mercredi 5 juillet 2023

La destinée de Charles Nicolas Valentin Chauvet - Sixième partie

  

Les premiers à parler de mort suspecte, suite au décès du père Chauvet, furent les proches voisins.

Puis, la rumeur publique, toujours elle, fit le reste en alertant la maréchaussée.

Trop de coïncidences entre cette maladie aux symptômes proches de l’empoisonnement et la visite rapide de Marie Éloïse, la fille du défunt. Surtout que, chacun savait qu’elle souhaitait la mort de son père et qu’elle ne s’était jamais privé de le proclamer haut et fort.

Suite à une autopsie, la vérité éclata, il y avait bien eu empoisonnement.

Alors, Marie Éloïse Chauvet, femme Brard, fut interrogée par la police qui préféra la mettre au frais, avant de l’envoyer devant la justice.

 

Et le procès ne tarda pas.

 

Comme toujours lorsqu’il s’agissait d’un procès pour homicide, la foule se pressait dans la grande salle d’audience des palais de justice.

Ce fut le cas, en ce 20 novembre 1876, dans la salle de la Cour d’assises de Rouen.

Présents pour les débats :

·         Le conseiller Moreau,  Président.

·         M. Buchère, avocat général.

·         Maître Le Baron, au banc de la défense.

 

Sur le banc des accusés, la femme Brard, les yeux baissés, habillés de noir.

 

 

Le procès débuta par un bref résumé de l’identité et la vie de l’accusée.

Marie Éloïse Chauvet était la fille unique, donc seule héritière, de Monsieur Chauvet.

Elle était la veuve de Pierre Bruno Julien, décédé en 1869, et l’épouse d’Alexandre Frédéric Brard depuis 1870.

Elle avait deux filles de son premier mariage.

 

Puis ce fut le rappel des faits.

Soit après la visite de la prétendue coupable, l’horrible fin, en huit jours, de son père.

 

Il fut également expliqué que la dite prétendue coupable, souhaitait depuis longtemps la mort de son père afin d’hériter. Des témoins, et ils étaient nombreux, dirent qu’elle avait même proposé de payer deux cents francs à celui qui la « débarrasserait de lui ».

 

Le président précisa[1] :

« Vous avez quitté le Bocasse, à Pâques 1876, pour aller à Déville-Lès-Rouen, après avoir vendu votre maison. Les renseignements sur vous sont mauvais. Vous aviez une vie dissolue, vous manquiez toujours d’argent. Votre père a été empoisonné à l’arsenic et à l’acide chlorhydrique...

     C’est pas moi ! s’insurgea la prévenue.

     Ne l’a-t-il pas dit lui-même avant de succomber en vous maudissant ?

     C’est pas vrai, c’est les Desveaux qui l’ont empoisonné. Des ennemis à moi.

     Vous avez des dettes ? La maison, votre père en avait l’usufruit. Cet usufruit, vous l’avez remplacé par une rente viagère. Votre père voulait garder cette maison. Vous devrez recueillir trois mille francs, toutes dettes réglées à la mort de votre père. Vous aviez donc tous bénéfices à le voir disparaître. C’était d’ailleurs votre vœu, des témoins le confirmeront. Nous savons aussi que vous cherchiez quelqu’un pour effectuer ce crime à votre place.

     Ils mentent !!

 

Malgré les divers témoignages, Marie Éloïse Chauvet, femme Brard, n’avoua jamais avoir empoisonné son père. Malgré ses dénégations, elle fut reconnue coupable.

 

Le journal La petite presse, écrivait, le 29 novembre 1876 :

Dans la Seine-Inférieure, c’est Marie Éloïse Chauvet, femme Brard, accusée d’avoir, au Boccage Valmartin en août 1876, attenté à la vie de Charles Nicolas Chauvet son père légitime, à l’aide d’arsenic et d’acide chlorhydrique mélangés à de la crème et de l’eau-de-vie.

Cette fille dénaturée était pressée de recueillir l’héritage de son père et elle méditait depuis longtemps ce meurtre dont elle voulait faire peser les charges sur des étrangers.

Condamnée à la peine de mort, elle a entendu le verdict sans manifester aucune émotion.

 

Le Journal de Rouen, le 7 décembre 1876, notait en deuxième page :

La Cour d’assises de la Seine-Inférieure a condamné à mort Marie Éloïse Chauvet, femme Brard, âgée de 45 ans, cultivatrice à Déville-lès-Rouen, pour avoir empoisonné son père Nicolas Chauvet âgé de 76 ans afin d’en recueillir plus vite l’héritage.

 

 

Mais l’histoire ne s’arrêta pas là, car Marie Éloïse Chauvet fut graciée le 22 décembre 1876.

Pourquoi ?      

 



[1] Informations trouvées dans le journal de Rouen qui relata tout le procès.

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