’ont manqué l’hyver (sic) dernier ni de pain, ni d’argent, ni de cidre. On a distribué aux malades deux tonneaux de cidre malgré sa cherté & la rareté ; on a même fourni le bois à tous sans exception ; on a payé les gardes à quelques-uns ; on les faisoit visiter par le Chirurgien ; on payoit les remedes (sic), le tout par la voie du bureau de charité établi dans ladite paroisse, avec la permission & sous l’autorité du Ministre. »

 

Le 12 septembre 1768, le curé de cette paroisse avait  inscrit sur son registre qu'il pleuvait depuis trois mois, qu'il avait grêlé ce jour de façon remarquable, que les forges de St Denis et de la Roche manquaient de mines, de charbon, et la faïencerie de bois.

 

 

Les industries de Saint-Denis-sur-Sarthon

 

Les terrains de cette région abondaient en fer et en argile.

Deux éléments permettant l’implantation de forges et de faïenceries.

 

En décembre 1750, un premier fourneau fut mis  en activité aux Forges de Saint-Denis-sur-Sarthon qui prospérèrent rapidement. Cette activité importante dura plus de cent ans.

 

Il  fallut une guerre, celle contre les pays d’Europe coalisés contre le Royaume de France, en 1689, sous le règne de Louis XIV, pour que la vaisselle d’argent du roi et de la noblesse soit fondue. 

Et voilà comment apparut la faïence pour confection assiettes et plats de diverses tailles.

Un privilège de fabrication et de commercialisation donné par le roi à Jean-Baptiste Ruel de Belleisle qui établit sa manufacture à Saint-Denis-sur-Sarthon, lieu où se trouvaient l’argile nécessaire, l’eau grâce à la rivière Sarthon et le bois de chauffage des grandes forêts autour d’Alençon. C’était en l’année 1749.

La faïence de Saint-Denis se donna l’ambition de concurrencer celles de Rouen, de Quimper....

Mais les argiles utilisées avaient l’inconvénient de devenir très rouges à la cuisson. Pour éviter ce désagrément et s’approcher du blanc de la porcelaine, les potiers employaient un émail très épais à base d’étain.

 

 

La désastreuse météo de l’année 1768

 

Une année pluvieuse que celle de 1768. Pas par des pluies abondantes, non, mais quasi-continuelles de mi-juin à décembre, régulièrement accompagnées d’orages – trois à quatre certains jours.

Avec toute cette humidité, les foins furent gâtés.

Les récoltes très tardives par manque de soleil et de chaleur furent inexistantes.

Les grains germèrent, surtout l’avoine.

La terre, détrempée, rendait les chemins impraticables, les roues des charrettes s’embourbant et le travail des champs impossible, les parcelles de terre n’étant que boue.

La craindre, en raison de la pénurie de blé et autres vivres, fut que la cherté de la vie déjà importantes les deux années précédentes fût encore plus grande en 1769.

Il n’y eut pas de vin en 1768.

Les pommes à cidre s’arrachèrent à prix d’or, en raison des mauvaises récoltes.

Pas de melons, ni d’oignons, ni de porette[2]...

 

Il y eut beaucoup de périodes de ce genre. Les paysans, dit le Tiers Etat, travaillaient la terre pour nourrir la noblesse et le clergé. Ils vivaient avec le peu qu’ils pouvaient garder, soit une misère. De plus, ils étaient les seuls à devoir s’acquitter des corvées et autres divers nombreux impôts.

 



[1] Saint-Denis-sur-Sarthon : commune dans le département de l’Orne.  Le Sarthon : rivière traversant cette commune.

 

 

[2] Porette : jeune poireau.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.