Dans
le fin fond de l’Ecosse, là où les hommes n’osaient plus s’aventurer depuis
bien longtemps se dressait un vieux, un très vieux château, tout délabré, que
l’on disait hanté. Un château hanté en Ecosse, rien de bien extraordinaire, me
direz-vous.
Oui,
mais là, il n’y avait aucun doute !
Le
fantôme du lieu se nommait Childéric. A vrai dire, il ne se souvenait pas
réellement depuis combien de temps il hantait ces lieux. Ce qu’il avait
remarqué, c’était que depuis de nombreuses années, il s’enrhumait fréquemment,
en raison, sans doute, des courants d’air de plus en plus importants, dus au
délabrement fort avancé de sa demeure. En effet, ce n’était que pans de murs
écroulés et fenêtres brisées.
Mais,
ses petits frissons et ses éternuements n’étaient rien à côté de l’ennui qui
avait envahi progressivement sa vie.
Eh
oui, Childéric s’ennuyait, mais s’ennuyait, à un tel point qu’il déprimait.
Vous
conviendrez que hanter des lieux isolés et déserts n’avait rien de bien passionnant.
Rien à voir avec ce temps lointain où, encore habité, le château résonnait de
cris, de rires et de fêtes.
Ah,
comme elles lui manquaient ces cavalcades d’enfants dans les couloirs et les
escaliers !
Ah,
comme il aurait voulu revenir au temps où rires et musiques retentissaient, les
soirs de fête dans la grande salle du rez-de-chaussée, éclairée de mille
bougies !
Comme
c’était le bon temps !
Childéric,
à cette époque, parcourait les couloirs dans le noir de la nuit, poussant de
longs hurlements lugubres. Ce qu’il aimait, par dessus-tout, c’était passer de
chambre en chambre, traversant les murs avec agilité. Il s’arrêtait au pied de chaque lit,
observant les dormeurs, leur tirant les pieds, jetant à bas les couvertures.
Son amusement suprême consistait à déplacer les objets ou encore à les cacher.
Comme il riait le lendemain en constatant la surprise des habitants et invités
du lieu et entendant les récriminations de ceux-ci pensant avoir été volé.
Il
ne pensait pas, cependant, avoir été un mauvais fantôme, non. Jamais il n’avait
abusé. Il effrayé juste ce qu’il fallait, pas plus.
A
présent, la tête emplie de souvenirs, il continuait son errance dans les
couloirs vides, les chambres désertées, le parc envahi de ronces. Un vrai
château de légendes, celles que l’on racontait, le soir à la veillée, devant un
bon feu de bois.
Il
avait été condamné à hanter les lieux éternellement et à présent, le dernier
seigneur du château décédé depuis des décennies, il était toujours là,
lui !
Ne
pouvant quitter les lieux, car « assigné à résidence », il réfléchit
à la manière d’occuper son temps.
« Pourquoi
ne pas écrire mes mémoires ? » se dit-il soudain, plein
d’enthousiasme à cette idée.
Pourquoi
pas, en effet ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.