lundi 2 novembre 2015

CHILDERIC, LE FANTOME - Chapitre 1 - première partie


 
Dans le fin fond de l’Ecosse, là où les hommes n’osaient plus s’aventurer depuis bien longtemps se dressait un vieux, un très vieux château, tout délabré, que l’on disait hanté. Un château hanté en Ecosse, rien de bien extraordinaire, me direz-vous.
Oui, mais là, il n’y avait aucun doute !

Le fantôme du lieu se nommait Childéric. A vrai dire, il ne se souvenait pas réellement depuis combien de temps il hantait ces lieux. Ce qu’il avait remarqué, c’était que depuis de nombreuses années, il s’enrhumait fréquemment, en raison, sans doute, des courants d’air de plus en plus importants, dus au délabrement fort avancé de sa demeure. En effet, ce n’était que pans de murs écroulés et fenêtres brisées.
Mais, ses petits frissons et ses éternuements n’étaient rien à côté de l’ennui qui avait envahi progressivement sa vie.

Eh oui, Childéric s’ennuyait, mais s’ennuyait, à un tel point qu’il déprimait.

Vous conviendrez que hanter des lieux isolés et déserts n’avait rien de bien passionnant. Rien à voir avec ce temps lointain où, encore habité, le château résonnait de cris, de rires et de fêtes.
Ah, comme elles lui manquaient ces cavalcades d’enfants dans les couloirs et les escaliers !
Ah, comme il aurait voulu revenir au temps où rires et musiques retentissaient, les soirs de fête dans la grande salle du rez-de-chaussée, éclairée de mille bougies !
Comme c’était le bon temps !

Childéric, à cette époque, parcourait les couloirs dans le noir de la nuit, poussant de longs hurlements lugubres. Ce qu’il aimait, par dessus-tout, c’était passer de chambre en chambre, traversant les murs avec agilité.  Il s’arrêtait au pied de chaque lit, observant les dormeurs, leur tirant les pieds, jetant à bas les couvertures. Son amusement suprême consistait à déplacer les objets ou encore à les cacher. Comme il riait le lendemain en constatant la surprise des habitants et invités du lieu et entendant les récriminations de ceux-ci pensant avoir été volé.

Il ne pensait pas, cependant, avoir été un mauvais fantôme, non. Jamais il n’avait abusé. Il effrayé juste ce qu’il fallait, pas plus.

A présent, la tête emplie de souvenirs, il continuait son errance dans les couloirs vides, les chambres désertées, le parc envahi de ronces. Un vrai château de légendes, celles que l’on racontait, le soir à la veillée, devant un bon feu de bois.
Il avait été condamné à hanter les lieux éternellement et à présent, le dernier seigneur du château décédé depuis des décennies, il était toujours là, lui !

Ne pouvant quitter les lieux, car « assigné à résidence », il réfléchit à la manière d’occuper son temps.
« Pourquoi ne pas écrire mes mémoires ? » se dit-il soudain, plein d’enthousiasme à cette idée.
Pourquoi pas, en effet ?

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