mercredi 20 novembre 2019

HISTOIRE VRAIES - LES EMPOISONNEUSES


Des siècles d’empoisonneuses....................



L'AFFAIRE LAFARGE



Chapitre 6

Depuis la mort de Charles Lafarge, une mauvaise presse avait été copieusement faite à la veuve par sa belle-famille, les amis de cette dernière et la domesticité du Glandier, aussi les conversations, toutes les conversations, que ce soit dans les foyers, dans les cafés, sur les marchés, enfin dans tous les lieux possibles, n’étaient alimentées que par des commentaires concernant « l’affaire Lafarge ».
La presse étalait également grand nombre d’articles à la une de leurs journaux.

Et bien évidemment, chacun savait, avait vu, et intarissables, les uns et les autres ajoutaient des précisions de leur cru.
Et les souvenirs rejaillissaient en même temps que les vieilles rancunes, ce qui ne faisait d’ailleurs pas bon ménage !

Voilà pourquoi, après mûres réflexions, Monsieur de Leautaud s’était dit : « Empoisonneuse rime avec voleuse ! ».
Et le voilà parti, voir le préfet de police de Paris, exposant à ce dernier le vol d’une parure de diamants appartenant à Marie Clémence Alexandrine de Nicolaï, son épouse, lors d’un séjour à Busagny chez la famille de Nicolaï où se trouvait également la veuve Lafarge qui à cette époque, avait attiré tous les soupçons.
Ce vol remontait au mois de juin 1839.

« Je suis certain que c’est elle ! avait affirmé Monsieur de Leautaud. Je vous demande de bien vouloir opérer une perquisition dans les affaires de cette femme, dans sa demeure du Glandier. »

Le 10 février 1840, eut lieu, au Glandier, la perquisition demandée.
Dans un tiroir du secrétaire de Marie Capelle, fut retrouvée, en effet, une boite ronde, en carton de couleur rose, contenant des diamants et des perles qui avaient été démontés. Le couvercle de la boite affichée le nom d’un bijoutier de Paris, Monsieur Lecointe.
Le précieux contenu fut soumis à l’examen du bijoutier.
« Diamants et perles appartiennent bien à un collier que j’ai vendu à Monsieur de Nicolaï », affirma-t-il sans hésitation.

Interrogée à ce sujet, Marie Lafarge indiqua d’abord qu’il s’agissait là d’un cadeau de mariage d’une vieille tante, décédée, qu’elle n’avait jamais connue.
Avant de dire, que c’était un pieux mensonge pour masquer une vérité qu’elle ne pouvait révéler, afin de ne pas trahir une amie fidèle, Marie de Nicolaï devenue l’épouse de Adalbert Louis Raoul de Léautaud.

Voilà encore une fois un revirement qui ne fut pas en faveur de la jeune femme qui fut traduit devant la justice en juillet 1840.

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Les deux « Marie »
Marie Fortunée Capelle, devenue orpheline de père et de mère, fut adoptée par sa tante maternelle Louise Madeleine Félicie Collard, épouse du baron Paul Garat, gouverneur de la Banque de France.
Par sa naissance, elle reçut une éducation digne des filles des « grands de ce monde » et fréquenta les familles de haut rang.
Une jeunesse insouciante !

Ce fut ainsi qu’elle fit de fréquents séjours dans la famille de Nicolaï que ce soit dans leur château de  Busagny, près de Pontoise ou dans leur hôtel particulier de Paris.
Scipion Cyprien Jules Louis de Nicolaï et Jenny Jeanne Baptiste Louis de Lameth, avait deux filles, Clémence et Marie.
Clémence Caroline Félicité Octavie Marie était née le 26 mai 1804.
Marie Clémence Alexandrine avait vu le jour, le 24 octobre 1815.

Les deux « Marie » ayant 8 mois d’écart, Marie Capelle étant née en janvier 1816, devinrent très vite des amies inséparables, passant beaucoup de temps l’une avec l’autre, d’autant plus qu’elles avaient beaucoup de passions en commun.
Elles jouaient du piano. Que de partitions à « quatre mains » ponctuées d’éclats de rire !
Elles parlaient anglais, allemand, Italien. De quoi alimenter les conversations en un mélange incompréhensible pour les autres. Assurément un code secret pour leurs confidences.
Elles montaient à cheval. Que de chevauchées en pleine campagne !
Elles aimaient se plonger dans des lectures romantiques et romanesques qui les faisaient, l’une et l’autre rêver comme savent, si bien, le faire les jeunes filles, surtout en ce début de XIXème siècle.

Plus encore que Marie de Nicolaï, Marie Capelle rêvait au « Prince charmant », cet homme idéal, beau, fort, instruit, amoureux, mais aussi très riche afin de satisfaire à tous les caprices........ L’homme, celui des contes de fée !!

Marie Capelle, plus délurée, entraînait souvent Marie de Nicolaï, plus timide et réservée, dans des aventures qu’une jeune fille de bonne famille ne devait pas se permettre.
Notamment, regarder les jeunes hommes, inconnus, attirer leur attention.

Ce fut ainsi que les « deux Marie », rencontrèrent un après-midi, à l’église Saint-Philippe-du-Roule un jeune homme.
Des échanges à mi-voix, des regards dirigés sur le « beau jeune homme », des rires étouffés également, et voilà le jeune homme pris à l’hameçon par le cœur. Et bien sûr, séduit et intrigué, il suivit les deux jeunes filles....
Et il tomba sous le charme de Marie. Marie ? Laquelle ? Non de Marie Capelle, mais de Marie de Nicolaï qui timide n’osait enfreindre les interdits.
De petits billets innocents, donnant rendez-vous, furent tout d’abord échangés.
Des rencontres innocentes, pour se connaitre. Ce fut ainsi que les « deux Marie » connurent l’identité de jeune inconnu.  Il se nommait Félix Clavet. Il était maître de littérature. 
Puis, une lettre aux mots poétiques et enflammés fut remise à Marie de Nicolaï. Les sentiments de Félix s’étalaient sur la feuille ne laissant aucun doute quant à son attirance, son amour.
Enfin quelque chose de palpitant dans la vie des « deux Marie » !
Une aubaine pour Marie Capelle qui encouragea son amie à poursuivre l’intrique. Elle se proposa de devenir la messagère de Cupidon en transmettant les courriers.
Jusqu’au jour où le pot aux roses fut découvert par Mme de Nicolaï-mère qui enferma sa fille dans sa chambre, ponctuant sa punition par :
« Il est grand temps de marier cette enfant !! »

Adalbert Louis Raoul de Leautaud étant le prétendant idéal, les noces furent annoncées pour le 8 février 1838.
Les « deux Marie » continuèrent à se fréquenter, un peu moins tout de même. Il leur arrivait de parler de ce beau Félix Clavet.
« Et si mon époux avait vent de cette petite intrigue ? » confia Marie de Nicolaï, épouse de Leautaud à son amie de toujours.
Juste après cette discussion, la parure de diamants et de perles changea de mains.
On la dit volée.
Etait-ce le cas ?

C’est ce que le procès allait tenter de déterminer.


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