mardi 1 septembre 2015

ANNEE 1772........ SUITE !



Année 1772 ……. Suite


Des bébés, encore des bébés, toujours des bébés….

3 juillet 1772

« Une femme, âgée de 69 ans, est accouchée depuis peu d’un garçon, très bien constitué, et qui jouit d’une santé parfaite.»

Avait-elle réellement cet âge ?
Si c’est le cas, quel exploit, car en 1772, il s’agissait d’une grossesse naturelle et non « assistée médicalement » !

Annegret Raunigk, même avec ses futurs quadruplés et battue, car elle n’a que 65 ans !


23 octobre 1772

« Le 31 du mois dernier, une jeune femme de la province d’Upland accoucha d’une fille, et dix-huit heures après, elle accoucha encore d’un garçon et d’une fille. Ces enfans (sic) furent baptisés sur le champ. Ils vivent tous les trois et la mère a repris ses forces. Cette même femme avoit mis au monde, le 7 février de l’année dernière, quatre enfans (sic). Ainsi, dans l’espace de dix- neuf mois, elle a été mère de sept enfans (ainsi dans le texte) ; sçavoir (sic) trois garçons et quatre filles.»


30 octobre 1772

« La femme du sieur Gentil, l’un des cuisiniers du Prince de Kaunitz Rittberg, est accouchée à Vienne en Autriche, le 16 du mois dernier, à 10 heures et demie du matin, d’une fille ; à 10 heures 40 minutes, elle donna le jour à un garçon ; et 10 minutes après, à un second garçon , de sorte qu’en 20 minutes, elle s’est trouvée mère de trois enfans (sic) bien constitués, et qui paroissent jouir d’une bonne santé. Cette femme, qui a eu dix enfans (ainsi dans le texte), se porte aussi bien qu’après les autres couches. »

Concernant les deux naissances multiples ci-dessus, rien de bien extraordinaire. Les naissances de jumeaux, triplets, voire quadruplets ont eu lieu de tout temps.
Malheureusement, les médecins ne disposaient pas des moyens que nous avons actuellement à disposition pour permettre à certains petits de vivre, aussi seuls le ou les plus robustes survivaient.
Le seul moyen utilisé en cas d’enfants prématurés ou trop petits, consistait à placer les bébés dans des « boites », enveloppés dans un cocon de coton pour qu’ils aient bien chaud. Sorte de couveuse rudimentaire.

Je regrette de n’avoir pu découvrir si ces six bébés ont vécu longtemps.


Disparition

24 avril 1772

« Un enfant âgé de 11 ans, nommé Georges Freret, de la paroisse de Sotteville-sous-le-Val, généralité de Rouen, Election du Pont-de-l’Arche, fils du sieur Jean-Louis Freret, Laboureur en ladite Paroisse, étoit en pension à Cesceville-la-Campagne, à une lieue du Neubourg, même Election, chez le sieur Haribert, son oncle, Laboureur, il étudioit le Latin sous M. l’Abbé Blancare, Vicaire de ladite Paroisse de Cesceville. Cet enfant est perdu depuis, et compris le Lundi 18 avril 1772, à 5 heures du matin, il avoit un habit de rapine gris clair, fait en demi-frac, il est gros pour son âge, ayant le teint et les cheveux ronds un peu frisés, bruns. L’on prie ceux qui en auront connoissance, d’avoir la bonté d’en informer son père, en ladite Paroisse de Sotteville-sous-le-Val, ou à M. Freret, rue de la Savonnerie, à Rouen ; l’on donnera récompense à ceux qui le rameneront (sic)  ou qui l’indiqueront. »


Cet article m’a interpellée car se passant dans un secteur que je connais bien.
Là non plus, aucun article précisant si le jeune Georges Freret a été retrouvé.


30 octobre 1772

« Un jeune homme, en démence d’esprit, âgé de 22 ans, taille de 5 pieds 1 pouce ou environ, qui a le dessus des mains brûlé, habit de drap jaunet, culotte vieille de drap blanchet, un tablier, un bonnet et des sabots, s’est perdu le jour de la Foire du Pardon dans la foire : on prie instamment ceux qui en auroient connoissance (sic), d’en donner avis à M. le Curé de Saint Léger, à Dernétal on leur donnera récompense. »

Curé de Saint-Léger, près Dernétal. Je suppose qu’il s’agit de Saint-Léger-du-Bourg-Denis, près de Darnétal.
Après consultation des registres paroissiaux de cette commune de cette période, j’ai découvert que le curé de Saint-Léger-du Bourg-Denis  (écrit Saint Léger du Bourdeny, sur les registres), en 1772,  se nommait Louis Mouchet et son vicaire, Grouard, sans aucune mention de son prénom.

La Foire du Pardon était une des plus célèbres et des plus fréquentées du Royaume. Elle attirait tout le Pays de Caux et presque toute la Normandie et chacun y venait faire des emplettes de toute sorte avant l’hiver, car on y trouvait, en plus d’un grand nombre d’attraction tels théâtres ambulants et spectacles de forains, tout ce dont on pouvait avoir besoin : vêtements, meubles, bijoux. On pouvait aussi y acquérir un grand nombre de bestiaux et des denrées alimentaires.
Elle débutait par une grande cérémonie le 23 octobre.
Aujourd’hui, cette foire rebaptisée « Saint-Romain »  existe toujours, elle ne se trouve plus sur les boulevards extérieurs, ni place du Boulingrin, ni en haut de la rue Beauvoisin, elle trône sur les quais, rive gauche, le long de la Seine. Plus de vente de bestiaux, seulement des attractions et des animations.


Incendie

15 mai 1772

« Il y eut le 9 de ce mois un incendie considérable au bourg de Briône (sic), Haute-Normandie, à 9 lieues de Rouen, il commença à une heure et demie après midi, et presque en deux heures et demie de tems (ainsi dans le texte (sic), il y eut 25 Maisons et autres bâtimens (sic) incendiés, dont quatre maisons couvertes en tuile, et les autres étoient couvertes en chaume, sans qu’on ait pu y donner de secours. La sécheresse qui dure  depuis long-tems (sic), et les couvertures en chaumes précipitèrent la dévastation ;  le feu prit à une maison couverture en chaume, mais on ignore encore si ce fut celle d’un Bourrelier ou celle d’un Chandelier par où il commença ; tout ce qui paroît de plus certain, c’est qu’il commença par le deuxième étage, le vent étoit Nord-Est, cette partie est entièrement détruite, il ne reste pas un seul des nombreux bâtimens (sic) qui composoient le Manoir Presbytéral, on eut seulement le tems (sic)  d’ôter les Registres. La maison du Notaire et Greffier fut incendiée l’avant-dernière, heureusement tous les registres et papiers furent retirés, ainsi que la meilleure partie de ses meubles ; la maison et les bâtimens (ainsi dans le texte) du Procureur-Fiscal furent, entr’autres (sic), incendiés, il a retiré peu de papiers et meubles. Le Lieutenant et les Avocats de la Haute-Justice de Briône (ainsi dans le texte), n’ont cessé de travailler et de faire tout ce qui fut en eux pour empêcher les progrès du feu ; ils ont veillé et fait veiller les jours et nuits des Dimanche, Lundi et Mardi. Il y a beaucoup d’incendiés qui ont perdu leurs meubles, personne n’a perdu la vie ;  il n’y a eu que quelques bestiaux brûlés. Les Religieux de l’Abbaye du Bec, qui est voisine, envoyèrent le 10 trois sacs de pain, pour distribuer à ceux qui, d’entre les incendiés, en avoient le plus besoin ; et une Personne charitable fit passer à un Avocat 600 livres qui ont été sur le champ distribuées aux plus nécessiteux. C’est un bourg fort affligé, et dont la perte mérite d’être considérée.
Ce malheureux évènement, prouve, ainsi que bien d’autres, la sagesse des Arrêts, qui ordonnent de ne couvrir les Maisons qu’en tuile ; car si celles de Briône (ainsi dans le texte) l’eussent été, certainement le dommage ne seroit pas si grand. »


En effet, de nombreux arrêtés nationaux et municipaux interdisaient la couverture en chaume pour les maisons. Selon la loi, les contrevenants avaient, après avertissement, trois mois pour refaire leur toiture, avant de voir leur maison démolie. Est-ce que cette loi était réellement appliquée, jusqu’à la démolition ? Peut-être dans les villes, mais sûrement pas si la bâtisse était isolée en pleine campagne.


Enterrement

12 juin 1772

« La Ville d’Angers vient de suivre l’exemple de celle d’Arras, au sujet des enterrements ; elle a ordonné que les personnes qui se trouveront auprès des malades, lorsqu’on les présumera morts, les laisseront dans leur lit couvert, et défends aux Menuisiers et autres de renfermer les Corps dans des cercueils avant 30 heures, et même 36 à l’égard de ceux qui seront réputés morts subitement ou d’une maladie prompte et violente. »


Il est évident que plus d’une personne a dû être ensevelie, alors qu’elle n’était pas morte. Les moyens de vérification d’un décès à cette époque n’étaient pas très efficaces.
Un miroir sous le nez du défunt, afin de vérifier s’il ne respirait pas encore. Cet homme, nommé croque-mort, mordant fortement le gros orteil d’un des pieds d’un présumé décédé, afin de voir s’il ne réagissait pas.
Un peu léger tout de même !
Et puis, ces cris de lamentation entendus dans les cimetières et perçus comme des appels de l’au-delà, n’étaient-ils pas en fait, des cris bien humains, bien réels, provenant d’un cercueil où le soi-disant mort venait de reprendre vie ?
L’horreur dans toute sa splendeur !


Santé

18 septembre 1772

« M. Courtois, Chirurgien-Dentiste, demeurant à Paris, rue de la Comédie Françoise (sic) , à présenté à l’Académie Royale des Sciences de ladite Ville, un nouvel instrument pour extraire les dents doubles, lequel n’est sujet à aucun inconvéniens (sic) qu’on n’éprouve que trop souvent avec les autres. L’académie, d’après le rapport des Commissaires, a approuvé l’instrument qui mérite l’attention des gens de l’Art. »


Je suis allée me promener sur divers sites concernant les extractions dentaires, pour voir à quoi correspondaient les appareils utilisés en 1772 et qui ont pour nom : davier, élévateur et pélicans….
Mon imagination vagabonde et des images traversent mon esprit : un homme sur une chaise inconfortable, la bouche grande ouverte. Un autre homme penché sur cette bouche s’arquebusant à une paire de tenailles ou quelque chose de semblable……  et en 1772, sans aucune anesthésie, si ce n’est un coup de gnole !
Je ne vous en dirai pas plus … ça fait peur !!!


Humour

29 novembre  1772   

« Un déserteur interrogé par le Roi de Prusse, qui se trouvoit dans une situation critique sur les causes de sa désertion, lui dit : je m’en vais, parce que vos affaires vont trop mal. Attends la fin de la Campagne, répliqua le Monarque, si elles ne vont pas mieux, nous déserterons tous les deux. »


Après quelques recherches, ce Monarque ne peut être que Frédéric II de Prusse, dit Frédéric Le Grand, né le 24 janvier 1712 à Berlin et décédé le 17 août 1786 à Postdam.
Roi de Prusse de 1740 à 1786.
Il fut l’ami de Voltaire et un des principaux représentants du courant du « despotisme éclairé ».
En 1772, il agrandit son territoire y en annexant le Nord de la Pologne.

Tout ce qu’on peut dire, après lecture du petit article ci-dessus, c’est que ce monarque ne manquait pas d’humour !

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