Revenons en France, à l’automne 1768, où la paroisse de Saint-Denis-sur-Sarthon[1] fut bien éprouvée comme le précise l’article ci-dessus, trouvé dans les pages du Journal de Rouen, en date du 4 novembre.
Une paroisse bien éprouvée
4
novembre 1768
« Le Lundi 12 Septembre
dernier, la paroisse de S. Denis-sur-Sarthon, & plusieurs autres
circonvoisines, ont été grêlées à quatre heures & demie du matin. La grêle
comme des glaçons de différentes formes et grosseur, dont plusieurs grains pesoient depuis une
demi-livre (sic) jusqu’à une livre, a causé le plus grand dommage sur les orges,
les avoines & les sarrasins ; il y avoit un tiers des orges coupés,
que les pluies continuelles ne permettoient pas de ramasser depuis trois
semaines, la grêle les a battues dans les champs ; les orges à couper ont
moins souffert. Les pommes & les poires ont été abattues & morcelées
par la grêle. M. l’intendant a envoyé un Commissaire pour vérifier les pertes.
La même paroisse est affligée
depuis 13 mois d’une maladie épidémique ; il y a eu 500 malades à
l’extrémité, dont 80 sont morts ; le mois de septembre dernier, on y vit à
la fois 70 malades, ce qui répandit la consternation.
M. Jullien, Intendant d‘Alençon,
touché de ces malheurs, a envoyé M. de Beaucoudray, Docteur-Médecin à Alençon,
qui depuis six semaines, accompagné du Sieur Martin, Chirurgien, visite tous
les jours les malades. M. l’Intendant leur fait fournir les remèdes, les
bouillons, les tisanes, ce qui s’éxécute (sic) avec le plus grand ordre. Il y a
actuellement plus de 100 malades guéris par les soins du Médecin & les
secours de toute espéce (sic) que M. l’Intendant a procurés ; on n’y
compte plus que 20 malades qui paroissent hors de danger. MM. Les Bénédictins
de S. Martin de Séez, qui jouissent de la moitié des grosses dimes de la
paroisse, ont envoyé à M. le Curé 30 liv. pour aider à gouverner les
malades ; chacune s’empresse de lui faire passer leurs aumômes (sic) ; au
moyen de quoi les malades & les pauvres n’ont manqué l’hyver (sic) dernier
ni de pain, ni d’argent, ni de cidre. On a distribué aux malades deux tonneaux
de cidre malgré sa cherté & la rareté ; on a même fourni le bois à
tous sans exception ; on a payé les gardes à quelques-uns ; on les
faisoit visiter par le Chirurgien ; on payoit les remedes (sic), le tout
par la voie du bureau de charité établi dans ladite paroisse, avec la
permission & sous l’autorité du Ministre. »
Le
12 septembre 1768, le curé de cette paroisse avait inscrit sur son registre qu'il pleuvait
depuis trois mois, qu'il avait grêlé ce jour de façon remarquable, que les
forges de St Denis et de la Roche manquaient de mines, de charbon, et la
faïencerie de bois.
Les industries de Saint-Denis-sur-Sarthon
Les terrains de cette région abondaient en fer et en
argile.
Deux éléments permettant l’implantation de forges et de faïenceries.
En décembre 1750, un premier fourneau fut mis en activité aux Forges de
Saint-Denis-sur-Sarthon qui prospérèrent rapidement. Cette activité importante
dura plus de cent ans.
Il fallut une
guerre, celle contre les pays d’Europe coalisés contre le Royaume de France, en
1689, sous le règne de Louis XIV, pour que la vaisselle d’argent du roi et de
la noblesse soit fondue.
Et voilà comment apparut la faïence pour confection
assiettes et plats de diverses tailles.
Un privilège de fabrication et de commercialisation donné
par le roi à Jean-Baptiste Ruel de Belleisle qui établit sa manufacture à
Saint-Denis-sur-Sarthon, lieu où se trouvaient l’argile nécessaire, l’eau grâce
à la rivière Sarthon et le bois de chauffage des grandes forêts autour
d’Alençon. C’était en l’année 1749.
La faïence de Saint-Denis se donna l’ambition de
concurrencer celles de Rouen, de Quimper....
Mais les argiles utilisées avaient l’inconvénient de
devenir très rouges à la cuisson. Pour éviter ce désagrément et s’approcher du
blanc de la porcelaine, les potiers employaient un émail très épais à base d’étain.
La désastreuse météo de l’année 1768
Une année pluvieuse que celle de 1768. Pas par des pluies
abondantes, non, mais quasi-continuelles de mi-juin à décembre, régulièrement
accompagnées d’orages – trois à quatre certains jours.
Avec toute cette humidité, les foins furent gâtés.
Les récoltes très tardives par manque de soleil et de chaleur
furent inexistantes.
Les grains germèrent, surtout l’avoine.
La terre, détrempée, rendait les chemins impraticables, les
roues des charrettes s’embourbant et le travail des champs impossible, les
parcelles de terre n’étant que boue.
La craindre, en raison de la pénurie de blé et autres vivres,
fut que la cherté de la vie déjà importantes les deux années précédentes fût
encore plus grande en 1769.
Il n’y eut pas de vin en 1768.
Les pommes à cidre s’arrachèrent à prix d’or, en raison des mauvaises
récoltes.
Pas de melons, ni d’oignons, ni de porette[2]...
Il y eut beaucoup de périodes de ce genre. Les paysans, dit le Tiers
Etat, travaillaient la terre pour nourrir la noblesse et le clergé. Ils
vivaient avec le peu qu’ils pouvaient garder, soit une misère. De plus, ils
étaient les seuls à devoir s’acquitter des corvées et autres divers nombreux
impôts.
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