samedi 10 novembre 2018

EN VOILA UNE QUESTION !!!!!


Question idiote ?...


Dernièrement, l’on m’a posé la question suivante :
Quelle est la plus grande voie, l’avenue ou le boulevard ?
J’ai répondu : « l’avenue ».....
Pourquoi ? Parce qu’il me semblait que les avenues, droites et larges, faites pour la promenade étaient plus spacieuses, contrairement aux boulevards, édifiés sur l’emplacement des remparts après la démolition de ceux-ci, encerclant la ville et possédant un aspect fonctionnel, me donnaient l’impression d’être plus étriqués....

Mais depuis ma réponse, je me demande si mon explication était juste, car de nos jours, avenue et boulevard désignent une même grande voie routière, embouteillée aux heures de pointe.

Au secours, Monsieur Robert ! (le monsieur du dictionnaire, bien sûr !)

Une avenue.
Vers 1160, ce mot désignait, et cela jusqu’au XVIème siècle, une approche, une venue.... Mais, en parlant d’envahisseurs, d’ennemis, donc une « avenue malvenue », en quelque sorte !
Puis, ce fut un lieu, par lequel « on advient », en clair,  la porte d’une ville fortifiée ou un passage.
1611, une avenue devint une allée bordée d’arbres, créée pour la promenade, à pied essentiellement ou en calèche avec les chevaux marchant au pas. Le sens s’élargit en même temps que l’avenue pour nommer une « large voie urbaine ».

Un boulevard, à présent.
Alors là, accrochez-vous bien.
Ce mot retranscrit du néerlandais prit différentes orthographes, en français,  selon les siècles.
·         1365 – Bolevers
·         1425 – Bollewerc
·         1509 – Bolvert
Puis encore :
·         Bollevart
·         Boulevars
Pour trouver enfin sa forme finale et définitive, vers 1559, Boulevard.
         
Ce mot désigna tout d’abord un ouvrage de défense, tel le rempart, fait de terre et de madriers.
Ce qui fit, qu’un temps, ce nom prit aussi le sens de « ce qui protège et sauvegarde ».
Les remparts, avec le temps, n’ayant plus lieu d’exister, ce mot désigna (1803) une promenade plantée d’arbres, autour d’une ville sur l’emplacement des anciens remparts.

Le verbe « boulevarder », utilisé au XVIème siècle, sous la forme « boullewerquer » était un terme militaire ayant le sens de « défendre » et « protéger ».

-=-=-=-=-=-=-=-

Mon analyse n’était pas tout à fait mauvaise. Il y a bien une différence entre avenue et boulevard, l’une et l’autre peuvent avoir la même largeur, sauf que l’avenue a un plus haut standing que le boulevard.

Vous en voulez une preuve ?
Au XIXème siècle, dans la capitale ou les grandes villes, les théâtres chics se situaient sur les avenues des beaux quartiers du centre et ne donnaient que des pièces de théâtre d’un « haut-niveau ».
Les petits théâtres, eux, excentrés sur les boulevards, ne produisaient que des comédies frivoles, qui furent, par la suite désignées par l’expression « théâtre de boulevard ». Les écrits n’étaient pas médiocres pour autant, simplement un peu trop léger pour la « bonne société ».


Alors ? Etait-elle idiote, la question ?


Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert



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