lundi 2 mars 2015

ANDANTINO, LE PETIT ESCARGOT - Chapitre 8




 Je ne fus par un héros pour tout le monde.
Maman eut très peur, si peur qu’elle ne me gronda pas, mais je vis dans ses yeux qu’elle réprouvait min entreprise.

Le plus dur, ce fut l’Ancêtre. Son regard sur moi dut terrible, si terrible que j’en frémis encore. Il ne dit rien, mais je me sentis mis en quarantaine. Plus personne ne m’adressait la parole, sauf Mégo qui ne tarissait pas d’éloges à mon égard.

Et pourtant, ce n’était que pour mieux écouter cette musique ! Je ne pensais pas réellement faire mal ! Mais, j’avoue que je n’étais pas réellement fier, à présent. Plus personne ne m’aimerait. Il ne me restait plus qu’à quitter la colonie et me trouver un autre endroit pour vivre.

Je méditais sur mon triste sort, quand une petite voix me sortit de mes pensées : « ça va ? »
Redressant les cornes, je vis, s’approchant de moi, une Griotte rosie de timidité.
« Ouai ! répondis-je, tristement.

J’étais heureux de sa venue. Les autres, devant mon triste échec, me battaient froid. Je n’étais plus leur héros. J’allais lui confier mes états d’âme à mon escargotte préférée, lorsque Mégo fit une entrée en trombe.

« Salut vieux ! Comment ça va ? »

A mon expression, il vit tout de suite que ça n’allait pas, mais alors, pas du tout !

« Faut pas te frapper pour si peu, ajouta-t-il, comme disait feue ma grand-mère, t’en verras d’autres ! »

Je soupirai à l’idée de devoir affronter d’autres échecs aussi cuisants que celui-ci.

« Je crois que je vais partir », dis-je, résigné.

Griotte poussa un « oh ! » de déception, presque imperceptible, puis baissa les cornes, confuse de cette marque d’intérêt à mon égard.

« Pour aller où ?  lança Mégo.
-          On dit qu’il y a une forêt au-delà de la grille du jardin. J’y trouverai bien un petit coin pour moi.
-          Oh ! fit à nouveau Griotte, écarlate devant cette nouvelle audace verbale.
-          In dit beaucoup de choses au sujet de cette forêt. En répliquant cela, Mégo devint grave, ce qui n’était pas réellement dans ses habitudes.
-          La… la…. Sor… cière, bégaya Griotte, de plus en plus empourprée.
-          Quelle sorcière ? questionnai-je.
-          Tu sais, poursuivit Mégo, se faisant rassurant, ce n’est peut-être, qu’une légende. Les parents en inventent des tas pour nous effrayer et nous empêcher de nous éloigner.
-          Alors, si c’est une légende, il n’y a aucun danger, conclus-je, soudainement soulagé.
-          Quand veux-tu partir ? Mégo, de plus en plus grave, semblait, malgré tout, très inquiet.
-          Quand il fera nuit, répondis-je.
-          Oh ! lança Griotte.

Elle manquait, certes, de vocabulaire, mais pas d’expressions. Ses « Oh » modulaient fort joliment, en fonction de ses émotions.

« Tu ‘ peux pas y aller seul ! Je vais avec toi ! lança mon ami, avec un tel aplomb que je compris que je ne pourrais la dissuader.
-          Je peux aller avec vous ?

Cette question, presque imperceptible à nos oreilles, venait de sortir, dans un faible souffle, de la bouche de Griotte qui, trop timorée tout à coup, se réfugia dans sa coquille. Elle sortit, quelques secondes plus tard, une corne, puis une autre, aussi rouges que bigarreaux en juillet, et nous regarda avec un air interrogateur.
Ce fut Mégo qui rompit le silence en hurlant :

« Une escargotte ! On ne va pas s’encombrer d’une escargotte !! »



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