LES EMPOISONNEUSES
Chapitre 10
Le procès et la condamnation de Marie Fortunée Capelle pour vol n’étaient
qu’une petite mise en bouche.
Le plat de résistance était à venir et il ne tarda pas en effet.
Huit mois s’étaient écoulés depuis la mort de Charles Lafarge.
Huit mois que Marie Fortunée Capelle, veuve Lafarge, était emprisonnée
et dont la santé déjà fragile s’aggravait, d’autant plus qu’elle ne
s’alimentait que de bouillon aux herbes, refusant tout aliment solide et
souffrait d’insomnie. Certains jours, elle ne pouvait se lever qu’avec l’aide
d’une domestique qui avait, depuis l’arrestation de sa maîtresse, partagé avec
elle cette captivité.
Huit mois que l’intérêt du public n’avait pas faibli.
Un nouveau procès allait s’ouvrir, et pas des moindres.
La salle d’audience du Palais de Justice de Tulle allait devenir,
pendant plusieurs jours, le théâtre de tous les débats devant faire toute la
lumière sur la mort du sieur Lafarge et de déterminer si la coupable était bien
son épouse, Marie Fortunée Capelle.
Les témoignages des quatre-vingt-dix témoins allaient être entendus,
pesés, analysés, vérifiés afin que les jurés puissent se faire leur propre
opinion, en « leur âme et conscience ».
Par l’intermédiaire de ses avocats, Marie Fortunée Capelle avait pris
connaissance des quatre-vingt-dix noms composant la liste des témoins à charge.
Certaines dépositions s’annonçaient virulentes, comme celles très attendues de
Mme Lafarge-mère, Mlle Brun et Jean Denis.
Pour contrebalancer ces accusations déferlantes, uniquement trente
témoins à décharge.
Tulle ne possédait plus une seule chambre d’hôtel disponible.
Tulle, dont le temps semblait suspendu, attendait le 3 septembre 1840.
Et ce 3 septembre 1840 allait arriver bien vite, avec une salle d’audience
pleine à craquer et on allait y voir du beau monde :
Dans le public :
·
Plusieurs magistrats de Tulle dont M. Laviale de
Masmorel, leur président.
·
M. Meunier, Préfet de Corrèze.
·
Toutes les dames de la haute société de Tulles.
Présidant les séances :
·
M. Barny Président et M. de Gaujal, Vice-Président
du Tribunal assistés de la cour :
·
MM. de Lamirande et de Grèze, juges assesseurs.
·
M. Decoux, avocat général, du ministère public.
Au banc de la défense
·
Maître Paillet et son secrétaire et Maître Desmonts,
tous deux avocats à la Cour royale de Paris
·
Maître Peyredieu, avoué de Mme Lafarge devant le
tribunal de Brives.
Au banc de l’accusation
·
Maître Bac, représentant la famille Lafarge.
L’avocat de la partie civile, Maître Coralli.
Il va falloir, dès à présent, être très attentifs aux dires des uns et
des autres, la vie d’une femme est en jeu !
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