mercredi 5 octobre 2022
Les derniers condamnés à mort dans l'Eure et en Seine-Maritime - François Firoteau - première partie
Troisième condamné, un nommé
François Firoteau
Première partie
Ce fut le 4 octobre 1850.
En déposant son bébé au
tourniquet de l’hospice d’Evreux, la jeune femme venait de sceller le destin du
nouveau-né.
Ce n’était pas sûrement de gaieté
de cœur.
C’était assurément pour que
l’enfant mange à sa faim.
Elle avait de bonnes raisons
cette maman, la vie difficile en était la première.
Lorsqu’il fut recueilli à l’aube,
par Cécile Frédéric, sœur hospitalière, concierge de l’hospice, le nourrisson,
vêtu d’une brassière en cotonnade rouge,
d’un bonnet de la même marchandise garni de dentelle noire et enveloppé d’un linge
de mauvais tissu, semblait de toute évidence né du jour ou de la veille[1].
Alors sur le registre de l’Etat civil, il fut noté : « Enfant de sexe masculin, né le 4 octobre
1850. » Et il fut attribué les nom et prénom de François Firoteau.
François Firoteau fit alors partie
de cette horde d’enfants livrés aux bons soins de l’hospice, sans affection,
avec le minimum de nourriture et d’attention.
Pendant les premières années, il
était enseigné à ces petits le catéchisme. Ne sachant pas de quels ventres ils
venaient, il fallait leur inculquer la morale et le droit chemin. Chaque
déviation aux règles était punie sévèrement : châtiments corporels et
privation de nourriture. De quoi endurcir le caractère le plus docile !
Bien évidemment, comme il fallait
mériter la nourriture qui était généreusement donnée, de petites tâches étaient
demandées aux pensionnaires, en fonction de leur âge, jusqu’à ce qu’ils soient
placés dans une ferme ou chez un artisan.
François Firoteau apprit ses
prières, s’appliqua négligemment aux leçons de catéchisme – il le fallait bien
si il voulait manger – et, vers ses onze ans, fut placé dans une ferme, celle
d’un nommé William Lecoeur, à Cailly.
Domestique de ferme, il avait en
charge douze bêtes à cornes.
Une journée qui commençait à 4
heures du matin, avec la première traite. Puis venait le nettoyage de l’écurie.
Ensuite, le jeune François menait les vaches au champ. A 11 heures, de retour à
la ferme, il effectuait diverses tâches avant le repas de midi, suivi du lavage
de la vaisselle.
L’après-midi, il le passait au
champ, puis ensuite de nouveau la traite avant le repas du soir......
Il y avait dans cette ferme une
servante prénommée Hortense originaire d’Emanville. Une bien méchante femme qui
avait pris en grippe le jeune commis de ferme, lui assénant régulièrement des
volées de claques.
François s’en plaint au
charretier, un homme bon et sensible. Honoré, c’était son nom, demeurait à
Evreux rue Saint-Sauveur.
« Faut point t’ laisser
faire, lui avait-il conseillé. C’est une mauvaise femme qui a que de la
rancœur. Elle a même abandonné deux enfants. »
Une femme qui, comme sa mère,
avait abandonné ses petits !!!
Le jeune garçon avait aussi
appris que cette femme fricotait avec le
patron pendant que la patronne dormait paisiblement. Le jeune garçon fit tout
pour que ces secrètes retrouvailles arrivent aux oreilles de Madame Lecoeur.
Grâce à cela, il eut quelque
temps de tranquillité.
Mais le patron le renvoya, sans
doute en raison des désagréments que lui avaient causés sa dénonciation......
Voilà ce que c’est que de se
mêler d’affaires un peu scabreuses !
Retour à l’hospice où il resta
une quinzaine de jours.....
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