mercredi 18 mars 2020

HISTOIRE VRAIE - LES EMPOISONNEUSES



DES SIÈCLES D'EMPOISONNEUSES

L’AFFAIRE BODIN - BOURSIER





CHAPITRE 1

Guillaume Etienne et Marie Adélaïde Boursier, en cette année 1823, vivaient, rue de la Paix, des revenus confortables que leur rapportait le commerce de leur épicerie.

Dans leur entourage familier, était apparu un certain Kostolo qui avait été présenté à Marie Adélaïde Boursier par une de ses tantes du côté Bodin. Cet homme, cherchant apparemment du travail, fut vite attiré par Mme Boursier, d’ailleurs, ou ne serait-ce pas plutôt l’inverse....  Il en résulta que Marie Adélaïde et ce Kostolo sortaient fréquemment ensemble faire des promenades qui devinrent rapidement rendez-vous intimes et clandestins.
Clandestins ? Pas tout à fait du reste, une employée de l’épicerie, Mademoiselle Reine, accompagnant sa maîtresse dans ses escapades, était dans la confidence.
Confidence ?
Chacun soupçonnait  la liaison, sauf le sieur Boursier, mais chacun se taisait.

Pourtant, Marie Adélaïde aimait son mari dont elle avait eu cinq enfants, et  dont l’aîné venait de prendre ses douze ans. Elle ne manquait de rien et, auprès de lui, vivait paisiblement.
Paisiblement. C’était peut-être là le problème, la cause de ce désir d’être aimée autrement, de se sentir être de nouveau désirable.

Le mari n’avait rien vu venir. Il avait ouvert sa porte à ce Nicolas Kostolo. Sa porte, sa table aussi, puisque Nicolas était souvent invité à dîner. Le sieur Boursier avait également, sur la demande de  son épouse, accepté que ce nouvel « ami » devînt le parrain du premier enfant d’une nièce de sa femme.
Kostolo faisait donc, après ce baptême, partie de la famille.
Qui fut la marraine de ce nouveau-né ? Marie Adélaïde !!!

Le samedi 23 juin 1823 commençait comme tous les autres jours.
Pourquoi en aurait-il été autrement ?

Pendant que Marie Adélaïde poursuivait sa nuit, comme de coutume, Guillaume Etienne Boursier s’était levé vers 6 heures. Le temps était radieux et la chaleur promettait, au fil des heures, d’être caniculaire. Le marchand-épicier se montrait, comme toujours, de joyeuse humeur.
N’avait-il pas, après ses tâches coutumières, prévu d’aller avec sa femme et quelques amis[1], visiter, dans l’après-midi la manufacture des Gobelins ?


Guillaume Etienne fit un peu de ménage dans la boutique, rangea quelques produits ici et là, classa quelques documents et monta réveiller sa femme.
Il avait l’humeur guillerette et comme il aimait à plaisanter, il passa son index dans le foyer de la cheminée où restait de la suie et alla dessiner une splendide paire de moustaches sur la lèvre supérieure de son épouse endormie. Ceci fait, il demanda à une domestique d’apporter un miroir et le plaçant devant le visage encore ensommeillé de Marie Adélaïde, ne se gêna pas d’éclater d’un rire sonore, devant la réaction de cette dernière, terriblement vexée.
Quel réveil !! Pas du tout du goût de la femme Boursier.
Certes, elle connaissait son époux, mais qu’il était pénible parfois !

Elle pensa, après un accès de colère, que la journée commençait bien mal.

A neuf heures, juste avant de quitter son domicile pour vaquer à ses occupations, Guillaume Etienne Boursier demanda un potage de riz pour son petit-déjeuner. Celui-ci fut préparé dans une casserole en fer et servi dans la salle à manger par la domestique, Joséphine Blin. Cette domestique prélevait toujours, avant de servir son maître, un peu du contenu de la casserole, pour elle-même et pour le dernier enfant du couple Boursier.


Le maître du lieu commença à manger. Aussitôt la première cuillerée, il se plaignit que la soupe avait « un goût bizarre, un goût empoisonné ».

Il faut préciser toutefois que M. Boursier était un maniaque de la propreté.

Pour se justifier, Joséphine déclara qu’elle avait elle-même manger de cette soupe et qu’elle l’avait trouvé bonne et que la casserole était propre. Elle précisa que la soupe devait être même meilleure qu’à l’ordinaire, ayant mis trois œufs dedans au lieu de deux, comme à chaque fois.
Madame Boursier fit la même remarque à son époux et alla tout de suite laver la casserole pour montrer que celle-ci n’avait pas de traces de « vert-de-gris ».

Cinq minutes après avoir absorbé  un peu de cette soupe au riz, Guillaume Etienne Boursier fut pris de forts vomissements, de douleurs dans les reins et d’une grande lassitude.
Il fut contraint de se remettre au lit.
En urgence, on appela le médecin.


[1] Amis parmi lesquels : le sieur Albertini et..... Kostolo.

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