jeudi 11 novembre 2021

Gros temps sur la mer.....

Quelques intempéries relatées dans le « journal de Rouen » 


qui ont causé bien de dommages.

 

 

6 septembre 1765

 

« Le 29 de ce mois dernier, sur les neuf heures du matin, nous essuyâmes un orage, accompagné de  quelques coups de tonnerre très-violens la foudre tomba sur la seconde marche de la maison de M. le Vicaire de S. Hilaire, qui étoit pour lors sur la première ; il brisa la pierre ; il fut ensuite à une maison voisine, y cassa quelques vitres, brûla partie d’une vigne & un figuier, & ne fit point de mal. »

 

J’ai cherché vainement le nom du vicaire de la paroisse de Saint Hilaire, en cette année 17654. Mais hélas, les documents sur les registres ne portent aucune mention du nom du prêtre ou de son vicaire et aucune signature au bas des actes, à l’exception de celles des personnes de la famille présentes ou des témoins.

 

Au XVIIIème siècle, la paroisse de St-Hilaire était située hors la ville, au bord de la route qui menait vers l’est, dans la vallée du Robec et recouvrait un faubourg d’artisans tisserands assez pauvres.

 

Au début, il n’y avait qu’une petite chapelle médiévale.

On sait qu’elle fut, au moment des différents sièges, tour à tour endommagé, démolie et reconstruite. Puis, elle fut agrandie en 1835 par l'abbé Grouet qui en était alors le curé.
En 1871, St-Hilaire fut retenue pour être succursale paroissiale. Elle fut fermée en 1793 et rendue au culte en 1802.

 

J’ai appris aussi que :

En 1770, le clergé ne comptait qu’un seul prêtre, mais aucune mention de son nom.

En 1834, le Curé se nommait M. Denize.

Et puis, en 1835, il s’agissait de l’Abbé Grouet.

 

 

20 septembre 1765

 

« Le 20 du mois dernier, vers les 10 heures du matin, un ouragan a fait un ravage étonnant dans l’enclos d’une Ferme en la paroisse de Crosville-en-Caux. Le vent fut si violent, qu’il ébranla le pavillon en brique jusque dans ses fondemens, & en fit tomber 3 à 4000 ardoises, cassa trente carreaux de vitres, renversa plus de cent pieds d’apentis, quatre-vingt-quatorze pieds de grange, endommagea toutes les couvertures de ladite Ferme, abattit 30 pommiers dans la masure, & 3 ormes extrêmement gros, fit tomber plus de 220 boisseaux de pommes, & souleva la charpente de la maison du Fermier de dessus la maçonnerie, fit balancer le clocher, qui est proche : le dommage est, dit-on, au moins de 3000 livres. Heureusement les environs ne s’en ressentis que peu. »

 

Quelle est cette ville de Crosville-en-Caux ? Etait-ce l’ancien nom d’une commune d’aujourd’hui, si oui, laquelle ?

Considérant aussi, que les divers rédacteurs du journal effectuaient, parfois pour ne pas dire souvent, quelques fautes dans les noms propres, j’ai essayé de creuser un peu l’information.

 

Cauville-sur-mer, située sur la rive droite de la Seine, à environ quinze kilomètres du Havre, se trouve sur une falaise en bordure de mer. Est-ce en ce lieu ?

Ou, plus vraisemblablement, il pourrait s’agir de Fauxville-en-Caux, entre Fécamp et Yvetot,  dont la consonance est plus proche de Crosville-en-Caux.

Mais  je n’ai aucune certitude, en fonction du peu d’éléments en ma possession.

 

 

11 octobre 1765

 

« La tempête du 4, a occasionné au Havre bien du ravage. Voici ce qu’on nous mande.

Le 3 de ce mois, le vent commença assez vivement vers le midi. Le 4, il devint si violent, que pendant le jour et la nuit du 4 au 5, il abattit un nombre de cheminées de cette ville, y découvrit la plus grande partie des maisons, & n’a cessé que ledit jour 5, à cinq heures du matin : les boules de plomb de la couverture de l’Hôtel de Ville, qui portent chacune une fleur-de-lys, ont été ployées & abattues sur les couvertures d’ardoises ;  une faîture de plomb du sommet de la couverture, a été enlevée. En un mot, on ne se souvient point d’avoir vu rien de semblable ; chacun eut le soin d’éteindre le feu, crainte d’incendie.

Le Havre n’est pas le seul endroit qui a souffert, le reste de la Province n’a point été épargné ; dans bien des lieux les arbres ont été dépouillés de leurs fruits & de leurs feuilles, arrachés ou écartelés ; les maisons découvertes ou renversées ; de ce nombre est, dit-on, un coin de l’Eglise Cathédrale de Bayeux : nos vieillards ne se souviennent point d’avoir vu rien de semblable ; on ne peut apprécier le dommage, mais on peut assurer qu’il est grand. Cette Capitale en a été quitte pour des cheminées, tuiles & ardoises abattues. »

 

 Les archives historiques du Havre nous apprennent que ce 4 octobre :

« Une forte tempête, connue sous le nom de Coup de vent de Saint-François, provoqua d'énormes dégâts. »

 

Le site de Fécamp note :

« 1765 - Le 29 août depuis environ 3 heures du soir jusqu'à six heures du soir, il y eut à Fécamp une crue considérable, occasionnée par l'eau d'un fort orage ; l'eau s'écoulait par le marché, la basse rue Sainte-Croix et par dedans quelques maisons de la même rue. »

« 1765 - Le 4 octobre, il se leva, sur les quatre heures du soir, un ouragan des plus violents qui dura jusqu'à trois heures du matin du cinq en suivant. Plusieurs édifices tombèrent, d'autres furent naufragés, beaucoup d'arbres et moulins à vent abattus ; il ne fut point beaucoup parlé de naufrages en mer. »

  

 

8 novembre 1765

 

« L’ouragan que l’on essuya à Bayeux le 4 octobre, commença vers trois heures après-midi, & n’a cessé qu’à une heure après minuit : on a dit sans fondement que le vent avoit emporté un coin de la Cathédrale ; il a seulement abattu deux grandes croisées, qui avoient été refaites à neuf depuis peu, & qui en tombant ont causé quelque dommage au pavé de l’Eglise ; il n’en a pas été de même des maisons du Château de cette ville, une partie a été écrasée par la chûte d’une haute cheminée, & ce qui reste a été si ébranlé, qu’il n’est plus possible d’y habiter. »

 

 

Rien sur les dégâts subis par la cathédrale, seulement un complément d’informations : « La Maison du Gouverneur de Bayeux fut totalement ruinée par l’ouragan.»

 

 

13 décembre 1765

 

« Depuis l’ouragan du 4 octobre, qui a fait beaucoup de dégâts dans la Province, il est venu sur les Côtes de l’Amirauté de Cherbourg, 33 pièces & bariques  d’eau-de-vie & de vin, réputés fûts de Cette ayant des cercles de châtaignier. »

 

 

Gageons qu’il y avait bien plus de barriques. Un certain nombre avait dû faire le bonheur de quelques uns…….

Il faut bien boire à la santé du Roi et quand on peut le faire sans bourse déliée !…..

 

 

20 décembre 1765

 

« La tempête, qui a été à peu près aussi violente que le 4 Octobre dernier, a fait un tort considérable sur nos Côtes, & notamment aux biens qui avoisinent la mer par-dessus les fortifications, & inondé une partie des terres de Percamville ; apartenantes  à S. A. A. Monseigneur le Comte de la marche, entre la Citadelle du Havre &   le village de Lheure, tous les ouvrages & les terres qui ont beaucoup souffert, sont encore très-exposées, s’il n’y est remédié avant les grosses mers prochaines. »

 

 

Les terres de « Percanville » devinrent, un temps, un quartier du Havre avant de n’être, aujourd’hui, que le nom d’une rue.

Aujourd'hui, la rue de Percanville est une des dernières rue de la Paroisse de Saint-François à avoir conservé ses gros pavés. On peut encore y voir quelques vieux immeubles d'avant guerre, juste derrière l'Eglise Saint-François. Ils ont échappé par miracle aux explosions et aux incendies de la Seconde Guerre Mondiale.

 

 Pour achever le chapitre des terribles intempéries, je vous soumets ce que j’ai découvert dans « l’histoire sommaire et chronologique de la ville de Rouen », écrit par Nicétas Périaux.

 « 1765 – on essuya à Rouen le 12 septembre, un très fort orage. Il tomba de la grêle dont quelques grains étaient de la grosseur d’un œuf de pigeon. La ville perdit ses vitres, la campagne le reste de ses récoltes et les jardins leurs légumes. Une inscription, rappelant cet évènement, fut placée dans l’ancienne rue Binet qui était voisine de la Porte Grand-Pont. »

  

La rue Binet, à Rouen, non loin de l’Eglise du Sacré-Cœur, donne dans la rue du Renard et le boulevard Jean Jaurès.

Aucune indication concernant une inscription. Alors, si toutefois, vous avez quelque renseignement la concernant, n’hésitez pas à m’en faire part.

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