Année
1772 ……. Suite
Des
bébés, encore des bébés, toujours des bébés….
3
juillet 1772
« Une femme, âgée de 69 ans,
est accouchée depuis peu d’un garçon, très bien constitué, et qui jouit d’une
santé parfaite.»
Avait-elle réellement cet âge ?
Si c’est le cas, quel exploit, car en
1772, il s’agissait d’une grossesse naturelle et non « assistée
médicalement » !
Annegret Raunigk, même avec ses futurs
quadruplés et battue, car elle n’a que 65 ans !
23
octobre 1772
« Le 31 du mois dernier, une
jeune femme de la province d’Upland accoucha d’une fille, et dix-huit heures
après, elle accoucha encore d’un garçon et d’une fille. Ces enfans (sic) furent
baptisés sur le champ. Ils vivent tous les trois et la mère a repris ses
forces. Cette même femme avoit mis au monde, le 7 février de l’année dernière,
quatre enfans (sic). Ainsi, dans l’espace de dix- neuf mois, elle a été mère de
sept enfans (ainsi dans le texte) ; sçavoir (sic) trois garçons et quatre
filles.»
30
octobre 1772
« La femme du sieur Gentil,
l’un des cuisiniers du Prince de Kaunitz Rittberg, est accouchée à Vienne en
Autriche, le 16 du mois dernier, à 10 heures et demie du matin, d’une fille ;
à 10 heures 40 minutes, elle donna le jour à un garçon ; et 10 minutes
après, à un second garçon , de sorte qu’en 20 minutes, elle s’est trouvée mère
de trois enfans (sic) bien constitués, et qui paroissent jouir d’une bonne
santé. Cette femme, qui a eu dix enfans (ainsi dans le texte), se porte aussi
bien qu’après les autres couches. »
Concernant les deux naissances multiples
ci-dessus, rien de bien extraordinaire. Les naissances de jumeaux, triplets,
voire quadruplets ont eu lieu de tout temps.
Malheureusement, les médecins ne
disposaient pas des moyens que nous avons actuellement à disposition pour
permettre à certains petits de vivre, aussi seuls le ou les plus robustes
survivaient.
Le seul moyen utilisé en cas d’enfants
prématurés ou trop petits, consistait à placer les bébés dans des
« boites », enveloppés dans un cocon de coton pour qu’ils aient bien
chaud. Sorte de couveuse rudimentaire.
Je regrette de n’avoir pu découvrir si ces
six bébés ont vécu longtemps.
Disparition
24
avril 1772
« Un enfant âgé de 11 ans,
nommé Georges Freret, de la paroisse de Sotteville-sous-le-Val, généralité de
Rouen, Election du Pont-de-l’Arche, fils du sieur Jean-Louis Freret, Laboureur
en ladite Paroisse, étoit en pension à Cesceville-la-Campagne, à une lieue du
Neubourg, même Election, chez le sieur Haribert, son oncle, Laboureur, il
étudioit le Latin sous M. l’Abbé Blancare, Vicaire de ladite Paroisse de
Cesceville. Cet enfant est perdu depuis, et compris le Lundi 18 avril 1772, à 5
heures du matin, il avoit un habit de rapine gris clair, fait en demi-frac, il
est gros pour son âge, ayant le teint et les cheveux ronds un peu frisés,
bruns. L’on prie ceux qui en auront connoissance, d’avoir la bonté d’en informer
son père, en ladite Paroisse de Sotteville-sous-le-Val, ou à M. Freret, rue de
la Savonnerie, à Rouen ; l’on donnera récompense à ceux qui le rameneront (sic)
ou qui l’indiqueront. »
Cet article m’a interpellée car se
passant dans un secteur que je connais bien.
Là non plus, aucun article précisant si
le jeune Georges Freret a été retrouvé.
30
octobre 1772
« Un jeune homme, en démence
d’esprit, âgé de 22 ans, taille de 5 pieds 1 pouce ou environ, qui a le dessus
des mains brûlé, habit de drap jaunet, culotte vieille de drap blanchet, un
tablier, un bonnet et des sabots, s’est perdu le jour de la Foire du Pardon
dans la foire : on prie instamment ceux qui en auroient connoissance (sic),
d’en donner avis à M. le Curé de Saint Léger, à Dernétal on leur donnera
récompense. »
Curé de Saint-Léger, près Dernétal. Je
suppose qu’il s’agit de Saint-Léger-du-Bourg-Denis, près de Darnétal.
Après consultation des registres
paroissiaux de cette commune de cette période, j’ai découvert que le curé de
Saint-Léger-du Bourg-Denis (écrit Saint
Léger du Bourdeny, sur les registres), en 1772, se nommait Louis Mouchet et son vicaire,
Grouard, sans aucune mention de son prénom.
La Foire du Pardon était une des plus
célèbres et des plus fréquentées du Royaume. Elle attirait tout le Pays de Caux
et presque toute la Normandie et chacun y venait faire des emplettes de toute
sorte avant l’hiver, car on y trouvait, en plus d’un grand nombre d’attraction
tels théâtres ambulants et spectacles de forains, tout ce dont on pouvait avoir
besoin : vêtements, meubles, bijoux. On pouvait aussi y acquérir un grand
nombre de bestiaux et des denrées alimentaires.
Elle débutait par une grande cérémonie
le 23 octobre.
Aujourd’hui, cette foire rebaptisée
« Saint-Romain » existe
toujours, elle ne se trouve plus sur les boulevards extérieurs, ni place du
Boulingrin, ni en haut de la rue Beauvoisin, elle trône sur les quais, rive
gauche, le long de la Seine. Plus de vente de bestiaux, seulement des
attractions et des animations.
Incendie
15
mai 1772
« Il y eut le 9 de ce mois un
incendie considérable au bourg de Briône (sic), Haute-Normandie, à 9 lieues de
Rouen, il commença à une heure et demie après midi, et presque en deux heures et
demie de tems (ainsi dans le texte (sic), il y eut 25 Maisons et autres
bâtimens (sic) incendiés, dont quatre maisons couvertes en tuile, et les autres
étoient couvertes en chaume, sans qu’on ait pu y donner de secours. La
sécheresse qui dure depuis long-tems (sic),
et les couvertures en chaumes précipitèrent la dévastation ; le feu prit à une maison couverture en
chaume, mais on ignore encore si ce fut celle d’un Bourrelier ou celle d’un
Chandelier par où il commença ; tout ce qui paroît de plus certain, c’est
qu’il commença par le deuxième étage, le vent étoit Nord-Est, cette partie est
entièrement détruite, il ne reste pas un seul des nombreux bâtimens (sic) qui
composoient le Manoir Presbytéral, on eut seulement le tems (sic) d’ôter les Registres. La maison du Notaire et
Greffier fut incendiée l’avant-dernière, heureusement tous les registres et
papiers furent retirés, ainsi que la meilleure partie de ses meubles ; la
maison et les bâtimens (ainsi dans le texte) du Procureur-Fiscal furent,
entr’autres (sic), incendiés, il a retiré peu de papiers et meubles. Le
Lieutenant et les Avocats de la Haute-Justice de Briône (ainsi dans le texte),
n’ont cessé de travailler et de faire tout ce qui fut en eux pour empêcher les
progrès du feu ; ils ont veillé et fait veiller les jours et nuits des
Dimanche, Lundi et Mardi. Il y a beaucoup d’incendiés qui ont perdu leurs
meubles, personne n’a perdu la vie ;
il n’y a eu que quelques bestiaux brûlés. Les Religieux de l’Abbaye du
Bec, qui est voisine, envoyèrent le 10 trois sacs de pain, pour distribuer à
ceux qui, d’entre les incendiés, en avoient le plus besoin ; et une
Personne charitable fit passer à un Avocat 600 livres qui ont été sur le champ
distribuées aux plus nécessiteux. C’est un bourg fort affligé, et dont la perte
mérite d’être considérée.
Ce malheureux évènement, prouve,
ainsi que bien d’autres, la sagesse des Arrêts, qui ordonnent de ne couvrir les
Maisons qu’en tuile ; car si celles de Briône (ainsi dans le texte)
l’eussent été, certainement le dommage ne seroit pas si grand. »
En effet, de nombreux arrêtés nationaux
et municipaux interdisaient la couverture en chaume pour les maisons. Selon la
loi, les contrevenants avaient, après avertissement, trois mois pour refaire
leur toiture, avant de voir leur maison démolie. Est-ce que cette loi était
réellement appliquée, jusqu’à la démolition ? Peut-être dans les villes,
mais sûrement pas si la bâtisse était isolée en pleine campagne.
Enterrement
12
juin 1772
« La Ville d’Angers vient de
suivre l’exemple de celle d’Arras, au sujet des enterrements ; elle a
ordonné que les personnes qui se trouveront auprès des malades, lorsqu’on les
présumera morts, les laisseront dans leur lit couvert, et défends aux
Menuisiers et autres de renfermer les Corps dans des cercueils avant 30 heures,
et même 36 à l’égard de ceux qui seront réputés morts subitement ou d’une
maladie prompte et violente. »
Il est évident que plus d’une personne a
dû être ensevelie, alors qu’elle n’était pas morte. Les moyens de vérification
d’un décès à cette époque n’étaient pas très efficaces.
Un miroir sous le nez du défunt, afin de
vérifier s’il ne respirait pas encore. Cet homme, nommé croque-mort, mordant
fortement le gros orteil d’un des pieds d’un présumé décédé, afin de voir s’il
ne réagissait pas.
Un peu léger tout de même !
Et puis, ces cris de lamentation
entendus dans les cimetières et perçus comme des appels de l’au-delà,
n’étaient-ils pas en fait, des cris bien humains, bien réels, provenant d’un
cercueil où le soi-disant mort venait de reprendre vie ?
L’horreur dans toute sa splendeur !
Santé
18
septembre 1772
« M. Courtois,
Chirurgien-Dentiste, demeurant à Paris, rue de la Comédie Françoise (sic) , à
présenté à l’Académie Royale des Sciences de ladite Ville, un nouvel instrument
pour extraire les dents doubles, lequel n’est sujet à aucun inconvéniens (sic)
qu’on n’éprouve que trop souvent avec les autres. L’académie, d’après le
rapport des Commissaires, a approuvé l’instrument qui mérite l’attention des
gens de l’Art. »
Je suis allée me promener sur divers
sites concernant les extractions dentaires, pour voir à quoi correspondaient
les appareils utilisés en 1772 et qui ont pour nom : davier, élévateur et
pélicans….
Mon imagination vagabonde et des images
traversent mon esprit : un homme sur une chaise inconfortable, la bouche
grande ouverte. Un autre homme penché sur cette bouche s’arquebusant à une
paire de tenailles ou quelque chose de semblable…… et en 1772, sans aucune anesthésie, si ce
n’est un coup de gnole !
Je ne vous en dirai pas plus … ça fait peur !!!
Humour
29
novembre 1772
« Un déserteur interrogé par
le Roi de Prusse, qui se trouvoit dans une situation critique sur les causes de
sa désertion, lui dit : je m’en vais, parce que vos affaires vont trop
mal. Attends la fin de la Campagne, répliqua le Monarque, si elles ne vont pas
mieux, nous déserterons tous les deux. »
Après quelques recherches, ce Monarque
ne peut être que Frédéric II de Prusse, dit Frédéric Le Grand, né le 24 janvier
1712 à Berlin et décédé le 17 août 1786 à Postdam.
Roi de Prusse de 1740 à 1786.
Il fut l’ami de Voltaire et un des
principaux représentants du courant du « despotisme éclairé ».
En
1772, il agrandit son territoire y en annexant le Nord de la Pologne.
Tout
ce qu’on peut dire, après lecture du petit article ci-dessus, c’est que ce
monarque ne manquait pas d’humour !
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